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KATHA-UPANISHAD.
PREMIER ADHYÂYA.
1. VÂGASRAVASA [1], désireux (de récompenses célestes), abandonna (en sacrifice) tout ce qu’il possédait. Il eut un fils du nom de Nakiketas.
2. Lorsque les présents (promis) furent donnés (aux prêtres), la foi entra dans le cœur de Nakiketas, qui était encore un garçon, et il pensa :
3. « Sans bénédiction [2], assurément, sont les mondes vers lesquels un homme va en donnant (comme cadeau promis lors d’un sacrifice) des vaches qui ont bu de l’eau, mangé du foin, donné leur lait [3] et sont stériles. »
4. Sachant que son père avait promis de renoncer à tout ce qu’il possédait, et donc à son fils aussi, il dit à son père : « Cher père, à qui me donneras-tu ? »
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Il le répéta une deuxième, puis une troisième fois. Le père répondit alors (avec colère) :
« Je te donnerai [4] à la mort. »
(Le père, l’ayant dit une fois, bien qu’à la hâte, dut tenir parole et sacrifier son fils.)
5. Le fils dit : « Je pars en premier, à la tête de beaucoup (qui doivent encore mourir) ; je pars au milieu de beaucoup (qui sont en train de mourir). Quelle sera l’œuvre de Yama (le souverain des défunts) qu’il doit accomplir aujourd’hui envers moi [5] ? [ p. 3 ] 6. « Regardez en arrière comment il en était pour ceux qui sont venus avant, regardez en avant comment il en sera pour ceux qui viendront ci-après. Un mortel mûrit comme le blé, comme le blé il repousse [6]. »
(Nakiketas entre dans la demeure de Yama Vaivasvata, et il n’y a personne pour l’accueillir. Alors l’un des assistants de Yama est censé dire
7. « Le feu entre dans les maisons lorsqu’un Brâhmane entre en tant qu’invité [7]. Ce feu est éteint par cette offrande de paix ; apporte de l’eau, ô Vaivasvata [8] !
8. ‘Un Brâhmane qui demeure dans la maison d’un homme insensé sans recevoir de nourriture à manger, détruit ses espoirs et ses attentes, ses biens, sa droiture, ses actions sacrées et bonnes, ainsi que tous ses fils et son bétail [9].’
(Yama, rentrant chez lui après une absence de trois nuits, pendant lesquelles Nakiketas n’avait reçu aucune hospitalité de sa part, dit
9. « Ô Brâhmana, puisque toi, vénérable hôte, tu as séjourné dans ma maison trois nuits sans manger, [ p. 4 ] choisis donc maintenant trois bienfaits. Salut à toi ! et que le bien me soit accordé ! »
10. Nakiketas dit : « Ô Mort, comme premier des trois bienfaits, je choisis que Gautama, mon père, soit apaisé, bon et exempt de colère envers moi ; et qu’il puisse me connaître et me saluer, lorsque je serai renvoyé par toi. »
11. Yama dit : « Grâce à ma faveur, Auddâlaki Âruni, ton père, te reconnaîtra et redeviendra envers toi comme il était auparavant. Il dormira paisiblement toute la nuit, libéré de toute colère, après t’avoir vu délivré de la gueule de la mort. »
12. Nakiketas dit : « Dans le monde céleste, il n’y a pas de peur ; tu n’y es pas, ô Mort, et personne n’a peur de la vieillesse. Laissant derrière eux la faim et la soif, et hors de portée du chagrin, tous se réjouissent dans le monde céleste. »
14. Yama dit : « Je te le dis, apprends-le de moi, et quand tu comprendras ce sacrifice du feu qui mène au ciel, sache, ô Nakiketas, que c’est l’atteinte des mondes sans fin, et leur ferme soutien, caché dans les ténèbres [10]. »
15. Yama lui expliqua alors que le sacrifice par le feu était le commencement de tous les mondes [11], et quelles briques étaient nécessaires pour l’autel, combien et comment les placer. Et Nakiketas répéta tout comme il le lui avait été dit. Alors Mrityu, satisfait de lui, dit de nouveau :
16. Le généreux [12], étant satisfait, lui dit :
Je te donne maintenant un autre bienfait : que le sacrifice par le feu porte ton nom. Prends aussi cette chaîne multicolore [13].
17. « Celui qui a accompli trois fois ce rite Nâkiketa, s’est uni aux trois (père, mère et maître) et a accompli les trois devoirs (étude, sacrifice, aumône) surmonte la naissance et la mort. Lorsqu’il a appris et compris ce feu, qui connaît (ou nous fait connaître) tout ce qui est né de Brahman [14], qui est vénérable et divin, alors il obtient la paix éternelle. »
18. « Celui qui connaît les trois feux Nâkiketa, et connaissant les trois, accumule le sacrifice Nâkiketa, celui-là, ayant d’abord rejeté les chaînes de la mort, se réjouit dans le monde du ciel, hors de portée du chagrin. »
19. « Ceci, ô Nakiketas, est ton feu qui mène au ciel, et que tu as choisi comme ton second bienfait. Ce feu, tous les hommes le proclameront [15]. Choisis maintenant, ô Nakiketas, ton troisième bienfait. »
20. Nakiketas dit : « Il y a ce doute, quand un homme est mort, certains disent qu’il l’est ; d’autres qu’il ne l’est pas. J’aimerais savoir cela, enseigné par toi ; c’est le troisième de mes bienfaits. »
21. La Mort dit : « Sur ce point, même les dieux [ p. 6 ] ont douté autrefois ; ce n’est pas facile à comprendre. Ce sujet est subtil. Choisis un autre don, ô Nakiketas, ne me presse pas et laisse-moi passer ce don. »
22. Nakiketas dit : « Sur ce point, même les dieux ont douté, et toi, Mort, tu as déclaré qu’il n’était pas facile à comprendre, et qu’il n’y avait pas d’autre enseignant comme toi : — sûrement aucun autre bienfait n’est comparable à celui-ci. »
23. La Mort dit : « Choisis des fils et des petits-fils qui vivront cent ans, des troupeaux de bétail, des éléphants, de l’or et des chevaux. Choisis la vaste demeure de la terre et récolte autant que tu le désires. »
24. « Si tu peux imaginer un bienfait égal à celui-là, choisis la richesse et une longue vie. Sois (roi), Nakiketas, sur la vaste terre [16]. Je fais de toi le bénéficiaire de tous les désirs. »
25. « Quels que soient les désirs difficiles à atteindre parmi les mortels, demande-les selon ton souhait ; ces belles jeunes filles avec leurs chars et leurs instruments de musique, telles ne peuvent en effet pas être obtenues par les hommes, sois servi par celles que je te donne, mais ne me demande pas ce qu’est la mort. »
26. Nakiketas dit : « Ces choses durent jusqu’à demain, ô Mort, car elles usent la vigueur de tous les sens. La vie elle-même est courte. Garde tes chevaux, garde la danse et le chant pour toi. »
27. « Nul homme ne peut être rendu heureux par la richesse. Posséderons-nous des richesses, quand nous te verrons ? Vivrons-nous, [ p. 7 ] aussi longtemps que tu règnes ? Seul ce bienfait (que j’ai choisi) doit être choisi par moi. »
28. ‘Quel mortel, se décomposant lentement ici-bas, et connaissant, après les avoir approchés, la liberté de décomposition dont jouissent les immortels, se réjouirait d’une longue vie, après avoir médité sur les plaisirs qui naissent de la beauté et de l’amour [17] ?’
29. « Non, toi qui doutes, ô Mort, dis-nous ce qu’il y a dans le grand Au-delà. Nakiketas ne choisit pas d’autre bienfait que celui qui pénètre dans le monde caché. »
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1. La Mort a dit : « Le bien est une chose, l’agréable une autre ; ces deux choses, ayant des objectifs différents, enchaînent l’homme. Il est heureux pour celui qui s’attache au bien ; celui qui choisit l’agréable rate son but. »
2. « Le bien et l’agréable s’approchent de l’homme ; le sage les entoure et les distingue. Oui, le sage préfère le bien à l’agréable, mais l’insensé choisit l’agréable par cupidité et avarice. »
3. « Toi, ô Nakiketas, après avoir réfléchi à tous les plaisirs qui sont ou semblent délicieux, tu les as tous écartés. Tu n’as pas emprunté le chemin [18] qui mène à la richesse, où beaucoup d’hommes périssent. »
4. « L’ignorance et ce qu’on appelle la sagesse sont deux choses très différentes et mènent à des conclusions différentes. Je crois que Nakiketas est celui qui désire la connaissance, car même les nombreux plaisirs ne t’ont pas éloigné [19]. »
5. « Les insensés qui habitent dans les ténèbres, se croyant sages et enflés d’une vaine connaissance, tournent en rond, titubant çà et là, comme des aveugles conduits par d’autres aveugles [20]. »
6. « L’au-delà ne se présente jamais aux yeux de l’enfant insouciant, abusé par l’illusion de la richesse. « Ceci est le monde », pense-t-il, « il n’y en a pas d’autre » ; ainsi, il tombe sans cesse sous mon emprise. »
7. ‘Celui (le Soi) dont beaucoup ne sont même pas capables [ p. 9 ] d’entendre, que beaucoup, même lorsqu’ils entendent parler de lui, ne comprennent pas ; merveilleux est un homme, lorsqu’il est trouvé, qui est capable de lui enseigner (le Soi) ; merveilleux est celui qui le comprend, lorsqu’il est enseigné par un enseignant compétent [21].’
8. « Ce (Soi), lorsqu’il est enseigné par un homme inférieur, n’est pas facile à connaître, même s’il y est souvent pensé [22] ; à moins qu’il ne soit enseigné par un autre, il n’y a aucun moyen d’y parvenir, car il est inconcevablement plus petit que ce qui est petit [23]. »
9. « Cette doctrine ne s’obtient pas [24] par l’argumentation, mais lorsqu’elle est énoncée par un autre, alors, ô mon cher, elle est facile à comprendre. Tu l’as obtenue maintenant [25] ; tu es vraiment un homme résolu. Puissions-nous toujours avoir un chercheur comme toi [26] ! »
11. Yama dit : « Bien que tu aies vu l’accomplissement de tous les désirs, la fondation du monde, les récompenses infinies des bonnes actions, le rivage où [ p. 10 ] il n’y a pas de peur, ce qui est magnifié par la louange, la vaste demeure, le repos [28], pourtant, étant sage, tu as avec une ferme résolution tout écarté. »
12. ‘Le sage qui, au moyen de la méditation sur son Soi, reconnaît l’Ancien, qui est difficile à voir, qui est entré dans l’obscurité, qui est caché dans la caverne, qui habite dans l’abîme, comme Dieu, il laisse en effet la joie et la tristesse loin derrière [29].’
13. « Un mortel qui a entendu cela et l’a adopté, qui en a séparé toutes les qualités et a ainsi atteint l’Être subtil, se réjouit, car il a obtenu ce qui est une cause de joie. La maison (de Brahman) est ouverte, je crois, ô Nakiketas. »
14. Nakiketas dit : « Ce que tu ne vois ni comme ceci ni comme cela, ni comme effet ni comme cause, ni comme passé ni comme futur, dis-le-moi. »
15. Yama dit : « Ce mot (ou lieu) que tous les Védas enregistrent, que toutes les pénitences proclament, que les hommes désirent lorsqu’ils vivent en tant qu’étudiants religieux, ce mot, je te le dis brièvement, c’est Om [30]. »
16. « Cette syllabe (impérissable) signifie Brahman, cette syllabe signifie le plus haut (Brahman) ; celui qui connaît cette syllabe, tout ce qu’il désire, est à lui. »
17. « Ceci est le meilleur soutien, ceci est le soutien le plus élevé ; celui qui connaît ce soutien est magnifié dans le monde de Brahmâ. »
18. « Le (Soi) connaissant ne naît pas, il ne meurt pas ; il est né du néant, rien n’en est né. L’Ancien est non-né, éternel, impérissable ; il n’est pas tué, bien que le corps soit tué [31]. »
19. « Si le meurtrier pense qu’il tue, si le tué pense qu’il est tué, ils ne comprennent pas ; car celui-ci ne tue pas, et celui-là n’est pas tué. »
20. « Le Soi [32], plus petit que petit, plus grand que grand, est caché dans le cœur de cette créature. Un homme libéré des désirs et du chagrin voit la majesté du Soi par la grâce du Créateur [33]. »
21. « Bien qu’assis, il marche loin ; bien qu’allongé, il va partout [34]. Qui, si ce n’est moi, peut connaître ce Dieu qui se réjouit et qui ne se réjouit pas ? »
22. « Le sage qui connaît le Soi comme sans corps dans les corps, comme immuable parmi les choses changeantes, comme grand et omniprésent, ne s’afflige jamais. »
23. « Ce Soi [35] ne peut être obtenu par le Véda, ni par la compréhension, ni par beaucoup d’études. Celui que le Soi choisit, par lui le Soi peut être obtenu. Le Soi le choisit (son corps) comme sien. »
24. « Mais celui qui ne s’est pas d’abord détourné de sa méchanceté, qui n’est pas tranquille et soumis, ou dont l’esprit n’est pas en paix, celui-là ne peut jamais obtenir le Soi (même) par la connaissance !
25. « Qui sait alors où Il est, Lui pour qui les Brahmanes et les Kshatriyas ne sont (pour ainsi dire) que de la nourriture [36], et la mort elle-même un condiment ? »
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1. « Il y a les deux [37], buvant leur récompense dans le monde de leurs propres œuvres, entrés dans la caverne (du cœur), demeurant au plus haut sommet (l’éther dans le cœur). Ceux qui connaissent Brahman les appellent ombre et lumière ; de même, ces chefs de famille qui accomplissent le sacrifice Trinâketa. »
2. « Puissions-nous être capables de maîtriser ce rite Nâkiketa qui est un pont pour les sacrificateurs ; aussi celui qui est le Brahman le plus élevé et impérissable pour ceux qui souhaitent traverser vers le rivage sans peur [38]. »
3. « Sachez que le Soi est assis dans le char, que le corps est le char, que l’intellect (buddhi) est le conducteur du char et que l’esprit est les rênes [39]. »
4. « Ils appellent les sens les chevaux, et les objets des sens leurs routes. Lorsqu’il (le Soi Suprême) est en union avec le corps, les sens et l’esprit, alors les sages l’appellent le Jouisseur. »
5. ‘Celui qui n’a pas d’intelligence et dont l’esprit [ p. 13 ] (les rênes) n’est jamais fermement tenu, ses sens (chevaux) sont ingérables, comme les chevaux vicieux d’un cocher.’
6. ‘Mais celui qui a de l’intelligence et dont l’esprit est toujours fermement maintenu, ses sens sont sous contrôle, comme les bons chevaux d’un cocher.’
7. « Celui qui n’a pas de compréhension, qui est inconscient et toujours impur, n’atteint jamais cet endroit, mais entre dans le cycle des naissances. »
8. « Mais celui qui a de l’intelligence, qui est attentif et toujours pur, atteint en effet ce lieu d’où il ne naît pas de nouveau. »
9. ‘Mais celui qui a l’intelligence pour conducteur de son char, et qui tient les rênes de l’esprit, atteint la fin de son voyage, et c’est le lieu le plus élevé de Vishnu.’
10. « Au-delà des sens, il y a les objets, au-delà des objets, il y a l’esprit, au-delà de l’esprit, il y a l’intellect, le Grand Soi est au-delà de l’intellect. »
11. « Au-delà du Grand se trouve l’Immaculé, au-delà de l’Immaculé se trouve la Personne (purusha). Au-delà de la Personne, il n’y a rien – tel est le but, la voie la plus élevée. »
12. « Ce Soi est caché dans tous les êtres et ne brille pas, mais il est vu par des voyants subtils grâce à leur intellect vif et subtil. »
13. « Un homme sage devrait contenir sa parole et son esprit [40] ; il devrait les garder dans le Soi qui est la connaissance ; il devrait garder la connaissance dans le Soi qui est le Grand ; et il devrait garder cela (le Grand) dans le Soi qui est le Calme. »
14. « Lève-toi, réveille-toi ! Ayant obtenu tes bienfaits [41], [ p. 14 ] comprends-les ! Le fil tranchant d’un rasoir est difficile à franchir ; ainsi les sages disent que le chemin (vers le Soi) est ardu. »
15. « Celui qui a perçu ce qui est sans son, sans toucher, sans forme, sans décomposition, sans goût, éternel, sans odeur, sans commencement, sans fin, au-delà du Grand et immuable, est libéré des mâchoires de la mort. »
16. « Un homme sage qui a répété ou entendu l’ancienne histoire de Nakiketas racontée par la Mort, est magnifié dans le monde de Brahman. »
17. ‘Et celui qui répète ce plus grand mystère dans une assemblée de Brâhmanes, ou plein de dévotion au moment du sacrifice du Srâddha, obtient par là des récompenses infinies.’
1:1 Vâgasravasa est appelé Âruni Auddâlaki Gautama, le père de Nakiketas. Le père de Svetaketu, un autre élève éclairé (voir Khând. Up. VI, 1, 1), est également appelé Âruni (Uddâlaka, comm. Kaush. Up. I, x) Gautama. Svetaketu lui-même est appelé Âruneya, c’est-à-dire le fils d’Âruni, le petit-fils d’Âruna, et de même Auddâlaki. Auddâlaki est un fils d’Uddâlaka, mais Sâṅkara (Kâth. Up. I, 11) considère qu’Auddâlaki est peut-être le même qu’Uddâlaka. Voir Bîrih. Âr. Up. III, 6, 1. ↩︎
1:2 Quant à « änanda », non béni, voir Brih. Âr. Up. IV, 4, 11 ; Vâgas. Samh. Up. 3 (Livres sacrés de l’Orient, vol. i, p. 310. ↩︎
1:3 Ânandagiri explique que les vaches dont il est question ici sont des vaches qui ne sont plus capables de boire, de manger, de donner du lait et de vêler. ↩︎
2:1 Dadâmi, je donne, avec le sens du futur. Certains MSS. écrivent dâsyâmi. ↩︎
2:2 Je traduis ces versets librement, c’est-à-dire indépendamment du commentateur, non pas que je méprise l’interprétation traditionnelle que les commentateurs nous ont conservée, mais parce que je pense qu’après l’avoir examinée, nous avons le droit de juger par nous-mêmes. Saṅkara dit que le fils, interpellé par son père plein de colère, fut triste et se dit : « Parmi beaucoup d’élèves, je suis le premier, parmi beaucoup d’élèves moyens, je suis le plus moyen, mais nulle part je ne suis le dernier. Pourtant, bien que je sois un si bon élève, mon père a dit qu’il me livrerait à la mort. Quel devoir a-t-il à remplir envers Yama qu’il entend accomplir aujourd’hui en me donnant à lui ? Il se peut qu’il n’y ait aucun devoir, il se peut qu’il ait seulement parlé à la hâte. Pourtant, la parole d’un père ne doit pas être rompue. » Ayant réfléchi à cela, le fils réconforta son père et l’exhorta à se comporter comme ses ancêtres et à tenir parole. Je ne pense pas que cette opinion de Saṅkara ait pu être celle du vieux poète. Il aurait pu faire dire au fils qu’il était le meilleur, voire l’un des meilleurs élèves de son père, mais difficilement qu’il était aussi l’un de ses élèves moyens, laissant ainsi entendre qu’il n’a jamais été parmi les pires. Cela serait incompatible avec le caractère de Naṅkiketas, tel que le poète l’a dépeint. Naṅkiketas est plein de foi et désire mourir ; il serait le dernier à trouver des excuses pour ne pas mourir. La seconde moitié du vers est peut-être plus douteuse. Elle pourrait signifier ce que Saṅkkara pense, mais seulement que nous aurions ainsi une plainte implicite de Naṅkiketas contre son père, ce qui ne correspond pas à son caractère. L’esprit de Nakiketas est préoccupé par ce qui va arriver, par ce qu’il verra après la mort et par ce que Yama lui fera. « Que veut faire Yama ? », demande-t-il, « que peut-il faire, que va-t-il me faire aujourd’hui ? » Cela me semble cohérent avec la teneur de l’histoire ancienne, tandis que les interprétations et les interpolations de Saṅkara rappellent trop le Moyen Âge indien. ↩︎
3:1 Sasyâ, maïs plutôt qu’herbe ; εἴα, ἤιον Benfey ; gallois haidd, selon Rhys ; différent de sash-pa, ces-pes, Benfey. ↩︎
3:2 Cf. Vasishta XI, 13; Livres sacrés de l’Orient, vol. xiv, p. 51. ↩︎
3:3 Vaivasvata, nom de Yama, le souverain des défunts. L’eau est le premier cadeau à offrir à un étranger qui réclame l’hospitalité. ↩︎
3:4 Ici encore, certains mots sont traduits différemment de Saṅkara. Il explique âsâ comme une demande d’un objet souhaité, pratikshâ comme une attente en vue d’obtenir un objet inconnu. Il prend Saṅgata comme récompense pour des relations avec de bonnes personnes ; sûnritâ, comme d’habitude, comme une parole bonne et aimable ; ishta comme récompense pour des sacrifices ; pûrta comme récompense pour des bienfaits publics. ↩︎
4:1 Le commentateur traduit : « Je te le dis, sois attentif à moi qui connais le feu céleste. » Ici, le nom. sing. du participe serait très irrégulier, car on peut difficilement le rapporter à bravîmi. Ensuite : « Connais ce feu comme un moyen d’obtenir le monde céleste, connais ce feu comme le repos ou le soutien du monde, lorsqu’il assume la forme de Virâg, et comme caché dans le cœur des hommes. » ↩︎
4:2 Saṅkara : le premier incarné, sous la forme de Virâg. ↩︎
5:1 Les versets 16 à 18 semblent avoir été ajoutés ultérieurement. ↩︎
5:2 Cela provient probablement d’une mauvaise compréhension du verset 11, 3. ↩︎
5:3 Gâtavedas. ↩︎
5:4 Tavaiva est un ajout ultérieur, causé par l’interpolation des versets 15-18. ↩︎
6:1 Mahâbhûmau, sur la grande terre, a été aussi expliqué par mahâ bhûmau, être grand sur la terre. Il est douteux, cependant, que mahi pour mahin puisse être admis dans les Upanishads, et s’il ne serait pas plus facile d’écrire mahân bhûmau. ↩︎
7:1 Un verset très obscur. Saṅkara donne une lecture variée de kva tadâsthah pour kvadhahsthah, dans le sens de « je me suis livré à ces plaisirs », ce qui ressemble à une correction. J’ai changé agîryatâm en agâryatâm, et je le prends pour un singulier acc., au lieu d’un pluriel gén., qui pourrait difficilement être gouverné par upetya. ↩︎
8:1 Cf. I, 16. ↩︎
8:2 Le commentateur explique lolupantah par vikkhedam kritavantah. Certains manuscrits lisent lolupante et lolupanti, mais on s’attend à trouver soit lolupyante, soit lolupati. ↩︎
8:3 Cf. Mund. Up. II, 8. ↩︎
9 : 1 Cf. Bhag. Gîtâ II, 29. ↩︎
9:2 Cf. Mund. Up. II, 4. ↩︎
9:3 Je lis unnupramânât. Autres interprétations : Si elle est enseignée par quelqu’un qui s’identifie au Soi, alors il n’y a pas d’incertitude. Si elle a été enseignée comme identique à nous-mêmes, alors il n’y a pas de perception de quoi que ce soit d’autre. Si elle a été enseignée par quelqu’un qui s’y identifie, alors il n’y a pas d’échec dans sa compréhension (agati). ↩︎
9:4 Âpaneyâ; devrait-il s’agir de âpanâya, comme le suggère plus tard ñ_ânâya ? ↩︎
9:5 Parce que tu insistes pour que je te l’enseigne. ↩︎
9:6 À moins que non soit négatif, car Yama, au début, n’aime pas communiquer ses connaissances. ↩︎
9:7 Les mots entre parenthèses ont été ajoutés afin de supprimer le caractère contradictoire des deux lignes. ↩︎
10:1 Cf. Khând. En haut. VII, 12, 2. ↩︎
10:2 Yama semble ici ne désigner que le Brahman inférieur, pas encore le plus élevé. Deva, Dieu, ne peut être que ce que l’Ancien, c’est-à-dire le Soi dans le cœur, doit être reconnu. Cela signifierait donc celui qui trouve Dieu ou le Soi dans son cœur. Voir plus loin, verset 21. ↩︎
10:3 Cf. Svet. En haut. IV, 9 ; Bhag. Gîtâ VIII, 11. ↩︎
11 : 1 Quant aux versets 18 et 19, voir Bhag. Gîtâ II, 19, 20. ↩︎
11:2 Cf. Svet. Up. III, 2 0; Taitt. Âr. X, 12, 1. ↩︎
11:3 Le commentateur traduit par « par la tranquillité des sens », c’est-à-dire dhâtuprasâdât, prenant prasâda au sens technique de samprasâda. Quant à kratu, désir, ou plutôt volonté, voir Brih. Âr. IV, 4 ; 5. ↩︎
11:4 Cf. Tal. Up, 5. ↩︎
11:5 Cf. I, 7-9; Mund. Up. III, 2, 3; Bhag. Gîtâ I, 53. ↩︎
11:6 En qui tout disparaît, et en qui même la mort est engloutie. ↩︎
12:1 Les deux sont expliqués comme le Brahman supérieur et inférieur, le premier étant la lumière, le second l’ombre. Rita est expliqué comme une récompense et lié à sukrita, littéralement « bonnes actions », mais fréquemment utilisé dans le sens de svakrita, ses propres bonnes et mauvaises actions. La difficulté est de savoir comment le Brahman le plus élevé peut être dit boire la récompense (ritapa) des actions passées, car il est au-dessus de toutes les œuvres et de toutes les récompenses. Le commentateur l’explique comme une expression métaphorique, car nous parlons souvent de plusieurs, alors que nous voulons dire un. (Cf. Mund. Up. III, 1, 1.) J’ai joint sukritasya avec loke, loka signifiant le monde, c’est-à-dire l’état, l’environnement, que nous nous sommes créés par nos actes passés. ↩︎
12:2 Ces deux versets peuvent être des ajouts ultérieurs. ↩︎
12:3 La comparaison du char présente quelques points de similitude avec le passage bien connu du Phèdre de Platon, mais Platon n’a pas emprunté cette comparaison aux Brahmanes, pas plus que Xénophon n’a eu besoin de consulter notre Upanishad (II, 2) pour écrire son prologue de Prodikos. ↩︎
13:1 Saṅkara interprète, il doit garder la parole dans l’esprit. ↩︎
13:2 Comm., excellents professeurs. ↩︎