L’auteur dit : Un derviche m’a récité le verset suivant, auquel je ne connaissais aucun frère :
« Quiconque espère en ta générosité en reçoit d’abondantes pluies ; ta foudre ne rompt jamais sa promesse de pluie, sauf avec moi. »
J’admirai son application et poursuivis son sens, et je composai quelques vers dans la même rime, y compris ce vers parmi eux à cause de sa perfection, et je dis en réponse à ce derviche (que Dieu lui fasse miséricorde !) ce qui suit :
1. Arrêtez-vous aux demeures en ruine à La’la’ et pleurez nos êtres chers dans ce désert.
2. Arrête-toi près de tes demeures et appelle-les, t’étonnant de leur solitude, avec une lamentation exquise.
3. « À côté de ton arbre bán j’ai vu bien des gens comme moi cueillir les fruits de formes avenantes et les roses d’une prairie verdoyante.
4. Quiconque espère en ta générosité en reçoit d’abondantes pluies ; ta foudre ne manque jamais sa promesse de pluie, sauf avec moi.
5. Elle dit : « Oui, il y a eu cette rencontre à l’ombre de mes branches dans l’endroit le plus abondant,
6. Quand mon éclair était un des éclairs des bouches souriantes ; mais aujourd’hui mon éclair est l’éclair de cette pierre brillante.
7. Reproche donc à un sort que nous n’avions aucun moyen de conjurer : quelle est la faute du campement de La’la’ ?
8. Je l’ai excusée quand j’ai entendu son discours et comment elle se plaignait alors que je me plaignais avec un cœur triste,
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9. Et je lui demandai, quand je vis son domaine, à travers lequel les quatre vents balayent la nuit,
10. « Leurs vents t’ont-ils indiqué où ils se sont reposés à midi ? » Elle dit, « Oui ; ils se sont reposés à Dhát al-Ajra »,
11. Là où les tentes blanches sont rayonnantes avec ces soleils levants à l’intérieur.
1. « Les demeures ruinées », c’est-à-dire les vestiges des demeures des Noms Divins dans les cœurs des gnostiques.
« Dans ce désert », c’est-à-dire dans son cœur vide.
3. « Cueillir le fruit des formes agréables », c’est-à-dire la connaissance multiple de l’Autosubsistance Divine (###) dont, selon notre doctrine, il est possible d’être investi. Cette investiture (###) est un sujet de controverse parmi les Ṣúfís ; Ibn Junayd al-Ifríqí et ses disciples considèrent qu’elle n’est pas correcte.
« Les roses d’un pré verdoyant », en référence à la station de la Honte (###), qui résulte de la méditation et de la contemplation.
4. « Ton éclair ne manque jamais à sa promesse », etc., c’est-à-dire par manque de faveur divine (###). Il indique aussi qu’il est lui-même dans une position élevée qui n’a été atteinte par aucun de ses pairs, car l’éclair est un lieu de manifestation de l’Essence, et de ce lieu l’âme du voyant n’acquiert aucune connaissance, dans la mesure où il s’agit d’une manifestation dépourvue de forme matérielle.
6. « Quand mon éclair », etc., c’est-à-dire que cette manifestation a eu lieu sous une forme charmante, mais ma manifestation à toi est sans forme et inanimée (####) et n’est pas déterminée par l’amour et la passion.
11. « Les tentes blanches », en référence aux voiles de lumière qui sont tirés sur les splendeurs du visage de Dieu.