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SEPTIÈME CONFÉRENCE, INTIMÉ LIBÉRATION.
Je dis : Aux hérétiques, amis ou ennemis, il ne faut pas donner de nourriture, de boisson, de friandises et d’épices, de vêtements, de bols d’aumônes ni de balais ; ni les exhorter à donner (de telles choses), ni leur rendre service, en témoignant toujours le plus grand respect. Ainsi dis-je [^258]. (1)
(Un hérétique pourrait dire) : Sachez ceci avec certitude : avoir ou ne pas avoir reçu de nourriture, etc. (jusqu’aux) balais, avoir ou ne pas avoir mangé (venez chez nous), même vous détourner de votre chemin ou passer (d’autres maisons ; nous pourvoirons à vos besoins). Confessant une croyance individuelle, allant et venant, il peut donner, ou exhorter à donner, ou rendre service (mais il ne faut rien accepter de lui), sans montrer le moindre respect. Ainsi dis-je. (2)
Certains ici ne sont pas bien instruits en ce qui concerne le sujet de la conduite ; car désireux d’actes, ils disent : « Tuez des créatures » ; ils tuent eux-mêmes ou consentent au meurtre d’autres ; ou ils prennent ce qui n’a pas été donné ; ou ils émettent des opinions, par exemple le monde existe, le monde n’existe pas, le monde est [ p. 63 ] immuable, le monde est en perpétuel changement ; le monde a un commencement, le monde n’a pas de commencement ; le monde a une fin, le monde n’a pas de fin ; (ou en ce qui concerne le soi et les actions) : ceci est bien fait, cela est mal fait ; ceci est un mérite, cela est un démérite ; il est un homme bon, il n’est pas un homme bon ; il y a la béatitude, il n’y a pas de béatitude ; il y a un enfer, il n’y a pas d’enfer. Lorsqu’ils diffèrent ainsi (dans leurs opinions) et professent leur persuasion individuelle, sachez (que tout cela est) sans raison [^259]. Ainsi, ils ne sont pas bien instruits, mal instruits dans la religion telle qu’elle a été enseignée par le Vénérable, qui sait et voit avec un discernement rapide. (Il faut soit instruire l’adversaire dans la vraie foi), soit observer l’abstinence de parole. Ainsi dis-je. (3)
Partout [^260] les péchés sont admis ; mais les éviter est appelé ma distinction. Car vous qui vivez dans un village ou dans la forêt, ou qui n’habitez ni village ni forêt, connaissez la loi telle qu’elle a été énoncée. « Par le Brahman, le sage (Mahâvîra), trois [1] vœux ont été prescrits. » Les hommes nobles et sereins, éclairés et appliqués à ces [préceptes], sont dits libres de tout acte pécheur. (4)
Connaissant (et renonçant) individuellement et séparément [ p. 64 ] les actions contre les êtres vivants, dans les régions d’en haut, d’en bas et à la surface, partout et de toutes les manières, un homme sage ne cause pas de douleur à ces corps, n’ordonne pas aux autres de le faire, ni n’y consent. Au contraire, nous abhorrons ceux qui causent de la douleur à ces corps. Sachant cela, un homme sage ne devrait pas causer cette douleur ni aucune autre (à aucune créature). Ainsi dis-je. (5)
Un mendiant peut se donner du mal, rester debout, assis ou couché dans un lieu de sépulture, dans une maison vide, dans une grotte de montagne ou dans l’atelier d’un potier. Un maître de maison peut s’adresser à un mendiant qui séjourne dans l’un de ces lieux et lui dire : Ô Sramana ! Je te donnerai ce que j’ai acheté, volé ou pris, même si ce n’était ni pour être pris, ni donné, mais pris de force, à savoir : nourriture, boisson, friandises et épices, vêtements, bol à aumônes, plaid, balai, en agissant de manière pécheresse contre toutes sortes d’êtres vivants ; ou je te préparerai un logement confortable ; tu mangeras (la nourriture offerte), tu habiteras (dans la maison préparée [2]). (1)
Ô Sramana à la longue vie ! Un mendiant devrait ainsi refuser un maître de maison de bon sens et d’âge mûr : Ô maître de maison à la longue vie ! Je n’approuve pas tes paroles, je n’accepte pas tes paroles, selon lesquelles, pour moi, tu me donnes ce que tu as acheté, volé ou pris, bien que cela ne fût ni pris ni donné, mais pris de force, à savoir de la nourriture, des boissons, des friandises et des épices, des vêtements, un bol d’aumône, un plaid, un balai – en agissant pécheressement contre toutes sortes d’êtres vivants ; ou que tu me prépares un logement agréable. Ô maître de maison à la longue vie ! J’ai renoncé à cela, car cela ne se fait pas. (2) Un mendiant peut faire des efforts, etc. (première phrase du § 1). Un maître de maison, sans trahir son intention, peut approcher celui qui séjourne dans l’un des lieux mentionnés ci-dessus et lui remettre ce qui a été pris, etc. (tout comme ci-dessus, jusqu’à) ou préparer un logement agréable et loger le mendiant. Un mendiant devrait le savoir par son intelligence innée, ou par l’instruction des plus hauts (c’est-à-dire les Tîrthakaras), ou l’avoir entendu dire par d’autres : « Ce maître de maison, en vérité, à cause de moi, nuit à toutes sortes d’êtres vivants, pour me donner de la nourriture, etc., des vêtements, etc., ou pour me préparer un logement agréable. » Un mendiant devrait bien observer et comprendre cela, afin d’ordonner (au maître de maison) de ne pas faire preuve d’une telle obséquiosité. Ainsi dis-je. (3)
Ceux qui, avec ou sans l’accord du mendiant, ont rassemblé des chaînes [3], se fâchent (sur le refus du moine) et le frappent en disant : « Frappez, tuez, coupez, brûlez, rôtissez, déchirez, volez, expédiez, torturez ! » Mais le héros, confronté à un tel sort, le supportera courageusement, ou lui indiquera le code de conduite, considérant qu’il est d’une habitude différente ; ou, en surveillant son discours, il devrait examiner le sujet en temps opportun, en se surveillant lui-même.
Ceci a été déclaré par les éveillés : les fidèles ne doivent pas donner aux dissidents de nourriture, etc., de vêtements, etc., ni les exhorter (à donner), [ p. 66 ] ni leur rendre service, en faisant toujours preuve du plus grand respect. Ainsi dis-je. (4)
Sachez que la loi énoncée par le sage Brâhmane dit qu’il faut donner à quelqu’un de même foi de la nourriture, des vêtements, etc., et l’exhorter à lui rendre service, en lui témoignant toujours le plus grand respect. Ainsi parle-t-on. (5)
Certains sont éveillés, hommes d’âge mûr, et s’investissent pleinement, ayant, en hommes intelligents, entendu et reçu la parole des savants [4]. Les nobles ont prêché la loi avec impartialité. Ceux qui sont éveillés ne doivent pas rechercher le plaisir, ni faire de mal, ni désirer (des choses interdites). Celui qui est sans désirs et ne fait de mal à aucun être vivant au monde entier est appelé par moi « libre ». (1)
Celui qui est libre des passions comprend parfaitement le brillant [5], connaissant la naissance dans les régions supérieures et inférieures.
« Les corps s’accroissent par la nourriture, ils sont fragiles dans les épreuves. » Voyez certains dont les organes défaillent (se laissent aller à la faiblesse).
Celui qui est dénué de désirs nourrit la pitié. Celui qui comprend la doctrine du péché est un mendiant qui connaît le temps, la force, la mesure, l’occasion, la conduite, le précepte religieux ; il renie tout ce qui n’est pas nécessaire à des fins religieuses, [ p. 67 ] s’investit à temps, n’est soumis à aucune obligation ; il avance en toute sécurité (sur le chemin de la libération finale) après avoir renoncé à l’amour et à la haine 1. (2)
Un maître de maison s’approchant d’un mendiant dont les membres tremblent de froid, peut dire :
Ô Sramana à la longue vie ! n’es-tu pas soumis aux influences de tes sens ?
Ô maître de maison à la longue vie ! Je ne suis pas soumis à l’influence de mes sens. Mais je ne supporte pas la sensation du froid. Pourtant, il ne me convient pas d’allumer un feu 2 pour me réchauffer, ni de me procurer ce réconfort par l’intermédiaire d’autrui.
Peut-être qu’après que le mendiant a parlé ainsi, l’autre allume un feu pour se réchauffer. Mais le mendiant devrait bien observer et comprendre cela, afin de lui ordonner de ne pas faire preuve d’une telle obséquiosité. Ainsi dis-je. (3)
Un mendiant qui est équipé de trois robes [6], et d’un bol comme quatrième (article), ne pensera pas : Je vais mendier [ p. 68 ] pour une quatrième robe. Il doit mendier (les vêtements) dont il a besoin, et qui sont autorisés par le code religieux [7] ; il doit porter les vêtements dans le même état dans lequel ils lui ont été donnés ; il ne doit ni les laver ni les teindre, ni porter des vêtements lavés ou teints, ni cacher (ses vêtements en traversant) d’autres villages, négligeant sa tenue. Tel est le devoir entier [8] de celui qui porte des vêtements. Mais sachez aussi qu’après la fin de l’hiver et l’arrivée de la saison chaude, il faut abandonner le vêtement usé (des trois), se vêtir d’un vêtement supérieur et inférieur, ou du vêtement inférieur, ou d’une seule robe, ou encore être nu, aspirant à la liberté [9]. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il faut s’y conformer entièrement et en tous points. (1)
Lorsqu’un bienheureux [10] mendiant se rend compte qu’il souffre et ne supporte pas l’influence du froid, il ne doit pas chercher à éviter ces épreuves, mais rester ferme en lui-même, doté de toute connaissance [11]. « Car il vaut mieux pour un ascète qu’il prenne du poison. » De cette façon, il mettra fin à son existence en temps voulu. Cette (méthode pour échapper aux épreuves) a été adoptée par beaucoup de ceux qui étaient exempts d’illusions ; elle est bonne, salutaire, convenable, béatifiante, méritoire. Ainsi dis-je. (2)
Un mendiant équipé de deux robes et d’un bol comme troisième (article) ne pensera pas : « Je vais mendier pour une troisième robe. » Il devrait mendier pour des robes qu’il est permis de mendier ; il devrait porter les vêtements, etc. [12]. Voilà l’ensemble de celui qui porte des vêtements. Mais sachez aussi qu’après la fin de l’hiver et l’arrivée de la saison chaude, il faut se débarrasser des vêtements usés ; après les avoir quittés, il faut revêtir le vêtement de dessous, une robe [13], ou se déshabiller complètement, aspirant à la libération des liens. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il faut s’y conformer entièrement et en tous points. (1)
Français Quand un mendiant pense qu’en raison d’une maladie il est trop faible et incapable de mendier de maison en maison — et que, sur sa plainte, un maître de maison lui apporte de la nourriture, etc., obtenue (sans nuire à sa vie [14]), et la lui donne — alors il devrait, après délibération, dire [15] : Ô maître de maison à la longue vie ! il ne me convient pas de manger ou de boire cette [14:1] nourriture, etc., ou d’accepter quoi que ce soit d’autre du même genre. (2)
[ p. 70 ]
Un mendiant qui a décidé, lorsqu’il sera malade, d’accepter l’aide de ses compagnons ascètes [16] en bonne santé, lorsqu’ils lui offriront (leur aide) sans qu’on le lui demande, et que, vice versa, lorsqu’il sera en bonne santé, il apportera son aide à ses compagnons ascètes malades, en l’offrant sans qu’on le lui demande (il ne devrait pas dévier de sa résolution même s’il meurt faute d’aide). (3)
Faire le vœu de mendier (de la nourriture, etc.) pour un autre malade et de manger (en cas de maladie) ce qu’il apporte ; faire le vœu de mendier, etc., et de ne pas manger ce qu’il apporte ; faire le vœu de ne pas mendier, etc., mais de manger ce qu’il apporte ; faire le vœu de ne pas mendier, etc., ni de manger ce qu’il apporte (il faut adhérer à ce vœu). En pratiquant ainsi la loi telle qu’elle a été énoncée, on devient serein, éloigné du péché, protégé des séductions des sens. Même ainsi (bien que malade), on mettra fin à l’existence en temps voulu [^279]. Cette méthode a été adoptée par beaucoup de ceux qui étaient libérés de l’illusion ; elle est bonne, saine, convenable, béatifiante, méritoire. Ainsi je dis. (4)
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Un mendiant qui porte une robe et un bol comme second article ne pensera pas : « Je vais demander une seconde robe. » Il ne devrait demander que la robe qu’il est permis de demander, et il devrait la porter dans le même état qu’il l’a reçue. (Voir leçon 4, § 1.)
Mais quand vient la saison chaude, il faut laisser de côté les vêtements usés ; il faut se vêtir d’un seul vêtement, ou de rien, aspirant à la liberté. Sachant ce que le Vénérable, etc. (voir leçon 5, § 1).
Lorsqu’un mendiant pense : « Je suis moi-même, seul ; je n’ai rien qui m’appartienne et je n’appartiens à personne », il doit alors pleinement se reconnaître comme seul, aspirant à la libération. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il doit s’y conformer pleinement et en tous points. (1)
Un mendiant, homme ou femme, qui mange, etc., ne doit pas déplacer (le morceau) de la mâchoire gauche à la mâchoire droite, ni de la mâchoire droite à la mâchoire gauche, pour en savourer pleinement le goût, sans se soucier du goût – aspirant à la libération des liens. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il doit s’y conformer entièrement et en tous points. (2)
Si cette pensée vient à l’esprit d’un moine : « Je suis malade et je ne peux pas, en ce moment, mortifier régulièrement la chair », ce moine devrait réduire régulièrement sa nourriture ; réduisant régulièrement sa nourriture et diminuant ses péchés, « il devrait prendre soin de son corps, étant [ p. 72 ] immobile comme une poutre ; en s’efforçant, il dissout son corps [17]. » (3)
En entrant dans un village, une ville libre, une ville entourée de remparts, une ville isolée, une grande ville, une ville maritime, une mine, un ermitage, une halte de procession, une caravane ou une capitale [18], un moine doit mendier de la paille ; après avoir mendié, il doit se retirer avec elle dans un endroit isolé. Après avoir examiné et nettoyé le sol à plusieurs reprises, où il n’y a ni œufs, ni êtres vivants, ni graines, ni pousses, ni rosée, ni eau, ni fourmis, ni moisissure, ni gouttes d’eau, ni boue, ni toiles d’araignée, il doit y étendre la paille. Puis il doit immédiatement pratiquer (la mort religieuse appelée) itvara [19]. (4)
[ p. 73 ]
Telle est la vérité : en disant la vérité, libéré de toute passion, en traversant le samsâra, en apaisant l’indécision, en connaissant toute vérité sans être connu, en quittant ce corps fragile, en surmontant toutes sortes de douleurs et de difficultés par la confiance en elle (la religion), il accomplit cette terrible (mort religieuse). De même, il mettra fin à l’existence en temps voulu. Ceci a été adopté par beaucoup de ceux qui étaient libérés de l’illusion ; c’est bon, salutaire, convenable, béatifiant, méritoire. Ainsi dis-je. (5)
Un moine nu [20] se dit : « Je supporte les piqûres d’herbe, le froid et la chaleur, les piqûres de mouches et de moustiques ; je peux supporter ces sensations douloureuses et d’autres, mais je ne peux renoncer à couvrir mes parties intimes. » Il peut alors recouvrir ses parties intimes d’un morceau de tissu [21].
Un moine nu qui persévère dans cette conduite subit sans cesse ces sensations douloureuses et d’autres encore : l’herbe le pique, la chaleur et le froid l’attaquent, les mouches et les moustiques le piquent. Un moine nu devrait aspirer à la libération des liens. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il devrait s’y conformer entièrement et en tous points. (1)
Français Un moine qui a pris l’une des résolutions suivantes : ayant recueilli de la nourriture, etc., j’en donnerai à d’autres moines et je mangerai ce qu’ils ont apporté ; (ou) ayant recueilli de la nourriture, etc., j’en donnerai à d’autres moines, mais je ne mangerai pas ce qu’ils ont apporté ; (ou) ayant recueilli de la nourriture, etc., je n’en donnerai pas à d’autres moines, mais je mangerai ce qu’ils ont apporté ; (ou) ayant recueilli de la nourriture, etc., je n’en donnerai pas à d’autres moines et je ne mangerai pas ce qu’ils ont apporté ; (2) (ou) J’aiderai un compagnon ascète avec les restes de mon dîner, qui sont acceptables 1 et sont restés dans l’état où ils ont été reçus 2, et j’accepterai l’aide d’autres compagnons ascètes concernant les restes de leur dîner, qui sont acceptables et sont restés dans l’état où ils ont été reçus ; (ce moine doit respecter ces vœux même s’il risque sa vie) (3) — aspirant à la libération des liens. La pénitence lui convient. Sachant ce que le Vénérable a déclaré, il faut s’y conformer scrupuleusement. (4)
(Les deux derniers paragraphes de la dernière leçon doivent être reproduits ici.)
Ainsi je dis. (5)
Les sages qui parviennent dans l’ordre voulu [22] à l’un des états infaillibles (dans lesquels le suicide est prescrit), ceux qui sont riches en contrôle et dotés de connaissances, connaissant l’incomparable (la mort religieuse, devraient continuer leur contemplation). (1)
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Connaissant le double (obstacles, c’est-à-dire corporels et mentaux), les sages, ayant parfaitement appris la loi, percevant en temps voulu (que le temps de leur mort est venu), se débarrassent du karman. (2)
Maîtrisant ses passions et se nourrissant de peu [23], il doit endurer (les épreuves). Si un mendiant tombe malade, qu’il reprenne de la nourriture. (3)
Il ne doit pas aspirer à la vie, ni souhaiter la mort ; il ne doit aspirer ni à la vie ni à la mort. (4)
Celui qui est indifférent et souhaite la destruction du karma devrait poursuivre sa contemplation. Se détachant intérieurement et extérieurement, il devrait tendre vers la pureté absolue. (5)
Quel que soit le moyen que l’on connaît pour calmer sa propre vie [24], un homme sage devrait l’apprendre (c’est-à-dire le pratiquer) afin de gagner du temps (pour continuer la pénitence). (6)
Dans un village ou dans une forêt, examinant le sol et le reconnaissant comme exempt d’êtres vivants, le sage doit répandre la paille [^290]. (7)
Sans nourriture, il doit s’allonger et supporter les douleurs qui l’assaillent. Il ne doit pas céder trop longtemps aux sentiments mondains qui l’envahissent. (8)
Lorsque des animaux rampants ou vivant en hauteur ou en bas se nourrissent de sa chair et de son sang, il ne doit ni les tuer ni frotter (la plaie). (9)
Même si ces animaux détruisent le corps, il ne doit pas bouger de sa position,
[ p. 76 ]
Après que les âsravas ont cessé, il doit supporter (les douleurs) comme s’il s’en réjouissait. (10)
Lorsque les liens tombent, alors il a accompli sa vie.
(Nous allons maintenant décrire) une méthode plus élevée [25] pour un moine bien contrôlé et instruit. (11)
Cette autre loi a été proclamée par Gñâtriputra :
Il devrait abandonner tous les mouvements sauf le sien de la manière triple-triple [26]. (12)
Il ne doit pas s’allonger sur des pousses d’herbe, mais en inspectant le sol nu, il doit s’allonger dessus.
Sans aucun réconfort ni nourriture, il devrait endurer la douleur. (13)
Lorsque le sage devient faible dans ses membres, il doit s’efforcer de retrouver le calme [27].
Car celui-là est irréprochable, celui qui est bien établi et inébranlable (dans son intention de mourir). (14)
Il doit se déplacer d’avant en arrière (sur son sol), contracter et étirer (ses membres) pour le bien de tout le corps ; ou (il doit rester silencieux comme s’il était) sans vie. (15)
Il doit marcher lorsqu’il est fatigué (de rester allongé) ou se tenir debout avec les membres passifs ; lorsqu’il est fatigué de rester debout, il doit s’asseoir. (16)
Déterminé à une mort aussi rare, il devrait réguler les mouvements de ses organes.
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Arrivé dans un endroit grouillant d’insectes, il doit chercher un endroit propre. (17)
Il ne doit pas rester là où le péché surgirait.
Il devrait s’élever au-dessus (du péché) et supporter toutes les douleurs. (18)
Et c’est une méthode encore plus difficile [28], quand on vit selon elle : ne pas bouger de sa place, tout en contrôlant tous les mouvements du corps. (19)
C’est la loi la plus élevée, exaltée au-dessus de la méthode précédente :
Après avoir examiné un endroit de terre nue, il devrait y rester ; reste, ô Brâhmana ! (20)
Ayant atteint un lieu libre d’êtres vivants, il doit s’y fixer.
Il doit mortifier complètement sa chair, en pensant : Il n’y a pas d’obstacles dans mon corps. (21)
Sachant que tant qu’il vit, les dangers et les troubles, le sage et le modéré (ascète) doivent les supporter comme étant des instruments de la dissolution du corps. (22)
Il ne doit pas s’attacher aux plaisirs passagers, ni aux plus grands ; il ne doit pas nourrir le désir et l’avidité, ne recherchant que la louange éternelle. (23)
Il devrait être éclairé par les objets éternels [29], et ne pas se fier au pouvoir trompeur des dieux ; [ p. 78 ] un Brâhmana devrait savoir cela et rejeter toute infériorité [30]. (24)
Ne se consacrant à aucun des objets extérieurs, il arrive à la fin de sa vie ; pensant que la patience est le bien suprême, il (devrait choisir) l’une des (trois) bonnes méthodes décrites pour entrer dans le Nirvânâ. (25) Ainsi dis-je.
Fin de la septième conférence, intitulée Libération.
[^290] : 74:2 Ahâpariggahiya = ahâparigrihîta.
[^300] : 78 : 1 Nûmam karma mâyâ vâ.
62:1 Ce paragraphe et le suivant sont extrêmement difficiles à traduire. J’ai traduit les mots selon le scholiaste, et j’ai ajouté ce qu’il ajoute ; mais son interprétation peut difficilement être conciliée avec le texte. ↩︎
63:1 Les Gainas n’épousent pas l’une des solutions alternatives des questions métaphysiques et éthiques ; mais ils sont capables par le syâdvâda de croire à la coexistence de qualités contraires dans une seule et même chose. ↩︎
63:2 Dans toutes les autres sectes religieuses. ↩︎
63:3 Gâma = yâma. Ce sont : (1) ne tuer aucun être vivant, (2) ne pas mentir, (3) s’abstenir de choses interdites (vol et plaisirs sexuels). Ou bien les trois âges de l’homme sont visés par gâma, que nous avons traduit par vœux. ↩︎
64:1 Plus loin dans le commentaire (début de la sixième leçon), cela est appelé udgamotpâdanaishanâ. ↩︎
66:2 C’est-à-dire la maîtrise de soi. ↩︎
67:1 La dernière partie de ce paragraphe est presque identique à la conférence 2, leçon 5, § 3, à laquelle nous renvoyons le lecteur pour l’explication des phrases sombres. ↩︎
67:2 L’original a un corps de feu, auquel il est enjoint aux fidèles de ne pas nuire ; voir la conférence 2, leçon 4. ↩︎
67:3 Les trois robes autorisées à un moine Gaïna sont deux sous-vêtements en lin (kshaumikakalpa) et un vêtement supérieur en laine (aurnikakalpa). En plus de ceux-ci (kalpatraya), le moine possède, 2. un bol à aumônes (pâtra) avec six objets qui lui appartiennent, 3. un balai (ragoharana), 4. un voile pour la bouche (mukhavastrikâ). Le bol à aumônes et les objets qui lui appartiennent sont spécialisés dans les gâthâ suivants : pattam pattâbamdho pâyatthavanam ka pâyakesariyâ | padalâi rayattânam ka gokkhao pâyaniggogo || ↩︎
68:1 Choses, etc. : c’est le sens du terme technique ahesanigga yathaishanîya, objets de mendicité autorisés. ↩︎
68:2 Littéralement, tenue. Cf. II, 5, 2, § 1. ↩︎
68:3 C’est-à-dire la liberté des soucis et des intérêts du monde. ↩︎
68:4 Vasumam : riche (en contrôle). ↩︎
68:5 Mais il ne doit pas, pour échapper à ces épreuves, commettre un suicide tel qu’il n’est permis qu’aux ascètes ayant atteint le plus haut degré de perfection, lorsqu’ils sont mûrs pour le Nirvânâ. Le suicide ne fait que retarder la lutte finale pour le Nirvânâ ; mais il est préférable à la rupture du vœu. ↩︎ ↩︎
69:1 Voir leçon 4, § 1. ↩︎
69:2 Les manuscrits divergent quant à l’adaptation des termes de la leçon précédente au cas présent. Comme les commentaires ne constituent pas un contrôle et n’expliquent pas notre passage, j’ai choisi la lecture qui me semblait la plus probable. ↩︎
69:4 L’original ne contient que « aloegg », il devrait examiner si la nourriture, etc. est acceptable ou non. C’est ce qu’on appelle le grahanaishanâ. ↩︎
69:3 Abhihada = abhyâhrita : c’est un attribut typique des choses répréhensibles. Le commentateur l’explique ici par gîvopamardanivritta. ↩︎
70:1 Sâhammiya = sâdharmika, celui qui suit la même règle dans les cas où des règles différentes sont laissées au choix des mendiants. Le mot abhikamkha = abhikâṅkshya n’est pas traduit ; le commentateur l’interprète comme signifiant « souhaiter la libération des actes pécheurs ». ↩︎
70:2 De même que dans la leçon précédente, il est permis à un homme qui ne peut vaincre sa sensualité de se suicider (en se pendant, etc.), afin de mettre fin à ses épreuves et à ses tentations, de même dans cette leçon, il est permis à un homme dont la maladie l’empêche de persévérer dans une vie d’austérité de se suicider en rejetant nourriture et boisson. Ceci est appelé bhaktapânapratyâkhyânamukti. Il semble donc avoir été considéré comme conduisant à la libération finale (mukti). ↩︎
72:1 Il n’y a pas de verbe fini dans cette phrase, ni aucun mot qui puisse le remplacer. Les anciens auteurs gaïnois étaient si habitués à entourer leur sens d’exclusions et d’exceptions, et à le fortifier d’un labyrinthe de parenthèses, qu’ils oubliaient parfois apparemment d’exprimer le verbe, surtout lorsqu’ils utilisaient des fragments de vers anciens, comme dans le cas présent. ↩︎
73:1 Akela. ↩︎
73:2 C’est le katibandhana ou kolapattaka ; il doit avoir quatre doigts de large et un hasta de long. ↩︎
74:1 Ahesanigga : il avait les qualités qui sont requises d’une chose que le mendiant peut accepter. ↩︎
74:3 Les leçons précédentes traitaient du suicide accordé aux malades comme moyen d’accéder au Nirvânâ. La huitième leçon, rédigée en slokas, décrit les différentes sortes de morts religieuses qui constituent la fin d’une mortification de la chair (samlekhanâ) de douze ans. Mais l’ascète doit demander et obtenir la permission de son gourou avant de se suicider. ↩︎
75:1 Comparer la conférence 7, leçon 6, § 3. ↩︎
75:2 C’est-à-dire pour préserver la vie, lorsque la pénitence trop sévère entraîne la maladie et la probabilité d’une mort instantanée. ↩︎
75:3 Ici commence la description du bhaktapratyâkhyânamarana, le suicide par rejet de nourriture. ↩︎
76:1 Soit l’iṅgitamarana, qui diffère du précédent par la restriction des mouvements du candidat au suicide à un espace limité. ↩︎
76:2 C’est-à-dire du corps, de la parole et de l’esprit ; faire, ou causer, ou permettre que cela soit fait. ↩︎