[p. ix]
L’ouvrage suivant est fondé sur un traité manuscrit persan de ’Azíz bin Mohammed Nafasí [1], mais j’ai essayé de donner un compte rendu plus clair et plus succinct du système que ne l’aurait donné une simple traduction. Le terme soufi dérive du mot arabe súf « laine », en allusion au vêtement adopté par les derviches, qui sont les maîtres et les enseignants de la secte ; la similitude avec le grec σοφὸς semble n’être que fortuite. Le système des soufis consiste à s’efforcer [p. x] de réconcilier la philosophie avec la religion révélée, et à attribuer une interprétation mystique et allégorique à toutes les doctrines et préceptes religieux. Ces principes se trouvent principalement chez les chiites, ou disciples d’Ali, et semblent avoir existé dans l’islamisme dès sa fondation ; En effet, l’expression du Coran, « Je suis la Vérité » (Hacc), est le premier principe du système. On peut les considérer comme formant la doctrine ésotérique de ce credo [2]. Se situant à mi-chemin entre le panthéisme de l’Inde d’une part et le déisme du Coran d’autre part, le culte des soufis est la religion de la beauté, où la perfection céleste est considérée sous le type imparfait de la beauté terrestre. Leurs principaux écrivains sont les poètes lyriques, dont le but est d’élever l’humanité à la contemplation des choses spirituelles, par l’intermédiaire de leurs sentiments les plus impressionnables. Cette habitude de contemplation, qui est si constamment inculquée par eux, exigeant comme elle le fait la retraite et l’isolement [p. xi] pour son exercice approprié, incline quelque peu les adeptes du système vers l’ascétisme, mais dans les pays où le luxe est l’idole de la majorité, nous pouvons naturellement chercher une protestation contre lui dans les tendances de quelques-uns. Mon intention actuelle est simplement de donner un exposé du système ; Je réserve son origine et son histoire pour un travail futur, dans lequel j’espère prouver que le Soufiisme est réellement le développement de la Religion Primitive de la race aryenne. Les Ahl i wahdat forment une branche du Soufiisme, plutôt qu’une secte séparée de Théosophes ; ils insistent sur l’Universalité et l’Unité de Dieu. J’ai traduit le titre « Unitariens », bien que je sois conscient que des malentendus peuvent survenir en conséquence de son application courante aux professeurs d’une forme particulière de croyance moderne. J’aurais préféré l’emploi d’un terme tel que « Monopantachistes » si j’avais eu assez de courage ou de position pour me permettre de forger une épithète aussi redoutable. Le terme peut être généralement compris comme désignant les musulmans qui, tout en poursuivant des recherches philosophiques, refusent de souscrire sans réserve à toutes les doctrines métaphysiques des Soufis.
L’expression zát i Khudá, « la Nature de Dieu », par laquelle les Perses désignent l’essence même et l’être de la Déité, pourrait peut-être (selon l’usage général du mot zát dans la construction d’un nom propre), être rendue plus idiomatiquement par « Dieu Lui-même » ; mais comme [p. xii] ce traité prétend traiter d’exactitudes étudiées d’un point de vue oriental, j’ai préféré m’en tenir à l’idiome original comme exprimant plus précisément l’idée.
En conclusion, je dois seulement reconnaître mon obligation envers M. CA Hope, du St John’s College, pour son aide précieuse qu’il m’a apportée dans la préparation de ce livre pour la presse.
E.H. PALMER.
COLLÈGE ST JEAN, CAMBRIDGE.
ix:1 Le Maksad i Aksá ou « Le but le plus éloigné ». Voir Hajji Khalfa, éd. Flügel, vol. VI, p. 90. Cet ouvrage fut écrit à l’origine en turc et traduit en persan par Khwárazím Shah. Certains fragments en furent édités en turc et en latin par A. Müller, Brandebourg, 1663. L’exemplaire dont j’ai fait usage fait partie d’un volume contenant divers traités persans et turcs sur des sujets philosophiques et religieux, présenté par Adam Bowen à la bibliothèque du Trinity College, Cambridge. Il est marqué R. 13. 32. dans le catalogue. ↩︎
x:1 Cf. La Poésie philosophique et religieuse chez les Persans, par M. Garcin de Tassy, p. 3. ↩︎