« Lis au nom de ton Seigneur qui a créé, Il a créé l’homme d’une caillot de sang. Lis et ton Seigneur est le Très-Honneur, Qui a enseigné à l’homme à écrire avec la plume. Il a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas » (96:1-5).
« Allah élèvera à de hauts degrés ceux d’entre vous qui croient et ceux à qui la science a été donnée » (58:11).
« Et dis : Ô mon Seigneur, augmente-moi en connaissance » (20:114).
« Et à qui la connaissance est donnée, il est donné, certes, d’abondants biens » (2:269).
Tandis que la foi permet le développement spirituel et moral de l’homme, la connaissance permet son développement intellectuel et occupe donc la deuxième place après la foi. C’est pourquoi, selon Bukhârî, « la connaissance suit la foi ». La première révélation qui parvint au Saint Prophète est, il faut l’admettre, la première citation citée ci-dessus. Ces versets non seulement mettent l’accent sur la lecture et l’écriture, mais parlent aussi du Seigneur de l’honneur à cet égard, montrant que l’homme ne peut atteindre l’honneur que par la connaissance. Cela est expressément indiqué au verset 2. Le Saint Coran ordonne même au Saint Prophète de rechercher toujours plus de connaissance (v. 3). Il est en fait rempli d’éloges pour la connaissance : les mots ya’lamûn (ils réfléchissent), yatafakkarûn (ils réfléchissent), yatadhakkarûn (ils méditent) et d’autres expressions similaires apparaissent à presque chaque page du Saint Coran. Le verset 4 parle de la connaissance comme d’une grande richesse. Tel est aussi le sens du premier hadith cité dans ce chapitre, qui parle de la richesse et du savoir comme de choses que l’homme désire naturellement rechercher et dans lesquelles tous les hommes devraient essayer de s’émuler les uns les autres (h. 1). Le Saint Prophète a imposé à ceux qui venaient à lui pour rechercher le savoir de le transmettre aux autres (hh. 2. 3), et a souhaité que même ceux qui étaient considérés comme appartenant aux couches les plus basses de la société soient élevés au plus haut niveau par l’éducation (h. 4). En fait, l’islam pose les bases de l’éducation de masse, de l’éducation des hommes comme des femmes, des enfants comme des adultes. Le Saint Prophète lui-même a pris des dispositions pour l’éducation des femmes (h. 5). L’écriture a été encouragée (hh. 5-9), et l’acquisition du savoir a été érigée en norme d’excellence (h. 10). Il en est parlé dans les termes les plus élogieux (hh, 11-14), ce qui explique la soif insatiable de savoir des musulmans des temps anciens. H. 15 impose à tout musulman, homme ou femme, jeune ou vieux, l’acquisition du savoir et introduit ainsi le principe de l’éducation obligatoire. Un avertissement est donné que lorsqu’une nation renonce à l’acquisition du savoir, sa chute est certaine (h. 16).
[p. 32]
1 'Abd Allâh ibn Mas’ûd a dit :
Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Il ne doit y avoir aucune envie, mais (il faut) imiter deux[1]: celui à qui Allah a donné la richesse et le pouvoir de la dépenser au service de la Vérité, et celui à qui Allah a accordé la connaissance[2] des choses et il juge par elle et l’enseigne (aux autres). »[2:1]
(Bible 3:15.)
[p. 33]
2 Mâlik ibn al-Huwairith a dit : Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, nous a dit :
« Retourne vers ton peuple et enseigne-leur. »[3]
(Bible 3:25.)
3 Ibn 'Abbâs a rapporté d’après le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui :
« Que celui qui est présent transmette la connaissance à celui qui est absent. »
(Bible 3:37.)
4 Abû Mûsâ a dit : Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Il y a trois personnes pour lesquelles il y a une double récompense : . . . la personne qui a une esclave, et il l’élève et la forme de la meilleure manière et il l’éduque [p. 34] et lui donne la meilleure éducation, puis la libère et l’épouse, il a une double récompense. »[4]
(Bible 3:31.)
5 Abû Sa’îd Khudrî a dit :
Les femmes dirent au Prophète (sur lui la paix et le salut) : « Les hommes ont plus d’avantages que nous pour venir à toi. Fixe-nous donc un jour de ta part. » Il leur promit donc un jour où il les rencontrerait, les exhorterait et leur donnerait des commandements.[5]
(B. 3:35)
6 Abû Hurairah a rapporté que les Khuzâ’ah ont assassiné [p. 35] un homme des Banû Laith l’année de la conquête de la Mecque, en représailles du meurtre de l’un d’entre eux qu’ils avaient assassiné. Le Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, en fut informé, alors il monta sur son chameau et prononça un discours… Et un homme du peuple du Yémen est venu et a dit : « Écris-le pour moi, ô Messager d’Allah ! » Alors il a dit : « Écris pour tel et tel. »[6]
(Bible 3:39.)
7 Abû Huraira a dit : Il n’y avait personne parmi les compagnons du Prophète, paix et bénédictions d’Allah sur lui, qui ait rapporté de lui plus de hadith que moi, mais [p. 36] 'Abd Allâh ibn 'Amr écrivait alors que je n’écrivais pas.
(Bible 3:39)
8 Zaid ibn Thâbit a rapporté que,
Le Prophète, prière et salut sur lui, lui ordonna d’apprendre l’écriture des Juifs (en syriaque[7]) afin que j’écrive pour le Prophète, prière et salut sur lui, ses lettres et que je lui lise leurs lettres quand ils lui écrivaient.
(B. 93:40.)
9 Abû Hurairah rapporte :
Un homme parmi les Ansâr dit : « Ô Messager d’Allah, j’ai entendu de toi un hadith qui me plaît beaucoup mais je n’arrive pas à le retenir dans ma mémoire. » Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, dit [p. 37] : « Demande l’aide de ta main droite. »[8]
Et il fit un signe avec sa main pour écrire.
(Tr. 39:12.)
10 Abû Houreira a dit : Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
Les gens sont des mines, comme des mines d’or et d’argent ; les meilleurs d’entre eux aux jours de l’Ignorance sont les meilleurs d’entre eux en Islam lorsqu’ils acquièrent la connaissance. »[9]
(M-Msh. 2:l.)
11 Abû Houreira a dit : Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« La parole de sagesse est la propriété perdue du croyant, donc partout où il la trouve, il a un meilleur [p. 38] droit à elle. »[10]
(Tr. 39:19.)
12 Anas dit,
Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« Celui qui part en quête de la science est dans le chemin d’Allah jusqu’à ce qu’il revienne. »
(Tr. 39:2.)
13 Le Prophète, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
Quiconque Allah veut faire du bien, Il donne une bonne compréhension de la religion. » Et
« La connaissance ne se maintient que par l’enseignement. »[11]
(Bible 3:10.)
14 « Les savants sont les héritiers des prophètes [p. 39] — ils laissent la connaissance en héritage ; celui qui l’hérite hérite d’une grande fortune. »[12]
(Bible 3:10.)
15 Anas dit,
Le Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, a dit :
« La recherche de la connaissance est obligatoire pour tout musulman. »[13]
(Bhq-Msh. 2.)
16 Anas a dit : Le Messager d’Allah (sur lui la paix et le salut) a dit : « Parmi les signes de l’Heure, il y a la disparition de la science et le règne de l’ignorance. »[14]
(Bible 3:21.)
[p. 40]
Les mots en arabe sont lâ hasada illâ fi-thnataini, ce qui peut être rendu par « il n’y aura de hasad que dans deux cas ». Mais comme hasad ou le désir qu’une autre personne soit privée des avantages qu’elle a, est totalement interdit par le code moral de l’Islam, le mot illâ est ici utilisé comme un istithnâ’ munqatî’. Hasad (envie) et ghibtah (émulation) ont une chose en commun, à savoir, le désir concernant les avantages ou l’excellence qu’un autre homme possède ; mais dans hasad le désir est qu’il en soit privé, tandis que dans ghibtah c’est que le désirant puisse être favorisé par des avantages similaires. En utilisant le mot ghibtah dans le titre de ce chapitre, Bukhârî montre que si hasad est interdit ici, ghibtah est recommandé dans deux cas. ↩︎
Le mot dans l’original est hikmah qui peut être traduit par sagesse ou connaissance. Selon R., il signifie « la connaissance des choses et la réalisation du bien ». ↩︎ ↩︎
Il s’agit d’une délégation de la tribu Rabî’ah qui vint au Saint Prophète de Bahreïn (Golfe Persique). On leur dit de se rappeler tout ce qu’ils avaient appris dans leur résidence à Médine et de l’enseigner à leur peuple. Le devoir d’enseigner aux autres est imposé à tous les musulmans dans h. 3. ↩︎
On nous dit ici que, en ce qui concerne l’éducation, même les filles esclaves ne devaient pas être négligées. Elles devaient être bien formées et éduquées de la meilleure façon. C’était le but de l’Islam, et cela devait être l’idéal le plus élevé des musulmans : non seulement les citoyens libres devaient être formés et éduqués, mais même les esclaves, que les Arabes considéraient comme ayant un statut très inférieur - pas aussi bas, cependant, que les malheureux intouchables en Inde - devaient être élevés au niveau de citoyens libres par une éducation et une formation appropriées, et pas seulement les garçons mais aussi les filles. Les questions de l’éducation de masse, de l’éducation des femmes et de l’émancipation des esclaves furent ainsi anticipées par le Saint Prophète treize cents ans avant la civilisation moderne. ↩︎
Bukhârî mentionne ce hadith sous le titre : « Faut-il fixer un jour spécial pour l’éducation de la femme ? » Il montre que du point de vue islamique, il est souhaitable qu’il y ait des dispositions séparées pour l’éducation des hommes et des femmes. ↩︎
Bien que le Saint Prophète lui-même ne sache ni lire ni écrire, encourageons-nous à faire les deux. Il existe un malentendu quant à l’interdiction d’écrire les hadiths. Comme le montre ce hadith, le Saint Prophète lui-même a ordonné l’écriture des hadiths lorsque cela était nécessaire. Cependant, en général, l’écriture des hadiths n’était pas considérée comme souhaitable car on craignait que des personnes peu prudentes ne confondent les versets du Saint Coran avec les hadiths. Comme le montre le hadith suivant, cependant, certaines personnes recouraient régulièrement à l’écriture des hadiths. ↩︎
Les mots « en syriaque » ne sont pas dans Bukhârî mais ils sont ajoutés ici sur l’autorité de AD. et Tr. Ce hadith montre que le Saint Prophète a ordonné l’apprentissage d’autres langues également. ↩︎
Il lui fut demandé d’apprendre l’art d’écrire et ensuite d’écrire les hadith. ↩︎
La supériorité de la race sur la race et de la famille sur la famille est reconnue – les gens sont des mines comme des mines d’or et d’argent – parmi les musulmans comme parmi les non-musulmans, mais il est ajouté que cette supériorité se maintient par l’acquisition du savoir. Si les personnes appartenant à une race supérieure abandonnent le savoir, elles perdent leur supériorité. La supériorité raciale ou familiale est donc soumise à l’acquisition du savoir. ↩︎
Ce Hadîth impose à tout musulman l’obligation d’acquérir la science. Hikmah signifie sagesse ou science, et dzâllah signifie un animal perdu ou un objet de quête persévérante (LL.), de sorte que le croyant doit se mettre en quête de la science avec autant de persévérance que le ferait le propriétaire d’un animal perdu. ↩︎
Ces deux paroles du Saint Prophète sont rapportées par Bukhârî dans le titre du dixième chapitre de son « Livre de la Connaissance ». Cette dernière partie montre que l’accent était mis non seulement sur l’acquisition de la connaissance mais aussi sur sa transmission aux autres ou son enseignement. ↩︎
C’est aussi une parole du Saint Prophète et fait partie du titre de B. 3:10. Elle est rapportée comme un hadith séparé dans Tr. La connaissance est ici décrite comme l’héritage des prophètes et est appelée une grande fortune. ↩︎
Les mots tout musulman incluent aussi bien les hommes que les femmes, tandis qu’une autre version ajoute et toute musulmane. Ses autorités sont considérées comme faibles. Il faut cependant noter que le hadith plus authentique cité ci-dessus rend également obligatoire à tous les musulmans, hommes comme femmes, d’acquérir la science. ↩︎
« L’Heure » dans la langue de l’Islam signifie, pour un individu, sa mort ; pour une nation, l’heure de sa fin ; et pour l’humanité entière, la destruction de tous. Il est évident qu’il s’agit ici de la fin d’une nation particulière, de même que la connaissance apporte la vie à une nation, l’ignorance scelle sa fin. Ainsi les musulmans sont tombés dans des jours mauvais ; au lieu de cette soif de connaissance qui caractérisait leurs ancêtres, l’ignorance est maintenant endémique. ↩︎