[ p. 260 ] p. 261
[ p. 262 ]
[ p. 263 ]
Le Grihya-sûtra de Pâraskara, qui appartient au Yariur-veda Blanc et constitue une annexe du Srauta-sûtra de Kâtyâyana, a été édité, avec une traduction allemande, par le savant qui fut le premier à rendre un texte Grihya accessible aux orientalistes et à s’attaquer aux premières et plus sérieuses difficultés qui entravaient son interprétation, et qui a continué depuis à œuvrer plus que quiconque pour élucider cette importante branche de la littérature védique. Il serait très inconvenant pour quiconque se consacre à l’étude des textes Grihya de ne pas exprimer chaleureusement sa gratitude au professeur Stenzler. En même temps, le respect dû à l’éditeur et interprète chevronné de Ârivalâyana et Pâraskara non seulement permet, mais exige que celui qui se propose la même tâche à laquelle le professeur Stenzler a travaillé avec tant d’érudition, indique aussi clairement que possible ce que cet éminent érudit a laissé à d’autres à faire, et pourquoi celui qui prépare une traduction anglaise de Pâraskara a une tâche très différente de celle de simplement traduire en anglais la traduction allemande du professeur Stenzler.
Français Si je puis me permettre d’exprimer en un mot la différence entre la méthode du professeur Stenzler, telle que je la comprends, pour parvenir au sens d’un passage douteux ou obscur, et la méthode que j’ai essayé de suivre, je dirais qu’avec le professeur Stenzler, la première étape et, [ p. 264 ] je crois, dans bien des cas aussi la dernière étape, consiste à se demander comment Gayarâma et Râmakrishria comprennent le passage en question, tandis que je soutiens que nous devrions plutôt nous rendre indépendants de ces commentateurs dans le sens où le professeur Max Müller s’est exprimé un jour [^651], « non pas que je méprise jamais l’interprétation traditionnelle que les commentateurs nous ont conservée, mais parce que je pense qu’après l’avoir examinée, nous avons le droit de juger par nous-mêmes. » Il existe un commentaire sur le Pâraskara-Grihya qui surpasse de loin en fiabilité le Sari-anavallabha de Gayarâma et le Sari-skâraga-apati de Râmakri-shiria, et qui n’est pas composé par un auteur qui, comme le dit Goethe,
— dans la mise en page est gai;
S’il ne s’étend pas, il s’étend en dessous.
[paragraphe continue] Mais les feuillets de ce commentaire sont dispersés dans un bon nombre de volumes. Ici, nous en trouvons quelques lignes dans le Satapatha Brâhmana ou dans le Srauta-sûtra de Kâtyâyana ; là, le Sns_valâyana a conservé un mot ou une phrase qui lui appartient ; ou bien les livres de loi de Manu ou de Yândavalkya nous aident à comprendre un aphorisme difficile ou douteux de notre texte. En un mot : le seul vrai commentaire sur une œuvre comme le Gnhya de Pâraskara est celui que fournit la littérature ancienne elle-même. Personne ne dira que dans la traduction et les notes du professeur Stenzler, ce commentaire n’a pas été consulté. Mais on ne l’a peut-être pas consulté autant qu’on aurait dû, et Râmaknshna et Gayarâma ont été trop souvent consultés. Ils ont été consultés et suivis dans de nombreux cas, où une réflexion continue sur ce que peut être le sens d’un mot et sur ce que les textes parallèles disent sur le sujet en question aurait montré que ces commentateurs, au lieu d’interpréter le sens de Pâraskara, lui imposaient de vagues opinions personnelles.
Il ne sera peut-être pas déplacé ici de souligner notre critique, de peur qu’elle ne soit jugée injuste, par quelques remarques sur un seul passage de Pâraskara où la différence entre la traduction du professeur Stenzler et la nôtre devient manifeste. Parmi les nombreux passages que je pourrais sélectionner à cette fin, je choisis le Sûtra I, 2, 5, relatif à la description de l’installation du feu sacré domestique. Le texte de ce Sûtra est le suivant :
5. aranipradûnam naturel.
Le professeur Stenzler traduit comme suit :
« Certains disent que ce doit être du feu allumé en frottant des bâtons. »
Les deux Sûtras précédents donnent une description de cette cérémonie dont l’opinion des « eke » mentionnés dans ce Sûtra diffère manifestement, ou à laquelle ils jugent nécessaire d’ajouter quelque chose. Ces Sûtras sont ainsi rédigés :
3. Après avoir apporté du feu dans la maison d’un Vaisya riche en bétail,
4. Toutes les cérémonies sont exécutées comme lors de la préparation de la nourriture _kâtushprâs_ya [1].
Il semble évident que les Âsâryas à qui appartient l’opinion mentionnée dans le Sûtra 5, ajoutent, ou peut-être substituent, à la quête du feu qui doit être adoré comme feu domestique du sacrificateur, dans la maison d’un riche Vaisya, un autre rite dans lequel un arasi, c’est-à-dire un bâton pour allumer le feu par attrition, est utilisé d’une manière ou d’une autre.
Si l’on peut accepter ceci comme une expression vague de la portée générale du Sûtra, quel est le sens littéral de ces mots ? « Certains (maîtres) », dit-il, « prescrivent le pradâna du petit bois (ou des petits bois). »
Que signifie pradâna ? Gayarâma dit,
‘prasabda upasabdârthe. arasyupâdânakam eka âsâryâ issanti.’
[ p. 266 ]
Autrement dit : « Le mot pra a le même sens que le mot upa. Certains enseignants souhaitent que le feu ait pour base physique les petits bois [2]. »
Ainsi, si Gayarâma a raison, la traduction du professeur Stenzler serait justifiée. Mais pouvons-nous vraiment accepter l’opinion du commentateur ? Pradâna est pradâna et non upâdâna, car pradadâti n’est pas upâdatte. Pradadâti signifie « il transmet » et pradâna « la transmission ». C’est un fait établi, et un interprète d’un texte védique ne devrait pas se laisser influencer par une affirmation comme celle de Gayarâma concernant la préposition pra au sens de upa, pour en réduire le sens. Ainsi, jusqu’à ce que des passages modifiant notre compréhension de la signification de pradâna soient découverts – mais de tels passages ne seront certainement jamais découverts –, nous sommes obligés de traduire :
5. Certains (enseignants disent que) la remise des bâtons d’allumage (a lieu).
Nous devrions donner cette traduction même si nous ne pouvions en trouver l’explication. Il semble que le professeur Stenzler, d’après sa note, n’ait même pas envisagé la possibilité de négliger l’autorité du Gayarâma et du Râmakrishria, ni de consulter les textes parallèles pour voir s’ils n’éclairent pas la signification de cette « remise des petits bois ». Le texte à consulter en premier lieu est bien sûr le Srauta-sûtra de Kâtyâyana. Comme le rituel du Srauta contient la description d’un âdhâna qui est en quelque sorte le prototype de la cérémonie correspondante du Girihya, nous pouvons peut-être nous attendre à découvrir, au cours de cette description, les affirmations concernant l’ararii-pradâna que nous recherchons. Or, Kâtyâyana [3], après avoir décrit l’installation du feu dans le gârhapatyâgâra, déclare qu’au coucher du soleil, le sacrificateur et sa femme [ p. 267 ] s’assoient à l’ouest du feu qui vient d’être allumé, puis l’Adhvaryu leur remet les deux bâtons d’allumage [4]. La Paddhati, en décrivant cet acte, entre dans plus de détails. L’Adhvaryu remet au sacrificateur les deux Arariis, qui, comme l’exige la coutume, sont enveloppés dans des vêtements neufs. La femme prend l’adharârarii de sa main et le pose sur ses genoux ; le sacrificateur pose l’uttarârarii sur ses genoux, et ils leur rendent hommage avec des fleurs, du safran, du bois de santal, etc. puis, après avoir accompli d’autres cérémonies, ils déposent les deux Arari sur une chaise ou un banc. Les deux Arari doivent être conservés par le sacrificateur ; s’ils sont perdus, brûlés ou détruits de toute autre manière, d’autres Arari doivent être récupérés, et par leur usure, un nouveau feu doit être allumé [5].
Âpastamba mentionne également, dans sa description de l’Agnyâdhâna [6], la remise des deux Aranis, et indique un Mantra que l’Adhvaryu récite en les donnant au sacrificateur, et deux autres Mantras avec l’un desquels le sacrificateur les reçoit, tandis qu’il récite l’autre sur les Aranis, après les avoir pris dans ses mains.
Enfin, nous pouvons citer ici, comme témoignage de la coutume de l’Aranipradâna, un passage tiré du commentaire de Nârâyana sur le Sâṅkhâyana-Gnhya. Bien que les mots décisifs de ce passage ne reposent que sur l’autorité du commentateur et non sur celle du Sûtrakâra lui-même, ils méritent d’être pris en considération, car ils ne sont pas sujets au soupçon qu’ils pourraient être influencés par une mauvaise compréhension de ce même Sûtra du Pâraskara dont nous traitons. Nârâyana dit, dans son explication du Sâṅkhâyana I, 1, 10 [7] : « À l’ouest du feu s’assoit le sacrificateur, et au sud (de lui) l’épouse. Le [ p. 268 ] la remise des petits bois n’a pas lieu. Car c’est un feu apporté (de la maison d’un Vainya, etc.) qui est inauguré ici [8]. Le commentateur poursuit en citant un Sloka :
« La remise de l’Aran que l’Adhvaryu effectue parfois,
« N’est pas conforme à l’opinion de Suyagga [9] ; il n’approuve pas l’allumage du feu par attrition [10] :
Ainsi, je crois, aucun doute ne peut subsister quant au sens réel du Sûtra de Pâraskara : il signifie ce que ses mots signifient et ce qui est en accord avec Kâtyâyana et Âpastamba, et il ne signifie pas ce que les commentateurs voudraient le plus gratuitement lui faire signifier.
Peut-être me suis-je trop attardé ici sur l’interprétation de quelques mots sans intérêt particulier en eux-mêmes. J’ose espérer que la discussion sur ces mots servira d’exemple permettant de discerner la différence fondamentale entre deux méthodes d’analyse de nos textes. N’oublions jamais notre dette envers les chercheurs qui ont suivi la première de ces méthodes, mais pour notre part, choisissons la seconde.
264:1 Livres sacrés de l’Orient, vol. xv, p. 2, note 2. ↩︎
265:1 La nourriture consommée par les quatre principaux prêtres officiants du rituel de la Srauta. Pour ces prêtres, un plat de nourriture est préparé lors de la cérémonie de l’âdhâna des feux de la Srauta. ↩︎
266:1 Râmakrishria explique également, selon la note du professeur Stenzler, pradâna par upâdâna, kâraria, utpattisthâna. ↩︎
266:2 IV, 7, 55 seqq. Le passage correspondant du Paddhati se trouve à la p. 358 de l’édition du professeur Weber. ↩︎
267:1 IV, 7, 22: asvatthasamîgarbhârasî prayassati. ↩︎
267:2 Voir le commentaire sur IV, 7, 22, et les passages du Karmapradîpa qui y sont cités. ↩︎
267:3 Srauta-sûtra V, 8, 7; vol. i, p. 255, de l’édition du professeur Garbe. ↩︎
267:4 Sâyamâhutisamskâroऽdhvaryupratyaya ity âmâryâ_h_. ↩︎
268:1 Agneh passa yasamâno dakshisata_hskss_ati. arasipradâna_msm_. âhstasyâgner eva sasskârah. ↩︎
268:2 Sur ce nom de Sâṅkhâyana, voir mon Introduction à la traduction du Sâṅkhâyana-Grihya, ci-dessus, p. 3. ↩︎