Les rabbins racontent que Rabbon Yohanan ben Zacchaï quittait un jour Jérusalem à cheval, accompagné de ses disciples, lorsqu’il aperçut une jeune femme qui ramassait de l’orge dans le fumier sur la route. Lorsqu’il lui demanda son nom, elle lui répondit qu’elle était la fille de Nicodème ben Gorion. « Qu’est-il advenu des richesses de ton père ? » demanda-t-il, « et de ta dot ? » « Ne te souviens-tu pas », dit-elle, « que la charité est le sel de la richesse ? » (Son père n’était pas connu pour cette vertu.) « Ne te souviens-tu pas d’avoir signé mon contrat de mariage ? » [ p. 225 ] répondit la femme. « Oui », répondit le rabbin, « je m’en souviens bien. Il stipulait un million de deniers d’or de la part de ton père, en plus de l’allocation de ton mari », etc.
Kethuboth, fol. 66, col. 2.
Abba Benjamin dit : « Si notre œil était autorisé à voir les esprits malins qui l’assaillent, nous ne pourrions nous reposer à cause d’eux. » Abaii a dit : « Ils sont plus nombreux que nous, ils nous entourent comme la terre battue de nos plates-bandes. » Rav Hunna dit : « Chacun en a mille à sa gauche et dix mille à sa droite » (Ps. xci. 7). Rava ajoute : « L’encombrement des écoles est dû à leur bousculade ; ils provoquent la fatigue que les rabbins ressentent dans leurs genoux, et déchirent même leurs vêtements en se bousculant contre eux. Si quelqu’un veut découvrir des traces de leur présence, qu’il tamise quelques cendres sur le sol à son chevet, et le lendemain matin, il verra, pour ainsi dire, des traces de pas d’oiseaux à la surface. » Mais si quelqu’un veut voir les démons eux-mêmes, il doit brûler en cendres le placenta d’un chaton noir premier-né, la progéniture d’un chat noir premier-né, puis mettre un peu de cendres dans ses yeux, et il ne manquera pas de les voir, etc., etc.
Berachoth, fol. 6, col. 1.
Dans chaque camp sont suspendues trois cent soixante-cinq myriades d’étoiles, etc.
Agrippa, désireux de connaître le nombre des hommes d’Israël, ordonna au prêtre de recenser avec précision les agneaux pascaux. En comptant les reins, on constata qu’il y avait soixante couples de myriades (soit le double de ceux qui étaient sortis d’Égypte, sans compter ceux qui étaient impurs et ceux qui étaient en voyage). Il n’y avait pas un seul agneau pascal dont moins de dix hommes aient part, ce qui représentait plus de six cents myriades d’hommes.
P’sachim, fol. 64, col. 2.
« Il est interdit de dénombrer Israël, même en vue d’un acte méritoire » (Yoma, fol. 22, col. 2). D’après le commentaire de Rachi sur le texte précédent, il semble que le prêtre se contentait de présenter les doubles rognons, sur lesquels l’agent du roi déposait régulièrement un petit pois ou un caillou pour en faire un petit tas, qui était ensuite compté. Voir aussi Josèphe, Livre VI, chap. ix, sect. 3.
[ p. 226 ]
Il ne serait peut-être pas superflu de rappeler au lecteur, en passant, que si l’on comptait cent par minute pendant dix heures par jour, il ne faudrait pas moins de seize jours six heures quarante minutes pour en compter un million ; et qu’il faudrait vingt hommes, comptant au même rythme, pour additionner le nombre total indiqué dans le texte en un jour, de manière à établir qu’il y avait 1 200 000 sacrifices à la Pâque en question, représentant pas moins de 12 000 000 de célébrants.
Au moment où Israël, dans son empressement, dit d’abord : « Nous ferons », puis : « Nous écouterons » (Exode 29.7), soixante myriades d’anges serviteurs vinrent couronner chaque Israélite de deux couronnes, une pour « nous ferons », l’autre pour « nous écouterons ». Mais après cela, lorsqu’Israël pécha, cent vingt myriades d’anges destructeurs descendirent et leur retirèrent leurs couronnes, comme il est dit (Exode 33.6) : « Et les enfants d’Israël se dépouillèrent de leurs ornements près du mont Horeb. » Resh Lakish dit : « Le Saint – béni soit-Il ! – nous les rendra un jour ; car il est dit (Ésaïe 35.10) : « Les rachetés de l’Éternel reviendront et viendront à Sion avec des chants de triomphe et une joie éternelle sur leurs têtes », c’est-à-dire la joie qu’ils avaient autrefois sur leurs têtes. »
Shabbat, fol. 88, col. 1.
Que personne ne s’aventure seul la nuit les mercredis et samedis, car Agrath, la fille de Machloth, erre accompagnée de dix-huit myriades de génies maléfiques, chacun ayant le pouvoir de détruire.
P’sachim, fol. 112, col. 2.
On raconte que Rabbi Elazar ben Charsom avait fait fabriquer par sa mère une chemise qui coûtait deux myriades de manahs, mais que ses confrères prêtres ne lui permettaient pas de la porter, car il semblait nu.
Yoma, fol. 35, col. 2.
Celui qui n’a pas vu la double galerie de la synagogue d’Alexandrie en Égypte, n’a pas vu la gloire d’Israël. . . . Il y avait soixante et onze sièges disposés selon le nombre des soixante et onze membres du grand Sanhédrin, chaque siège valant au moins vingt et une myriades de talents d’or. Une chaire en bois se trouvait au centre, sur laquelle se tenait le lecteur tenant un Sudarium (une sorte de drapeau) à la main, qu’il agitait lorsque [ p. 227 ] la vaste congrégation devait dire Amen à la fin de chaque bénédiction, ce qu’il était bien sûr impossible à tous d’entendre dans une synagogue aussi prodigieuse. La congrégation ne s’asseyait pas pêle-mêle, mais en guildes ; Orfèvres à part, forgerons, chaudronniers, brodeurs, tisserands, etc., tous séparés les uns des autres. Lorsqu’un pauvre artisan arrivait, il prenait place parmi les gens de sa guilde, qui le soutenaient jusqu’à ce qu’il trouve un emploi. Abaii raconte que toute cette immense population fut massacrée par Alexandre de Macédoine. Pourquoi furent-ils ainsi punis ? Parce qu’ils transgressèrent l’Écriture, qui dit (Deut. xvii. 16) : « Nous ne reviendrons plus par ce chemin. »
Soucca, fol. 51, col. 2.
Les rabbins enseignent que durant une année prospère en terre d’Israël, un endroit ensemencé avec une mesure de semence produit cinq myriades de cors (un cor étant égal à trente mesures).
Kethuboth, fol. 112, col. 1.
On demanda un jour à Rav Ulla : « Dans quelle mesure est-on tenu d’honorer son père et sa mère ? » Ce à quoi il répondit : « Voyez ce qu’un Gentil d’Askelon, Dammah ben Nethina, fit un jour. Les sages demandèrent un jour des biens d’une valeur de soixante myriades, et ils étaient prêts à en payer le prix, mais la clé du magasin se trouvait sous l’oreiller de son père, profondément endormi, et Dammah ne voulut pas le déranger. » On posa un jour la même question à Rabbi Eliezer, qui donna la même réponse, ajoutant un fait intéressant à l’illustration : « Les sages cherchaient des pierres précieuses pour le pectoral du grand prêtre, d’une valeur de soixante ou quatre-vingts myriades de deniers d’or, mais la clé du coffre à bijoux se trouvait sous l’oreiller de son père, endormi à ce moment-là, et Dammah ne voulut pas le réveiller. » L’année suivante, cependant, le Saint – béni soit-Il ! – le récompensa en lui faisant naître une génisse rousse parmi ses troupeaux, pour laquelle les sages lui payèrent volontiers une somme qui le compensa pleinement de la perte qu’il avait subie en honorant son parent.
Kiddouchin, fol. 31, col. 1.
« L’Éternel a englouti toutes les demeures de Jacob » (Lam. ii. 2). Ravin vint à Babylone et dit dans le [ p. 228 ] nom de Rabbi Yohanan : « Voici les soixante myriades de villes que possédait le roi Yannaï (Jannæus) sur la montagne royale. La population de chacune était égale à celle des habitants sortis d’Égypte, à l’exception de trois villes où ce nombre fut doublé. Ces trois villes étaient : Caphar Bish (littéralement, le village du mal), ainsi appelé parce qu’il n’y avait pas d’hospice pour l’accueil des étrangers ; Caphar Shichlaiim (village du cresson), ainsi appelé parce que c’était principalement de cette herbe que le peuple subsistait ; Caphar Dichraya (le village des enfants mâles), ainsi appelé, dit Rabbi Yohanan, parce que ses femmes donnaient d’abord naissance à des garçons, puis à des filles, et cessaient ensuite d’enfanter. » Ulla dit : « J’ai vu cet endroit, et je suis sûre qu’il ne pouvait pas contenir soixante myriades de branches. » Un sadducéen dit alors à Rabbi Hanina : « Vous ne dites pas la vérité. » La réponse fut : « Il est écrit (Jér. iii. 19) : « L’héritage d’un cerf », comme la peau d’un cerf, inoccupée par le corps de l’animal, rétrécit, ainsi la terre d’Israël, inoccupée par ses propriétaires légitimes, s’est rétrécie. »
Gittin, fol. 57, col. 1.
Rabbi Yoshua, fils de Korcha, raconte : « Un vieil habitant de Jérusalem me raconta un jour que dans cette vallée, deux cent onze mille myriades furent massacrées par Nebuzaradan, capitaine de la garde, et qu’à Jérusalem même, il en égorgea quatre-vingt-quatorze sur une seule pierre, de sorte que le sang coula jusqu’à toucher le sang de Zacharie, afin que s’accomplît ce qui est dit (Osée ii, 4) : « Et le sang touche le sang. » Voyant le sang de Zacharie, et constatant qu’il bouillonnait et s’agitait, il demanda : « Qu’est-ce que cela ? » On lui répondit que c’était le sang versé des sacrifices. Il ordonna alors qu’on apportât le sang des sacrifices et le compara à celui du prophète assassiné. Trouvant l’un différent de l’autre, il dit : « Si vous me dites la vérité, tant mieux ; sinon, je vous peignerai la chair avec des étrilles de fer ! » Sur ce, ils confessèrent : « C’était un prophète, et parce qu’il nous a réprimandés sur des questions de religion, nous nous sommes levés et l’avons tué, et cela fait déjà plusieurs années que son sang est dans l’état agité où tu le vois. » « Eh bien », dit-il, « je vais l’apaiser. » Il fit alors venir le Sanhédrin, grand et petit, et les massacra, mais le sang du prophète ne s’apaisa pas. Il massacra ensuite des jeunes hommes et des jeunes filles, mais le sang continua à s’agiter comme auparavant. Il finit par amener des écoliers et les massacra, mais le sang n’étant toujours pas apaisé, il s’écria : « Zacharie ! Zacharie ! J’ai tué pour toi les meilleurs d’entre eux ; te plaira-t-il si je les tue tous ? » Tandis qu’il prononçait ces mots, le sang du prophète s’arrêta et se tut. Il raisonna alors en lui-même : « Si le sang d’un seul a causé un si grand châtiment, combien plus grand sera mon châtiment pour le massacre de tant de personnes ! » Bref, il se repentit, s’enfuit de chez lui et devint un prosélyte juif.
Gittin, 57, col. 2.
La même histoire est répétée dans Sanhédrin, fol. 96, col. 2, avec quelques variantes ; notamment celle-ci, entre autres, que c’est parce que le prophète a prophétisé la destruction de Jérusalem qu’ils l’ont mis à mort.
(Gen. xxvii. 2), « La voix est la voix de Jacob, mais les mains sont les mains d’Ésaü. » La première « voix » mentionnée fait allusion aux lamentations d’Hadrien, qui avait massacré à Alexandrie en Égypte deux fois plus de Juifs que ceux qui étaient venus sous Moïse. La « voix de Jacob » fait référence à une lamentation similaire provoquée par Vespasien, qui mit à mort dans la ville de Byther quatre cents myriades, ou, comme certains le disent, quatre mille myriades, « Les mains sont les mains d’Ésaü », c’est-à-dire l’empire qui détruisit notre maison, brûla notre Temple et nous bannit de notre pays. Ou encore, la « voix de Jacob » signifie qu’il n’est pas de prière efficace qui ne soit offerte par la progéniture de Jacob ; et « les mains sont les mains d’Ésaü », qu’il n’est pas de bataille victorieuse qui ne soit livrée par les descendants d’Ésaü.
Ibid.
Tamar et Zimri ont toutes deux commis la fornication. La première (motivée par de bonnes intentions, voir Genèse XXXVIII, 26) est devenue l’ancêtre de rois et de prophètes. Le second a causé la destruction de myriades de personnes en Israël. Rav Na’hman bar Yitzhak dit : « Mieux vaut faire le mal avec de bonnes intentions qu’observer la loi avec de mauvaises intentions (par exemple, Tamar et Zimri, Loth et ses filles). »
Nazir, fol. 23, col. 2.
[ p. 230 ]
Les rabbins ont enseigné que le texte « Et lorsqu’il se reposa, il dit : Reviens, ô Seigneur, aux myriades et aux milliers d’Israël » (Nombres X, 36), suggère que la Shekhina ne repose pas sur moins de deux myriades et deux mille (deux étant le nombre minimum). Supposons que l’un des vingt-deux mille néglige le devoir de procréation, n’est-il pas la cause du départ de la Shekhina d’Israël ?
Yevamoth, fol. 64, col. 1.
« Établis-les chefs de milliers, chefs de centaines, chefs de cinquantaines et chefs de dizaines. » (Exode XVIII. 21). Il y avait six cents chefs de milliers, six mille chefs de centaines, douze mille chefs de cinquantaines et six myriades de chefs de dizaines. Le nombre total des chefs d’Israël était donc de sept myriades huit mille six cents.
Sanhédrin, fol. 18, col. 1.
Il était une fois, le peuple d’Égypte se présenta devant Alexandre de Macédoine pour se plaindre d’Israël. « Il est dit (Exode xii, 36) qu’ils disaient : « L’Éternel fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens, qui leur prêtèrent de l’argent », etc. » Ils prièrent, implorèrent la grâce de préparer une réponse, mais ne se présentèrent jamais. En fait, ils s’enfuirent, abandonnant leurs champs et leurs vignes.
Ibid., fol. 91, col. x.
« Et Jéthro dit : Béni soit l’Éternel, qui vous a délivrés ! » (Exode xviii. 10). Une tradition dit, au nom du rabbin Papyes : « Honte à Moïse et aux soixante myriades (d’Israël), parce qu’ils n’avaient pas dit : « Béni soit l’Éternel ! », jusqu’à ce que Jéthro vienne et donne l’exemple. »
Sanhédrin, fol. 94, col. 1.
« Et qu’il trempe son pied dans l’huile » (Deut. xxxiii. 24), disent les rabbins, fait référence à la portion d’Aser, qui produit de l’huile comme un puits. Un jour, racontent-ils, les Laodicéens envoyèrent un agent à Jérusalem avec pour mission d’acheter l’équivalent de cent myriades d’huile. Il se rendit d’abord à Tyr, puis à Gush-halab, où il rencontra le marchand d’huile qui buttait ses oliviers et lui demanda s’il pouvait lui fournir l’équivalent de cent myriades d’huile. « Arrêtez-vous jusqu’à ce que j’aie terminé mon travail », lui répondit-il. L’autre, voyant l’esprit d’entreprise avec lequel il se mit au travail, ne put s’empêcher de s’exclamer, incrédule : « Quoi ! As-tu vraiment l’équivalent de cent myriades d’huile à vendre ? Les Juifs ont sûrement voulu se moquer de moi. » Cependant, il se rendit à la maison avec le marchand d’huile. Une esclave lui apporta de l’eau chaude pour se laver les mains et les pieds, ainsi qu’un bol d’or rempli d’huile pour les y tremper ensuite, accomplissant ainsi Deutéronome 33.24 à la lettre. Après avoir mangé ensemble, le marchand lui mesura l’équivalent de cent myriades d’huile, puis lui demanda s’il voulait lui en acheter davantage. « Oui », répondit le marchand, « mais je n’ai plus d’argent ici. » « Peu importe », dit le marchand ; « achète-le et j’irai chez toi chercher l’argent. » Puis il mesura pour dix-huit myriades de plus. On raconte qu’il loua tous les chevaux, mulets, chameaux et ânes qu’il put trouver dans tout Israël pour transporter l’huile, et qu’à l’approche de sa ville, les gens vinrent à sa rencontre et le complimentèrent pour le service qu’il leur avait rendu. « Ne me louez pas », dit le marchand, « mais celui-ci, mon compagnon, à qui je dois dix-huit myriades. » Ceci, dit le narrateur, illustre ce qui est dit (Prov. xiii. 7) : « Il y a quelqu’un qui se fait riche, et qui n’a rien ; il y a quelqu’un qui se fait pauvre, et qui a de grandes richesses. »
Menachoth, fol. 85, col. 2.
[ p. 233 ]