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Après avoir quitté la synagogue, Jésus et ses quatre disciples retournèrent à la maison de Simon et d’André. La mère de la femme de Simon était couchée, atteinte de fièvre. On le rapporta à Jésus. Il s’approcha d’elle, là où elle était couchée, la prit par la main et la releva. Alors la fièvre la quitta, et elle prit soin d’eux tous.
La nouvelle de ce qu’il avait fait au fou dans la synagogue s’était déjà répandue dans la ville et au-delà ; à cela s’ajouta la nouvelle de sa guérison de la mère de la femme de Simon. À la fraîcheur du soir, au coucher du soleil, on commença à amener à la maison tous les malades et les esprits impurs de la ville ; et toute la population de la ville se rassembla à la porte. Et Jésus guérit beaucoup de malades et chassa beaucoup d’esprits impurs. Et il ne laissait pas parler ceux qui étaient possédés par les esprits impurs, parce qu’ils le connaissaient.
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Nous savons ce que signifient ces mots. Ces fous et ces possédés auraient crié, comme l’homme de la synagogue :
« Qu’avons-nous de commun avec toi, Jésus de Nazareth ? Tu es venu pour nous détruire. Nous savons qui tu es, le Saint de Dieu. »
Les autres, eux aussi, l’auraient reconnu, lui et le Saint-Esprit en lui, et auraient crié contre sa contrainte, révélant son dessein : détruire la Loi et la nation. Il se peut que l’homme dans la synagogue l’ait d’abord révélé à Jésus lui-même, et que, lorsqu’il y parla avec autorité, il ignorait lui-même que, par sa seule nature, il était venu apporter non la paix, mais l’épée, ou que sa merveilleuse nouvelle était un message de catastrophe. La révélation l’a peut-être frappé de consternation ; il n’a pas pu la supporter. Il se peut que la simple proclamation de lui-même comme le Saint de Dieu, comme si une sainteté particulière lui était propre, l’ait offensé, car elle portait atteinte à la racine même de son message. Pour l’une ou l’autre de ces raisons, et probablement pour les deux, il a exercé son pouvoir sur les fous inspirés avant qu’ils ne puissent parler.
Il lui était arrivé beaucoup de choses ce jour-là. Il [ p. 55 ] était entré en conflit avec le monde tel qu’il est. La voix du fou lui avait révélé la nature de son dessein ; et la foule à sa porte lui avait montré que c’était en tant qu’artisan de miracles, et non en tant que prophète du Royaume de Dieu, que le monde des hommes le suivrait.
C’est pourquoi, de bon matin, alors qu’il faisait encore sombre, il se leva et quitta secrètement la maison. Il se rendit hors de la ville, dans un lieu isolé. Là, il pria. Il avait besoin d’un regain de force, issu de la communion avec son Père, pour poursuivre la route qui s’ouvrait soudain devant lui. Comment continuer ? Il trouva la paix dans sa décision.
Quand Simon et les autres se réveillèrent et le trouvèrent parti, ils partirent à sa recherche. Lorsqu’ils le trouvèrent, ils lui dirent :
« Tout le monde te cherche. »
Jésus dit : « Allons ailleurs, dans les villages des environs, afin que j’y annonce la bonne nouvelle. Car c’est pour cela que je suis sorti du désert. »
Le message, par conséquent, était sa décision ; non les miracles, ou ce que les hommes prenaient pour des miracles. L’apaisement des âmes angoissées, oui, de peur [ p. 56 ] qu’elles ne révèlent à nouveau un dessein qu’il ne pouvait admettre, ou ne revendiquent pour lui une dignité particulière qu’il refusait. Mais plus de guérisons de malades. Il devait préserver la pureté de son message. Le message, clair et sans ternissure : voilà tout.
« Alors, dit Marc, il allait, proclamant la parole dans les synagogues et chassant les esprits impurs, dans toute la Galilée. » Il devait y avoir, et il n’y eut pas de guérison des malades.
Mais sa résolution ne put être tenue entièrement. Un jour, lors de son voyage en Galilée, Jésus ne put refuser. Un lépreux eut suffisamment confiance en lui pour lui parler, de sorte qu’il ne put refuser. Il s’approcha de Jésus, tomba à genoux et le supplia de le guérir.
« Si seulement tu le voulais, » s’écria-t-il, « tu peux me purifier. »
Ces paroles sont mémorables ; elles témoignent d’une foi parfaite en la puissance de Jésus. Ne pas prononcer ce mot devant un tel homme était impossible. Et la réponse de Jésus est encore plus mémorable.
Ses entrailles furent émues de compassion pour cet homme ; il étendit la main, le toucha, et dit : « Je le veux, sois purifié ! »
Tout ce que Jésus pouvait faire, il l’a fait. Si le pouvoir de [ p. 57 ] guérir résidait en lui, comme le croyait le lépreux, alors la parole devait être prononcée. À une telle foi, il ne pouvait rien renier de ce qu’il avait le pouvoir de donner. Ce qu’il donnait n’était pas la guérison, mais la parole « Je veux » ; et il donna davantage : il étendit la main et toucha le corps impur.
La lèpre le quitta et l’homme fut purifié.
Mais Jésus avait peur de ce qu’il avait fait. Il avait seulement prononcé une parole que son cœur ne pouvait refuser. C’était la foi de l’homme qui l’avait guéri, et non la parole de Jésus. Mais comment l’homme pouvait-il savoir ce que Jésus savait, ou comment la foule pouvait-elle le distinguer ? À contrecœur, poussé par la compassion de son cœur, Jésus s’était engagé une fois de plus sur le chemin dangereux. Il retira son pied comme s’il avait été piqué.
Il chassa immédiatement l’homme ; mais avant de partir, il lui lança avec colère :
« Prends garde de ne rien dire de cela à personne. Va simplement te montrer au prêtre et prends l’offrande que Moïse a ordonnée pour ta purification. »
Mais ce fut en vain. Une fois parti, l’homme se mit à répandre toutes sortes de rumeurs, à raconter l’histoire partout.
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Jésus ne pouvait donc plus entrer ouvertement dans aucune ville, mais il devait rester dans des lieux éloignés, hors des villes. Cependant, la foule venait de toutes parts pour le chercher.