Brihadâranyaka Upanishad — Deuxième Adhyaya. | Page de titre | Brihadâranyaka Upanishad — Quatrième Adhyaya. |
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TROISIÈME ADHYÂYA.
Adoration au Soi Supérieur (Paramâtman) !
1. Ganaka Vaideha (le roi des Videhas) sacrifia un sacrifice au cours duquel de nombreux présents furent offerts aux prêtres de l’Asvamedha. Des brahmanes des Kurus et des Pâ_ñ_kâlas étaient venus, et Ganaka Vaideha voulut savoir lequel de ces brahmanes était le plus cultivé. Il enferma donc mille vaches, et dix pâdas (d’or) [2] furent attachés à chaque paire de cornes.
2. Et Ganaka leur parla : « Vénérables Brâhmanes, celui d’entre vous qui est le plus sage, qu’il chasse ces vaches. »
Alors ces Brâhmanes n’osèrent pas, mais Yâgñavalkya dit à son élève : « Chasse-les, mon cher. »
Il répondit : « Ô gloire du Sâman [3] » et les chassa.
Les Brâhmanes se mirent en colère et dirent : « Comment peut-il se dire le plus sage d’entre nous ? »
Il y avait alors Asvala, le prêtre Hotri de Ganaka Vaideha. Il lui demanda : « Es-tu vraiment le plus sage d’entre nous, ô Yâgñavalkya ? » Il répondit : « Je m’incline devant le plus sage (le plus grand connaisseur de Brahman), mais je désire vraiment posséder ces vaches. »
Alors Asvala, le prêtre Hotri, entreprit de l’interroger.
Yâg_ñavalkya dit : « Par le prêtre Hotri, qui est Agni (feu), qui est parole. Car la parole est le Hotri du sacrifice (ou du sacrificateur), et la parole est Agni, et il est le Hotri. Ceci constitue la liberté, et la parfaite liberté (de la mort). »
4. « Yâgñavalkya », dit-il, « ici tout est atteint de jour comme de nuit, tout est surmonté de jour comme de nuit. Par quel moyen alors le sacrificateur est-il libéré de l’atteinte du jour et de la nuit ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Par le prêtre Adhvaryu, qui est l’œil, qui est Âditya (le soleil) [4]. Car l’œil est l’Adhvaryu du sacrifice, et l’œil est le soleil, et il est l’Adhvaryu. Ceci constitue la liberté, et la liberté parfaite. »
5. « Yâgñavalkya », dit-il, « tout ici est atteint par la lune croissante et décroissante, tout est surmonté par la lune croissante et décroissante. Par quel moyen alors le sacrifiant est-il libéré de l’atteinte de la lune croissante et décroissante ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Par le prêtre Udgâtri, qui est Vâyu (le vent), qui est le souffle. Car le souffle est l’Udgâtri du sacrifice, et le souffle est le vent, et il est l’Udgâtri. Ceci constitue la liberté, et la liberté parfaite. »
6. « Yâg_ñ_avalkya », dit-il, « ce ciel est, pour ainsi dire, sans ascension (escalier). Par quelle approche le sacrificateur s’approche-t-il du monde Svarga ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Par le prêtre Brahman, qui est l’esprit (manas), qui est la lune. Car l’esprit est le Brahman du sacrifice, et l’esprit est la lune, et il est le Brahman. Ceci constitue la liberté, et la liberté parfaite. Telles sont les délivrances complètes (de la mort). »
Ensuite, suivez les réalisations.
7. « Yâg_ñ_avalkya, dit-il, combien de versets Rik le prêtre Hotri emploiera-t-il aujourd’hui à ce sacrifice ? »
« Trois », répondit Yâg_ñ_avalkya.
« Et que sont ces trois-là ? »
« Ceux qui sont appelés Puronuvâkyâ, Yâgyâ, et, troisièmement, Sasyâ [5]. »
« Qu’est-ce qu’il y gagne ? »
« Tout ce qui a un souffle. »
8. « Yâg_ñ_avalkya, dit-il, combien d’oblations (âhuti) le prêtre Adhvaryu emploiera-t-il aujourd’hui à ce sacrifice ? »
« Trois », répondit Yâg_ñ_avalkya.
« Et que sont ces trois-là ? »
« Celles qui, lorsqu’elles sont offertes, s’enflamment ; celles qui, lorsqu’elles sont offertes, font un bruit excessif ; et celles qui, lorsqu’elles sont offertes, s’enfoncent [6]. »
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« Qu’est-ce qu’il y gagne ? »
« Par celles qui, lorsqu’elles sont offertes, s’enflamment, il accède au monde de Deva (dieu), car le monde de Deva s’enflamme, pour ainsi dire. Par celles qui, lorsqu’elles sont offertes, font un bruit excessif, il accède au monde de Pitri (père), car le monde de Pitri est excessivement (bruyant) [7]. Par celles qui, lorsqu’elles sont offertes, s’enfoncent, il accède au monde de Manushya (homme), car le monde de Manushya est, pour ainsi dire, en bas. »
9. « Yâgñavalkya », dit-il, « avec combien de divinités le prêtre brahmane de droite protège-t-il aujourd’hui ce sacrifice ? »
« Par un », répondit Yâg_ñ_avalkya.
« Et lequel est-ce ? »
« L’esprit seul ; car l’esprit est sans fin, et les Visvedevas sont sans fin, et il obtient ainsi le monde sans fin. »
10. « Yâg_ñ_avalkya, dit-il, combien d’hymnes Stotriyâ le prêtre Udgâtri emploiera-t-il aujourd’hui à ce sacrifice ? »
« Trois », répondit Yâg_ñ_avalkya.
« Et que sont ces trois-là ? »
« Ceux qui sont appelés Puronuvâkyâ, Yâgyâ et, troisièmement, Sasyâ. »
« Et qu’est-ce que cela signifie par rapport au corps (adhyâtmam) ? »
« Le Puronuvâkyâ est le Prânâ (respiration ascendante), le Yâgyâ l’Apânâ (respiration descendante), le Sasyâ le Vyâna (respiration arrière). »
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« Qu’est-ce qu’il y gagne ? »
« Il gagne la terre par le Puronuvâkyâ, le ciel par le Yâgyâ, le ciel par le Sasyâ. »
Après cela, Asvala garda le silence.
1. Alors Gâratkârava Ârtabhâga [9] demanda. « Yâg_ñ_avalkya », dit-il, « combien y a-t-il de Grahas et combien d’Atigrahas [10] ? »
« Huit Grahas », répondit-il, « et huit Atigrahas. »
« Et que sont ces huit Grahas et ces huit Atigrahas ? »
2. ‘Prâna (souffle) est un Graha, et il est saisi par Apâna (expiration descendante) comme l’Atigrâha [11], car on sent avec l’Apâna.’
3. « La parole (vâk) est un Graha, et elle est saisie par le nom (nâman) comme l’Atigrâha, car avec la parole on prononce les noms.
4. ‘La langue est un seul Graha, et celui-ci est saisi par le goût comme l’Atigrâha, car avec la langue on perçoit les goûts.’
5. ‘L’œil est un Graha, et il est saisi par la forme comme l’Atigrâha, car avec l’œil on voit les formes.’
6. ‘L’oreille est un seul Graha, et elle est saisie par le son comme l’Atigrâha, car avec l’oreille on entend les sons.’
7. ‘L’esprit est un Graha, et il est saisi par le désir comme l’Atigrâha, car avec l’esprit on désire des désirs.’
8. « Les bras sont un seul Graha, et ceux-ci sont saisis par le travail comme l’Atigrâha, car avec les bras on travaille. »
9. « La peau est un seul Graha, et celui-ci est saisi par le toucher comme l’Atigrâha, car avec la peau on perçoit le toucher. Ce sont les huit Grahas et les huit Atigrahas. »
« Le feu (agni) est la mort, et c’est la nourriture de l’eau. La mort est à nouveau vaincue. »
11. « Yâg_ñ_avalkya », dit-il, « lorsqu’une telle personne (un sage) meurt, les souffles vitaux (prânas) sortent-ils de lui ou non ? »
« Non », répondit Yâg_ñ_avalkya ; « ils sont rassemblés en lui, il gonfle, il est gonflé, et ainsi gonflé le mort repose en repos. »
12. « Yâg_ñ_avalkya », dit-il, « lorsqu’un tel homme meurt, qu’est-ce qui ne le quitte pas ? »
« Le nom », répondit-il ; « car le nom est sans fin, les Visvedevas sont sans fin, et par lui il obtient le monde sans fin. »
13. ‘Yâg_ñ_avalkya’, dit-il, ‘quand la parole de cette personne décédée entre dans le feu [12], le souffle dans l’air, l’œil dans le soleil, l’esprit dans la lune, l’ouïe dans l’espace, dans la terre dans le corps, dans l’éther dans le soi, dans les arbustes dans les poils du corps, dans les arbres dans les poils de la tête, quand le [ p. 127 ] sang et la semence sont déposés dans l’eau, où est alors cette personne ?’
Yâg_ñ_avalkya dit : « Prends ma main, mon ami. Nous deux seuls le saurons ; que cette question ne soit pas discutée en public. » Alors ces deux-là sortirent et discutèrent, et ce qu’ils disaient était karman (travail), ce qu’ils louaient était karman [13], à savoir qu’un homme devient bon par une bonne action, et mauvais par une mauvaise action. Après cela, Gâratkârava Ârtabhâga garda le silence.
1. Alors Bhugyu Lâhyâyani demanda : « Yâgñ_avalkya », dit-il, « nous avons erré comme étudiants [15], et sommes arrivés à la maison de Pata_ñkala Kâpya. Il avait une fille qui était possédée par un Gandharva. Nous lui avons demandé : « Qui es-tu ? » et il (le Gandharva) a répondu : « Je suis Sudhanvan, l’Âṅgirasa. » Et lorsque nous l’avons interrogé sur les extrémités du monde, nous lui avons dit : « Où étaient les Pârikshitas [16] ? Où étaient donc les Pârikshitas, je te le demande, Yâg_ñ_avalkya, où étaient les Pârikshitas ? »
2. Yâg_ñ_avalkya dit : « Il t’a dit, je suppose, qu’ils sont allés là où vont ceux qui ont accompli un sacrifice de cheval. »
Il dit : « Et où vont ceux qui ont sacrifié un cheval ? »
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Yâgñavalkya répondit : « Ce monde a trente-deux voyages du char du soleil. La terre l’entoure de tous côtés, deux fois plus grande, et l’océan entoure cette terre de tous côtés, deux fois plus grande. Or, il y a entre eux un espace aussi grand que le fil d’un rasoir ou l’aile d’un moustique. Indra, devenu oiseau, les remit (à travers l’espace) à Vâyu (l’air), et Vâyu (l’air), les gardant en lui, les transporta là où demeurent ceux qui ont accompli le sacrifice d’un cheval. C’est un peu ainsi qu’il loua Vâyu. Par conséquent, Vâyu (l’air) est tout en lui-même, et Vâyu est toutes choses ensemble. Celui qui sait cela, conquiert la mort. » Après cela, Bhugyu Lâhyâyani garda le silence.
1. Alors Ushasta Kâkrâyana demanda : « Yâg_ñ_avalkya, dit-il, dis-moi le Brahman qui est visible, non invisible [18], le Soi (âtman), qui est en tout. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ceci, ton Soi, qui est en tout. »
« Quel Soi, ô Yâgñavalkya, est en tout ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Celui qui inspire en ascendant est ton Soi et est en tout. Celui qui inspire en descendant est ton Soi et est en tout. Celui qui inspire en inspirant est ton Soi et est en tout. Celui qui inspire en expirant est ton Soi et est en tout. C’est ton Soi qui est en tout. »
2. Ushasta Kâkrâyana dit : « Comme on pourrait dire, ceci est une vache, ceci est un cheval, ainsi as-tu expliqué cela. Dis-moi le Brahman qui est visible, non invisible, le Soi, qui est en tout. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ceci, ton Soi, qui est en tout. »
« Quel Soi, ô Yâgñavalkya, est en tout ? »
Yâgñavalkya répondit : « Tu ne pouvais voir le voyant, tu ne pouvais entendre l’auditeur, ni percevoir celui qui perçoit, ni connaître celui qui connaît. Ceci est ton Soi, qui est en tout. Tout aussi est mauvais. » Après cela, Ushasta Kâkrâya se tut.
1. Alors Kahola Kaushîtakeya demanda : « Yâgñavalkya, dit-il, dis-moi le Brahman qui est visible, non invisible, le Soi (Âtman), qui est en tout. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ceci, ton Soi, qui est en tout. »
« Quel Soi, ô Yâgñavalkya, est en tout ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Celui qui surmonte la faim et la soif, le chagrin, la passion, la vieillesse et la mort. Lorsque les Brâhmanas connaissent ce Soi et se sont élevés au-dessus du désir de fils [20], de richesse et de (nouveaux) mondes [21], ils errent comme des mendiants. Car un désir de fils est un désir de richesse, un désir de richesse est un désir de mondes. Ces deux désirs sont en effet des désirs. Par conséquent, qu’un Brâhmana, après avoir terminé son apprentissage, [ p. 130 ] souhaite se tenir par une force réelle [22] ; après avoir terminé avec cette force et cet apprentissage, il devient un Muni (un Yogin) ; et après avoir fait avec ce qui n’est pas la connaissance d’un Muni, et avec ce qui est la connaissance d’un Muni, il est un Brâhmana. Par quelque moyen qu’il soit devenu un Brâhmana, il l’est vraiment [23]. Tout le reste est mauvais.’ Après cela, Kahola Kaushîtakeya garda le silence.
1. Alors Gârgî Vâkaknavî demanda. « Yâg_ñ_avalkya », dit-elle, « tout ici est tissé, comme chaîne et trame, dans l’eau. Qu’est-ce donc dans quoi l’eau est tissée, comme chaîne et trame ? »
« Dans l’air, ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc l’air est-il tissé, comme une chaîne et une trame ? »
« Dans les mondes du ciel, ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes du ciel sont-ils tissés, comme une chaîne et une trame ? »
« Dans les mondes des Gandharvas, ô Gârgî », répondit-il.
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« Dans quoi donc sont tissés les mondes des Gandharvas, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes d’Âditya (soleil), ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes d’Âditya (soleil) sont-ils tissés, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes de Kandra (lune), ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes de Kandra (lune) sont-ils tissés, comme une chaîne et une trame ? »
« Dans les mondes des Nakshatras (étoiles), ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes des Nakshatras (étoiles) sont-ils tissés, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes des Devas (dieux), ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes des Devas (dieux) sont-ils tissés, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes d’Indra, ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc sont tissés les mondes d’Indra, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes de Pragâpati, ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc sont tissés les mondes de Pragâpati, comme la chaîne et la trame ? »
« Dans les mondes de Brahman, ô Gârgî », répondit-il.
« Dans quoi donc les mondes de Brahman sont-ils tissés, comme la chaîne et la trame ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Ô Gârgî, n’en demande pas trop, de peur que ta tête ne tombe. Tu en demandes trop au sujet d’une divinité à propos de laquelle nous ne devons pas trop en demander [25]. N’en demande pas trop, ô Gârgî. » Après cela, Gargî Vâkaknavî garda le silence.
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1. Uddâlaka Âruni [27] demanda alors : « Yâgñavalkya », dit-il, « nous habitions parmi les Madras, dans les maisons de Patañkala Kâpya, étudiant le sacrifice. Sa femme était possédée d’un Gandharva, et nous lui avons demandé : « Qui es-tu ? » Il répondit : « Je suis Kabandha Âtharva. » Et il dit à Patañkala Kâpya et à (nous) les étudiants : « Connais-tu, Kâpya, ce fil par lequel ce monde et l’autre monde, et tous les êtres sont reliés ? » Et Patañkala Kâpya répondit : « Je ne le connais pas, Monsieur. » Il dit encore à Pata_ñ_kala Kâpya et à (nous) les étudiants : « Sais-tu, Kâpya, ce tireur (gouverneur) intérieur (antaryâmin), qui tire (gouverne) ce monde et l’autre monde et tous les êtres ? » Et Pata_ñ_kala Kâpya répondit : « Je ne le sais pas, Monsieur. » Il dit encore à Pata_ñ_kala Kâpya et à (nous) les étudiants : « Celui, ô Kâpya, qui connaît ce fil et celui qui le tire à l’intérieur, celui-là connaît Brahman, il connaît les mondes, il connaît les Devas, il connaît les Vedas, il connaît les Bhûtas (créatures), il connaît le Soi, il connaît tout. » Ainsi leur dit-il (le Gandharva), et je le sais. Si toi, ô Yâgñavalkya, sans connaître cette corde et celui qui la tire à l’intérieur, tu chasses ces vaches Brahma (les vaches offertes comme prix à celui qui connaît le mieux Brahman), ta tête tombera.
Yâg_ñ_avalkya dit : « Ô Gautama, je crois connaître ce fil et celui qui le tire à l’intérieur. »
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L’autre dit : « N’importe qui peut dire : Je sais, je sais. Dis ce que tu sais. »
2. Yâg_ñ_avalkya dit : « Vâyu (l’air) est ce fil, ô Gautama. Par l’air, comme par un fil, ô Gautama, ce monde et l’autre monde, et toutes les créatures sont reliés entre eux. C’est pourquoi, ô Gautama, on dit d’un mort que ses membres se sont détachés ; car par l’air, comme par un fil, ô Gautama, ils étaient reliés entre eux. »
L’autre dit : « C’est ainsi, ô Yâgñavalkya. Dis maintenant qui est celui qui tire à l’intérieur. »
3. Yâg_ñ_avalkya a dit : « Celui qui demeure dans la terre, et à l’intérieur de la terre [28], que la terre ne connaît pas, dont le corps est la terre, et qui tire (gouverne) la terre à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
4. « Celui qui demeure dans l’eau et au sein de l’eau, que l’eau ne connaît pas, dont le corps est l’eau, et qui tire (gouverne) l’eau à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
5. « Celui qui demeure dans le feu et à l’intérieur du feu, que le feu ne connaît pas, dont le corps est le feu, et qui attire (gouverne) le feu à l’intérieur, celui-là est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
6. « Celui qui demeure dans le ciel, et à l’intérieur du ciel, que le ciel ne connaît pas, dont le corps est le ciel, et qui tire (gouverne) le ciel à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
7. « Celui qui demeure dans l’air (vâyu), et dans l’air, que l’air ne connaît pas, dont le corps est l’air, et qui tire (gouverne) l’air à l’intérieur, celui-là est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
8. « Celui qui demeure dans le ciel (dyu), et à l’intérieur du ciel, que le ciel ne connaît pas, dont le corps est le ciel, et qui tire (gouverne) le ciel à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
9. « Celui qui demeure dans le soleil (Âditya), et à l’intérieur du soleil, que le soleil ne connaît pas, dont le corps est le soleil, et qui attire (gouverne) le soleil à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
10. « Celui qui demeure dans l’espace (disah), et à l’intérieur de l’espace, que l’espace ne connaît pas, dont le corps est l’espace, et qui tire (gouverne) l’espace à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
11. « Celui qui demeure dans la lune et les étoiles (kandra-târakam), et à l’intérieur de la lune et des étoiles, que la lune et les étoiles ne connaissent pas, dont le corps est la lune et les étoiles, et qui tire (gouverne) la lune et les étoiles à l’intérieur, celui-là est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
12. « Celui qui demeure dans l’éther (âkâsa), et à l’intérieur de l’éther, que l’éther ne connaît pas, dont le corps est l’éther, et qui tire (gouverne) l’éther à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
13. « Celui qui demeure dans les ténèbres (tamas), et dans les ténèbres, que les ténèbres ne connaissent pas, dont le corps est les ténèbres, et qui attire (gouverne) les ténèbres à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
14. « Celui qui demeure dans la lumière (tegas), et à l’intérieur de la lumière, que la lumière ne connaît pas, dont le corps est la lumière, et qui tire (gouverne) la lumière à l’intérieur, celui-là est ton Soi, l’attirant (le dirigeant) à l’intérieur, l’immortel. »
Jusqu’ici en ce qui concerne les dieux (adhidaivatam) ; maintenant en ce qui concerne les êtres (adhibhûtam).
15. Yâg_ñ_avalkya a dit : « Celui qui demeure dans tous les êtres, et à l’intérieur de tous les êtres, que tous les êtres ne connaissent pas, dont le corps est celui de tous les êtres, et qui attire (gouverne) tous les êtres à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (le dirigeant) à l’intérieur, l’immortel. »
16. « Celui qui demeure dans le souffle (prân) et à l’intérieur du souffle, que le souffle ne connaît pas, dont le corps est le souffle, et qui tire (gouverne) le souffle à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
17. ‘Celui qui demeure dans la langue (vâk), et à l’intérieur de la langue, que la langue ne connaît pas, dont le corps est la langue, et qui tire (gouverne) la langue à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel.’
18. « Celui qui demeure dans l’œil, et à l’intérieur de l’œil, que l’œil ne connaît pas, dont le corps est l’œil, et qui tire (gouverne) l’œil à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (gouvernant) à l’intérieur, l’immortel. »
19. « Celui qui demeure dans l’oreille, et à l’intérieur de l’oreille, que l’oreille ne connaît pas, dont le corps est l’oreille, et qui tire (gouverne) l’oreille à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
20. « Celui qui demeure dans l’esprit, et à l’intérieur de l’esprit, que l’esprit ne connaît pas, dont le corps est l’esprit, et qui tire (gouverne) l’esprit à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (le dirigeant) à l’intérieur, l’immortel. »
21. « Celui qui demeure dans la peau, et à l’intérieur de la peau, que la peau ne connaît pas, dont le corps est la peau, et qui tire (gouverne) la peau à l’intérieur, il est ton Soi, le tireur (gouverneur) à l’intérieur, l’immortel. »
22. « Celui qui demeure dans la connaissance [29], et dans la connaissance, que la connaissance ne connaît pas, dont le corps est la connaissance, et qui tire (gouverne) la connaissance à l’intérieur, il est ton Soi, l’attirant (le dirigeant) à l’intérieur, l’immortel. »
23. « Celui qui demeure dans la graine, et à l’intérieur de la graine, que la graine ignore, dont le corps est la graine, et qui tire (gouverne) la graine à l’intérieur, celui-là est ton Soi, le tireur (gouverneur) intérieur, l’immortel ; invisible, mais voyant ; inaudible, mais entendant ; inaperçu, mais percevant ; inconnu, mais connaissant. Il n’y a pas d’autre voyant que lui, il n’y a pas d’autre auditeur que lui, il n’y a pas d’autre percepteur que lui, il n’y a pas d’autre connaisseur que lui. Tel est ton Soi, le dirigeant intérieur, l’immortel. Tout le reste est mauvais. » Après cela, Uddâlaka Âruni garda le silence.
1. Alors Vâkaknavî [31] dit : « Vénérable Brâhmanas, je vais lui poser deux questions. S’il y répond, aucun de vous, je pense, ne le battra dans aucun argument concernant Brahman. »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Demande, ô Gârgî. »
2. Elle dit : « Ô Yâg_ñ_avalkya, comme le fils d’un guerrier des Kâsîs ou des Videhas pourrait bander son arc détendu, prendre deux flèches pointues qui transpercent l’ennemi dans sa main et se lever pour livrer bataille, je me suis levé pour te combattre avec deux questions. Réponds-moi à ces questions. »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Demande, ô Gârgî. »
3. Elle dit : « Ô Yâgñavalkya, ce dont ils disent qu’il est au-dessus des cieux, au-dessous de la terre, embrassant le ciel et la terre [32], le passé, le présent et le futur, dis-moi en quoi est-il tissé, comme une chaîne et une trame ? »
4. Yâg_ñ_avalkya dit : « Ce dont ils disent qu’il est au-dessus des cieux, au-dessous de la terre, embrassant le ciel et la terre, le passé, le présent et le futur, qui est tissé, comme une chaîne et une trame, dans l’éther (âkâsa). »
5. Elle dit : « Je m’incline devant toi, ô Yâg_ñ_avalkya, qui m’as résolu cette question. Prépare-toi pour la seconde. »
Yâg_ñ_avalkya dit [33] : « Demande, ô Gârgî. »
6. Elle dit : « Ô Yâg_ñ_avalkya, ce dont ils disent qu’il est au-dessus des cieux, au-dessous de la terre, embrassant le ciel et la terre, le passé, le présent et le futur, dis-moi en quoi est-il tissé, comme une chaîne et une trame ? »
7. Yâg_ñ_avalkya dit : « Ce dont ils disent qu’il est au-dessus des cieux, au-dessous de la terre, embrassant le ciel et la terre, le passé, le présent et le futur, qui est tissé, comme une chaîne et une trame, dans l’éther. »
Gârgî dit : « Dans quoi donc l’éther est-il tissé, comme chaîne et trame ? »
8. Il dit : « Ô Gârgî, les Brâhmanes appellent cela l’Akshara (l’impérissable). Il n’est ni grossier ni fin, ni court ni long, ni rouge (comme le feu) ni fluide (comme l’eau) ; il est sans ombre, sans obscurité, sans air, sans éther, sans [ p. 138 ] attachement [34], sans goût, sans odeur, sans yeux, sans oreilles, sans parole, sans esprit, sans lumière (vigueur), sans souffle, sans bouche (ou porte), sans mesure, n’ayant ni dedans ni dehors, il ne dévore rien, et personne ne le dévore. »
9. « Par l’ordre de cet Akshara (l’impérissable), ô Gârgî, le soleil et la lune se distinguent [35]. Par l’ordre de cet Akshara, ô Gârgî, le ciel et la terre se distinguent. Par l’ordre de cet Akshara, ô Gârgî, ce qu’on appelle les moments (nimesha), les heures (muhûrta), les jours et les nuits, les demi-mois, les mois, les saisons, les années, tout se distingue. Par l’ordre de cet Akshara, ô Gârgî, certaines rivières coulent vers l’est depuis les montagnes blanches, d’autres vers l’ouest, ou vers n’importe quelle autre région. Par l’ordre de cet Akshara, ô Gârgî, les hommes louent ceux qui donnent, les dieux suivent le sacrificateur, les pères l’offrande de Darvî. »
10. « Quiconque, ô Gârgî, sans connaître Akshara (l’impérissable), offre des oblations en ce monde, sacrifie et accomplit des pénitences pendant mille ans, son œuvre aura une fin. Quiconque, ô Gargî, sans connaître cet Akshara, quitte ce monde, il est misérable (comme un esclave) [36]. Mais celui, ô Gârgî, qui quitte ce monde, connaissant cet Akshara, est un Brâhmane. »
11. « Ce Brahman, ô Gârgî, est invisible, mais il voit ; inaudible, mais il entend ; inaperçu, mais il perçoit ; inconnu, mais il sait. Il n’y a rien [ p. 139 ] qui voie que lui, rien qui entend que lui, rien qui perçoive que lui, rien qui sache que lui. Dans cet Akshara donc, ô Gârgî, l’éther est tissé, comme une chaîne et une trame. »
12. Alors Gargî dit : « Vénérables Brahmanes, vous pouvez considérer comme une grande chose que vous vous en tiriez en vous inclinant devant lui. Personne, je crois, ne le vaincra dans aucun débat concernant Brahman. » Après cela, Vâkaknavî garda le silence.
1. Alors Vidagdha Sâkalya lui demanda [38] : « Combien y a-t-il de dieux, ô Yâg_ñ_avalkya ? » Il répondit par ce même Nivid [39] : « Autant que ceux mentionnés dans le Nivid de l’hymne de louange adressé aux Visvedevas, à savoir trois cents, trois mille [40]. »
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Trente-trois », dit-il.
[ p. 140 ]
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Six », dit-il.
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Trois », dit-il.
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Deux », dit-il.
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Un an et demi (adhyardha) », dit-il.
« Oui », dit-il, et il demanda à nouveau : « Combien y a-t-il réellement de dieux, ô Yâgñavalkya ? »
« Un », dit-il.
« Oui », dit-il, et il demanda : « Qui sont ces trois cents, ces trois mille ? »
2. Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ce ne sont que leurs différents pouvoirs, en réalité il n’y a que trente-trois dieux [41]. »
Il a demandé : « Qui sont ces trente-trois ? »
Yâgñavalkya répondit : « Les huit Vasus, les onze Rudras, les douze Âdityas. Ils font trente et un, et Indra et Pragâpati font trente-trois [42]. »
3. Il demanda : « Qui sont les Vasus ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Agni (le feu), Prithivî (la terre), Vâyu (l’air), Antariksha (le ciel), Âditya (le soleil), Dyu (le ciel), Kandramas (la lune), les Nakshatras (les étoiles), ce sont les Vasus, car en eux repose tout ce qui habite (ce monde) [43] ; et c’est pourquoi ils sont appelés Vasus. » [ p. 141 ] 4. Il demanda : « Qui sont les Rudras ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ces dix souffles vitaux (prânas, les sens, c’est-à-dire les cinq g_ñ_ânendriyas, et les cinq karmendriyas), et Âtman [44], comme onzième. Lorsqu’ils quittent ce corps mortel, ils nous font pleurer (rodayanti), et parce qu’ils nous font pleurer, on les appelle Rudras. »
5. Il demanda : « Qui sont les Âdityas ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Les douze mois de l’année, et ils sont des Âdityas, parce qu’ils se déplacent (yanti), emportant tout [45] (âdadânâh). Parce qu’ils se déplacent, emportant tout, c’est pourquoi ils sont appelés Âdityas. »
6. Il demanda : « Et qui est Indra, et qui est Pragâpati ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Indra est le tonnerre, Pragâpati est le sacrifice. »
Il demanda : « Et qu’est-ce que le tonnerre ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Le coup de foudre. »
Il demanda : « Et quel est le sacrifice ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Les animaux (sacrificiels). »
7. Il demanda : « Qui sont les six ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Agni (le feu), Prithivî (la terre), Vâyu (l’air), Antariksha (le ciel), Âditya (le soleil), Dyu (le ciel), ils sont les six, car ils sont tous [46] cela, les six. »
8. Il demanda : « Qui sont les trois dieux ? »
[ p. 142 ]
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Ces trois mondes, car en eux existent tous ces dieux. »
Il demanda : « Qui sont les deux dieux ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « De la nourriture et du souffle. »
Il a demandé : « Qui est le dieu et demi ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Celui qui souffle. »
9. Ici, ils disent : « Comment se fait-il que celui qui souffle comme un seul soit appelé un et demi (adhyardha) ? » Et la réponse est : « Parce que, quand le vent soufflait, tout poussait (adhyardhnot). »
Il a demandé : « Qui est le dieu unique ? »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Souffle (prâna), et il est Brahman (le Sûtrâtman), et ils l’appellent Cela (tyad). »
10. Sâkalya dit [47] : « Quiconque connaît cette personne (ou ce dieu) dont la demeure (le corps) est la terre, dont la vue (le monde) est le feu [48], dont l’esprit est la lumière, — le principe [ p. 143 ] de chaque être (vivant), celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. Cette personne corporelle (matérielle, terrestre), « c’est lui ». Mais dis-moi [49], Sâkalya, qui est sa devatâ [50] (déité) ? »
Sâkalya répondit : « L’Immortel [51]. »
11. Sâkalya dit : « Quiconque connaît cette personne dont la demeure est l’amour (un corps capable d’amour sensuel), dont la vue est le cœur, dont l’esprit est la lumière, le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. Cette personne faite d’amour (aimante), c’est elle. » Mais dis-moi, Sâkalya, qui est sa devatâ ?
Sâkalya répondit : « Les femmes [52]. »
12. Sâkalya dit : « Quiconque connaît l’homme dont la demeure est les couleurs, dont la vue est l’œil, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. Cette personne dans le soleil, « c’est lui ». Mais dis-moi, Sâkalya, qui est sa devatâ ? »
Sâkalya répondit : « Le Vrai [53]. »
13. Sâkalya dit : « Quiconque connaît cette personne [ p. 144 ] dont la demeure est l’éther, dont la vue est l’oreille, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. La personne qui entend [54] et répond : « C’est lui. » Mais dis-moi, Sâkalya, qui est son devatâ ? »
Sâkalya répondit : « L’espace. »
14. Sâkalya dit : « Quiconque connaît l’homme dont la demeure est l’obscurité, dont la vue est le cœur, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. La personne ténébreuse [55], « c’est lui ». Mais dis-moi, Sâkalya, qui est son devatâ ? »
Sâkalya répondit : « La mort. »
15. Sâkalya dit : « Quiconque connaît cette personne dont la demeure est faite de couleurs (vives), dont la vue est l’œil, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. La personne dans le miroir, « c’est lui ». Mais dis-moi, Sâkalya, qui est sa devatâ ? »
Sâkalya répondit : « Souffle vital » (asu).
16. Sâkalya dit : « Quiconque connaît l’homme dont la demeure est l’eau, dont la vue est le cœur, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
[ p. 145 ]
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. La personne dans l’eau, « c’est lui ». Mais dis-moi, Sâkalya, qui est sa devatâ ? »
Sâkalya répondit : « Varuna. »
17. Sâkalya dit : « Quiconque connaît l’homme dont la demeure est la semence, dont la vue est le cœur, dont l’esprit est la lumière, — le principe de chaque soi, celui-là est vraiment un enseignant, ô Yâg_ñ_avalkya. »
Yâg_ñ_avalkya répondit : « Je connais cette personne, le principe de chaque soi, dont tu parles. La personne filiale, « c’est lui ». Mais dis-moi, Sâkalya, qui est sa devatâ ? »
Sâkalya répondit : « Pragâpati. »
18. Yâg_ñ_avalkya dit : « Sâkalya, ces Brâhmanas (qui eux-mêmes ont reculé devant le combat) ont-ils fait de toi la victime [56] ? »
Sâkalya dit : « Yâgñ_avalkya, parce que tu as décrié les Brâhmanas des Kuru-Pa_ñkâlas, quel [57] Brahman connais-tu ? »
19. Yâg_ñ_avalkya dit : « Je connais les quartiers avec leurs divinités et leurs demeures. »
[ p. 146 ]
Sâkalya dit : « Si tu connais les quartiers avec leurs divinités et leurs demeures,
20. « Quelle est ta divinité dans le quartier oriental ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Âditya (le soleil). »
Sâkalya dit : « En quoi réside cet Âditya ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans l’œil. »
Sâkalya dit : « Dans quoi demeure l’œil ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans les couleurs, car avec l’œil il voit les couleurs. »
Sâkalya dit : « Et dans quoi donc demeurent les couleurs ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le cœur [58], car nous connaissons les couleurs par le cœur, car les couleurs demeurent dans le cœur [59]. »
Sâkalya dit : « C’est bien ainsi, ô Yâg_ñ_avalkya. »
21. Sâkalya dit : « Quelle est ta divinité dans le quartier sud ? »
Yag_ñ_avalkya a dit : « Yama. »
Sâkalya dit : « En quoi réside ce Yama ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le sacrifice. »
Sâkalya dit : « En quoi réside le sacrifice ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le Dakshinâ (les cadeaux à offrir aux prêtres). »
Sâkalya dit : « En quoi réside le Dakshinâ ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans la Sraddhâ (foi), car si un homme croit, alors il donne Dakshinâ, et Dakshinâ demeure véritablement dans la foi. »
Sâkalya dit : « Et en quoi réside donc la foi ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le cœur, car par le cœur la foi connaît, et donc la foi demeure dans le cœur. »
Sâkalya dit : « C’est bien ainsi, ô Yâg_ñ_avalkya. » [ p. 147 ] 22. Sâkalya dit : « Quelle est ta divinité dans le quartier occidental ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Varuna. »
Sâkalya dit : « En quoi réside ce Varuna ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans l’eau. »
Sâkalya dit : « Dans quoi demeure l’eau ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans la graine. »
Sâkalya dit : « Et en quoi demeure la semence ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Dans le cœur. » C’est pourquoi on dit aussi d’un fils qui ressemble à son père qu’il semble avoir glissé de son cœur, ou avoir été créé à partir de son cœur ; car la semence demeure dans le cœur.
Sâkalya dit : « C’est bien ainsi, ô Yâg_ñ_avalkya. »
23. Sâkalya dit : « Quelle est ta divinité dans le quartier nord ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Soma. »
Sâkalya dit : « En quoi réside ce Soma ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le Dîkshâ [60]. »
Sâkalya dit : « En quoi réside la Dîkshâ ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Dans le Vrai ; et c’est pourquoi ils disent à celui qui a accompli la Dîkshâ : Dis ce qui est vrai, car dans le Vrai réside en effet la Dîkshâ. »
Sâkalya dit : « Et en quoi demeure le Vrai ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Dans le cœur, car avec le cœur nous savons ce qui est vrai, et dans le cœur réside en effet le Vrai. »
Sâkalya dit : « C’est bien ainsi, ô Yâg_ñ_avalkya. »
24. Sâkalya dit : « Quelle est ta divinité au zénith ? »
[ p. 148 ]
Yag_ñ_avalkya a dit : « Agni. »
Sâkalya dit : « En quoi réside cet Agni ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « En paroles. »
Sâkalya dit : « Et en quoi réside la parole
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le cœur. »
Sâkalya dit : « Et en quoi demeure le cœur ? »
2 5. Yâg_ñ_avalkya dit : « Ô Ahallika [61], quand tu penses que le cœur pourrait être n’importe où ailleurs, loin de nous, s’il était loin de nous, les chiens pourraient le manger ou les oiseaux le déchirer. »
26. Sâkalya dit : « Et en quoi demeures-tu (ton corps) et le Soi (ton cœur) ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le Prâna (souffle). »
Sâkalya dit : « En quoi réside le Prâna ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : Dans l’Apâna (expiration descendante) [62].’
Sâkalya dit : « En quoi réside l’Apâna ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans le Vyâna (respiration arrière) [63]. »
Sâkalya dit : « En quoi réside le Vyâna ? »
Yâg_ñ_avalkya a dit : « Dans l’Udâna (l’expiration) [64]. »
Sâkalya dit : « En quoi réside l’Udâna ? »
Yâg_ñ_avalkya dit : « Dans le Samâna [65]. Ce Soi [ p. 149 ] (âtman) doit être décrit par Non, non [66] ! Il est incompréhensible, car il ne peut être (n’est pas) compris ; il est impérissable, car il ne peut périr ; il est détaché, car il ne s’attache pas ; libre, il ne souffre pas, il ne faillit pas. »
« Ce sont les huit demeures (la terre, etc.), les huit mondes (le feu, etc.), les huit dieux (la nourriture immortelle, etc.), les huit personnes (le corporel, etc.). Celui qui, après avoir divisé et uni ces personnes [67], est allé au-delà (du Samâna), cette personne, a enseigné dans les Upanishads, je te demande maintenant (de me l’enseigner). Si tu ne me l’expliques pas, ta tête tombera. »
Sâkalya ne le connaissait pas, et sa tête tomba, non, des voleurs emportèrent ses os, les prenant pour autre chose.
27. Alors Yâg_ñ_avalkya dit : « Révérend Brâhmanas, quiconque parmi vous désire le faire, peut maintenant m’interroger. Ou m’interroger, vous tous. Ou quiconque parmi vous le désire, je l’interrogerai, ou je vous interrogerai tous.
Mais ces Brâhmanes n’osèrent rien dire.
28. Alors Yâg_ñ_avalkya les interrogea avec ces Slokas :
1. « Comme un arbre puissant dans la forêt, ainsi est en vérité l’homme, ses cheveux sont les feuilles, sa peau extérieure est l’écorce.
2. « De sa peau coule le sang, de la peau (de l’arbre) coule la sève ; et ainsi de l’homme blessé [68] sort le sang, comme d’un arbre qui est frappé.
3. « Les morceaux de sa chair sont (dans l’arbre) les couches de bois, la fibre est forte comme les tendons [69] . Les os sont le bois (dur) à l’intérieur, la moelle est faite comme la moelle de l’arbre.
4. « Mais, tandis que l’arbre, une fois abattu, repousse plus jeune à partir de la racine, de quelle racine, dites-moi, un mortel grandit-il, après avoir été abattu par la mort ?
5. « Ne dites pas : « de la graine », car la graine est produite à partir du vivant [70] ; mais un arbre, issu d’un grain, ressuscite clairement [71] après la mort [72].
6. « Si l’on arrache un arbre avec sa racine, il ne repoussera plus ; de quelle racine donc, dites-moi, un mortel repousse-t-il, après avoir été abattu par la mort ?
7. « Une fois né, il ne naît pas (de nouveau) ; car qui le créerait de nouveau [73] ? »
[ p. 151 ]
« Brahman, qui est connaissance et félicité, est le principe, à la fois pour celui qui donne des dons [74], et aussi pour celui qui reste ferme et sait. »
Brihadâranyaka Upanishad — Deuxième Adhyaya. | Page de titre | Brihadâranyaka Upanishad — Quatrième Adhyaya. |
121:1 Texte Mâdhyandina, p. 1067. ↩︎
121:2 Palakaturbhâgah pâdah suvarnasya. Comm. ↩︎
121:3 On s’attend à trouver iti après udaga, mais Sâmasravas s’applique à Yâg_ñ_avalkya, et non à l’élève. Yâg_ñ_avalkya, comme l’observe le commentateur, était proprement un enseignant du Yagur-veda, mais comme l’élève l’appelle Sâmasravas, il montre que Yâg_ñ_avalkya connaissait les quatre Védas, car les Sâmans sont tirés du Rig-veda, et l’Atharva-veda est contenu dans les trois autres Védas. Regnaud, cependant, le réfère à l’élève et traduit : « Ô toi qui apprends le Sâma-veda. » ↩︎
122:1 On s’attend à âdityena kakshushâ, au lieu de kakshushâdityena, mais voir § 6. ↩︎
123:1 Les Puronuvâkyâs sont des hymnes employés avant le sacrifice lui-même, les Yâgyâs accompagnent le sacrifice, les Sasyâs sont utilisés pour le Sastra. Tous trois sont appelés Stotriyâs. ↩︎
123:2 Ces oblations sont expliquées comme étant constituées de bois et d’huile, de chair, de lait et de Soma. Les premières, lorsqu’elles sont jetées sur le feu, s’enflamment. Les secondes, lorsqu’elles sont jetées sur le feu, produisent un fort sifflement. Les troisièmes, constituées de lait, de Soma, etc., s’enfoncent dans la terre. ↩︎
124:1 À cause des cris de ceux qui veulent en être délivrés. Comm. ↩︎
125:1 Texte Mâdhyandina, p. 1069. ↩︎
125:2 Un descendant de Ritabhâga de la famille de Garatkâru. ↩︎
125:3 Graha est probablement entendu à l’origine dans son sens sacrificiel habituel, comme un récipient pour offrir des oblations. Mais son sens secondaire, dans lequel il est pris ici, est celui de preneur, de saisisseur, c’est-à-dire d’organe des sens, tandis qu’atigraha désigne ce qui est saisi, c’est-à-dire un objet des sens. ↩︎
125:4 Ici le â est long, khândasatvât. ↩︎
126:1 Le commentateur explique ici purusha par asamyagdarsin, celui qui ne connaît pas toute la vérité. Voir aussi Deussen, Vedânta, p. 405, et p. 399, note. ↩︎
127:1 Ce qui est prévu est que le samsâra continue au moyen du karman, tandis que le karman par lui-même ne conduit jamais au moksha. ↩︎
127:2 Texte Mâdhyandina, p. 1070. ↩︎
127:3 Le commentateur explique karakâh comme adhyayanârtham vratakaranâkarakâh, adhvaryavo vâ. Voir le professeur RG Bhandarkar, dans Indian Antiquary, 1883, p. 145. ↩︎
127:4 Une ancienne race royale, supposée avoir disparu de la terre. ↩︎
128:2 Texte Mâdhyandina, p. 1071. Il suit ce qui est ici le cinquième Brâhmana, traitant de Kahoda Kaushîtakeya. ↩︎
128:3 Deussen, Vedanta, p. 163, traduit par « le Brahman immanent, non transcendant », ce qui est juste, mais trop moderne. ↩︎
129:1 Texte Mâdhyandina, p. 1071, debout devant le quatrième Brâhmana. ↩︎
129:2 Voir Brih. Âr. Up. IV, 4, 22. ↩︎
129:3 La vie dans le monde des Pères, ou dans le monde des Dieux. ↩︎
130:1 La connaissance du Soi, qui nous permet de nous passer de toute autre connaissance. ↩︎
130:2 M. Gough propose comme traduction alternative : « Qu’un Brâhmane renonce à l’étude et devienne comme un enfant ; et après avoir renoncé à l’étude et à un esprit enfantin, qu’il devienne un quiétiste ; et lorsqu’il aura mis fin au quiétisme et au non-quiétisme, il deviendra un Brâhmane, un véritable Brâhmane. » Deussen adopte un point de vue similaire, mais je doute que « la connaissance des bébés » ne soit pas une idée chrétienne plutôt qu’indienne, malgré les remarques de Sankara sur le Ved. Sûtra, III, 4, 50, qui sont étrangement en contradiction avec son commentaire ici. Il est possible que le texte soit corrompu, car tishthâset est également une forme très particulière. On pourrait supposer que balyena, comme nous avons abalyam, est présent dans IV, 4, 1. Dans Kaush. Up. III, 3, âbâlyam signifie âbălyam, peut-être ăbălyam. La construction de kena syâd yena syât tenedrisa eva est cependant bien connue. ↩︎
130:3 Texte Mâdhyandina, p. 1072. ↩︎
131:1 Selon le commentateur, les questions concernant Brahman doivent être répondues uniquement à partir des Écritures et ne doivent pas être résolues par des arguments. ↩︎
132:1 Texte Mâdhyandina, p. 1072. ↩︎
132:2 Appelé ensuite Gautama ; voir auparavant, p. 1, note. ↩︎
133:1 Je traduis antara par ‘à l’intérieur’, selon le commentateur, qui l’explique par abhyantara, mais je dois avouer que je préférerais le traduire par ‘différent de’, comme le fait Deussen, lcp 160, d’autant plus qu’il régit un ablatif. ↩︎
136:1 Soi, c’est-à-dire le Soi individuel, selon l’école Mâdhyandina ; voir Deussen, p. 161. ↩︎
136:2 Texte Mâdhyandina, p. 1075. ↩︎
136:3 Gârgî, pas l’épouse de Yâg_ñ_avalkya. ↩︎
137:1 Deussen, p. 143, traduit par « entre le ciel et la terre », mais ce serait l’antariksha. ↩︎
137:2 Cette répétition n’apparaît pas dans le texte Mâdhyandina. ↩︎
138:1 N’adhère à rien, comme de la laque ou de la gomme. ↩︎
138:2 Chacun suit son propre cours. ↩︎
138:3 Il accumule les effets du travail, comme un avare ses richesses, Roer. « Il est impuissant », Gough. ↩︎
139:1 Texte Mâdhyandina, p. 1076. ↩︎
139:2 Cette dispute entre Yâg_ñ_avalkya et Vidagdha Sâkalya apparaît sous une forme plus simple dans le Satapatha-brâhmana, XI, p. 873. Il est ici représenté comme le premier qui défie Yâg_ñ_avalkya, et à qui Yâg_ñ_avalkya demande aussitôt si les autres brahmanes ont fait de lui l’ulmukâvakshayana, la patte de chat, littéralement celui qui doit retirer un morceau de bois brûlant du feu (ardha. dagdhakâshtham ulmukam ; tasya vahirnirasanam avakshayanam vinâsah). La fin, cependant, est différente, car lorsqu’il demande la nature du dieu unique, le Prânâ, Yâgñavalkya lui dit qu’il a demandé ce qu’il ne devrait pas demander, et que par conséquent il mourra et que des voleurs emporteront ses os. ↩︎
139:3 Nivid, invocations anciennes et courtes des dieux ; devatâsaṅkhyâvâkakâni mantrapâdni kânikid vaisvadeve sastre sasyante. Saṅkara et Dvivedagaṅga. ↩︎
139:4 Cela ferait 3306 devatâs. ↩︎
140:1 ‘Les gloires de ceux-ci sont trente-trois.’ Gough, p. 172. ↩︎
140:2 Trayastrimsau, c’est-à-dire trayastrimsatah pûranau. ↩︎
140:3 L’explication étymologique de Vasu n’est pas tout à fait claire, et p. 141 le commentateur explique à peine notre texte. Peut-être vasu est-il destiné au monde ou à ses habitants. L’explication la plus courante se trouve dans le Satap. Brâh. p. 1077, ete hîdam sarvam vâsayante tadyad idam sarvam vâsayante tasmâd vasava iti; ou à la p. 874, où nous lisons te yad idam sarvam &c. ↩︎
141:1 Âtman est ici expliqué comme manas, le sensoriel commun. ↩︎
141:2 La vie des hommes et les fruits de leur travail. ↩︎
141:3 Ce sont les trente-trois dieux. ↩︎
142:1 Je préfère attribuer cela à Sâkalya, qui est toujours l’interrogateur, et non à Yâg_ñ_avalkya ; mais je ne suis pas tout à fait convaincu d’avoir raison sur ce point, ni sur la répartition ultérieure des parties attribuées à chaque locuteur. Si Sâkalya est l’interrogateur, alors la phrase, veda vâ aham tam purusham sarvasyâtmanah parâyanam yam âttha, doit appartenir à Yâg_ñ_avalkya, car il se réfère aux paroles d’un autre locuteur. Enfin, la phrase vadaiva doit être considérée comme adressée à Sâkalya. Le commentateur remarque que, étant lui-même l’interrogateur, on s’attend à un prikkha au lieu de vada. Mais Yâg_ñ_avalkya peut aussi être supposé se retourner vers Sâkalya et lui poser une question à son tour, plus difficile que celle adressée par Sâkalya à Yâg_ñ_avalkya, et dans ce cas, la dernière phrase doit être considérée comme une réponse, bien qu’imparfaite, de Sâkalya. Le commentateur semble penser qu’après que Yâg_ñ_avalkya ait demandé à Sâkalya de poser cette question, Sâkalya a eu peur et l’a posée, et qu’alors Yâg_ñ_avalkya a répondu à son tour. ↩︎
142:2 Le texte Mâdhyandina varie considérablement. Il utilise la première fois, kashur lokah, au lieu d’agnir lokah. Je conserve la même construction tout au long, en prenant mano gyotih, non pas comme un composé, mais comme agnir loko yasya, comme une phrase, c’est-à-dire mano gyotir yasya. ↩︎
143:1 Demandez-moi. Comm. ↩︎
143:2 Ce dont il est produit, c’est sa devatâ. Comm. ↩︎
143:3 Selon le commentateur, l’essence de la nourriture, qui produit le sang, à partir duquel le germe reçoit la vie et devient un embryon et un être vivant. ↩︎
143:4 Parce qu’ils excitent le feu de l’amour. Comm. ↩︎
143:5 Le commentateur explique satya, le vrai, par l’œil, parce que le soleil doit son origine à l’œil. ↩︎
144:1 Lisez srautra au lieu de srotra ; voir Brih. Âr. Up. II, 5, 6. ↩︎
144:2 L’ombre, khâyâ, est expliquée ici par ag_ñ_âna, l’ignorance, et non par g_ñ_âna, la connaissance. ↩︎
145:1 Aṅgârâvakshayana est expliqué comme un récipient dans lequel les charbons sont éteints, et Ânandagiri ajoute que Yâg_ñ_avalkya, en disant que Sâkalya fut fait aṅgârâvakshayana par ses frères brahmanes, voulait dire qu’il avait été abandonné par eux comme victime, en fait qu’il était brûlé ou consumé par Yâg_ñ_avalkya. Je préférerais prendre aṅgârâvakshayana dans le sens d’ulmukâvakshayana, un instrument avec lequel on prend les charbons ardents du feu pour les éteindre, une paire de pinces. Lire sandamsa au lieu de sandesa. Kshi avec ava signifie enlever, emporter. On devrait appeler un aṅgârâvakshayanaa une patte de chat. Les Brâhmanas utilisaient Sâkalya pour désigner une patte de chat. ↩︎
145:2 Il semble préférable de prendre kim comme pronom interrogatif plutôt que comme particule interrogative. ↩︎
146:1 Le cœur représente ici buddhi et manas ensemble. Comm. ↩︎
146:2 Dans le texte publié par le Dr Roer dans la Bibliotheca Indica, une phrase est omise, à savoir : hridaya ity uvâka, hridayena hi rûpâni gânâti, hridaye hy eva rûpâni pratishthitâni bhavantîty. ↩︎
147:1 Dîkshâ est le rite initiatique du sacrifice du Soma. Après avoir sacrifié avec du Soma qui doit être acheté, le sacrificateur est doté de sagesse et se rend au Nord, qui est le quartier du Soma. ↩︎
148:1 Un terme de reproche, il peut s’agir d’un fantôme ou d’un preta, car ahani lîyate, il disparaît le jour. ↩︎
148:2 Car le prâna s’enfuirait s’il n’était pas retenu par l’apâna. ↩︎
148:3 Car l’apâna descendrait et le prâna monterait, s’ils n’étaient pas retenus par le vyâna. ↩︎
148:4 Parce que tous les trois, le prâna, l’apâna et le vyâna, s’enfuiraient dans toutes les directions, s’ils n’étaient pas attachés à l’udâna. ↩︎
148:5 Le Samâna peut difficilement être entendu ici comme l’un des cinq prânâ, généralement mentionnés avant l’udâna, mais, comme l’explique Dvivedagaṅga, il représente le Sûtrâtman. Ce Sûtrâtman réside dans l’Antaryâmin, et celui-ci dans le Brahman (Kûtastatha), qui est donc décrit ci-après (p. 149). Le Samâna pourrait-il être ici le même qu’en IV, 3, 7 ? ↩︎
149:1 Voir auparavant, II, 3, 6; aussi IV, 2, 4; IV, 4, 22; IV, 5, 115. ↩︎
149:2 Les divisant selon les différentes demeures, mondes et personnes, et les unissant enfin dans le cœur. ↩︎
150:1 Dans le Mâdhyandina-sâkhâ, p. 1080, tasmât tadâtunnât, au lieu de tasmât tadâtrinnât. ↩︎
150:2 Saṅkara semble avoir lu snâvavat, au lieu de snâva, tat sthiram, comme nous le lisons dans les deux Sâkhâs. ↩︎
150:3 Ici les Mâdhyandinas (p. 1080) ajoutent, gâta eva na gâyate, ko nv enam ganayet punah, que les Kânvas placent plus tard. ↩︎
150:4 Au lieu de a_ñ_gasâ, les Mâdhyandinas ont anyatah. ↩︎
150:5 Les Mâdhyandinas ont dhânâruha u vai, qui est meilleur qu’iva vai, l’iva étant, selon l’aveu même de Saṅkara, inutile. Le fil de l’argument ne semble pas avoir été clairement perçu par les commentateurs. Ce que le poète veut dire, c’est qu’un homme, frappé par la mort, ne revient pas à la vie à partir d’une graine, car la semence humaine ne provient que du vivant, tandis que les arbres, issus du grain, semblent revenir à la vie après la mort de l’arbre (qui a produit le grain ou la graine). Pretya-sambhava, comme pretya-bhâva, signifie la vie après la mort, et pretyasambhava, en tant qu’adjectif, signifie revenir à la vie après la mort. ↩︎
150:6 Cette ligne est également interprétée dans un sens différent par le commentateur. Selon lui, elle signifierait : « Si vous dites : Il est né p. 151 (et il y a une fin à toute interrogation), je dis : Non ; il est né de nouveau, et la question est : Comment ? » C’est beaucoup trop artificiel. L’ordre des versets du Mâdhyandina-sâkhâ est globalement meilleur, conduisant plus naturellement à la question : « De quelle racine donc un mortel grandit-il, après avoir été terrassé par la mort ? » Lorsque les Brahmanes ne peuvent répondre, Yâg_ñ_avalkya répond, ou le Sruti déclare, que la racine d’où un mortel jaillit à nouveau, après la mort, est Brahman. ↩︎
151:1 Saṅkara explains râtir dâtuh as râter dâtuh, a reading adopted by the Mâdhyandinas. He then arrives at the statement that Brahman is the principle or the last source, also the root of a new life, both for those who practise works and for those who, having relinquished works, stand firm in knowledge. Regnaud (II, p. 138) translates: 'C’est Brahma (qui est) l’intelligence, le bonheur, la richesse, le but suprême de celui qui offre (des sacrifices), et de celui qui réside (en lui), de celui qui connaît.’ ↩︎