L’heure est proche ; la reine décline
marche pour gouverner la nuit tardive ;
Couronné de l’éclat d’une étoile,
et trônait sur un globe de lumière cendrée :
La Queue de Loup[1] balaie l’Est pâle
pour laisser derrière soi une obscurité plus profonde,
Et l’aube lève sa tête brillante,
soupirant avec un semblant de vent :
Les hautes terres captent l’éclat de l’Orient,
tandis que les plaines sont encore violacées ;
Et les brumes nacrées, la fierté du matin,
s’élever comme de l’encens pour saluer le ciel.
Les chevaux hennissent, les chameaux gémissent,
les torches brillent, les crépitements flamboient ;
La ville de la toile tombe, et l’homme
avec vacarme et force envahit l’air :
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Les portes dorées oscillent à droite et à gauche ;
le soleil surgit avec son front flamboyant;
Le nuage de rosée se dissout dans un jaillissement de lumière ;
la Terre brune est baignée dans la lueur du matin.
Lentement, ils serpentent à travers la nature sauvage,
et tandis que le jeune Jour enfle son hymne,
La tristesse tombe sur mon oreille nostalgique
Le tintement des clochettes du chameau :
Sur des terres ardentes et un monde gelé,
sur une colline horrible et une vallée sombre,
La maison de la bête macabre et de la goule[2],
les repaires d’hommes plus sauvages et plus macabres ;
Avec la brève joie des palmiers,
cette tour et ce balancement sur la plaine bouillonnante,
Plein de pensées d’ombre bruissante,
et une source jaillissante, et une pluie torrentielle;
Avec le court réconfort de la crête,
par de doux zéphyrs joués,
Dont la tête légère et le côté boisé
mers frontales de céladon frais ;—
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C’est à eux de passer avec joie et espoir,
dont les âmes vibreront et rempliront toujours
Rêves du lieu de naissance et du tombeau,
visions de la colline sacrée d’Allah.[3]
Mais nous ? Encore un changement de décor,
une autre douleur pour déchirer le cœur;
Pourquoi nous retrouver sur le pont du Temps
'changer une salutation et se séparer?
Nous nous rencontrons pour nous séparer ; pourtant, demande mon esprit,
Nous allons nous rencontrer, ah, est-ce ainsi ?
L’omniscience imaginée par l’homme sait,
qui a créé l’Omniscience ne peut rien savoir.
Pourquoi devons-nous nous rencontrer, pourquoi devons-nous nous séparer,
pourquoi devons-nous porter ce joug du MUST,
Sans notre permission, ni notre demande, ni notre don,
par le tyran Le destin sur la victime poussée ?
Cette Ève si gaie, si brillante, si heureuse,
ce matin si sombre, si triste et si gris ;
Il est étrange que le registraire de la vie écrive
ce jour-là, un jour par jour
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Mes yeux, mon cerveau, mon cœur, sont tristes,
la tristesse est au plus profond de moi;
Tout se fatigue, change, passe, finit ;
Hélas la blessure de l’Anniversaire !
Amis de ma jeunesse, un dernier adieu !
peut-être qu’un jour nous nous reverrons ;
Mais jamais les mêmes hommes ne se rencontreront ;
les années feront de nous d’autres hommes :
La lumière du matin s’est élevée jusqu’à midi,
a pâli avec la veille, et maintenant adieu !
Va, disparais de ma vie en mourant
le tintement de la cloche du chameau.
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