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DEUXIÈME MUNDAKA.
1. Telle est la vérité. Comme d’un feu ardent jaillissent des étincelles, semblables à du feu [1], mille fois plus nombreuses, ainsi divers êtres sont issus de l’Impérissable, mon ami, et y retournent également.
2. Cette Personne céleste est sans corps, elle est à la fois extérieure et intérieure, non produite, sans souffle et sans esprit, pure, plus élevée que le haut Impérissable [2].
3. De lui (en entrant dans la création) naissent le souffle, l’esprit et tous les organes des sens, l’éther, l’air, la lumière, l’eau et la terre, le support de tout.
4. Le feu (le ciel) est sa tête, ses yeux le soleil et la lune, les quartiers ses oreilles, sa parole les Védas révélés, le vent son souffle, son cœur l’univers ; de ses pieds est venue la terre ; il est en effet le Soi intérieur de toutes choses [3].
5. De lui vient Agni (le feu) [4], le soleil étant le combustible ; de la lune (Soma) vient la pluie (Parganya) ; de la terre vient l’herbe ; et l’homme donne sa semence à la femme. Ainsi, de nombreux êtres sont engendrés par la Personne (purusha).
6. De lui viennent le Rik, le Sâman, le [ p. 35 ] Yagush, les Dîkshâ (rites initiatiques), tous les sacrifices et offrandes d’animaux, et les honoraires accordés aux prêtres, l’année aussi, le sacrificateur, et les mondes, dans lesquels la lune brille avec éclat et le soleil.
7. De lui sont aussi engendrés les nombreux Devas, les Sâdhyas (génies), les hommes, le bétail, les oiseaux, les respirations ascendantes et descendantes, le riz et le blé (pour les sacrifices), la pénitence, la foi, la vérité, l’abstinence et la loi.
8. Les sept sens (prâna) proviennent aussi de lui, les sept lumières (actes de sensation), les sept sortes de combustibles (objets par lesquels les sens sont éclairés), les sept sacrifices (résultats de la sensation), ces sept mondes (les lieux des sens, les mondes déterminés par les sens) dans lesquels les sens se meuvent, qui reposent dans la caverne (du cœur), et y sont placés sept et sept.
9. De là viennent les mers et toutes les montagnes, de lui coulent les rivières de toute sorte ; de là viennent toutes les herbes et le suc par lequel le Soi intérieur subsiste avec les éléments.
10. La Personne est tout cela, sacrifice, pénitence, Brahman, le plus haut immortel ; celui qui sait cela caché dans la caverne (du cœur), celui-là, ô ami, disperse le nœud de l’ignorance ici sur terre.
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1. Manifeste, proche, mouvant dans la caverne (du cœur) se trouve le grand Être. En lui est concentré tout ce que vous connaissez comme mouvement, respiration et scintillement, comme être et non-être, comme adorable, comme le meilleur, ce qui dépasse l’entendement des créatures.
2. Ce qui est brillant, plus petit que le petit, ce sur quoi sont fondés les mondes et leurs habitants, c’est l’indestructible Brahman, c’est le souffle, la parole, l’esprit ; c’est le vrai, c’est l’immortel. C’est cela qu’il faut frapper. Frappe-le, ô ami !
3. Ayant pris l’Upanishad comme arc, comme arme magistrale, qu’il y place la flèche, aiguisée par la dévotion ! Puis, l’ayant tirée avec une pensée dirigée vers ce qui est, atteins la cible, ô ami, à savoir l’Indestructible !
4. Om est l’arc, le Soi est la flèche, Brahman est son but. Il doit être atteint par un homme qui n’est pas irréfléchi ; alors, lorsque la flèche (ne fait plus qu’un avec la cible), il ne fera plus qu’un avec Brahman.
5. En lui sont tissés le ciel, la terre et le ciel, ainsi que l’esprit et tous les sens. Connais-le seul comme le Soi, et renonce à tout autre langage ! Il est le pont de l’Immortel.
6. Il se déplace, se multipliant, dans le cœur, là où les artères se rencontrent, tels des rayons fixés à la nef. Médite sur le Soi en tant qu’Om ! Salut à toi, afin que tu puisses traverser (la mer de) ténèbres !
7. Celui qui comprend tout et qui sait tout, celui à qui appartient toute cette gloire dans le monde, le
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Le Soi est placé dans l’éther, dans la cité céleste de Brahman (le cœur). Il assume la nature de l’esprit et devient le guide du corps des sens. Il se nourrit, à proximité du cœur. Le sage qui comprend cela contemple l’Immortel qui rayonne, plein de félicité.
8. Les chaînes du cœur sont brisées, tous les doutes sont résolus, toutes ses œuvres (et leurs effets) périssent quand Celui qui est haut et bas (cause et effet) a été contemplé [5].
9. Dans la plus haute enveloppe dorée se trouve le Brahman sans passions et sans parties. Il est pur, il est la lumière des lumières, c’est cela que connaissent ceux qui connaissent le Soi.
10. Le soleil [6] n’y brille pas, ni la lune et les étoiles, ni ces éclairs, et encore moins ce feu. Quand il brille, tout brille après lui ; par sa lumière, tout est éclairé [7].
11. Ce Brahman immortel est devant, ce Brahman est derrière, ce Brahman est à droite et à gauche. Il est allé en bas et en haut ; Brahman seul est tout cela, il est le meilleur.
34:1 Cf. Brih. Ar. II, 1, 20. ↩︎
34:2 Le haut Impérissable est ici le créateur, le plus élevé est le Brahman non-créatif. ↩︎
34:3 Appelé Vishnu et Virâg par les commentateurs. ↩︎
34:4 Il y a cinq feux, celui du ciel, de la pluie, de la terre, de l’homme et de la femme. Comm. ↩︎
37:1 Cf. Kath. Up. VI, 15. ↩︎
37:2 Kath. En haut. V, 15. ↩︎
37:3 Humide. En haut. VI, 14; Bhag. Livre IX, 15, 6. ↩︎