HUITIÈME LEÇON, APPELÉE À L’EFFORT [^877].
On dit que deux définitions de l’effort sont données ; mais en quoi consiste l’effort du vertueux, et comment est-il défini ? (1)
Certains disent qu’elle consiste dans les œuvres, et les pieux disent qu’elle consiste dans l’abstention d’œuvres. De ce point de vue, les hommes apparaissent divisés en deux catégories. (2)
L’insouciance est appelée (cause de) Karman, la prudence celle du contraire (c’est-à-dire l’absence de Karman) ; lorsque l’un ou l’autre est prédiqué
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(d’un homme, on l’appelle) soit un fou, soit un homme sage. (3)
Certains apprennent des sciences [^878] qui enseignent la destruction des êtres vivants, d’autres étudient des sorts pour tuer toutes sortes de créatures. (4)
Les trompeurs pratiquent la tromperie pour se procurer du plaisir et de l’amusement ; ils tuent, coupent et démembrent (des êtres) pour leur propre confort. (5)
Les insouciants (commettent des péchés) par leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, à l’égard de ce monde et du monde à venir, à la fois (en accomplissant l’acte eux-mêmes et en obligeant les autres à le faire). (6)
Un homme cruel [^879] commet des actes cruels et est ainsi impliqué dans d’autres cruautés ; mais les entreprises pécheresses finiront par entraîner la misère. (7)
Les pécheurs, sujets à l’amour et à la haine et faisant le mal, acquièrent le Karman provenant des passions [^880] et commettent de nombreux péchés. (8)
Ainsi a été décrit « l’effort conduisant aux œuvres » des pécheurs ; apprenez maintenant de moi « l’effort ne conduisant pas aux œuvres » des sages. (9)
Un moine pieux, qui est libéré des liens et a coupé toutes les chaînes, anéantit son mauvais Karman et enlève définitivement l’épine (du péché). (à)
Suivant la bonne doctrine, il s’efforce ; à mesure qu’il devient de plus en plus le réceptacle de la misère, ses mauvaises pensées (ou son péché) augmentent. (11)
Ceux qui ont de bonnes places (au paradis, etc.) doivent sûrement les quitter (un jour). Nous vivons avec nos proches et nos amis, mais pour un temps limité. (12)
Considérant cela, un homme sage devrait vaincre sa cupidité et entrer sur le noble (chemin), qui contient toutes les vertus et n’est pas blâmé [^881]. (13)
Qu’il connaisse l’essentiel de la Loi par intuition ou par instruction, un sans-abri (moine) doit s’efforcer de s’abstenir de péchés. (14)
Lorsqu’un homme sage, de quelque manière que ce soit, apprend que l’espace alloué à sa vie touche à sa fin, il devrait entre-temps apprendre rapidement la méthode (pour mourir d’une mort religieuse) [^882]. (15)
Comme une tortue rentre ses membres dans son propre corps, ainsi un homme sage devrait couvrir, pour ainsi dire, ses péchés par sa propre méditation. (16)
Il devrait, pour ainsi dire, attirer ses mains et ses pieds, son esprit et ses cinq organes des sens, l’effet de son mauvais Karman et tout mauvais usage du langage. (17)
Les vertueux s’efforcent de parvenir à un but lointain (à savoir la Libération [^883]). Il faut vivre [ p. 300 ] indifférent à son propre bonheur, calme et sans attachement. (18)
Ne tuez pas d’êtres vivants, ne prenez pas ce qui n’est pas donné gratuitement, ne proférez pas de paroles fausses et trompeuses ! Telle est la loi de celui qui est riche en maîtrise. (19)
Ne désire pas par des paroles ou des pensées ce qui est une transgression (de la Loi); veille sur toi en toutes choses, et maîtrise (les sens), et pratique la maîtrise. (20)
Un homme qui se protège et soumet ses sens, abhorre tous les péchés, passés, présents et futurs. (21)
Les hommes aveugles et de mauvaise foi, bien que réputés comme des héros, se livrent à de mauvaises actions, ce qui aura, à tous égards, de mauvaises conséquences pour eux. (22)
Les hommes sages de foi véritable, qui sont des héros renommés, s’efforcent d’une bonne manière qui n’aura aucune conséquence (mauvaise) pour eux. (23)
La pénitence ne sert à rien si elle est accomplie par des hommes nobles devenus moines (pour la gloire) ; mais celle dont personne d’autre ne sait rien (est méritoire). Ne répandez pas votre propre renommée [1] ! (24)
Un homme pieux devrait manger peu, boire peu, parler peu ; il devrait toujours faire des efforts, être calme, indifférent, dompteur (de ses sens) et exempt de cupidité. (25)
En méditant et en accomplissant des pratiques religieuses, [ p. 301 ] abandonnant son corps, considérant la patience comme le devoir primordial, un moine devrait errer jusqu’à ce qu’il obtienne la libération. (26)
Ainsi je dis.
[^886] : 298:2 Vêri = vairin, gîvôpamardakârin.
297:2 Vîrya; c’est le pouvoir ou la vertu d’une chose. ↩︎