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(Al-harth wa-l-muzāra’ah)
« Ne voient-ils pas que Nous dirigeons l’eau vers une terre sans herbe, et que Nous en faisons ensuite pousser des semences dont ils se nourrissent, eux et leurs bestiaux ? » (32:27).
« Et c’est Lui qui crée des jardins (de vigne), treillés ou non, des palmiers et des fruits à pépins divers, des oliviers et des grenadiers, semblables ou dissemblables » (6:142).
« Comme une semence qui produit sa pousse, puis devient forte, ainsi elle devient robuste et tient ferme sur sa tige, faisant la joie des semeurs » (48:29).
Harth est le labourage de la terre, et muzāra’ah (de zara’a, il a semé la graine) est la conclusion d’un contrat avec un autre pour travailler sur la terre afin de la semer et de la cultiver en échange d’une part de sa production. Le Saint Coran attire l’attention sur la nécessité de transformer une terre inculte en jardin en prenant des dispositions pour l’arroser et faire pousser de bonnes récoltes (vv. 1-3). Le Hadith en parle comme d’un acte de grand mérite (h. 1), mais il donne en même temps un avertissement qu’un peuple qui se consacre entièrement à l’agriculture en négligeant les autres lignes de son développement n’est pas capable d’actes grands et glorieux (h. 2). Une impulsion est donnée à la culture d’une terre inculte (h. 3). Il est permis de louer à une autre personne une terre à cultiver contre une partie de la production (hh. 4, 5), ou contre de l’argent (h. 6). mais il est en même temps recommandé à celui qui en a les moyens de donner une terre gratuitement à son frère pauvre (h. 7). Celui qui a sa terre sur un canal a le droit d’arroser ses champs, mais il doit laisser passer l’eau à d’autres quand son besoin est satisfait (h. 8). Creuser un puits est un acte de grand mérite (h. 9). Le droit du voisin à la terre doit être respecté très scrupuleusement (h. 10).
1 Anas dit,
Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Il n’y a pas de musulman [p. 303] qui plante un arbre ou cultive un champ, puis mange des oiseaux ou un homme ou un animal sans que ce soit une aumône pour lui. »
(Bible 41:1.)
2 Il est rapporté d’Abū Umāmah qu’il a dit, lorsqu’il a vu une charrue et d’autres outils agricoles, j’ai entendu le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, dire :
« Cela n’entre pas dans la maison d’un peuple sans y apporter de la honte. »[1]
(Bible 41:2.)
3 'Ā’ishah a rapporté,
Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Celui qui cultive une terre qui n’est la propriété de personne a un meilleur titre sur celle-ci. »
(Bible 41:15.)
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4 Abū Ja’far dit :
Il n’y avait pas à Médine une seule maison d’émigrés qui ne cultivait (la terre) sur un tiers et un quart (de la production) … Et 'Umar employait des gens (pour la culture) à condition que si 'Umar fournissait la semence de sa poche, il aurait la moitié (de la production), et s’ils fournissaient la semence, ils auraient telle et telle part.[2]
(Bible 41:8.)
5 Ibn 'Umar a rapporté,
Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a accordé les terres de Khaibar aux Juifs à condition qu’ils les travaillent et les cultivent et qu’ils reçoivent la moitié de la production.
(Bible 41:11)
6 Rāfi’ a rapporté,
Au temps du Prophète (sur lui la paix et [p. 305] le salut), ils cultivaient les terres et prenaient ce qui poussait sur les cours d’eau ou ce que le propriétaire du terrain réservait pour lui-même. Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a donc interdit cela. J’ai dit à Rafi’ : « Comment cela se fait-il si cela se fait contre paiement de dinars et de dirhams ? » Rafi’ a dit : « Il n’y a aucun mal à prendre des dinars et des dirhams. »
(Bible 41:19.)
7 'Amr dit,
J’ai dit à Tā’ūs : Tu devrais abandonner le Mukhābrah, car ils disent que le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, l’a interdit. Il a dit…, Ibn 'Abbās m’a informé que le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, n’a pas interdit cela mais il a seulement dit :
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« Si l’un d’entre vous le donne en cadeau à son frère, cela lui sera plus avantageux que de recevoir en échange un paiement fixe. »[3]
(B. & M-Msh. 12:13)
8 Abū Hurairah a rapporté :
Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« L’excès d’eau ne doit pas être retenu, ce qui arrêterait la croissance de l’herbe. »[4]
(Bible 42:2.)
9 Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Quiconque creuse le puits de Rūma, pour lui est le paradis. » Ainsi 'Uthmān le fit creuser.[5]
(Bible 62:7.)
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10 Ibn 'Umar a dit :
Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
Quiconque prend une partie de terre sans y avoir droit, sera, en punition, plongé dans la terre au jour de la résurrection, dans la profondeur de sept terres. »[6]
(Bible 46:13.)
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Le titre du chapitre de Bukhārī est « Avertissement contre les conséquences de l’absorption des outils agricoles ou d’aller au-delà de la limite ordonnée. » Le hadith implique donc qu’une nation qui se consacre entièrement à l’agriculture en négligeant les autres lignes de son développement ne peut pas s’élever à une position de gloire. ↩︎
Ceci est techniquement appelé mukhābrah, de khabr signifiant information voir h. 7. ↩︎
Il s’agissait évidemment d’un conseil donné à des gens qui possédaient de vastes étendues de terre qu’ils ne pouvaient pas cultiver eux-mêmes. Cela ne signifiait pas que la terre ne pouvait pas être louée à un fermier. ↩︎
Sans eau, il n’y aurait pas d’herbage, c’est pourquoi les propriétaires de terres situées sur des cours d’eau étaient tenus de laisser s’écouler l’excédent d’eau vers les terres d’autrui ou même vers des étendues stériles qui devenaient ainsi des pâturages pour le bétail. Les questions relatives à l’irrigation sont techniquement connues sous le nom de musāqāt, ce qui signifie littéralement donner à boire. ↩︎
Creuser un puits est considéré comme un acte du plus grand mérite. Lorsque le Saint Prophète est venu à Médine, le seul puits d’eau douce était la propriété d’un Juif, et les Musulmans devaient lui acheter de l’eau potable. 'Uthmān acheta alors le puits de Rūma, et en fit un waqf. ↩︎
Les musulmans étaient donc tenus d’être très scrupuleux en matière de droits fonciers des autres. ↩︎