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Avant-propos.—Bien que la Kabbale appartienne au passé, elle mérite néanmoins notre attention en raison de l’intérêt qu’elle a suscité chez des hommes comme Raymond Lulle, surnommé le « Docteur Illuminatus » (mort en 1315) ; Jean Pic de la Mirandole (1463-1494) ; Jean Reuchlin (1455-1522) ; Cornelius Henry Agrippa von Nettesheim (1486-1535) ; Jean-Baptiste von Helmont (1577-1644) ; les érudits anglais Robert Fludd (1574-1637) et Henry More (1614-1687). Il est difficile de déterminer dans quelle mesure Théophraste Paracelse (1493-1541) et Jacob Boehme (1575-1624), dit « Philosophe Teutonique », furent influencés par les doctrines cabalistiques. Quoi qu’il en soit, les noms mentionnés précédemment suffisent à attirer l’attention sur un système théosophique qui a retenu l’attention des érudits juifs et chrétiens.
Il est surprenant de constater la rareté de la littérature anglaise sur la Kabbale. Il est vrai que l’Histoire des Juifs de Basnage, Londres, 1708, contient un long exposé de cette théosophie (pp. 184-256) ; mais ce récit est initialement donné dans l’ouvrage français Histoire des Juifs du même auteur. John Gill (mort en 1771), dans sa « Dissertatio de genuina Punctorum Vocalium Hebraicorum Antiquitate, contra Cappellum, Waltonum », etc., préfixée à sa « Clavis Pentateuchi », Édimbourg, 1770, se réfère au Zohar pour prouver l’ancienneté des points-voyelles hébraïques, car il affirme que « les points-voyelles proviennent du Saint-Esprit qui a rédigé les Saintes Écritures », etc. (sur le Cantique des Cantiques 57_b_ ; éd. Amsterdam, 1701). Bien sûr, tant que la Kabbale était considérée comme une authentique révélation divine, et que Simon ben Jochai (du IIe siècle) était considéré comme l’auteur du Zohar, à qui Dieu avait communiqué tous les mystères, il était tout naturel de croire à l’ancienneté et à la divinité des points-voyelles.
John Allen (mort en 1839) dans son ouvrage Modern Judaism, Londres, 1816 (2e éd. 1830) donne également un compte rendu de la Kabbale, dans lequel il postule l’ancienneté du Zohar, dont il fait la source principale de la Kabbale primitive. Passant sous silence l’ouvrage de Dean Milman (mort en 1868) History of the Jews, Londres, 1829 (souvent réimprimé), dans lequel nous trouvons naturellement aussi des références à la Kabbale, nous mentionnons J.W. Etheridge (mort en 1866), auteur de Jerusalem and Tiberias; Sora and Cordova, a_ [ p. 5 ]] Survey of the Religious and Scholastic Learning of the Jews, Designed as an Introduction to Hebrew Literature, Londres, 1856. Cet auteur semble avoir été au courant des recherches des érudits juifs en Allemagne, mais il adhère néanmoins fermement à la vision traditionnelle. Il remarque ainsi, page 314 :
Des objections ont certes été formulées quant à l’authenticité du Zohar, en tant qu’ouvrage de l’école kabbalistique primitive, mais elles ne sont pas suffisamment sérieuses pour justifier une enquête approfondie. L’opinion qui le présente comme une pseudo-invention de Moïse de Léon au XIIIe siècle ne recueille, j’imagine, que peu de partisans parmi les érudits en la matière de nos jours. Les références à Shemun ben Yochaï et à la Kabbale dans le Talmud, ainsi que les nombreuses preuves internes trouvées dans le livre lui-même, démontrent la plus forte probabilité, non pas que Shemun lui-même en soit l’auteur, mais qu’il soit le fruit de ses instructions personnelles et des études de ses disciples immédiats.
Français On peut dire que le point de vue d’Etheridge est mutatis mutandis également celui d’Ad. Franck, auteur de Système de la Kabbale ou la philosophie religieuse des Hébreux, Paris, 1843 (2e éd. 1892) ; traduit en allemand par A. Gelinek (Jellinek), Die Kabbala oder die Religionsphilosophie der Hebräer, Leipzig, 1844, avec lequel il faut comparer [ p. 6 ] DH Joel, Die Religionsphilosophie des Sohar, ibid., 1840, qui est un très bon complément à l’ouvrage de Franck. Mais un examen des ouvrages publiés par Zunz, Die gottesdienstlichen Vorträge der Juden, Berlin, 1831, p. 405 ; Geiger, Melo Chofnayim, ibid., 1840, introduction, p. xvii ; Sachs, Die religiöse Poesie der Juden in Spanien, ibid., 1845, p. 327, Jellinek, Moses Ben Schem Tob de Leon, Leipzig, 1851, auraient pu convaincre Etheridge que le Zohar, le manuel de la Kabbale, est la « pseudo-fabrication » de Moïse de Leon au XIIIe siècle. Que Landauer (mort en 1841) dans ses essais sur la Kabbale publiés dans la Litteraturblatt des Orients, 1845, p. 178 et suiv., 1846, p. 12 et suiv., qui attribue la paternité du Zohar à Abraham ben Samuel Abulafia vers la fin de la seconde moitié du XIIIe siècle, est d’autant plus significatif et instructif qu’il partait initialement d’opinions diamétralement opposées (Steinschneider, Jewish Literature, p. 299). Néanmoins, le livre d’Etheridge était un bon ouvrage ; c’était la tentative louable d’un chrétien anglais de faire connaître aux anglophones la littérature juive postbiblique.
Quatre ans après la publication de l’ouvrage ci-dessus, le chanoine Westcott (décédé en 1901) publia son Introduction à l’étude des Évangiles, Londres, [ p. 7 ] 1860, dans laquelle il fait incidemment référence à la Kabbale, sans adopter le point de vue d’Etheridge quant à la paternité du Zohar ; Oh, au contraire, il dit (p. 159, Boston, 1867) : « Le Sepher ha-Zohar, ou Livre de la Splendeur, doit son existence à R. Moïse de Léon au XIIIe siècle », et cela, dit-il dans une note, « a été établi de manière satisfaisante par Jellinek dans son traité, Moses ben Schemtob de Leon und sein Verhältniss zum Sohar, Leipzig, 1851. L’approbation chaleureuse de Jost suffit à dissiper tout doute subsistant quant à l’exactitude de la conclusion de Jellinek : A Jellinek und die Kabala, Leipzig, 1852. »
La publication des Contributions à l’histoire de la Kabbale de Jellinek, 2 parties, Leipzig, 1852 ; et ses Sélections du mysticisme kabbalistique, première partie, ibid., 1853 ; « Tentative d’analyse détaillée du Zohar » de Stern (dans Ben Chananja, Monthly Journal of Jewish Theology, Vol. I-IV, Szeged, 1858-1861) ; Histoire du judaïsme et de ses sectes de Jost, vol. III, pp. 66-81, Leipzig, 1859 ; plus particulièrement de l’Histoire des Juifs de Graetz, [1] Vol. VII, pp. 73-87, 442-459 ; 487-507, Leipzig, 1863, a ouvert la voie à l’essai (aujourd’hui très rare) de Christian D. Ginsburg [ p. 8 ] La Kabbale, Londres, 1865. Il adopte naturellement les résultats de l’érudition moderne et rejette la paternité de Simon ben Jochai.
À notre connaissance, rien n’a été publié en anglais depuis 1865. The Kabbalah Unveiled, de SLM Mathers, Londres, 1887, ne propose qu’une traduction de certaines parties du Zohar, traduites en latin par Knorr von Rosenroth. Néanmoins, cet ouvrage est intéressant, car un lecteur anglais, pourvu qu’il soit suffisamment patient, peut y découvrir la sagesse et l’ignorance zohariques.
7:1 La traduction anglaise de cet ouvrage, publiée par la Jewish Publication Society of America, n’est d’aucune utilité à l’étudiant, car les notes savantes, qui constituent la meilleure partie de l’original, sont entièrement omises. ↩︎