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QUATRIÈME LEÇON, INTENTIONNÉE LA JUSTICE.
Les Arhats et les Bhagavats du passé, du présent et du futur disent tous ainsi, parlent ainsi, déclarent ainsi, expliquent ainsi : toutes les créatures respirantes, existantes, vivantes et sensibles [^183] ne doivent pas être tuées, ni traitées avec violence, ni maltraitées, ni tourmentées, ni chassées. (1)
Telle est la loi pure, immuable, éternelle, que les intelligents, qui comprennent le monde, ont déclarée : parmi les zélés et les non zélés, parmi les fidèles et les non fidèles, parmi les non cruels et les cruels, parmi ceux qui ont la faiblesse du monde et ceux qui n’en ont pas, parmi ceux qui aiment les liens sociaux et ceux qui n’en aiment pas : « Voilà la vérité, c’est ainsi, c’est ce qui est proclamé dans ce (credo). » (2)
Ayant adopté (la loi), il ne faut ni la cacher, ni l’abandonner. En comprenant correctement la loi, il faut parvenir à l’indifférence aux impressions des sens [^184] et « ne pas agir selon les mobiles du monde ». « Celui qui n’est pas de cet avis [^185], comment parviendrait-il à l’autre [1] ? »
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Ce qui a été dit ici a été vu (par les omniscients), entendu (par les croyants), reconnu (par les fidèles) et parfaitement compris par eux. Ceux qui acquiescent et s’adonnent (aux plaisirs du monde) naissent sans cesse. « Travaillant jour et nuit, persévérant », toujours doté de la sagesse, tu comprends que les insouciants sont exclus (du salut) ; si tu es prudent, tu triompheras toujours. Ainsi parle-je. (3)
Il y a autant d’âsravas [2] que de parisravas, et autant de parisravas que d’âsravas. Il y a autant d’anâsravas que d’aparisravas, et autant d’aparisravas que d’anâsravas. Celui qui comprend bien ces paroles et considère le monde selon l’instruction (et comprend) ce qui a été clairement déclaré, que « l’homme sage proclame (la vérité) ici aux hommes », qui appartiennent encore au samsâra, qui sont éveillés et ont atteint le discernement. (1)
« Ceux qui sont affligés et négligents » (seront également instruits). Je dis cela en toute vérité. Rien n’est à l’abri de la mort. Ceux qui se laissent guider par leurs désirs, qui sont le tabernacle de la fraude, « qui, saisis par le Temps, demeurent dans le tas (de karman) », renaissent sans cesse. [Nombreux sont ceux qui sont constamment plongés dans l’illusion, (renouvelleront souvent) leur connaissance des lieux de souffrance ; ils éprouvent les douleurs inhérentes à la régénération. Qui commet souvent des actes cruels, subit souvent (le châtiment de l’enfer, etc.). Qui commet rarement des actes cruels, subit rarement (le châtiment).] [3] (2)
Certains disent ainsi, et les sages aussi ; les sages disent ainsi, et d’autres aussi [4]. Nombreux sont ceux en ce monde, Brâhmanes ou Sâramiens, qui soulèvent cette discussion : Nous l’avons vu, entendu, reconnu, parfaitement compris, dans les directions supérieures, inférieures et latérales, et examiné de toutes les manières : toutes sortes d’êtres vivants peuvent être tués, ou traités avec violence, ou maltraités, ou tourmentés, ou chassés. Sachez-le : il n’y a aucun mal à cela. (3)
C’est une doctrine d’indignes. Mais ceux qui sont enseignants ont dit : Vous avez mal vu, mal entendu, mal reconnu, mal compris, dans les directions supérieures, inférieures et latérales, vous avez mal examiné cela de toutes les manières, lorsque vous dites, parlez, déclarez, expliquez ainsi : Tous les êtres vivants peuvent être tués, ou traités avec violence, ou maltraités, ou tourmentés, ou chassés. Sachez-le : il n’y a aucun mal à cela. C’est une doctrine d’indignes. (4) Mais nous disons, parlons, déclarons, expliquons ainsi : [ p. 39 ] Tous les êtres vivants ne doivent pas être tués, ni traités avec violence, ni maltraités, ni tourmentés, ni chassés. Sachez-le : il n’y a aucun mal à cela. Telle est la doctrine des enseignants. (5)
Il faut d’abord s’assurer de la persuasion de chacun, puis nous leur demanderons individuellement : « Ô professeurs ! La douleur vous est-elle agréable ou désagréable ? » S’ils donnent la bonne réponse, répondez : « Pour tous les êtres vivants, la douleur est désagréable, désagréable et très redoutée. » Ainsi dis-je. (6)
« Réfléchissez et observez : que vous alliez dans ce monde ou dans l’au-delà, dans le monde entier, ceux qui sont des êtres perspicaces, qui s’abstiennent de cruauté [5], renoncent au karman. Ce sont des êtres qui soumettent la chair, appelés hommes vertueux, conscients que la douleur résulte des actions. » Ainsi parlent ceux qui ont une intuition juste. (1)
Tous les professeurs, familiers avec la douleur, prêchent le renoncement. Ainsi, connaissant parfaitement le karman, observant le commandement, sage, détaché (du monde), reconnaissant ton Soi comme un [6], soumets ton corps, châtie-toi, affaiblis-toi : « Comme le feu consume le vieux bois ! » Ainsi, avec un esprit calme et détaché, « évite sans hésiter la colère ! » Considérant la brièveté de la vie, « connaît la douleur, ou ce qui adviendra » [7] ; tu ressentiras les différents sentiments et percevras le monde en souffrance. (2)
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Ceux qui sont exempts de péchés sont appelés anidâna [8]. C’est pourquoi un homme très sage ne devrait pas s’enflammer (de colère). Ainsi dis-je. (3)
Il faut mortifier sa chair à un degré inférieur, supérieur et supérieur, en quittant ses anciennes relations et en entrant dans la tranquillité. C’est pourquoi un héros est prudent, un homme de cœur [9], prudent, doué (de savoir, etc.) et toujours modéré. Difficile est le chemin des héros, qui vont là où il n’y a pas de retour (libération finale). Soumettez le sang et la chair. (1)
On appelle cet homme un digne, un héros, quelqu’un à suivre, celui qui, vivant dans la chasteté, [gardant ses yeux], se débarrasse de l’agrégat [10].
Celui qui désire le courant du karman est un insensé qui n’a pas coupé les liens du monde ni conquis son lien avec lui. Car ceux qui vivent dans les ténèbres et sont sans connaissance, la foi est vaine. Ainsi dis-je. (2)
« D’où l’aurait-il [11], lui qui ne l’obtient pas tôt, tard ou au milieu de sa vie ? » Mais celui qui a du discernement s’éveille et cesse d’agir. Voyez comme il est bon d’être ainsi ! En coupant « d’où découlent l’esclavage, la mort cruelle et la douleur atroce », « et le désir des objets extérieurs », celui qui, parmi les mortels, connaît la liberté des actes, « voyant que les actes porteront leurs fruits, le connaisseur du savoir sacré, se sépare du karman. » (3)
Il y a ceux qui se sont établis dans la vérité, qui étaient, sont ou seront des héros, doués (de savoir), toujours en effort, pleins d’équanimité [12], valorisant le monde (comme il le mérite) à l’est, à l’ouest, au sud, au nord. Nous raconterons la connaissance de ceux qui étaient, etc., des héros, doués (de savoir), toujours en effort, pleins d’équanimité, valorisant le monde (comme il le mérite).
Y a-t-il une faiblesse terrestre chez le Voyant ? Il n’en existe aucune, il n’y en a aucune. Ainsi dis-je. (4)
Fin de la quatrième conférence, intitulée La justice.
36:1 Pânâ bhûyâ gîvâ sattâ. Dans la suite, nous traduisons ces mots par toutes sortes d’êtres vivants. ↩︎
36:2 Littéralement, ce que l’on voit. ↩︎
36:3 Qui n’agit pas selon des motifs mondains. ↩︎
36:4 Le péché. ↩︎
37:1 Âsrava est ce par quoi le karman prend effet sur l’âme, parisrava ce par quoi (nirgar, etc.) l’influence du karman est contrecarrée. Anâsrava est ce par quoi l’âsrava est évité (vœux religieux), et aparisrava ce par quoi le karman est acquis. ↩︎
38:1 Le passage entre parenthèses est introduit par les mots pâthântaram vâ, « lectures diverses ». Il apparaît dans tous les manuscrits que j’ai consultés et est commenté par les commentaires comme appartenant au texte. ↩︎
38:2 Par certains, on entend la plus haute classe de sages. Cela signifie que tous les professeurs, grands ou petits, disent la même chose et s’accordent sur la doctrine des ahimsâ. ↩︎
39:1 Nikkhittadandâ, littéralement, ceux qui ont déposé la verge. ↩︎
39:2 .C’est-à-dire comme séparé et différent du monde. ↩︎
39:3 Selon les commentateurs, les douleurs présentes et futures. ↩︎
40:1 Si nous lisons nivvudâ pâvakammehim aniyânâ viyâhiyâ, nous avons un hémistiche d’un sloka. ↩︎
40:2 Sârae. Les commentateurs le traduisent par svârata = su + â (â gîvanamaryâdâyâ) + rata (samyamânushthâne), se délectant toujours de l’exercice du contrôle. Je pense que le prototype sanskrit de sârae est sâraka. ↩︎