Chapitre XI. Influence des philosophes arabes sur la scolastique latine | Page de titre | Tableau chronologique |
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Nous avons maintenant retracé la transmission d’un type particulier de culture hellénistique à travers l’Église syrienne, les Zoroastriens de Perse et les païens de Harran jusqu’à la communauté islamique, où elle fut quelque peu compromise par le patronage de ceux que les maîtres musulmans officiels décidèrent de considérer comme des hérétiques. Malgré cette censure, elle a laissé une empreinte très nette et durable sur la théologie musulmane et sur les croyances populaires. Après une carrière mouvementée en Orient, elle passa dans la communauté musulmane occidentale d’Espagne, où elle connut un développement très spécialisé, qui finit par marquer plus profondément la pensée chrétienne et juive que celle des musulmans eux-mêmes, et atteignit son évolution finale dans le nord-est de l’Italie, où, en tant qu’influence antiecclésiastique, elle prépara la voie à la Renaissance. Mais cette ligne de développement principale n’est pas vraiment la plus importante ; Tout au long de cette ligne, elle bifurquait d’un côté ou de l’autre, et c’est dans ces questions annexes, dans la scolastique qui, dans l’islam, dans le judaïsme et dans le christianisme, fut une réaction à son enseignement, et dans les études médicales, chimiques et autres sciences du Moyen Age, qui durent largement leur inspiration à son influence, qu’il faut chercher ses fruits les plus riches. C’est l’histoire la plus romantique de la dérive culturelle que nous connaissions en détail.
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