TROISIÈME LEÇON, INTIMÉ LA CONNAISSANCE DES TROUBLES [^766]
PREMIER CHAPITRE.
Un homme se croit héros tant qu’il ne voit pas l’ennemi, comme le fit Sisupâla (avant de voir) le grand guerrier vaillant [^767]. (1)
Ils s’avancent vers la tête de la bataille ; mais lorsque le combat aura commencé, la mère ne reconnaîtra pas son fils, et il sera mutilé par son ennemi. (2)
Ainsi un novice, qui n’a pas encore souffert de douleurs et n’est pas encore habitué à la vie de mendiant, se croit un héros jusqu’à ce qu’il pratique les austérités [^768]. (3)
[ p. 262 ]
Quand, pendant l’hiver, ils souffrent du froid et des courants d’air, les faibles deviennent découragés comme les Kshattriyas qui ont perdu leur royaume. (4)
Quand ils souffrent de la chaleur de l’été, tristes et assoiffés, les faibles se découragent comme des poissons dans l’eau peu profonde. (5)
Il est pénible de ne prendre que ce qui est donné librement, et mendier est une tâche ingrate. On dit souvent que les hommes deviennent moines parce qu’ils refusent de travailler et sont malheureux. (6)
Les hommes faibles qui ne peuvent supporter ces insultes dans les villages ou les villes, se découragent comme des lâches dans la bataille. (7)
Il se peut qu’un chien grognant morde un moine affamé ; dans ce cas, les faibles seront découragés comme des animaux brûlés par le feu. (8)
Certains qui haïssent (les moines) les injurient : « Ceux qui mènent une vie (misérable) (comme le font les moines), ne font qu’expier (leurs péchés d’une vie antérieure). » (9)
Certains les qualifient de « nus, les plus vils des mendiants, les chauves, les galeux, les sales, les dégoûtants ». (10)
Ceux qui se comportent de cette manière et ne savent pas mieux, vont des ténèbres aux ténèbres les plus profondes, étant fous et enveloppés d’illusion [^769]. (11)
Lorsqu’ils sont piqués par des mouches et des moucherons, et incapables de supporter les piqûres d’herbe, ils commenceront à douter : « Je n’ai pas vu l’autre monde, tout peut finir par la mort [^770] ! » (12)
Certains hommes faibles qui souffrent de l’arrachage des cheveux et qui sont incapables de préserver leur chasteté, seront découragés comme des poissons transpercés par une lance [^771]. (13)
[ p. 263 ]
Certaines personnes de basse condition qui mènent une vie d’iniquité et entretiennent des opinions hérétiques, étant sujettes à l’amour et à la haine, blessent un moine. (14)
Certains imbéciles des pays éloignés prennent un moine pieux pour un espion ou un voleur, le lient et l’insultent avec des paroles colériques. (15)
Un moine faible, blessé par un bâton, un poing ou un fruit, se souvient de ses proches, tout comme une femme qui, dans une colère, a quitté son mari et sa maison. (16)
Toutes ces épreuves sont difficiles à supporter ; les faibles retournent à leur maison (quand ils ne peuvent les supporter), comme des éléphants couverts de flèches (s’effondrent). (17)
Ainsi je dis.