Chapitre XXIII : La culture de la terre (Al-harth wa-l-muzāra'ah) | Page de titre | Chapitre XXV : Dettes et hypothèques |
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(Ijārāt)
« Mon père t’invite à te donner une récompense pour ce que tu as abreuvé pour nous » (28:25).
« Le meilleur de ceux que tu peux prendre à ton service, c’est le fort, le fidèle » (28:26).
« Allah vous ordonne de remettre les dépôts à ceux qui en sont dignes » (4:58).
« Accorde-moi la responsabilité de garder les trésors du pays, car je suis un bon gardien. Je connais bien » (12:55).
« Celui qui commet une infidélité portera au jour de la résurrection la part pour laquelle il a commis une infidélité » (3:160).
Le mot ijārah (de air signifiant récompense) signifie compensation pour le travail effectué, ou salaire payé par un homme à un autre pour le service rendu. Les deux règles fondamentales posées à ce sujet, à la fois dans le Saint Coran et dans le Hadith, sont que le serviteur doit faire son travail fidèlement et au mieux de ses capacités, et que le maître doit le payer pleinement pour le service rendu (vv. 1, 2). Les fonctionnaires du gouvernement sont placés dans la catégorie des serviteurs, quelle que soit leur position. La confiance dont il est question au v. 3 se rapporte à l’autorité placée entre les mains de ces serviteurs comme l’explique le Saint Prophète (B. 3:2). L’autorité de gouverner doit être placée entre les mains de ceux qui sont aptes à gouverner (v. 4). L’infidélité est sévèrement condamnée (v. 5).
Même un service tel que garder des chèvres est considéré comme honorable, le Saint Prophète lui-même faisant ce travail dans ses premiers jours (h. 1), et ses compagnons ne dédaignaient pas le travail de porteur (h. 2). Le serviteur fidèle qui exécute les ordres de son maître est classé parmi ceux qui font la charité (h. 3). Comme les conditions des différents types de service doivent nécessairement être différentes, la règle générale est établie que le maître et le serviteur, ainsi que tous ceux qui concluent un contrat, sont liés par les conditions du contrat de service (h. 4). Un musulman peut prendre un non-musulman à son service (h. 5), et il peut également entrer au service d’un non-musulman (h. 6). Un homme qui rend un service en rapport avec l’enseignement du Saint Coran a droit [p. 309] à une rémunération, comme toute autre personne engagée pour n’importe quel type de service (h. 7), même un agent à commission (h. 8). Le refus de rémunération pour un service rendu est le plus grave des péchés (h. 9). La rémunération impayée peut être investie dans une entreprise rentable et le serviteur a droit à tous les bénéfices ainsi générés (h. 10). La plus grande prudence doit être exercée dans le choix des serviteurs publics (h. 11). Ces serviteurs n’ont droit qu’à la rémunération versée par l’État et ils ne peuvent pas recevoir de dons du public (h. 12). Le détournement ou la prise malhonnête d’une partie quelconque des biens du maître est condamné en termes très forts (h. 13).
1 Abū Hurairah a rapporté que le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, a dit :
« Allah n’a pas élevé de prophète sans qu’il fasse paître des chèvres. »
Ses compagnons dirent : Et toi ?
Il a dit :
« Oui ! J’en faisais paître les gens de la Mecque pour quelques carats. »[1]
(Bible 37:2.)
2 Abū Mas’ūd a dit : Lorsque le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) nous a ordonné de faire la charité, l’un de nous est allé au marché et a porté une charge pour laquelle il a obtenu un [p. 310] mudd, et certains d’entre eux sont millionnaires aujourd’hui.
(Bible 24:10.)
3 Abū Mūsā a rapporté que le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, a dit :
« Le trésorier fidèle qui paie ce qu’on lui commande de bon cœur est de ceux qui donnent la charité. »
(Bible 37:1.)
4 Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Les musulmans doivent être liés par les conditions qu’ils posent. »[2]
(Bible 37:14.)
5 'A’ishah dit :
Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) et Abū Bakr employèrent un homme des Banī Dīl comme guide, un homme intelligent, et il suivit la religion des [p. 311] mécréants Quraish, alors ils lui cédèrent leurs chameaux et lui dirent de venir à eux avec leurs chameaux à la grotte de Thaur après trois nuits, le matin suivant la troisième nuit.[3]
(Bible 37:4.)
6 Khabbāb a dit,
J’étais forgeron à l’époque de l’ignorance et j’avais une dette envers 'As ibn Wā’il. Je suis donc venu le réclamer. Il m’a dit : Je ne te la donnerai pas tant que tu n’auras pas renié Muhammad. J’ai dit : Je ne te la renierai pas même si Allah te faisait mourir et que tu sois ensuite ressuscité.
(Bible 34:29.)
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7 Ibn 'Abbās a dit, rapportant d’après le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui :
« La plus digne des choses pour lesquelles vous prenez une rémunération est le Livre d’Allah. »[4]
Et Ibn Sīrīn a dit …:
Les gens payaient une rémunération pour calculer par conjecture la quantité de fruits.
(Bible 37:16.)
8 Ibn Sīrīn ne voyait aucun mal dans la rémunération du commissionnaire.
Et Ibn 'Abbās dit : Il n’y a pas de mal à dire :
Vends-moi ce tissu et ce que tu obtiendras sur telle et telle somme, ce sera pour toi.
(Bible 37:14.)
9 Abū Hurairah a rapporté : Le Prophète (sur lui la paix et le salut) a dit : « Allah [p. 313] dit : Il y a trois personnes dont Je serai l’adversaire dans la dispute au Jour de la Résurrection : celui qui fait une promesse en Mon nom puis agit infidèlement, celui qui vend une personne libre puis dévore son prix, et celui qui emploie un domestique et reçoit entièrement le travail dû de lui puis ne paie pas sa rémunération. »
(B. 34:106)
10 Ibn 'Umar a dit :
J’ai entendu le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) dire :
« … Et le troisième homme dit : J’ai employé des ouvriers et je leur ai payé leur salaire, à l’exception d’un homme qui a laissé son dû et s’en est allé. J’ai donc investi son salaire dans [p. 314] une entreprise rentable jusqu’à ce qu’elle devienne une richesse abondante. »[5]
(Bible 37:12.)
Abū Mūsā a dit,
11 Je suis allé voir le Prophète (sur lui la paix et le salut), et j’étais avec deux hommes parmi les Ash’arites. Je lui ai dit que je ne savais pas qu’ils voulaient être pris à notre service. Il a dit : « Nous ne nommons pas et ne nommerons pas un homme qui désire être ainsi nommé. »[6]
(B. 37:l.)
12 Abū Humaid a dit,
Le Prophète (sur lui la paix et le salut) désigna parmi les Azd un homme du nom d’Ibn al-Utbiyyah pour la collecte de la zakât. Lorsqu’il arriva, il dit : « Ceci est pour vous et ceci m’a été donné en cadeau. » Il (le Prophète) dit :
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« Il aurait dû s’asseoir dans la maison de son père ou dans la maison de sa mère, puis il aurait dû voir si un cadeau lui était donné ou non. »[7]
(Bible 51:17.)
13 Abū Hurairah a dit :
Le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, s’est levé parmi nous, et il a parlé de la malhonnêteté et il a parlé de son énormité et a parlé de l’énormité de son engagement.
Il a dit :
« Je ne verrais aucun d’entre vous, le Jour de la Résurrection, avec au cou une chèvre bêlant, ou un cheval hennissant, et il crierait : « Ô Messager d’Allah ! Viens à mon secours ! » Et je dirais : « Je ne détiens aucun pouvoir pour toi, c’est moi qui t’ai délivré le message. »[8]
(B. 56:189.)
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Qarat est la même chose que carat, mais son poids est dit être de quatre grains, un carat étant 3 1/5 gr. Il est dans certaines parties un vingt-quatrième et dans d’autres un vingtième d’un dīnār. Le mot ra’ā signifie à la fois il faisait paître le bétail et il gouvernait. Veiller au bien-être des animaux est donc lié à la dévotion au bien-être de l’humanité. ↩︎
La directive contenue dans ce hadith est de nature générale et concerne tous les contrats, sous réserve de la règle fondamentale selon laquelle aucune condition contraire à la loi de l’Islam n’est valable. Bukhārī mentionne ce hadith dans le livre intitulé « Services » pour montrer que la relation entre maître et serviteur est en réalité un contrat. ↩︎
Le hadith se rapporte à la fuite du Saint Prophète à Médine, et montre, avec h. 7, que l’une ou l’autre des parties contractantes dans la relation de maître et serviteur peut être un non-musulman. ↩︎
Tout service rendu, de quelque nature qu’il soit, est rémunéré, et cela ne fait aucune différence que le service soit rendu en rapport avec le Livre d’Allah. Par exemple, une personne qui enseigne le Saint Coran a droit à une rémunération, de même qu’une personne qui écrit le Saint Coran ou rend tout autre service en rapport avec le Livre Saint. ↩︎
Ceci est une partie d’un long hadith, selon lequel trois hommes furent frappés d’une grande affliction dont Dieu les délivra à cause d’un bien qu’ils avaient chacun fait, en ce sens que l’homme ne laissa pas le devoir d’un ouvrier en suspens, et lui donna une immense richesse au lieu de la maigre rémunération qu’il demandait. ↩︎
Cela montre simplement que le Saint Prophète a fait la meilleure sélection parmi ceux qu’il jugeait aptes au service et qu’il n’accepterait pas un homme simplement parce qu’il s’approchait de lui alors qu’un autre ne le faisait pas. Comme le montre le v. 4, il n’est pas interdit de demander un certain service. ↩︎
Un fonctionnaire ne peut rien recevoir en cadeau, il n’a droit qu’à son salaire. ↩︎
La mention d’un cheval est suivie dans le hadith par celle d’un chameau et celle d’or, d’argent et de billets dans des termes similaires. La condition décrite ici se rapporte à la résurrection, et parle donc d’une expérience spirituelle en termes physiques, ce qui signifie que toute malhonnêteté, grande ou petite, sera finalement révélée et punie. ↩︎