NEUVIÈME LEÇON, APPELÉE LA LOI.
Quelle est la Loi prêchée par le sage Brâhmane [^885] (c’est-à-dire Mahâvîra) ? Apprenez de moi la noble Loi des Ginas telle qu’elle est. (1)
Brâhmanas, Kshattriyas, Vaisyas, Kândâlas, Vukkasas, chasseurs [^886], marchands [^887], Sûdras et autres qui sont habitués à accomplir des actes ; (2)
L’iniquité [^888] de tous ces hommes qui s’attachent à la propriété continue à augmenter ; car ceux qui se procurent des plaisirs par des actes pécheurs ne se débarrasseront pas de la misère. (3)
Après qu’un homme a commis des actes qui causent la mort d’êtres vivants, ses proches en quête de plaisir prennent possession de ses richesses, tandis que l’auteur de ces actes doit en souffrir. (4)
« Ma mère, mon père, ma belle-fille, mon frère, ma femme et mes fils ne pourront pas m’aider, quand je souffrirai pour mes propres actes [^889]. » (5)
[ p. 302 ]
Prenant à cœur cette vérité d’où découlent les vérités les plus importantes, un moine, sans propriété et sans égoïsme, devrait suivre l’enseignement des Ginas. (6)
Laissant sa richesse, ses fils, ses parents et ses biens, laissant derrière lui une tristesse qui ne cesse jamais, (un moine) devrait errer sans aucun intérêt mondain. (7)
La terre, l’eau, le feu et le vent ; l’herbe, les arbres et le maïs ; les animaux ovipares, les deux espèces d’animaux vivipares [^890] ; les êtres engendrés dans les fluides et dans la terre, et les plantes ; (8)
Un homme sage devrait connaître ces six classes d’êtres vivants et les traiter avec tendresse, en pensées, en paroles et en actes ; il ne devrait ni accomplir d’actions ni désirer de biens par lesquels il pourrait leur faire du mal. (9)
Les paroles mensongères, les rapports sexuels, les biens personnels, le fait de prendre des choses qui ne sont pas données librement : l’homme sage devrait s’abstenir de toutes ces causes de préjudice aux êtres vivants. (10)
La tromperie [^891], la cupidité [1], la colère [2] et l’orgueil [3] : combattez ces causes de péché ; un homme sage devrait s’en abstenir. (11)
Se laver, se teindre, faire de l’urine, évacuer les intestins, vomir, oindre les yeux, et tout ce qui est contraire aux règles de conduite [4] : de tout cela un homme sage doit s’abstenir. (12)
[ p. 303 ]
Parfums, couronnes, bains, nettoyage des dents, biens, actions se rapportant aux femmes : de tout cela l’homme sage devrait s’abstenir. (13)
Les aumônes qui ont été préparées, achetées, volées ou apportées pour le bien d’un moine, ou les aumônes qui contiennent des particules de ce qui est mentionné ci-dessus, ou les aumônes qui sont inacceptables (pour une raison ou une autre), de toutes celles-ci, un homme sage devrait s’abstenir. (14)
Nourriture revigorante, onction des yeux, cupidité, nuire à autrui, se laver les membres, les frotter avec de la poudre de Lôdhra, etc. : de tout cela, un homme sage devrait s’abstenir. (15)
Délibérer avec les laïcs, louer leur travail, répondre à leurs questions, manger les repas du maître de maison : de tout cela l’homme sage devrait s’abstenir. (16)
Il ne doit pas apprendre à jouer aux échecs [5], il ne doit rien dire de ce qui est interdit par la Loi ; un homme sage doit s’abstenir de bagarres et de querelles. (17)
Des chaussures, un parapluie, des dés, des chowries, travailler pour autrui, s’entraider : de tout cela un homme sage devrait s’abstenir. (18)
Un moine ne doit pas déverser ses excréments ou son urine parmi les plantes ; il ne doit jamais se rincer la bouche (même) avec de l’eau distillée après avoir retiré (tout ce qui est doué de vie). (19)
Il ne doit jamais manger ni boire dans le récipient d’un maître de maison, ni porter ses vêtements, surtout s’il est un moine nu : de tout cela, un homme sage devrait s’abstenir. (20)
Un tabouret, un lit ou un siège dans une maison, demandant des nouvelles et des souvenirs (de sports passés) : de tout cela un homme sage devrait s’abstenir. (21)
La renommée, la gloire et le renom, les honneurs et les égards, tous les plaisirs du monde entier : de tout cela l’homme sage devrait s’abstenir. (22)
Un moine (devrait se contenter) de la nourriture et de la boisson qui lui permettent de vivre ; il devrait en donner une partie aux autres : [^897].] (23)
Ainsi parla le Nirgrantha, le grand sage Mahâvîra ; celui qui possède une connaissance et une foi infinies a enseigné la Loi et les textes sacrés [^898]. (24)
En parlant, (un moine) doit utiliser le moins de mots possible ; il ne doit pas se réjouir des faiblesses d’autrui ; il doit éviter les discours trompeurs [^899] et doit répondre après mûre réflexion. (25)
On se repentira d’avoir employé le troisième genre de discours [^900] ; un secret ne doit pas être révélé. Tel est le commandement du Nirgrantha. (26)
[ p. 305 ]
(Un moine) ne devrait pas traiter quelqu’un de tous les noms [6], ni d’« ami », ni de son Gôtra ; « toi, toi » est vulgaire ; ne vous adressez jamais à quelqu’un par « tu ! » (27)
Un moine vertueux ne devrait jamais fréquenter les méchants ; il s’exposerait ainsi à des dangers déguisés en plaisirs. Un homme sage devrait en être conscient. (28)
(Un moine) ne doit pas rester dans la maison d’un maître de maison, sauf par contrainte ; il ne doit pas non plus s’amuser trop longtemps (à regarder) les jeux des enfants du village [7]. (29)
Ne désirant pas les belles choses, il doit vagabonder, s’efforcer ; et ne pas être négligent dans sa conduite, il doit supporter toutes les peines qu’il doit souffrir. (30)
S’il est battu, il ne doit pas se mettre en colère ; s’il est maltraité, il ne doit pas s’emporter ; avec un esprit calme, il doit tout supporter et ne pas faire grand bruit. (31)
Il ne doit pas jouir des plaisirs, même s’ils s’offrent à lui ; car c’est ainsi qu’il est dit qu’il atteint le discernement. Il doit toujours pratiquer ce qui est juste en présence des êtres éclairés. (32)
Il doit obéir et servir un enseignant sage et pieux, (des enseignants) qui sont des héros (de la foi), qui recherchent le bien de leurs âmes, sont fermes dans leur contrôle et soumettent leurs sens. (33)
Ces hommes, qui ne voient pas la lumière (pour ainsi dire) dans la vie domestique, sont les aimés du peuple ; ces héros, libérés de l’esclavage, ne désirent pas la vie. (34)
[ p. 306 ]
Ils ne recherchent pas les plaisirs sensuels, ils ne pratiquent pas les œuvres. Tout ce dont ils parlent sans cesse est contraire à la vraie foi. (35)
L’orgueil excessif et la tromperie, toutes les vanités du monde : tout cela, l’homme sage le sait et y renonce, et ainsi réalise sa libération finale. (36)
Ainsi je dis.
[^898] : 302:2 Paliuñkana = parikuñkana, c’est-à-dire mâyâ.
[^899] : 302:3 Bhayana = bhagana, c’est-à-dire lôbha.
[^900] : 302:4 Thandilla, c’est-à-dire krôdha.
301:1 Le mot brâhmana (mâhana) est ici, comme dans beaucoup d’autres passages, un simple titre honorifique qui pourrait être rendu par « ascète ». ↩︎
301:2 Ésaïe. ↩︎
301:3 Vesiya. ↩︎
301:4 Vera = vaira. ↩︎
301:5 Ce verset revient dans Uttarâdhyayana VI, 3 ; ci-dessus, p. 25. ↩︎
302:5 Ussayana = ukkhraya, c’est-à-dire mâna. Ces quatre passions sont nommées ici d’après la manière dont elles sont censées agir sur l’âme. Des noms similaires ont été utilisés précédemment, p. 248, notes 3-6. ↩︎
302:6 Il y a de la peur. ↩︎