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1. Dans le Brahman suprême, impérissable et infini [^805], où les deux, la connaissance et l’ignorance, sont cachées [^806], l’une, l’ignorance, périt [1], l’autre, la connaissance, est immortelle ; mais celui qui contrôle les deux, la connaissance et l’ignorance, est un autre [2].
2. C’est lui qui, n’étant qu’un, règne sur tout germe (cause), sur toutes les formes et sur tous les germes ; c’est lui qui, au commencement, porte [3] dans ses pensées le fils sage, le fougueux, qu’il désire regarder [4] pendant qu’il naît [5].
3 [6]. Dans ce champ [7] où le dieu, après avoir tendu un filet après l’autre [8] de diverses manières, le resserre à nouveau, le Seigneur, le grand Soi [9], ayant [ p. 256 ] créé en outre les seigneurs [10], exerce ainsi sa seigneurie sur tous.
4. Comme le char (du soleil) brille, éclairant tous les quartiers, au-dessus, au-dessous et à travers, ainsi ce dieu, le saint, l’adorable, étant un, règne sur tout ce qui a la nature d’un germe [11].
5. Lui, étant un, règne sur tous et sur toute chose, de sorte que le germe universel mûrit sa nature, diversifie toutes les natures qui peuvent être mûries [12] et détermine toutes les qualités [13].
6 [14]. Brahma (Hiranyagarbha) sait cela, ce qui est caché dans les Upanishads, qui sont cachés dans les Védas, comme le germe de Brahma. Les anciens dieux [ p. 257 ] et poètes qui le savaient, ils le sont devenus et sont devenus immortels.
7 [15]. Mais celui qui est doté de qualités, accomplit des œuvres fructueuses et jouit de la récompense de tout ce qu’il a fait, migre par ses propres œuvres, maître de la vie, assumant toutes les formes, guidé par les trois Gunas et suivant les trois chemins [16].
8 [17]. Celui d’en bas aussi, pas plus grand qu’un pouce, mais brillant comme le soleil, qui est doté de personnalité et de pensées, de la qualité de l’esprit et de la qualité du corps, est vu petit même comme la pointe d’un aiguillon.
9. Cette âme vivante doit être connue comme une partie de la centième partie de la pointe d’un cheveu [18], divisée cent fois, et pourtant elle doit être infinie.
10. Ce n’est pas une femme, ce n’est pas un homme, ce n’est pas un neutre ; quel que soit le corps qu’il prenne, c’est à cela qu’il est uni [19] (seulement).
11 [20]. Au moyen des pensées, du toucher, de la vue et des passions, le Soi incarné assume successivement, en divers lieux, diverses formes [21], conformément à ses actes, tout comme le corps grandit lorsqu’on y verse de la nourriture et des boissons.
12. Ce Soi incarné, selon ses propres qualités, choisit (prend) plusieurs formes, grossières ou subtiles, et ayant lui-même causé son union avec elles, il est vu comme un autre et un autre [22], à travers les qualités de ses actes, et à travers les qualités de son corps.
13 [23]. Celui qui connaît celui qui n’a ni commencement ni fin, au milieu du chaos, créant toutes choses, ayant de multiples formes, enveloppant seul tout, est libéré de toutes les chaînes.
14. Ceux qui connaissent celui qui doit être saisi par l’esprit, qui ne doit pas être appelé le nid (le corps [24]), qui fait l’existence et la non-existence, l’heureux (Siva), qui crée aussi les éléments [25], ceux-là ont quitté le corps.
255:1 Saṅkara explique Brahmapare par brahmano hiranyagarbhât pare, ou par parasmin brahmani, ce qui revient au même. Vig_ñ_ânâtman ajoute khândasah paranipâtah. Comme la terminaison e peut appartenir au locatif singulier ou au nom. duel, les commentateurs varient en attribuant certains adjectifs soit à brahman, soit à vidyâvidye. ↩︎
255:2 Gûdhe, lokair g_ñ_âtum asakye, Sankarananda. ↩︎
255:3 Saṅkara explique le ksharam, par samsritikâranam, amritam par mokshahetuh. ↩︎
255:4 Saṅkara explique qu’il est différent d’eux, n’étant que le sâkshin, ou témoin. Saṅkarânanda semble avoir lu Somya, c’est-à-dire Somavatpriyadarsana, comme si Svetâsvatvara s’adressait à son élève. ↩︎
255:5 Comme une mère, voir I, 9. ↩︎
255:6 Comme un père. ↩︎
255:7 Voir sur ce verset les remarques faites dans l’Introduction. ↩︎
255:8 Les MSS. lisent yasmin pour asmin, et patayas pour yatayas, ce que le commentateur explique par patîn. ↩︎
255:9 Le monde, ou le mûlaprakriti, le filet étant le samsâra. ↩︎
255:10 Saṅkara explique ekaikam par pratyekam, c’est-à-dire pour chaque créature, comme les dieux, les hommes, les bêtes, etc. ↩︎
255:11 Je doute que mahâtmâ doive être traduit par le grand Soi, ou si grand ne serait pas suffisant. L’ensemble du verset est extrêmement difficile. ↩︎
256:1 De Hiranyagarbha aux insectes ; ou commençant par Marîki. ↩︎
256:2 Cf. IV, 11; V, 2. ↩︎
256:3 MS. B. a prâkyân, et l’explique par pûrvotpannân. ↩︎
256:4 C’est encore un verset très difficile. J’ai pris visvayonih comme nom pour Brahman, possédé de cette devâtmasakti mentionnée précédemment, mais je ne me sens nullement satisfait. Les commentateurs ne m’aident pas, car ils ne voient pas la difficulté de la construction. Si l’on pouvait conjecturer, je préférerais paket à pakati, et j’écrirais parinâmayed yat, et viniyogayed yat, à moins que nous ne changions yakka en yas ka. ↩︎
256:5 Ce verset admet diverses traductions et requiert également quelques corrections métriques. Ainsi, Vig_ñ_ânâtman explique très ingénieusement le vedaguhyopanishatsu par le Véda, c’est-à-dire la partie qui enseigne les sacrifices et leurs récompenses ; le Guhya, c’est-à-dire l’Âranyaka, qui enseigne le culte de Brahman sous divers aspects légendaires ; et les Upanishads, qui enseignent la connaissance de Brahman sans qualités. Ces trois divisions correspondraient au karmakânda, au yogakânda et au gñ … ↩︎
257:1 Ici commence la description de ce qu’on appelle le tvam (tu), par opposition au tat (cela), c’est-à-dire l’âme vivante, par opposition au Brahman le plus élevé. ↩︎
257:2 Les chemins du vice, de la vertu et de la connaissance. ↩︎
257:3 Les deux MSS. (A. et B.) lisent ârâgramâtro par avaro 'pi drish_thah_. ↩︎
257:4 Une expression qui apparaît fréquemment dans la littérature bouddhiste. ↩︎
257:5 A. et B. lisent ygyate. A. explique yug yate par sambadhyate. B. explique adyate bhakshyate tirobhûtah kriyate. Saṅkara explique rakshyate, samrakshyate, tattaddharmân âtmany adhyasyâbhimanyate. ↩︎
257:6 Les manuscrits varient considérablement. Au lieu de mohair, A. et B. lisent homair. Ils lisent grâsâmbuvrishtya kâtma. A. lit âtmavivriddhiganma, B. âtmanivriddhaganmâ. A. a abhisamprapadye, B. abhisamprapadyate. Ma traduction suit Saṅkara, qui semble avoir lu âtmavivriddhiganma, en prenant toute la ligne p. 258 comme une comparaison et sous une forme adverbiale. Vig_ñ_ânâtman, cependant, diffère considérablement. Il lit homaih et explique homa comme l’acte de jeter des oblations dans le feu, comme dans l’Agnihotra. Ce geste des mains, pense-t-il, représente toutes les actions des différents membres du corps. Il interprète Grâsâmbuvrishti comme la distribution gratuite de nourriture et de boisson, puis explique toute la phrase par « celui dont le soi naît à certains états ou en décline à nouveau, à savoir selon qu’il a répandu nourriture et boisson, et a utilisé ses mains, ses yeux, ses sentiments et ses pensées. » Saṅkarânanda adopte un point de vue similaire, sauf qu’il interprète saṅkalpanam et sparsanam comme deux drishtis, te eva drishtî, tayor âtmâgnau prakshepâ homâh; puis il poursuit, na kevalam etaih, kim tv asmin sthâne sarire grâsâmbuvrishtyâ ka. Il semble lire âtmavivriddhaganmâ, mais explique ensuite vivriddhi par vividhâ vriddhih. ↩︎
258:1 Des formes aussi élevées que Hiranyagarbha ou aussi basses que des bêtes. ↩︎
258:2 Au lieu de aparo, B. lit avaro, mais explique aparo. ↩︎
258:3 Cf. III, 7; IV, 14, 16. ↩︎