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TROISIÈME CONFÉRENCE, INTIMÉ CHAUD ET FROID.
Les imprudents dorment, les sages veillent toujours. Sache que, dans ce monde, la cause de la misère [^152] engendre de mauvaises conséquences ! Connaissant le cours du monde [1], il faut cesser toute violence. Celui qui possède correctement [2] ces perceptions sensorielles, à savoir les sons, les couleurs, les odeurs, les goûts et le toucher (1), qui, maître de lui-même, sage, juste, chaste, et doté d’une juste compréhension, comprend le monde, celui-là doit être appelé un sage, celui qui connaît la loi et est juste. Il connaît le lien entre le tourbillon (des naissances) et le courant (des sensations avec l’amour et la haine). Indifférent au chaud et au froid, serein face au plaisir et à la douleur, le Nirgrantha ne ressent pas l’austérité de la pénitence. Éveillé et libéré de toute hostilité, un homme sage, tu te libères (toi-même et les autres) des misères. (2)
Mais un homme toujours dans l’ignorance, sujet à la vieillesse et à la mort, ne connaît pas la loi. Voyant les êtres vivants souffrir, entrez sincèrement dans la vie religieuse [3]. Considérant cela, ô prudent, regarde !
Connaissant la misère qui résulte de l’action,
L’égaré et l’insouciant revient à la vie ; [ p. 29 ] Sans tenir compte des sons et des couleurs, debout,
En évitant Mâra, on est libéré de la mort 1.
S’abstenant soigneusement des plaisirs et cessant les mauvaises actions, il est un héros, se protégeant lui-même, qui est fondé sur la connaissance 2. (3) Celui qui connaît la violence exercée pour des objets particuliers, sait ce qui est exempt de violence 3 ; celui qui connaît ce qui est exempt de violence, connaît la violence exercée pour des objets particuliers. Pour celui qui est sans karman, il n’y a pas d’appellation 4. La condition des êtres vivants découle du karman.
En examinant le karman et sa racine, c’est-à-dire en le tuant 5, en l’examinant et en adoptant son contraire 6, on ne le perçoit pas sous les deux angles 7. Sachant cela, un homme sage qui connaît le monde et a rejeté l’idée du monde devrait vaincre prudemment les obstacles à la droiture 8. Ainsi dis-je. (4)
Regardez, Monsieur, la naissance et la vieillesse ici,
Examinez et connaissez le bonheur des vivants,
De là le plus savant, connaissant (ce qu’on appelle) le bien suprême,
Celui qui a une intuition juste ne commet pas de péché. (1) [ p. 30 ] Défaites ici le lien avec les mortels ;
Celui qui vit par le péché est sujet aux deux [4],
Désireux de plaisirs, ils accumulent du karman,
Influencés par cela, ils renaissent. (2)
Tuer (des animaux) lui paraît être un bon sport et il en tire de la joie :
Éloignez la compagnie de cet insensé, il augmente sa propre injustice. (3)
De là le plus savant, connaissant (ce qu’on appelle) le bien suprême,
Conscient du châtiment, il ne commet aucun péché ;
Évitez judicieusement le haut et la racine [5] !
En les coupant, il se sait libre du karman. (4)
Cet homme sera libéré de la mort ; c’est un sage qui voit le danger [6], qui connaît le bien suprême en ce monde, qui mène une vie circonspecte, calme, prudent, doté (de connaissances, etc.), toujours contenu, aspirant à la mort, il devrait mener une vie religieuse. Les actions pécheresses sont nombreuses, certes ; soyez donc fidèle à la vérité ! S’y complaisant [7], un homme sage détruit tout karman. (1)
Nombreux sont, en effet, les projets de cet homme (du monde) ; il veut satisfaire ses désirs ; il provoque ainsi le massacre, la souffrance, le châtiment, le massacre, le blâme, [ p. 31 ] le châtiment de toute une province. C’est en faisant de telles choses que certains se sont donné beaucoup de mal [8]. (2)
Par conséquent, la seconde croyance (c’est-à-dire la fausse croyance) n’est pas respectée. Le connaisseur, voyant la vanité (du monde) [^169]], le Brahman suit l’incomparable (le contrôle des Gainas). Il ne doit pas tuer, ni inciter autrui à tuer, ni consentir au meurtre d’autrui. « Évite la gaieté, ne te délecte pas des créatures (c’est-à-dire des femmes), possède l’intuition la plus élevée, » s’abstient des actes pécheurs. (3)
Et le héros doit vaincre la colère et l’orgueil,
Regardez le grand enfer (comme le lieu) de la cupidité.
C’est pourquoi le héros s’abstient de tuer,
Il faut détruire la tristesse en empruntant le chemin de la facilité [9].
Voici maintenant le héros, connaissant l’esclavage,
Connaissant la tristesse, il devrait se retenir.
Ayant pris naissance parmi les hommes,
Il ne devrait pas prendre la vie des êtres vivants.
« Connaissant les liens du monde, (l’insouciance n’est pas à son avantage [10]). » « Regarde l’extérieur [ p. 32 ] (le monde par analogie avec toi-même) ; [alors] tu ne tueras ni ne détruiras (les êtres vivants) ; » c’est-à-dire que par égard réciproque [en examinant attentivement] il ne commet aucun acte pécheur. Quelle est la caractéristique d’un sage ? « Reconnaissant l’égalité (de tous les êtres vivants), il s’apaise. » (1)
Connaissant le bien suprême, il ne faut jamais être négligent ;
En se gardant soi-même, toujours prudent, on doit passer la vie sur le bon chemin.
« On devrait acquérir le mépris des plaisirs sensuels, en étant avec un grand (c’est-à-dire un dieu) ou avec les petits (les hommes). » Quand on sait d’où viennent les hommes et où ils vont, et quand les deux extrémités sont hors de vue [11], on n’est ni coupé, ni fendu, ni brûlé, ni frappé [12] (2) par personne au monde entier [13].
Certains ne se souviennent pas de ce qui a précédé le présent : « Quel a été son passé ? Quel sera son avenir ? » Certains hommes ici disent : « Quel a été son passé, tel sera son avenir [14] ».
Il n’y a pas de chose passée, ni de chose future ;
C’est ce qu’affirment les Tathâgatas.
Celui dont le karman a cessé et dont la conduite est droite, [ p. 33 ] qui reconnaît la vérité (énoncée ci-dessus) et détruit le péché (pense) :
Qu’est-ce que le mécontentement et qu’est-ce que le plaisir ? Sans être soumis à aucun des deux, il faut vivre ;
Renonçant à toute gaieté, circonspect et retenu, il faut mener une vie religieuse. (3)
Homme ! Tu es ton propre ami ; pourquoi désires-tu un ami au-delà de toi-même ? Celui qu’il connaît comme un habitant d’en haut [15], il devrait le connaître comme un habitant éloigné (du péché) et celui qu’il connaît comme un habitant éloigné (du péché), il devrait le connaître comme un habitant d’en haut. Homme ! En te retenant (du monde extérieur), « tu te libéreras de la douleur. » Homme, comprends bien la vérité ! En s’efforçant de respecter la règle de la vérité, l’homme sage surmonte Mâra. (4)
« L’homme doué [16], suivant la loi, voit bien son véritable intérêt. » De deux manières [^178], pour la splendeur, l’honneur et la gloire de la vie (certains hommes s’efforcent), où ils s’égarent. Les doués [16:1], touchés par la calamité, ne sont pas confondus. « Attention ! Le digne, en ce monde, sort de la création [17]. » Ainsi dis-je. (5)
Cet homme (c’est-à-dire l’affranchi) triomphe de la colère, de l’orgueil, de la tromperie et de la cupidité. Telle est la doctrine du Voyant qui ne nuit pas aux êtres vivants et a mis fin (aux actes et au samsâra). Prévenir [ p. 34 ] la propension au péché détruit les actions antérieures. Celui qui sait une chose, sait tout ; et celui qui sait tout, sait une chose [18]. Celui qui est négligent à tous égards est en danger [19] ; celui qui n’est pas négligent à tous égards est à l’abri du danger. (1)
Celui qui conquiert une passion en conquiert plusieurs ; et celui qui conquiert plusieurs en conquiert un. « Connaissant la misère du monde », rejetant le lien avec le monde, « les héros entreprennent le grand voyage », ils s’élèvent progressivement ; « ils ne désirent pas la vie. » (2)
Celui qui évite une passion les évite toutes individuellement ; et celui qui les évite individuellement, les évite toutes. Fidèle selon le commandement (des Tîrthakaras), sage et connaissant le monde selon le commandement, un tel homme est à l’abri du danger [19:1], où qu’il soit. Il y a des degrés dans les actes nuisibles, mais il n’y a pas de degrés dans la maîtrise. (3)
Celui qui connaît [20] la colère, connaît l’orgueil ; celui qui connaît l’orgueil, connaît la tromperie ; celui qui connaît la tromperie, connaît l’avidité ; celui qui connaît l’avidité, connaît l’amour ; celui qui connaît l’amour, connaît la haine ; celui qui connaît la haine, connaît l’illusion ; celui qui connaît l’illusion, connaît la conception ; celui qui connaît la conception, connaît la naissance ; celui qui connaît la naissance, connaît la mort ; celui qui connaît la mort, connaît l’enfer ; celui qui connaît l’enfer, connaît l’existence animale ; celui qui connaît l’existence animale, connaît la douleur.
Par conséquent, un homme sage devrait éviter la colère, l’orgueil, la tromperie, la cupidité, l’amour, la haine, l’illusion, la conception, la naissance, la mort, l’enfer, l’existence animale et la douleur.
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Telle est la doctrine du Voyant, qui ne nuit pas aux êtres vivants et a mis fin (aux actes et au samsâra). Empêcher la propension au péché détruit les actions passées. Y a-t-il une faiblesse terrestre chez le Voyant ? Il n’en existe aucune, il n’y en a aucune. Ainsi dis-je. (4)
Fin de la troisième conférence, intitulée Chaud et froid.
[^161] : 29:5 Voir p. 28, note 4.
28:1 C’est-à-dire l’ignorance et l’illusion. ↩︎
28:2 Concernant le malfaiteur. ↩︎
28:3 Et renonce. ↩︎
29:8 Voir I, 2, 6 (2). ↩︎
30:1 Littéralement, voit les deux, c’est-à-dire éprouve les agonies corporelles et mentales, celles de ce monde et de l’autre. ↩︎
30:2 La racine signifie illusion, le sommet le reste des péchés. ↩︎
30:3 Issu de la mondanité. Les mêmes mots apparaissent dans 2, 6, § 2 ; mais bhae (bhaya) remplace ici pahe, route. Bhae apparaît également à la première place dans certains manuscrits. ↩︎
30:4 Ettho 'varae signifie généralement « cesser d’en être, c’est-à-dire activité ». Mais ici, les commentateurs l’expliquent comme traduit ci-dessus. ↩︎
31:2 Les mots entre parenthèses [ ] sont une glose de la phrase précédente. Si nous les omettons, le reste forme la moitié d’un sloka. ↩︎
31:3 Laghubhûya, c’est-à-dire nirvân. ↩︎
31:4 C’est un passage très difficile. La connexion (sandhi) est expliquée de différentes manières, comme karmavivara, samyaggñânâvâpti, et l’état de l’âme, qui n’est que temporairement et pas complètement apaisé. Pour compléter la phrase, les commentateurs ajoutent pramâdo na sreyase. Comme les mots du texte forment le pâda d’un sloka, il est probable que quelque chose comme pamâo neva seggase p. 32 concluait l’hémistiche. Le sens est : « Faites bon usage de toute ouverture pour vous sortir des difficultés du monde. » ↩︎
32:1 Voir 1, leçon 4. ↩︎
32:2 La lecture du Nâgârgunîyas, selon le commentaire, était : « Connaissant bien et essentiellement les cinq (perceptions) dans l’objet et les trois degrés (c’est-à-dire bon, moyen, mauvais), dans le double (c’est-à-dire ce qui doit être évité et ce qui doit être adopté), on n’est gâché par aucun des deux (l’amour et la haine). » Ces mots forment un sloka. ↩︎
32:3 Le commentaire relie ces mots à la phrase précédente, en disant que l’accusatif représente l’instrumental, par n’importe qui. ↩︎
32:4 Les mots de l’original se lisent comme un trishtubh en désordre ; il en va de même avec une lecture différente citée par le commentateur. ↩︎
33:1 Il y a apparemment un jeu de mots dans le texte : ukkâlaiyam s’explique par ukkâlayitâram = effaceur (de péchés), mais par opposition à dûrâlaiya, il a le sens que nous avons adopté ci-dessus. ↩︎ ↩︎
33:3 Pour l’amour et la haine, ou pour la félicité terrestre et céleste. ↩︎
33:2 Avec connaissance, etc. ↩︎
33:4 Si loyâloya est omis, les derniers mots forment la moitié d’un sloka. ↩︎ ↩︎
34:1 Car la vraie connaissance d’une chose est inséparable de la vraie connaissance de toutes choses. ↩︎