Chapitre II. De l'origine et du développement animal de l'homme | Page de titre | Chapitre IV. Du progrès ascendant ou de l'ascension de l'homme |
Tout animal possède un esprit végétatif, un esprit vivant et un esprit instinctif ; mais l’homme possède un héritage supplémentaire, à savoir l’Esprit d’Humanité. Or, celui-ci a été insufflé par Dieu directement de Lui-même à l’homme, et il a donc le même caractère que l’Élément Primordial : « Et lorsque Je l’aurai façonné et insufflé Mon esprit en lui » (Cor. cap. 15, v. 29). Les soufis n’interprètent pas cela comme la Vie, mais comme l’Esprit d’Humanité, et disent qu’il n’est souvent atteint qu’à une période tardive de la vie, trente ou même quatre-vingts ans. Avant que l’homme puisse recevoir cet Esprit d’Humanité, il doit être doté de la capacité, qui ne peut être acquise qu’en se purifiant de toutes les qualités et dispositions mauvaises et immorales, et en se parant de celles qui sont opposées. Cheikh Muhíy-uddín ibn ul ’Arabí [1], dans ses « Investigations » ( ), dit que les mots « et quand je l’aurai façonné », se réfèrent à cette préparation, et le reste de la phrase, « et insufflai Mon esprit en lui », se réfère à l’accession de l’Esprit de l’Humanité.
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Deux conditions sont donc imposées au Voyageur, premièrement, atteindre l’Humanité, deuxièmement, acquérir la capacité.
Il y a trois développements de caractère qui doivent être supprimés avant que l’homme puisse atteindre l’humanité : l’animal, le brutal et le diabolique. Celui qui ne fait que manger et dormir et s’abandonne à la luxure est un pur animal ; s’il cède en plus à cela à la colère et à la cruauté, il est brutal ; et si en plus de tout cela il est rusé, menteur et trompeur, il est diabolique.
Si le voyageur est modéré dans sa nourriture, son repos et ses désirs, et s’efforce d’atteindre la connaissance de lui-même et de Dieu, alors c’est le moment d’acquérir la capacité en se libérant de tout ce qui est mauvais et vil, et en se parant des qualités opposées ; après cela, par la prière, il peut obtenir l’Esprit de l’Humanité. constitue la véritable immortalité. Quelqu’un a dit avec vérité qu’il n’y a rien de la perfection, de l’essence ou de l’immortalité de l’homme, sauf chez ceux qui sont « créés avec une disposition pieuse ». Lorsque le voyageur a été une fois revivifié par l’Esprit de l’Humanité, il devient immortel et hérite de la vie éternelle. C’est pourquoi il a été dit que « l’homme a un commencement mais pas de fin ».
La Lumière Divine. Si, une fois parvenu à cet Esprit d’Humanité, il est sérieux et ne gaspille pas sa vie en bagatelles, il arrive bientôt à la Lumière Divine elle-même. Car « Dieu guide qui Il veut vers Sa Lumière ». L’obtention de cette lumière est l’achèvement du progrès de l’Homme, mais personne ne peut y parvenir sauf ceux qui sont purs d’esprit et de vie. [p. 57] Mahomet a affirmé qu’il l’avait lui-même atteinte : « J’ai atteint la lumière, et dans la lumière je vis » ; or cette lumière est la Nature de Dieu ; c’est pourquoi il a dit : « Qui me voit voit Dieu ».
Le germe qui contient l’élément primordial de l’origine et du retour de l’homme. L’homme est le plus bas des bas, et la Lumière divine est le plus haut des hauts ; c’est entre ces extrêmes que se situent les étapes du progrès de l’homme vers le haut ou vers le bas. « Nous avons créé l’homme dans les plus belles proportions, puis nous l’avons renvoyé au plus bas des bas, à l’exception de ceux qui croient et agissent avec droiture ; et en vérité, ceux-là auront leur récompense. » (Cor. cap. 95, v. 4). Cette récompense est définie par les soufis par le mot ajrat, « récompense », lui-même. Ce mot contient trois lettres radicales et ; signifie « retour », signifie « paradis » et signifie , c’est-à-dire « ceux qui ont transmis la foi ». Leur action juste est leur retour à la Nature de Dieu, car lorsqu’ils ont terminé leur progression vers le haut et atteint cela, ils sont au Paradis et en présence de leur Dieu. Il est donc un homme au sens véritable du mot, celui qui, envoyé sur la terre, s’efforce d’atteindre le ciel. Ces aspirations sont indispensables à l’homme ; il pourrait, par la toute-puissance de Dieu, exister sans tout le reste, même si les cieux et les éléments eux-mêmes n’avaient jamais existé ; mais ces choses sont le but et le besoin de tous.
Il a été dit que l’élément primordial ou l’esprit de l’humanité, identique à l’élément primordial, l’esprit constructif aussi bien que l’esprit de l’humanité, [p. 58] procèdent directement de Dieu. Ils sont donc identiques et sont tous deux inclus par les soufis dans le terme unique d’esprit concomitant. Or cet esprit, bien que distinct et individuel, comprend et gouverne l’univers entier. Les natures simples en sont les administrateurs et les représentants ; parmi elles, les sept pères engendrent et les quatre mères conçoivent à partir de l’incarnation de cet esprit en elles, et leur progéniture est le triple royaume, minéral, végétal et animal. Et il en est de même pour le monde mineur de l’homme.
Or cet Esprit a deux fonctions, externe et interne : l’externe se révèle dans la génération matérielle à laquelle nous venons de faire allusion, l’interne demeure dans le cœur de l’homme. Quiconque purifie son cœur des impressions et des désirs mondains révèle en lui cette fonction interne de l’Esprit, illumine et vivifie son âme.
Ainsi l’Esprit comprend immédiatement l’Univers et habite dans le cœur de l’homme.
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55 : 1 Fusús el Hikam, Enquêtes métaphysiques par Muhíy-uddín Mohammed ben ’Ali el Hátimí el Táyí ibn el Arabí. ↩︎