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VINGT-NEUVIÈME CONFÉRENCE. L’EFFORT DANS LA JUSTICE.
Ô toi qui vis longtemps (Gambûsvâmin) ! J’ai (Sudharman) entendu le discours suivant du vénérable (Mahâvîra).
Ici, en vérité, le Vénérable Ascète Mahâvîra, du Kasyapa Gôtra, a prononcé cette conférence intitulée « L’effort dans la droiture ». Nombreuses sont les créatures qui croient sincèrement au sujet (enseigné dans cette conférence), y accordent foi, l’acceptent, le pratiquent, s’y conforment, l’étudient, le comprennent, l’apprennent et agissent en conséquence selon le précepte (des Ginas) [^421] — ont obtenu la perfection, l’illumination, la délivrance, la béatitude finale et ont mis fin à toute misère.
Cette conférence traite des sujets suivants :
1. samvêga, désir de libération ;
2. nirvêda, mépris des objets du monde ;
3. dharmasraddhâ, désir de la Loi ;
4. gurusâdharmikasusrûshanâ, obéissance aux coreligionnaires et au Guru.
5. âlôkanâ, confession des péchés devant le gourou ;
6. nindâ, se repentir de ses péchés envers soi-même ;
7. garhâ, se repentir de ses péchés devant le gourou ; [ p. 159 ] 8. sâmâyika, pureté morale et intellectuelle de l’âme ;
9. katurvimsatistava, adoration des vingt-quatre Ginas ;
10. vandana, rendant hommage au gourou ;
11. pratikramana, expiation des péchés ;
12. kâyôtsarga, une position particulière du corps ;
13. pratyâkhyâna, renoncement à soi-même ;
14. stavastuimaṅgala, louanges et hymnes ;
15. kâlasya pratyupêkshanâ, garder le bon temps ;
16. prâyaskittakarana, pratiquer la pénitence ;
17. kshamâpana, implorant le pardon ;
18. svâdhyâya, étude ;
19. vâkanâ, récitation des textes sacrés ;
20. pariprikkhanâ, interrogeant (le professeur) ;
21. parâvartanâ, répétition ;
22. anuprêkshâ, méditant ;
23. dharmakathâ, discours religieux ;
24. srutasyârâdhanâ, acquisition de la connaissance sacrée ;
25. êkâgramanahsannivêsanâ, concentration des pensées ;
26. samyama, contrôle ;
27. tapas, austérités ;
28. vyavadâna, coupant le Karman ;
29. sukhâsâta, renoncer au plaisir ;
30. apratibaddhatâ, indépendance mentale ;
31. vikitrasayanâsanasêvanâ, utilisant des logements et des lits peu fréquentés ;
32. vinivartanâ, se détourner du monde ;
33. sambhôgapratyâkhyâna, renoncer à la collecte d’aumônes dans un seul district ; [ p. 160 ] 34. upadhipratyâkhyâna, renoncer aux objets d’usage ;
35. âhârapratyâkhyâna, renoncer à la nourriture ;
36. kashâyapratyâkhyâna, vaincre les passions ;
37. yôgapratyâkhyâna, renoncer à l’activité ;
38. sarîrapratyâkhyâna, renoncer au corps ;
39. sahâyapratyâkhyâna, renoncer à la compagnie ;
40. bhaktapratyâkhyâna, renonçant à toute nourriture ;
41. sadbhâvapratyâkhyâna, renoncement parfait ;
42. pratirûpatâ, conforme à la norme ;
43. vaiyâvritya, rendre service ;
44. sarvagunasampûrnatâ, accomplissant toutes les vertus ;
45. vîtarâgatâ, liberté de la passion ;
46. kshânti, patience;
47. mukti, liberté de la cupidité ;
48, ârgava, simplicité ;
49. mârdava, humilité ;
50. bhâvasatya, sincérité d’esprit ;
51. karanasatya, sincérité de la pratique religieuse ;
52. yôgasatya, sincérité d’agir ;
53. manôguptatâ, vigilance de l’esprit ;
54. vâg-guptatâ, vigilance du discours ;
55. kâyaguptatâ, vigilance du corps ;
56. manahsamâdhâranâ, discipline de l’esprit ;
57. vâksamâdhâranâ, discipline de la parole ;
58. kâyasamâdhâranâ, discipline du corps ;
59. gñânasampannatâ, possession de connaissances ;
60. darsanasampannatâ, possession de la foi ;
61. kâritrasampannatâ, possession de la conduite ; [ p. 161 ] 62. srôtrêndriyanigraha, soumettre l’oreille ;
63. kakshurindriyanigraha, soumettre l’œil ;
64. ghrânêndriyanigraha, maîtriser l’organe de l’odorat ;
65. gihvêndriyanigraha, soumettre la langue ;
66. sparsanêndriyanigraha, maîtriser l’organe du toucher ;
67. krôdhavigaya, vaincre la colère ;
68. mânavigaya, orgueil conquérant ;
69. mâyâvigaya, vaincre la tromperie ;
70. lôbhavigaya, vaincre la cupidité ;
71. prêmadvêshamithyâdarsanavigaya, conquérir l’amour, la haine et les fausses croyances ;
72. sailêsî, stabilité ;
73. akarmatâ, liberté de Karman.
2. Seigneur, qu’obtient l’âme en négligeant les objets du monde [1] ? En les négligeant, l’âme éprouve rapidement du dégoût pour les plaisirs dont jouissent les dieux, les hommes et les animaux ; elle devient indifférente à tous les objets ; elle cesse ainsi toute entreprise, ce qui l’amène à quitter la voie du Samsâra et à s’engager sur la voie de la perfection. (2)
3. Seigneur [2], qu’obtient l’âme par le désir de la Loi ? Par le désir de la Loi, l’âme devient indifférente aux plaisirs et au bonheur auxquels elle était attachée ; elle abandonne la vie de maître de maison et, tel un moine sans abri, elle met fin à toutes les souffrances du corps et de l’esprit, qui consistent à se couper, à se percer, à s’unir à des choses désagréables, etc. ; et elle obtient un bonheur sans entrave. (3)
4. Par l’obéissance à ses coreligionnaires et au gourou, l’âme acquiert la discipline (vinaya). Par la discipline et l’évitement de toute mauvaise conduite (envers le maître [3]), elle évite de renaître comme habitant de l’enfer, comme animal, comme homme (inférieur) ou comme dieu (mauvais) ; par la louange zélée, la dévotion et le respect (du gourou), elle acquiert la renaissance comme homme (bon) ou comme dieu, atteint la perfection et la béatitude, accomplit toutes les actions louables prescrites par la discipline et persuade les autres d’adopter la discipline. (4)
5. Par la confession des péchés (devant le gourou), l’âme se débarrasse des épines, pour ainsi dire, de la tromperie, des austérités mal appliquées [4] et des croyances erronées, qui obstruent la voie de la libération finale et provoquent une migration sans fin de l’âme ; elle obtient la simplicité, par laquelle l’âme libérée de la tromperie n’acquiert pas le Karman qui conduit à un désir charnel pour une femme ou un eunuque [^426], et anéantit le Karman qu’elle avait acquis auparavant. (5) [ p. 163 ] 6. En se repentant de ses péchés, l’âme obtient le repentir, et devenant indifférente par le repentir, elle se prépare une échelle (ascendante) de vertus [5], par laquelle elle détruit le Karman résultant de l’illusion. (6)
7. En se repentant de ses péchés devant le Guru, l’âme obtient l’humiliation ; se sentant humiliée, elle abandonnera toutes les occupations blâmables [6] et s’appliquera à des occupations louables, par lesquelles un moine sans abri arrêtera d’infinis développements invalidants [7]. (7)
8. Par la pureté morale et intellectuelle (littéralement, l’équilibre), l’âme cesse les occupations pécheresses. (8)
9. Par l’adoration des vingt-quatre Ginas, l’âme parvient à la pureté de la foi. (9)
10. En rendant hommage au gourou, l’âme détruit le karman qui la conduit à naître dans les familles inférieures et acquiert le karman qui la conduit à naître dans les familles nobles ; elle gagne l’affection des gens, ce qui lui vaut d’être considérée comme une autorité, et elle suscite la bienveillance générale. (10)
11. Par l’expiation des péchés, il prévient les transgressions des vœux ; ainsi il arrête les Âsravas, préserve une conduite pure, pratique les huit articles [8], ne néglige pas (la pratique du contrôle) et y prête une grande attention. (11) [ p. 164 ] 12. Par Kâyôtsarga, il se débarrasse des transgressions passées et présentes qui nécessitent le Prâyaskitta [9] ; ainsi son esprit est apaisé comme un portier soulagé de son fardeau ; et s’engageant dans une contemplation louable, il jouit du bonheur. (12)
13. Par l’abnégation, il ferme, pour ainsi dire, les portes des Âsravas ; par l’abnégation, il empêche les désirs de s’élever en lui ; en empêchant les désirs, il devient, pour ainsi dire, indifférent et froid envers tous les objets. (13)
14. Par les louanges et les hymnes, il acquiert la sagesse qui consiste en connaissance, foi et conduite ; il acquiert ainsi une telle amélioration qu’il mettra fin à son existence terrestre [^432], (ou) renaîtra plus tard dans l’un des Kalpas et Vimânas [10]. (14)
15. En observant le bon moment, il détruit le Karman qui entrave la connaissance juste. (15)
16. En pratiquant la Prâyaskitta [9:1], il se débarrasse des péchés et ne commet aucune transgression ; celui qui pratique correctement la Prâyaskitta obtient la voie et la récompense de la voie [11], il obtient la récompense d’une bonne conduite. (16)
17. En demandant pardon, il obtient le bonheur de l’esprit ; il acquiert ainsi une disposition bienveillante envers toutes sortes d’êtres vivants [12] ; par cette [ p. 165 ] disposition bienveillante, il obtient la pureté de caractère et l’absence de peur. (17)
18. Par l’étude, il détruit le Karman qui fait obstacle à la connaissance juste. (18)
19. Par la récitation des textes sacrés, il obtient la destruction de Karman et contribue à préserver la tradition sacrée, par laquelle il acquiert la Loi du Tîrtha [13], qui le conduit à nouveau à la destruction complète de Karman et à l’annihilation finale de l’existence terrestre. (19)
20. En interrogeant (le maître), il parvient à une compréhension correcte du Sûtra et de sa signification, et il met fin au Karman qui produit le doute et l’illusion. (20)
21. Par la répétition, il reproduit les sons (c’est-à-dire les syllabes) et les mémorise. (21)
22. En méditant (sur ce qu’il a appris), il desserre l’emprise que les sept sortes de Karman, à l’exception de l’Âyushka [14], (ont sur l’âme) ; il raccourcit leur durée lorsqu’elle devait être longue ; il atténue leur pouvoir lorsqu’il était intense ; (il réduit leur sphère d’action lorsqu’elle était large) [15] ; il peut acquérir ou non l’Âyushka-karman, mais il n’accumule plus de Karman qui [ p. 166 ] produit des sensations désagréables, et il traverse rapidement la très vaste forêt du quadruple Samsâra, qui est sans commencement ni fin. (22)
23. Par des discours religieux, il obtient la destruction du Karman ; par des discours religieux, il exalte la croyance, et en exaltant la croyance, il acquiert le Karman, qui assure, pour l’avenir, une félicité permanente. (23)
24. Par l’acquisition de la connaissance sacrée, il détruit l’ignorance et ne se laisse pas corrompre par la mondanité. (24)
25. Par la concentration de ses pensées, il obtient la stabilité de l’esprit. (25)
26. Par le contrôle, il obtient la liberté des péchés. (26)
27. Par des austérités, il coupe le Karman [16]. (27)
28. En coupant le Karman, il obtient (la quatrième étape de la méditation pure caractérisée par) la liberté des actions. En n’accomplissant aucune action, il obtiendra la perfection, l’illumination, la délivrance et la béatitude finale, et mettra fin à toute misère. (28)
29. En renonçant aux plaisirs, il se libère des faux désirs, ce qui lui permet de devenir compatissant, humble, libéré de la tristesse et de détruire le Karman produit par l’illusion concernant la conduite. (29)
30. Par l’indépendance mentale, il se débarrasse de l’attachement, concentrant ainsi ses pensées (sur la Loi) et devenant à jamais sans attachement ni affection (pour les choses du monde). (30)
31. En utilisant des logements et des lits peu fréquentés, il obtient le Gupti de conduite, par lequel il utilisera [ p. 167 ] la nourriture autorisée, sera constant dans sa conduite, sera exclusivement ravi (de contrôle), obtiendra un désir ardent de délivrance et coupera le lien du Karman octuple. (31)
32. En se détournant du monde, il s’efforcera de ne commettre aucune mauvaise action et éliminera son Karman déjà acquis par sa destruction ; alors il traversera la forêt du quadruple Samsâra. (32)
33. En renonçant à la collecte d’aumônes dans un seul district [17], il surmonte les obstacles [18] ; sans être freiné par eux, il s’efforce d’atteindre la libération ; il se contente des aumônes qu’il reçoit et n’espère pas, ne se soucie pas, ne désire pas, ne convoite pas celles d’un autre moine ; n’enviant pas les autres moines, il prend un logement séparé et agréable [19]. (33)
34. En renonçant aux objets d’usage [^443], il obtient des études réussies ; sans objets d’usage, il devient exempt de désirs et ne souffre pas de misère. (34)
35. En renonçant à la nourriture (interdite), il cesse d’agir pour subvenir à ses besoins ; cessant d’agir pour subvenir à ses besoins, il ne souffre pas de la privation de nourriture. (35)
36. En surmontant ses passions, il s’en libère ; il devient ainsi indifférent au bonheur et aux souffrances. (36)
37. En renonçant à l’activité, il obtient l’inactivité ; en cessant d’agir, il n’acquiert aucun nouveau Karman et détruit le Karman qu’il avait acquis auparavant. (37)
38. En renonçant à son corps, il acquiert les vertus prééminentes des Siddhas, par la possession desquelles il accède à la plus haute région de l’univers et devient absolument heureux. (38)
39. En renonçant à la compagnie, il obtient la solitude ; étant célibataire et concentrant son esprit, il évite les disputes, les querelles, les passions et la censure, et il acquiert un haut degré de maîtrise, de Samvara et de prudence [20]. (39)
40. En renonçant à toute nourriture, il empêche sa nouvelle naissance des centaines de fois. (40)
41. Par le renoncement parfait [21], il entre dans la phase finale (quatrième étape de la méditation pure), d’où il n’y a pas de retour ; un moine qui est dans cet état détruit les quatre restes de Karman que possède même un Kêvalin, à savoir vêdanîya, âyushka, nâman et gôtra [22] ; et alors il mettra fin à toute misère. (41)
42. En se conformant au standard des moines [23] il obtient l’aisance, par là il sera prudent, portera ouvertement les excellents insignes de l’ordre, sera d’une parfaite droiture, possédera la fermeté et le Samitis, inspirera à tous les êtres la confiance, ne pensera qu’à peu de choses [24], soumettra ses sens et pratiquera, à un haut degré, le Samitis et les austérités. (42)
43. En rendant service, il acquiert le Karman [ p. 169 ] qui lui confère le nâman et le gôtra d’un Tîrthakara. (43)
En accomplissant toutes les vertus, il s’assure qu’il ne renaîtra pas ; ainsi il sera exempté des douleurs du corps et de l’esprit. (44)
45. En se libérant de la passion, il coupe les liens de l’attachement et du désir ; il devient ainsi indifférent à tous les sons, touchers, couleurs et odeurs, agréables et désagréables. (45)
46. Par la patience, il surmonte les difficultés. (46)
47. En se libérant de la cupidité, il obtient la pauvreté volontaire, par laquelle il deviendra inaccessible au désir de propriété. (47)
48. Par la simplicité, il deviendra droit dans ses actions, ses pensées et ses paroles, et il deviendra véridique ; par là, il pratiquera véritablement la Loi. (48)
49. Par l’humilité, il acquerra la liberté de l’orgueil ; ainsi il deviendra doux et bienveillant, et évitera les huit sortes d’orgueil. (49)
50. Par la sincérité de l’esprit, il obtient la pureté de l’esprit, ce qui le poussera à s’efforcer d’accomplir la Loi que les Ginas ont proclamée ; et il la pratiquera également dans l’autre monde. (50)
51. Par la sincérité dans la pratique religieuse, il acquiert de la compétence ; étant compétent en la matière, il agira conformément à ses paroles. (51)
52. Par la sincérité de ses actes, il deviendra pur dans ses actions. (52)
53. Par la vigilance [^449] de l’esprit, il concentre ses pensées ; ainsi, il exerce véritablement le contrôle. (53) [ p. 170 ] 54. Par la vigilance de ses paroles, il se tient à l’écart de toute prévarication ; ainsi, il permet à son esprit d’agir correctement. (54)
55. En surveillant son corps, il obtient le Samvara [25] ; il prévient ainsi les Âsravas pécheurs. (55)
56. Par la discipline de l’esprit, il obtient la concentration de ses pensées ; il obtient ainsi le développement de la connaissance, qui produit la droiture et anéantit les croyances erronées. (56)
57. Par la discipline de la parole, il obtient le développement de la foi, par laquelle il acquiert la facilité de s’éclairer et détruit les causes qui l’empêchent. (57)
58. Par la discipline du corps, il obtient le développement de la conduite, ce qui l’amène à se conduire selon la règle ; il détruit ainsi les quatre restes de Karman que possède même un Kêvalin [26] ; après cela, il obtient la perfection, l’illumination, la délivrance et la béatitude finale, et il met fin à toute misère. (58)
59. Par la possession du savoir, il acquiert la compréhension des mots et de leur signification ; ainsi, il ne périra pas dans la forêt du quadruple Samsâra ; comme une aiguille et son fil ne se perdent pas, ainsi l’âme possédant le savoir sacré [^452] ne se perdra pas dans le Samsâra ; elle accomplit toutes les actions prescrites relatives à la connaissance, à la discipline, aux austérités et à la conduite, et, versé dans ses propres croyances et dans les croyances hétérodoxes, il deviendra invincible. (59)
60. Par la foi, il anéantit les croyances erronées qui sont la cause de l’existence terrestre, et il ne perd pas sa lumière intérieure ; mais il dote son Soi de la connaissance et de la foi les plus élevées, et le purifie [27]. (60)
61. Par la possession de la conduite, il obtient une stabilité semblable à celle du roi des montagnes [28] (à savoir Mêru), par laquelle un moine sans abri détruit les quatre vestiges de Karman que possède même un Kêvalin ; après cela, il obtient la perfection, l’illumination, la délivrance et la béatitude finale, et met fin à toute misère. (61)
62. En maîtrisant l’organe de l’ouïe, il surmonte son plaisir ou son aversion pour tous les sons agréables ou désagréables, il n’acquiert aucun Karman produit par celui-ci et détruit le Karman qu’il avait acquis auparavant. (62)
63-66. (Tout cela s’applique également à sa) maîtrise des organes de la vue, de l’odorat, du goût et du toucher (en ce qui concerne) les couleurs, les odeurs, les goûts et les touchers agréables. (63-66)
67. En conquérant la colère, il obtient la patience ; il n’acquiert aucun Karman productif de colère [29], et détruit le Karman qu’il avait acquis auparavant. (67)
68. En vainquant l’orgueil, il obtient la simplicité, etc. (comme en 67, en substituant l’orgueil à la colère). (68)
69. En surmontant la tromperie, il obtient l’humilité, etc. (comme en 67, en remplaçant la colère par la tromperie). (69) [ p. 172 ] 70. En surmontant l’avidité, il obtient le contentement, etc. (comme en 67, en remplaçant la colère par l’avidité). (70)
71. En conquérant l’amour, la haine et la croyance erronée, il s’efforce d’acquérir la connaissance, la foi et la conduite justes, puis il coupera les chaînes du Karman octuple ; il détruira d’abord les vingt-huit sortes [30] de Karman, qui sont productrices d’illusion ; (puis) les cinq sortes d’obstruction à la connaissance juste [31], les neuf sortes d’obstruction à la foi juste [32], et les cinq sortes d’obstacles (appelés Antarâya) : les trois derniers restes de Karman, il les détruit simultanément ; ensuite il obtient la connaissance et la foi absolues, qui sont suprêmes, pleines, complètes, incontrôlées, claires, sans défaut, et éclairant (ou pénétrant) l’univers entier ; et tandis qu’il agit encore [33], il n’acquiert que le Karman qui est inséparable des actes religieux [34] ; les sentiments agréables (produits par lui) durent avant deux moments : dans le premier moment il est acquis, dans le deuxième il est expérimenté, et dans le troisième il est détruit ; ce Karman est produit, entre en contact (avec l’âme), prend naissance, est expérimenté, et est détruit ; pour tous les temps à venir, il est exempt de Karman. (71)
72. Puis [35], lorsque sa vie est passée à moins de [ p. 173 ] la moitié d’un muhûrta, il cesse d’agir et entre dans la méditation pure (troisième degré) [36], sans rechute (aux degrés inférieurs), qui ne requiert que les fonctions les plus subtiles (de ses organes) ; il arrête d’abord les fonctions de son esprit, puis celles de la parole, puis celles du corps, et enfin il cesse de respirer. Pendant le temps nécessaire à la prononciation de cinq syllabes courtes, il est engagé dans la méditation pure finale, dans laquelle toutes les fonctions (de ses organes) cessent, et il annihile simultanément les quatre vestiges de Karman, à savoir : vêdanîya, âyushka, nâman et gôtra [37]. (72)
73. Puis, s’étant débarrassée, par tous les moyens, de ses corps audârika, kârmana (et taigasa), l’âme prend la forme d’une ligne droite, monte en un instant, sans rien toucher et sans occuper d’espace, (vers le plus haut Akâsa), et là, se développe dans sa forme naturelle, obtient la perfection, l’illumination, la délivrance et la béatitude finale, et met fin à toute misère. (73)
C’est en effet le sujet de la conférence intitulée l’effort dans la droiture, que le Vénérable Ascète Mahâvîra a racontée, déclarée, expliquée, démontrée. (74)
Ainsi je dis.
Vingt-huitième leçon. La voie vers la délivrance finale | Page de titre | Trentième conférence. La voie de la pénitence |
[^426] : 162:3 Nidâna, cf. p. 60, n. 2.
[^443] : 167 : 2 Âlambanâ, glânatâdi.
[^449] : 168 : 4 Expliqué : sthavirakalpasâdhuvêshadhâritvam.
[^452] : 170:1 Pour Samvara et Âsrava, voir ci-dessus, p. 55, note 1, et p. 73, note 2.
158:1 Nous avons ici pas moins de dix verbes, dont beaucoup sont synonymes, sans différence de sens clairement définie. Cet amas de mots synonymes est une particularité du style archaïque. Les commentateurs s’efforcent toujours d’attribuer à chaque mot un sens approprié, mais en proposant parfois des explications différentes, ils montrent que leur ingéniosité d’interprétation n’était pas soutenue par la tradition. ↩︎
161:1 Ou l’aversion pour le Cercle des Naissances. ↩︎
162:1 De cette façon, tous les paragraphes jusqu’au § 72 s’ouvrent par une question de forme toujours identique. Je laisse tomber la question dans la suite. ↩︎
162:2 Atyâsâtana. ↩︎
162:4 C’est le sens des mots itthîvêya napumsagavêyam p. 163 = strîvêda, napumsakavêda, comme l’expliquent les commentateurs de XXXII, 102. ↩︎
163:1 Karanagunasrêdhîm pratipadyatê. Il est difficile de rendre cette phrase de manière adéquate ; le sens est qu’en détruisant successivement les impuretés morales, on parvient à des vertus de plus en plus élevées. ↩︎
163:2 Yôga, c’est-à-dire la cause de la production de Karman. ↩︎
163:3 Ghâti, comparer Bhandarkar, Rapport, p. 93, note *. ↩︎
163:4 Voir Vingt-quatrième Leçon, p. 129 et suivantes. ↩︎ ↩︎
164:2 Antakriyâ, expliqué par mukti. ↩︎
164:3 Les Kalpas et les Vimânas sont les cieux des dieux Vaimânika, voir ci-dessous, p. 226. ↩︎
164:1 Rites expiatoires, âlôkanâ, etc. ↩︎
164:4 Par chemin, on entend les moyens d’acquérir la bonne connaissance, et par récompense du chemin, la bonne connaissance. La récompense d’une bonne conduite est mukti. ↩︎
164:5 Savvapânabhûyagîvasattâ. Les prânas possèdent de deux à quatre organes des sens, les gîvas cinq, les bhûtas sont des plantes et les sattvas sont tous des êtres restants. ↩︎
165:1 Selon les commentaires, par Tîrtha on entend les Ganadharas. ↩︎
165:2 Concernant les huit sortes de Karman, voir XXXIII, 2 et 3, p. 192. Âyushka est le Karman qui détermine la durée de vie. Une explication quelque peu différente de ce Karman est donnée par Bhandarkar, loc. cit., p. 97, note. ↩︎
165:3 Le passage en question est un ajout à certains manuscrits, comme nous l’indiquent les commentateurs. Il semble que le sens soit que le Karman, qui était attaché à de nombreuses parties de l’âme, est restreint à un nombre plus restreint d’endroits par l’influence de la pureté induite sur l’âme par la méditation. ↩︎
166:1 Vyavadâna est la coupure du Karman et la pureté subséquente de l’âme. ↩︎
167:1 Sambhôga = êkamandalyâm âhârakaranam. ↩︎
167:3 Dukkam suhase.ggam uvasampaggittânam viharai. ↩︎
167:4 Sauf ceux qui sont obligatoires, par exemple son balai, le mukhavastrikâ, etc. ↩︎
168:1 Samâhiê = samâhita ou samâdhimân. ↩︎
168:2 Sadbhâva pratyâkhyâna. Le Dîpikâ donne l’explication suivante : il fait le renoncement de telle manière qu’il n’a pas besoin de le faire une seconde fois. ↩︎
168:3 Vêdanîya est ce Karman qui produit des effets qui doivent être éprouvés, comme le plaisir ou la douleur ; âyushka est le Karman qui détermine la durée de la vie ; nâman et gôtra font qu’il nait comme tel ou tel individu dans telle ou telle famille ; voir Trente-troisième Leçon, versets 2 et 3, p. 192 f. ↩︎
168:5 Appadilêha = alpapratyupêksha ; il doit inspecter peu de choses, car il n’en utilise que peu. ↩︎
169:1 Gupti. ↩︎
170:2 Voir ci-dessus, § 41. ↩︎
170:3 Voici un jeu de mots sur le mot sutta = sûtra, qui signifie fil et Sûtra, savoir sacré, ou connaissance acquise par l’étude des Sûtras. ↩︎
171:1 C’est-à-dire qu’il ne contient rien d’étranger à sa propre nature. ↩︎
171:2 Sêlêsî = sailêsî; sailêsa est Mêru, et son avasthâ, ou condition, est sailêsî. ↩︎
171:3 Ou, peut-être, qui aboutit à ressentir de la colère. ↩︎
172:1 Il y a seize kashâyas, neuf nô-kashâyas et trois môhanîyas. ↩︎
172:2 Voici les obstacles aux cinq sortes de connaissance : mati, sruta, avadhi, manahparyâya, kêvala. ↩︎
172:3 Ce sont : les obstacles au kakshurdar, à l’akshurdar, à l’avadhidar et au kêvaladar, ainsi que les cinq sortes de sommeil (nidrâ). Concernant Antarâya, voir p. 193. ↩︎
172:4 Sayôgin, c’est-à-dire alors qu’il n’a pas encore atteint le quatorzième gunasthâna, l’état d’un Kêvalin. ↩︎
172:5 Airyapathika. ↩︎
172:6 C’est-à-dire lorsqu’il est devenu un Kêvalin, comme décrit dans le paragraphe précédent. ↩︎