Sauvetage de la tribu de Mazin | Page de titre | Bataille des tribus d'Abs et de Tey — Antar à la rescousse ! |
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Tandis qu’Antar était parti aider la tribu de Mazin, un événement survint qui ruina ses espoirs de conquérir sa bien-aimée Abla et déclencha une série de malheurs pour lui-même, pour sa famille et même pour toute la tribu d’Abs. Ce fut les fiançailles d’Abla avec un noble absidien nommé Amarah : « un fat vaniteux, très méticuleux dans sa toilette, amateur de parfums et toujours en compagnie de femmes et de jeunes filles ». La renommée de la beauté d’Abla étant parvenue jusqu’à cet exquis bédouin, il envoya une esclave dans les tentes de la famille de Carad pour voir si Abla était aussi belle qu’on le disait d’elle ; et la jeune fille revenant avec un récit élogieux des charmes d’Abla, Amarah conçut une violente passion pour elle – « ses oreilles tombèrent amoureuses sous ses yeux ». Il rendit visite au vieux Malik et demanda sa fille en mariage, promettant une belle dot. Malik le perfide est ravi à la perspective d’un tel gendre, et donne très volontiers son consentement, espérant, sans doute, qu’Antar est à ce moment-là devenu la nourriture des corbeaux et des vautours.
Le lendemain, alors qu’Amarah se hâtait de rejoindre le père d’Abla avec la dot et les présents de mariage, un messager arriva pour annoncer le retour d’Antar et du prince Malik, et toute la tribu sortit pour les accueillir. Antar passa la nuit avec sa mère Zebeebah, de qui il apprit qu’Abla était fiancée à Amarah ; et « la lumière s’était obscurcie dans ses yeux ». Le matin, il informa le prince Malik de la perfidie de son oncle, et le prince lui proposa de s’assurer Abla pour son ami, en « mettant son nom sur elle », ce qui écarterait ainsi tout prétendant jusqu’à ce qu’Antar soit en possession de sa femme. Le prince Malik se rendit alors chez Shedad et lui demanda de reconnaître formellement Antar comme son fils, afin qu’il puisse prendre rang parmi les chefs de la tribu. Mais Shedad ne consentit pas à faire ce qu’aucun chef arabe n’avait jamais fait auparavant : anoblir son fils esclave. Le prince répondit qu’aucun autre chef n’avait jamais eu un fils comme Antar : « Que les autres Arabes suivent ton exemple », dit-il ; « Les bonnes pratiques sont à admirer, même si elles sont [210] nouvelles. » Mais tout ce que les arguments du Prince pouvaient obtenir en faveur d’Antar était une promesse de Shedad qu’il « examinerait la question. »
Pendant ce temps, Antar rencontre son rival qui s’éloigne de la tente du vieux Malik, où il était venu en visite. Amarah, dans l’excès de sa vanité, s’adresse au héros en termes insolents, auxquels Antar répond en saisissant le fat et en le jetant à terre sans connaissance. Les partisans d’Amarah se précipitent sur le héros, qui aurait probablement été bientôt vaincu si le prince Malik, de retour de son entrevue avec Shedad, n’était venu à son secours et, criant galamment : « En vérité, Antar est un onyx rare parmi un peuple qui ne connaît pas sa valeur ! Allez, Antar ! Maintenant, pour la famille de Zeead ! » Il manie vigoureusement son épée parmi eux, jusqu’à ce que le roi s’approche et sépare les combattants.
Bien que le fat Amarah ait mérité amplement la punition qu’il reçut d’Antar, pour un esclave de lever la main sur un noble Absien, c’était une offense impardonnable aux yeux des ennemis du héros ; et son père Shedad fut donc contraint de renvoyer Antar à son ancienne occupation de gardien de troupeaux et de chameaux. En même temps, Antar dut endurer la mortification de voir les guerriers d’Abs se préparer à résister à une attaque menaçante de la tribu de Tey. Mais sa mère Zebeebah lui apporte un message d’amour et de consolation de la part de son fidèle Abla : « Apaisez le cœur de mon cousin Antar ; et dites-lui que, si mon père fait de ma tombe mon lieu de repos, je ne désire que lui, je ne choisirai que lui. »
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