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VINGT-QUATRIÈME CONFÉRENCE. LES SAMITIS.
Les huit articles [^326] du credo sont les Samitis et les Guptis ; il y a cinq Samitis et trois Guptis. (1)
Les Samitis [1] sont : 1. îryâ-samiti (aller par des sentiers foulés par des hommes, des bêtes, des charrettes, etc., et regarder attentivement afin de ne pas causer la mort d’aucune créature vivante) ; 2. bhâshâ-samiti (discours doux, salutaire, suave, juste) ; 3. êshanâ-samiti (recevoir des aumônes de manière à éviter les quarante-deux fautes qui sont prescrites) ; 4. âdâna-samiti (recevoir et garder les choses nécessaires aux exercices religieux, après les avoir soigneusement examinées) ; 5. ukkâra-samiti (accomplir les opérations de la nature dans un lieu peu fréquenté). Les trois Guptis (qui sont ici inclus dans le terme Samiti dans son application plus large) sont : 1. mano-gupti (empêcher l’esprit d’errer dans la forêt des plaisirs sensuels en l’employant dans la contemplation, l’étude, etc.) ; 2. vâg-gupti (empêcher la langue de dire des choses mauvaises par un vœu de silence, etc.) ; 3. kâya-gupti (mettre le corps dans une posture immobile comme dans le cas de Kâyôtsarga). (2)
Les huit Samitis sont ainsi brièvement énumérés, dans lesquels est compris tout le credo enseigné par les Ginas et exposé dans les douze Aṅgas. (3)
1. La marche d’un moine bien discipliné doit être pure à quatre égards : 1. par rapport à la cause [2] ; 2. par rapport au temps ; 3. par rapport au chemin ; 4. par rapport à l’effort [3]. (4)
La cause est : la connaissance, la foi et la bonne conduite ; le temps est le jour ; la route exclut les mauvaises voies. (5)
L’effort est quadruple : 1. la substance ; 2. le lieu ; 3. le temps ; et 4. l’état d’esprit. Écoutez-moi bien les expliquer. (6)
En ce qui concerne la substance : le (moine qui marche) doit regarder avec ses yeux ; en ce qui concerne le lieu : l’espace d’un yuga (c’est-à-dire quatre hastas ou coudées) ; en ce qui concerne le temps : aussi longtemps qu’il marche ; et en ce qui concerne l’état d’esprit : soigneusement [4]. (7)
Celui qui marche prudemment marche seulement en ne prêtant attention qu’à sa marche et à son corps (en l’exécutant), tandis qu’il évite de prêter attention aux objets des sens, mais (s’occupe) de son étude, cette dernière de cinq manières [5]. (8)
2. Céder à : la colère, l’orgueil, la tromperie et la cupidité, le rire, la peur, la loquacité et la calomnie [6] ; ces huit défauts doivent être évités par un moine bien discipliné ; il doit utiliser un discours irréprochable et concis au moment opportun. (9, 10)
3. En ce qui concerne la mendicité [7], un moine doit éviter les fautes dans la recherche [^334], dans la réception [8] et dans l’utilisation [9] des trois sortes d’objets, à savoir la nourriture, les objets d’usage et le logement. (11)
Un moine zélé doit éviter, dans le premier cas (c’est-à-dire dans la recherche de l’aumône), les fautes occasionnées soit par le donateur (udgama), soit par le receveur (utpâdana) ; dans le second cas (c’est-à-dire dans la réception de l’aumône), les fautes inhérentes à la réception ; et dans l’usage des objets reçus, les quatre fautes [^337]. (12) [ p. 132 ] 4. Si un moine prend ou abandonne les deux sortes d’objets appartenant à son équipement général et [ p. 133 ] supplémentaire [10], il doit procéder de la manière suivante. (13)
[ p. 134 ]
Un moine zélé doit essuyer la chose après l’avoir inspectée des yeux, puis il doit la prendre ou la poser, ayant le Samiti dans les deux cas [11]. (I 4)
5. Les excréments, l’urine, la salive, le mucus, les impuretés du corps, les abats, les déchets, son propre corps (lorsqu’il est sur le point de mourir), et tout ce qui y est lié (doit être éliminé de la manière qui sera décrite). (15)
[Un lieu peut ne pas être fréquenté et ne pas être vu (par les gens), ou ne pas être fréquenté mais vu, ou fréquenté et ne pas être vu, ou fréquenté et vu. (16)] [12]
Dans un endroit ni fréquenté ni vu par d’autres personnes, qui n’offre aucun obstacle à la maîtrise de soi, qui est plat, non couvert d’herbe ou de feuilles [13], et qui a été [ p. 135 ] amené dans son état actuel [14] il n’y a pas longtemps, qui est spacieux, a une couche superficielle inanimée [15], pas trop proche (du village, etc.), non perforé de trous, et est exempt d’insectes et de graines - dans un tel endroit il devrait laisser ses excréments, etc. (17, 18)
Les cinq Samitis sont ainsi brièvement énumérés, je vais maintenant expliquer dans l’ordre les trois Guptis [16]. (19)
Un moine zélé doit empêcher son esprit de désirer le malheur d’autrui [18], de penser à des actes qui causent de la misère aux êtres vivants [^347] et de penser à des actes qui causent leur destruction [19]. (21)
2. Le Gupti de la parole est également de quatre sortes (en référence aux quatre divisions comme au verset 20). (22)
Un moine zélé devrait empêcher ses paroles d’exprimer des désirs, etc. (comme au verset 21). (23)
3. En se tenant debout, assis, couché, en sautant, en marchant et en utilisant ses organes, un moine zélé doit empêcher son corps d’exprimer des désirs désagréables, [ p. 136 ] de commettre des actes qui causent de la misère aux êtres vivants ou qui entraînent leur destruction. (24, 25)
Ce sont les cinq Samitis pour la pratique de la vie religieuse, et les Guptis pour la prévention de tout péché. (26)
Telle est l’essence du credo qu’un sage devrait mettre en pratique à fond ; un tel homme sage dépassera bientôt le Cercle des Naissances. (27)
Ainsi je dis.
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[^334] : 131:3 Êshanâ.
[^337] : 131:6 Paribhôgaishanâ.
[^347] : 135:5 Samrambha.
129:1 Le mot que j’ai traduit par « article » est mâyâ, dont la forme sanskrite peut être mâtâ ou mâtrâ. Ce mot dérive de la racine mâ « trouver place dans » et désigne ce qui inclut d’autres choses (voir verset 3). Il peut aussi signifier mâtri « mère », comme Weber l’entend. Mais il s’agit là d’un double sens manifestement intentionnel. ↩︎
129:2 Les définitions placées entre parenthèses dans le texte sont tirées du rapport de Bhandarkar pour 1883-1884, p. 98, note †, p. 100, note *. ↩︎
130:1 Âlambana, littéralement soutien ; expliqué : soutenu par lequel l’esprit devient pur. ↩︎
130:2 Gâyanâ = yatna; il consiste principalement en la compassion envers les créatures vivantes (gîvadayâ). ↩︎
130:3 Upayukta. ↩︎
131:1 Les « cinq voies » sont vâkanâ, etc., comme expliqué dans la vingt-neuvième leçon, §§ 39-23, ci-dessous, p. 165 et suiv. Les commentateurs fournissent kuryât « il devrait poursuivre son étude ». ↩︎
131:2 Vikahâ = vikathâ, qui n’apparaît pas en sanskrit courant. Peut-être signifie-t-il vikatthâ, « se vanter ». ↩︎
131:4 Gavêshanâ. ↩︎
131:5 Grahanaishanâ. ↩︎
131:7 Il y a en tout quarante-six fautes à éviter. Comme elles sont fréquemment mentionnées dans les textes sacrés, une énumération et une description systématiques de celles-ci selon la Dîpikâ seront utiles.
Il existe seize udgama-dôshas par lesquels la nourriture, etc., devient impropre à un moine Gaina :
1. Âdhâkarmika, le défaut inhérent à la nourriture, etc., qu’un laïc a préparée spécialement pour les mendiants religieux de quelque secte que ce soit.
2. Auddêsika, est la nourriture, etc., qu’un laïc a préparée pour un moine en particulier. [ p. 132 ]
3. Pûtika, est un aliment, etc., qui est pur dans son ensemble, mais qui contient des particules impures à cause du premier défaut.
4. Unmisra, est un aliment, etc., dont une partie seulement a été spécialement préparée pour le moine en question.
5. Sthâpanâkarmika, est la nourriture, etc., qui a été réservée au moine.
6. Prâbhritika, est de la nourriture, etc., qui a été préparée pour une fête.
7. Prâduhkarana, lorsque le laïc doit allumer une lampe pour aller chercher l’aumône pour le moine.
8. Krîta, quand il doit acheter des choses.
9. Prâmitya, lorsqu’il doit aller chercher une louche (? uddhâraka) pour extraire la nourriture, etc.
10. Parâvritti, lorsqu’il remplace les mauvaises particules de la nourriture par de bonnes, et vice versa.
11. Adhyâhrita, lorsqu’il doit aller chercher la nourriture, etc., à une certaine distance.
12. Udbhinna, lorsqu’il doit ouvrir les serrures avant d’accéder à la nourriture, etc.
13. Mâlâhrita, lorsqu’il doit prendre la nourriture, etc., dans un endroit surélevé ou souterrain.
14. Âkkhidya, lorsque la nourriture, etc., a été prise de force à quelqu’un.
15. Anisrishta, lorsqu’un homme donne d’un magasin qu’il possède en commun avec d’autres hommes, sans demander leur permission.
16. Adhyavapûra, lorsque le mendiant appelle pendant que le dîner est en train d’être préparé, et pour lui, on met plus de nourriture dans le pot sur le feu.
(Certains de ces défauts sont énumérés dans l’Aupapâtika Sûtra, § 96, III.)
Il y a seize utpâdana-dôshas, ou fautes occasionnées par le moine qui utilise un moyen quelconque pour obliger le laïc à lui faire l’aumône :
1. Dhâtrîkarman, lorsque le moine joue avec les enfants du laïc.
2. Dûtakarman, lorsqu’il lui donne des informations sur ce que fait son peuple.
3. Nimitta, lorsqu’il parle en louange de l’aumône.
4. Âgîvikâ, lorsqu’il lui fait connaître sa naissance et sa famille. [ p. 133 ] 5. Vapanîka, lorsqu’il s’étend sur sa misère.
6. Kikitsâ, lorsqu’il guérit les malades.
7. Krôdhapinda, lorsqu’il extorque des aumônes par des menaces.
8. Mânapinda, lorsqu’il dit au laïc qu’il a parié avec d’autres moines qu’il recevrait de lui l’aumône.
9. Mâyâpinda, lorsqu’il emploie des ruses ou des bouffonneries pour obtenir des aumônes.
10. Lôbhapinda, lorsqu’il va mendier par désir de bonne chère.
11. Samstava-pinda, quand il flatte le profane.
12. Vidyâpinda, lorsqu’il fait étalage de son savoir ; ou lorsqu’il invoque un dieu auprès duquel il reçoit des aumônes.
13. Mantradôsha, lorsqu’il oblige le laïc d’une manière ou d’une autre.
14. Kûrnayôga, lorsqu’il se rend invisible et emporte ensuite la nourriture, etc.
15. Yôgapinda, lorsqu’il enseigne aux gens des sorts, des tours, etc.
16. Mûlakarman, lorsqu’il leur enseigne comment prévenir les maux par des racines, des charmes, etc.
Il y a dix défauts de grahanaishanâ :
1. Saṅkita, lorsqu’un moine accepte l’aumône d’un laïc effrayé.
2. Mrakshita, lorsque la nourriture est souillée (kharanita) par une matière animée ou inanimée.
3. Nikshipta, lorsque la nourriture est placée parmi des choses animées.
4. Pihita, lorsque la nourriture animée est recouverte de matière inanimée, et vice versa.
5. Samhrita, lorsque le laïc doit sortir la chose à donner d’un récipient et la mettre dans un autre.
6. Dâyaka, lorsque la condition ou l’occupation du donateur interdit d’accepter l’aumône de sa part.
7. Unmisrita, lorsque le profane mélange des aliments purs avec des aliments impurs.
8. Aparita (?), lorsqu’un copropriétaire cède le magasin contre la volonté de l’autre.
9. Lipta, lorsque le laïc donne de la nourriture, etc., avec une louche ou sa main, souillée de lait, de beurre, etc.
10. Khardita, lorsqu’en faisant l’aumône il renverse du lait, etc. [ p. 134 ]
Il y a quatre défauts de paribhôgaishanâ :
1. Samyôganâ, lorsque le moine rassemble les ingrédients pour un bon repas.
2. Apramâna, lorsqu’il accepte une quantité de nourriture supérieure à celle prescrite.
3. Iṅgâla, lorsqu’il félicite un homme riche pour sa bonne nourriture, ou dhûma, lorsqu’il blâme un homme pauvre pour sa mauvaise nourriture.
4. Akârana, lorsqu’il mange des aliments de choix en d’autres occasions que celles prévues dans les textes sacrés. ↩︎
133:1 Voir page suivante. p. 135 Aughika et aupagrahika. Le premier s’explique sâmudâyika, l’autre désigne des objets dont on a besoin occasionnellement, comme un bâton. Je ne parviens pas à déterminer avec certitude, d’après les commentaires, si le balai est compté parmi les premiers ou les seconds. ↩︎
134:2 Cela signifie, selon le commentateur, soit en prenant ou en déposant, soit par rapport à l’ensemble ôgha et aupagrahika, soit par rapport à la substance et à l’état d’esprit. ↩︎
134:3 Ce verset, qui est dans un mètre différent (Âryâ), est apparemment un ajout ultérieur, et a probablement été tiré d’un ancien commentaire, le Kûrni ou le Bhâshya. ↩︎
134:4 Agghusirê = asushirê, non perforé, sans trous. Je traduis selon l’auteur de l’Avakûri. La traduction littérale de la page 135 serait erronée, car elle équivaudrait au mot bilavargita du verset suivant. ↩︎
135:1 C’est-à-dire là où le terrain a été défriché il n’y a pas longtemps en brûlant l’herbe, etc. ↩︎
135:2 Ôgâdhê, où le sol animé est recouvert d’au moins cinq doigts de matière inanimée. ↩︎
135:3 À savoir de l’esprit (20, 21), de la parole (22, 23) et du corps (24, 25). ↩︎
135:4 Voir partie i, p. 150, note 2. ↩︎
135:6 Samârambha. ↩︎