‘ÍSÁ IBN HISHÁM nous raconta ce qui s’était passé et dit : Je me suis détourné avec quelques-uns [1] de mes amis pour aller devant une tente demander l’hospitalité à ses occupants, et un petit homme corpulent sortit vers nous [2] et demanda : « Qui êtes-vous ? » Nous répondîmes : « Des invités qui n’ont rien mangé depuis trois nuits. » Il raconta : « Il toussa puis dit : « Ô jeunes gens ! Que dites-vous du beurre frais du troupeau, comme la tête d’un homme chauve, dans un plat large et peu profond orné de dattes de Khaibar, [3] prises sur le bouquet d’une branche d’un grand, jeune et grand palmier ? L’une d’elles remplirait la bouche d’un membre [136] d’une compagnie affamée pendant cinq jours sans eau ; [4] La dent y est perdue, et sa pierre est comme la langue d’un oiseau, et ils ramassent avec elle le beurre, pris dans de profondes écuelles de bois, du lait tiré de bonnes chamelles laitières pâturées sur haram [5] et rabl. [6] Ô jeunes gens, l’aimez-vous ? » Nous avons répondu : « Oui, par le ciel ! nous l’aimons. » « Ha, ha », a ri le vieil homme, « ton oncle l’aime aussi. » Puis il a dit : « Ô jeunes gens ! Que pensez-vous de la farine blanche comme un morceau d’argent fondu recueilli sur un morceau de peau rond avec l’odeur du qaraz̤ ? [7] Parmi vous, l’un d’entre vous s’avance, un homme jeune, beau et actif, et le mélange sans le déranger violemment ou le disperser. Puis il le laisse avant qu’il soit bien pétri. Après un certain temps, il le mélange soigneusement avec du lait, plus ou moins délayé avec de l’eau. Il le travaille ensuite et le laisse ensuite autour de la poêle [8] jusqu’à ce qu’il soit levé sans devenir sec ; puis il se rend au bois de ghaḍa [9] et l’allume. Puis, lorsque le feu s’apaise, il l’étend sur son four, [10] va à sa pâte, l’aplatit, après l’avoir bien pétrie, la pose sur les cendres chaudes et la recouvre ensuite.
« Puis, quand il a séché et levé, [11] il place dessus des pierres chaudes en quantité suffisante pour réunir les deux chaleurs. [12] Il les recouvre sur le pain, sous la forme d’une assiette ronde, jusqu’à ce qu’il se fissure et se [137] fende et que sa croûte ressemble à celle d’un gâteau circulaire, et que sa couleur brune [13] ressemble à celle de la datte Ḥijáz, [14] célèbre sous le nom d’Umm al-Jirdhán [15] ou ‘Idq ibn Ṭáb. [16] Du miel sauvage, blanc comme la neige, est ensuite versé dessus jusqu’à ce qu’il pénètre la croûte brune [17] et que la moelle absorbe tout ce qu’il y a dessus. On l’apporte alors devant vous, et vous l’engloutissez avec la déglutition de Juwain, [18] ou de Zankal. [19] Jeunes gens, le désirez-vous ? » Il raconta : « Chacun de nous tendit le cou vers ce qu’il avait décrit, sa bouche s’humidifia, il se lécha les lèvres et les claqua, » et nous répondîmes : « Oui, par le ciel ! nous aimons cela. » « Ha ! ha ! » rit le vieillard, et dit : « Et votre oncle, par le ciel ! ne le déteste pas. » Puis il dit : « Que pensez-vous, ô jeunes gens, d’une chevrette sauvage du Nejd et d’Aliya [20] qui s’est nourrie d’armoise de Judaïca du Nejd, d’armoise abrotanum et de hashim, [21] a grignoté l’herbe épaisse et est pleine d’herbe tendre ? Sa moelle est abondante, sa membrane interne est couverte de graisse [22] et elle a été abattue sans défaut. Ensuite, on le suspend la tête en bas dans un four jusqu’à ce qu’il soit parfaitement cuit sans être ni brûlé ni insuffisamment cuit, puis on le place devant vous avec sa peau craquelée, exposant la graisse blanche, sur une table avec de minces gâteaux disposés dessus, comme s’il s’agissait de lin égyptien déplié, ou de tissu fin de Kohistán coloré d’argile rouge. On l’entoure de récipients contenant de la moutarde [138] et de la sauce aux raisins secs [23] et diverses sortes d’assaisonnements fluides [24]. Puis on vous le sert exsudant de graisse et dégoulinant de sauce. Ô jeunes gens, l’aimez-vous ? » Nous répondîmes : « Oui, par le ciel ! nous l’aimons. » Il dit : « Et votre oncle, par le ciel ! dansera pour cela. » Alors l’un de nous s’élança vers lui avec une épée et dit : « Notre faim ne te suffit-elle pas pour te moquer de nous ? » Alors sa fille nous apporta un plateau sur lequel se trouvaient un morceau de pain sec, des restes et des restes, et elle nous régala bien. Nous sommes donc partis en la louant et en le blâmant.
En l’an 6 ou 7 de l’Hégire, Mahomet s’empara de la ville et de tous ses châteaux et forteresses, et en fit un butin d’une grande valeur.Yaqút, ii, 504. Jewish Encyclopædia, vii, 480.
Car … dans le texte lu … de … il est devenu beaucoup ou abondant.
135:2 … Quelques (Individu): Un certain nombre de personnes de trois à neuf. ↩︎
135:3 … Un petit homme corpulent : Littéralement, gros ventre et petit, petit de pas, ou avare. Je pense que Hamadhání avait les deux significations à l’esprit ; l’apparence de l’homme justifierait la première et son comportement la seconde, par exemple il a commencé par tousser et à la p. 187 du texte nous trouvons que la toux indique une réticence à donner. Cf. aussi Texte, p. 218 : « O toux de l’hostie quand le pain est rompu. » ↩︎
135:4 Khaibar: Ville bien connue dans le district de Ḥijáz et à quatre jours de voyage, soit environ cinquante-quatre milles au nord-ouest de la ville de Médine. Au temps de Muḥammad, le nom de Khaibar était porté par toute une province qui était habitée par diverses tribus juives. Elle comprenait sept forteresses, des prairies et de nombreuses palmeraies. Elle était connue pour l’abondance et l’excellence de ses dattes. Cf. la ligne de Ḥassan ibn Thábit citée par Yaqút, ii, 505.
…
« En vérité, quant à nous, celui qui nous présente des qasídas,
C’est comme celui qui exporte des dattes vers le pays de Khaibar. ↩︎
135:5 Cinq jours sans eau: Une allusion à la boisson des chameaux le cinquième jour en comptant le jour du jour précédent comme le premier; leur p. 136 boire un, puis paître trois jours, puis venir à l’eau le cinquième jour, le premier et le dernier jour où ils boivent étant ainsi comptés. Lane, p. 810. ↩︎
136:1 … Haram : Le nom d’une plante dont les feuilles sont intensément acides, une espèce d’oseille. ↩︎
136:2 … Rabl: Nom appliqué à certaines sortes d’arbres qui poussent avec des feuilles à la fin de la saison chaude. Ils sont d’un vert intense. ↩︎
136:3 … Qaraz̤: Une espèce de mimosa dont les feuilles et les fruits sont utilisés pour le tannage. ↩︎
136:4 … La poêle : Littéralement, une marmite en pierre. ↩︎
136:5 Al-Ghaḍa: Bois proverbial pour faire un feu puissant et durable. Cet arbuste, qui est du genre Euphorbia, est dit être particulier à la péninsule arabique. Voir Palgrave dans ses Voyages, i, 38; cf. De Sacy, Ḥarírí, i, 60 et ii, 632. ↩︎
136:6 … Four: Littéralement, un creux qu’un homme creuse pour s’asseoir et se protéger du froid. ↩︎
136:7 … Ressuscité : Littéralement, est devenu semblable à un dôme. ↩︎
136:8 … Les deux chaleurs : C’est-à-dire, la chaleur d’en haut et la chaleur d’en bas, ↩︎
137:1 … Sa brunosité : Littéralement, sa rougeur. ↩︎
137:2 … Date : terme appliqué aux dattes qui sont devenues colorées mais ne sont pas encore mûres. Cf. Héb. בֹּסֶר dattes non mûres. ↩︎
137:3 Umm al-Jirdhán: Littéralement, mère des souris des champs. Une grande variété de dattes et la dernière à mûrir. Elle est cultivée à Ḥijáz. On dit qu’avant que le fruit ne soit coupé de l’arbre, les souris des champs se rassemblent dessous. ↩︎
137:4 ‘Idq ibn Ṭáb: Le nom d’une espèce de palmier à Médine. ↩︎
137:5 … Croûte brune : Littéralement, cuir rouge. Pour l’utilisation de ce mot pour décrire la couleur rouge, voir Coran, lv, 37. ↩︎
137:6 Juwain_:_ Diminutif de Juwán, est le nom d’un homme qui était connu pour faire des profits avec les biens d’autrui. Fara’id Al-La’ál, i, 134. ↩︎
137:7 Zankal: Ibn ‘Alí ibn Abú Fazára est mentionné à la page 362 du Taj al-‘Arús, mais rien ne le relie à l’alimentation gourmande. ↩︎
137:8 Aliya : Appartenant à la région au-dessus du Nejd. ↩︎
137:9 Hashím : Une plante sèche et cassante. ↩︎
137:10 Sa membrane interne est couverte de graisse : c’est-à-dire de la queue à la gorge. ↩︎
138:1 … Sauce aux raisins secs : Faite de moutarde et de raisins secs. ↩︎
138:2 … Assaisonnements liquides: Voir Coran, xxiii, 20.
Cf. Maqáma vingt-cinq du Texte, p. 125 ; les thèmes sont identiques.
Ce maqáma est remarquable par sa collection de mots abscons et de termes techniques ; la dissertation sur la cuisson des Bedawín étant extrêmement difficile à traduire en anglais. Les lignes de conclusion conventionnelles de la poésie font défaut. ↩︎