1. Ô conducteur des chameaux roux et blancs, ne te hâte pas avec eux, mais arrête-toi ! Car je suis un boiteux qui les poursuit.
2. Arrête les chameaux et serre leurs rênes ! Je t’en supplie par Dieu, par ma passion, par mon angoisse, ô conducteur !
3. Mon âme est bien disposée, mais mon pied ne la seconde pas. Qui aura pitié de moi et me secourra ?
[p. 81]
4. Que doit faire l’artisan qualifié dans le cas où ses outils se révèlent être nuisibles ?
5. Écarte-toi, car leurs tentes sont à droite de la vallée. Que Dieu te bénisse, ô vallée, pour ce que tu renfermes !
6. Tu as rassemblé un peuple qui est mon âme et mon souffle et le noyau le plus profond du caillot noir dans la membrane de mon foie.
7. Que mon amour soit malheureux si je ne meurs pas de chagrin à Ḥájir, à Sal’ ou à Ajyád !
1. L’Esprit divin qui parle dans l’homme et qui est chargé de gouverner ce corps dit au chamelier, c’est-à-dire à l’invocateur de Dieu qui guide les hautes aspirations dans leur voyage vers le ciel : « Ne te hâte pas avec eux, car je suis gêné par ce corps auquel je suis lié jusqu’à la mort. »
3. « Qui aura pitié de moi et me secourra ? » Il fait référence au décret de Dieu (###).
4. Il dit : « Que dois-je faire ? Bien que je puisse parfois quitter le corps, c’est-à-dire dans les moments de disparition et d’absence (###) sous l’influence de l’extase, mon but est de partir entièrement ; et, de plus, dans de tels moments, le monde sensible exerce sur moi une puissante attraction. Cette attraction (appelée ici « ses outils ») gâche ce que je m’efforce de faire et trouble mon état de disparition et d’absence afin de me ramener au corps. »
5. « Leurs tentes », c’est-à-dire les demeures de ces aspirations, qui, dans leur connaissance de Dieu, ne sont pas en Dieu, puisqu’Il n’est pas le lieu de quoi que ce soit. La connaissance de Dieu est le but ultime auquel l’être contingent puisse parvenir, et l’univers entier dépend de la connaissance et de rien d’autre.
« À droite de la vallée », en référence à l’occasion où Dieu a parlé à Moïse au mont Sinaï (Cor. xix, 53).
« Ce que tu contiens », c’est-à-dire les types de connaissances divines, saintes et mosaïques.
7. ‘Ḥájir’, c’est-à-dire le monde intermédiaire (###).
[p. 82]
‘Sal’, une montagne près de Médine, c’est-à-dire la station de Mahomet.
« Ajyád », une montagne près de la Mecque, c’est-à-dire une station divine qui me fait passer loin de toute existence phénoménale.