§ 1. Dans les lieux où il est d’usage de travailler jusqu’à midi la veille de la Pâque, on peut travailler, mais pas dans les lieux où il n’est pas d’usage de travailler ce jour-là. Si une personne se rend d’un lieu où cette coutume prévaut à un autre où elle ne prévaut pas, ou l’inverse, elle sera soumise à la rigueur de la coutume, soit du lieu d’où elle vient, soit de celui où elle se rend. [1] Et il convient toujours de ne pas agir différemment des coutumes établies d’un lieu, en raison des conflits auxquels une telle conduite peut donner lieu.
§ 2. De même, lorsqu’une personne apporte des fruits de l’année sabbatique, d’un endroit où ils ne poussent plus dans les champs, à un autre endroit où ils poussent encore, ou l’inverse, elle est tenue de les enlever : R. Jehudah dit qu’ils pourraient dire à une telle personne : « Va aussi, et achète-toi des fruits similaires dans les champs. » [2]
§ 3. Dans les endroits où il est habituel de vendre du petit bétail [moutons, chèvres, etc.] à des non-Israélites, il est licite de le faire, mais pas dans les endroits où ce n’est pas habituel. On ne peut leur vendre du gros bétail du tout, [3] ni des veaux ni des poulains d’ânes, qu’ils soient sains ou cassés [pattes] ; R. Jehudah autorise la vente de ces derniers, et Ben Beterah celle du cheval.
§ 4. Dans les lieux où il est d’usage de manger de la viande rôtie la nuit de Pâques, on peut en manger, mais pas là où cette coutume n’existe pas. Dans les lieux où il est d’usage d’allumer une lampe la nuit du jour des expiations, on peut le faire, mais pas là où cette coutume n’existe pas. Les synagogues et les écoles [d’étude de la loi] peuvent cependant être éclairées, de même que les ruelles sombres et les lieux proches des malades.
§ 5. Là où il est habituel de travailler le 9 Ab, on peut travailler ; mais pas là où ce n’est pas la coutume. Cependant, les érudits [dans la Sainte Loi] doivent partout s’abstenir de travailler ce jour-là. Rabbon Siméon, fils de Gamaliel, dit : « Chacun doit, à cet égard, se considérer comme un érudit » ; les sages disent : « Il était de coutume, en Juda, de travailler jusqu’à midi la veille de la Pâque ; mais en Palestine, on ne travaillait pas du tout [ce jour-là] » ; et concernant la soirée qui la précède, Beth Shammaï interdit de travailler ce jour-là, [4] mais Beth Hillel l’autorise jusqu’au lever du soleil [du lendemain].
§ 6. R. Meir dit : « Toute activité commencée avant le 14 peut être terminée ce jour-là ; mais aucun nouveau travail ne peut être entrepris, bien qu’il puisse être terminé ce jour-là. » Les sages sont d’avis que les trois métiers suivants peuvent exercer leur profession la veille de Pessah, à savoir les tailleurs, les barbiers et les blanchisseuses ; Rabbi José, fils de Jehudah, dit également les fabricants de sangles. [5]
§ 7. Le 14, les volailles peuvent être placées dans des couveuses ; une poule couveuse qui s’est enfuie de ses œufs peut y être remplacée pendant les jours de la mi-fête, et si la poule est morte, une autre peut être placée sur les œufs pour la remplacer. Il est permis d’enlever le 14 le fumier d’étable entre les pattes du bétail ; mais il ne peut être retiré que d’un côté pendant les jours de la mi-fête. Il est également permis de transporter le 14, vers et depuis les maisons des artisans, des récipients et autres objets, même s’ils ne sont pas nécessaires pendant la fête.
§ 8. Les habitants de Jéricho faisaient six choses, dont trois leur étaient interdites et trois non. Voici celles qui ne leur étaient pas interdites : greffer des palmiers toute la journée du 14 ; lire le Shemang avec une involution hâtive, [6] et couper et faire des tas de blé nouveau avant l’offrande de l’omer. Ces choses ne leur étaient pas interdites. En revanche, elles l’étaient : elles s’autorisaient à utiliser des plantes poussant sur ou près des arbres consacrés, [7] et aussi à manger, le jour du sabbat, les fruits tombés des arbres, [8] et elles laissaient pousser des herbes dans les champs comme des pois ; [9] tout ce que les sages leur avaient interdit.
§ 9. Voici six choses que le roi Ézéchias fit ; trois furent approuvées et trois désapprouvées : il fit transporter les os de son père [10] sur une litière ou une claie de cordes [ou de cordes], [11] et cela fut approuvé ; il fit briser le serpent d’airain [12] et cela fut également approuvé ; il cacha le livre de médecine [13] et cela fut approuvé. Voici les trois choses qu’ils désapprouvèrent : il coupa l’or des portes du Temple et l’envoya au roi d’Assyrie ; [14] il boucha le cours d’eau de Guihon ; [15] et fit du mois de Nissan un mois intercalaire : [16] tout cela fut désapprouvé.
104:1 C’est-à-dire qu’il ne peut pas travailler du tout. Cette interdiction, cependant, est limitée à celui qui a l’intention de retourner dans son lieu ; mais s’il est venu pour s’établir définitivement, il est considéré, à cet égard, comme les personnes du lieu où il a l’intention de vivre, et peut travailler ou non le 14, selon la coutume locale. ↩︎
104:2 Cette Mishna ne peut être comprise sans référence au chap. IX. § 5, du Traité Shevingith. ↩︎
105:3 La raison est que les païens ne font pas travailler les animaux le jour du sabbat. Cette restriction a été abolie par la suite, comme il ressort du Choul’han Aroukh, vol. II, chap. 151, § 4. ↩︎
105:4 Ceci se réfère uniquement aux Galiléens et à d’autres qui avaient l’habitude de ne pas travailler du tout le 14 Nissan. ↩︎
105:5 C’est-à-dire ceux qui fabriquent des lanières de cuir pour sandales et les réparent. ↩︎
106:6 Les solutions données dans le Talmud et par les commentateurs de cette étrange expression de l’original וכורכין את שמע sont diverses : selon certains, la faute des habitants de Jéricho, consistait à ne pas s’attarder suffisamment sur la dernière syllabe du mot אחד, avant de commencer la lecture de ואהבת et des versets suivants. Selon d’autres, ils ont fait cette pause nécessaire, mais n’ont pas dit le verset ברוך שם כבוד מלכותו לעולם ועד, avant de commencer ואהבת,to, enveloppant ou impliquant ainsi les versets ensemble, qui sont prescrits pour être lus avec une pause entre le premier verset du Shemang et les suivants. ↩︎
106:7 L’expression originale גמזיות, a aussi donné lieu à de nombreuses interprétations : certains entendent par là les plantes parasites poussant sur un arbre, et qui tirent leur nourriture et leur croissance de l’arbre lui-même (par exemple le gui sur les pommiers ou les chênes). D’autres lisent ici גוזיות, et l’expliquent, qu’ils taillaient les arbres consacrés, et utilisaient le bois. ↩︎
106:8 Les fruits tombés d’un arbre le jour du sabbat ne peuvent pas être utilisés ce jour-là. ↩︎
106:9 Afin que les pauvres ne soient pas induits en erreur en mangeant sans dîme טבל, pensant que c’est de la païs. (Voir Traité שביעית.) ↩︎
106:10 Le méchant Achaz. ↩︎
106:11 En signe de déshonneur et d’expiation ; aussi pour montrer au peuple son horreur de la mauvaise carrière de son père. (Voir 2 Chron. xxviii. 27.) ↩︎
106:12 Comme mentionné dans 2 Rois xviii. 4 : « Et il brisa le serpent d’airain que Moïse avait fait, parce que les enfants d’Israël lui brûlaient de l’encens. » ↩︎
106:13 Car, selon certains commentateurs, les Israélites s’y fiaient en cas de maladie et ne priaient pas Dieu pour obtenir son aide. Maïmonide rejette cette interprétation et dit : « Comment pouvaient-ils ainsi attribuer à Ézéchias un motif p. 107 dont même la plus petite capacité aurait honte, et imputer une folie aux sages de son temps qui l’approuvaient ? On pourrait en dire autant d’un homme affamé sur le point de prendre de la nourriture pour apaiser son envie ; si quelqu’un disait : “Il devrait se fier à Dieu, qui peut l’aider sans cela”, nous dirions à de tels : "Insensés que vous êtes ! De même que nous remercions Dieu lorsque nous mangeons, de ce qu’il nous a fait trouver ce qui apaisera notre besoin naturel, et de le manger avec reconnaissance : de même nous devrions le remercier de nous avoir donné la sagesse de trouver un remède à nos maux corporels et de l’utiliser en conséquence. » C’est en effet une perte de temps de débattre d’une absurdité aussi flagrante, si l’opinion ci-dessus n’avait pas été publiquement enseignée. Cependant, si le roi Ézéchias a caché ce livre de médecine, c’est parce qu’il prétendait guérir les maladies au moyen de sorts astrologiques, de talismans et d’autres moyens vains et superstitieux, susceptibles de conduire le peuple à l’ignorance et à l’idolâtrie. ↩︎
107:14 Voir 2 Rois xviii. ↩︎
107:15 15 Voir 2 Chron. xxxii. 30. ↩︎
107:16 2 Chron. xxx. 2. ↩︎