§ 1. Si un témoin était inconnu, d’autres étaient envoyés avec lui pour témoigner de sa moralité. Autrefois, on recevait le témoignage de n’importe qui concernant l’apparition de la nouvelle lune ; mais lorsque les hérétiques corrompaient les témoins, [^477] il était ordonné que seuls les témoignages de personnes dont la moralité était reconnue soient acceptés.
§ 2. Autrefois, on allumait des feux sur les sommets des montagnes pour annoncer l’apparition de la nouvelle lune ; mais lorsque les Samaritains induisirent la nation en erreur, [^478] il fut ordonné que des messagers soient envoyés.
§ 3. Comment allumaient-ils ces feux de montagne ? Ils apportaient de longues tiges de cèdre, des cannes et des branches d’olivier, ainsi que de gros fils ou déchets de lin, qu’ils attachaient au sommet avec de la ficelle. Ils les utilisaient pour monter au sommet de la montagne et les allumaient. Ils les agitaient de haut en bas, jusqu’à ce qu’ils entendent le même bruit répété par une autre personne sur la montagne suivante, puis sur la troisième, etc.
§ 4. D’où ces incendies de montagne ont-ils commencé ? Du mont des Oliviers à Sartaba, [1] de Sartaba à Grophinah, de Grophinah à Hoveran, de Hoveran à Beth Baltin ; ils ne cessèrent d’agiter les tisons enflammés à Beth Baltin, de haut en bas, jusqu’à ce que tout le pays de la captivité [2] apparaisse comme un brasier ardent. [3]
§ 5. Il y avait à Jérusalem une grande cour appelée Beth Yangzek, où tous les témoins se réunissaient et où ils étaient interrogés par le Beth Din. On leur offrait de grands festins, afin de les inciter à venir souvent. Au début, ils ne bougèrent pas de ce lieu de toute la journée du sabbat, [4] jusqu’à ce que le vieux Rabbon Gamaliel ordonne qu’ils puissent faire 2 000 coudées de chaque côté ; [5] et non seulement eux, mais aussi la sage-femme, qui allait donner son aide professionnelle, et ceux qui passaient chez un autre. Ceux qui se rendent à un endroit pour aider les habitants en cas d’incendie, d’attaque d’ennemis, d’inondation, ou pour sauver les gens des ruines de bâtiments tombés, sont considérés comme habitants de cet endroit, et peuvent s’éloigner de là [le jour du sabbat] de deux mille [amoth] coudées de chaque côté.
§ 6. Comment se déroulait l’interrogatoire des témoins ? Le premier couple était toujours interrogé en premier. Le plus âgé étant présenté en premier, les questions suivantes lui étaient posées : « Dites-nous sous quelle forme vous avez vu la lune ; ses cornes étaient-elles tournées vers le soleil ou à l’opposé ? Au nord ou au sud ? Quelle était son élévation à l’horizon ? Vers quel côté était son inclinaison ? Quelle était la largeur de son disque ? » S’il répondait « vers le soleil », son témoignage était sans valeur. Le deuxième témoin était alors amené et interrogé ; si les témoignages concordaient, leur témoignage était considéré comme valide. Les autres couples de témoins étaient ensuite interrogés superficiellement, non pas parce que leur témoignage était nécessaire, mais seulement pour ne pas les décevoir [6] et aussi pour les encourager à revenir.
§ 7. Le chef du tribunal dit alors : La fête de la nouvelle lune est mekoodash [consacrée] ; et tout le peuple dit après lui : « Mekoodash, mekoodash. » Que la nouvelle lune ait été vue au temps voulu ou non, elle était consacrée. Rabbi Éléazar, fils de Tsadok, dit : « Si elle n’avait pas été vue au temps voulu, elle n’était pas consacrée, car elle était déjà consacrée au ciel. »
§ 8. Rabbon Gamaliel avait, sur une tablette et sur les murs de sa chambre, diverses représentations de la forme et de l’aspect de la lune, qu’il montrait à des témoins ignorants, leur demandant : « Était-elle de cette forme ou de celle-là ? » Il arriva un jour que deux témoins vinrent et dirent : « Nous avons vu la lune à l’est du ciel le matin, et à l’ouest le soir. » Rabbon Johanan ben Nourri les déclara faux témoins ; mais lorsqu’ils arrivèrent à [ p. 161 ] Jamnia [יבנה], Rabbon Gamaliel accepta leur témoignage comme valide. Deux autres témoins vinrent et dirent : « Nous avons vu la lune le jour prévu, [7] mais nous ne l’avons pas vue le soir suivant du jour intercalaire » [8] et R. Gamaliel les reçut : lorsque R. Dosah, fils d’Arkenaz, dit : « Ce sont de faux témoins ; car comment peuvent-ils témoigner d’une femme qui accouche [un certain jour], alors que, le lendemain, elle apparaît encore avec tous les signes de grossesse ? » [9] Alors R. Joshua lui dit : « J’approuve ton opinion. »
§ 9. Sur ce, Rabbon Gamaliel lui envoya un message à [R. Joshua], disant : « Je t’ordonne [10] de te présenter devant moi le jour des Expiations, selon ton calcul, avec ton bâton et ta [bourse d’]argent à la main. » [11] R. Akivah alla le trouver [R. Joshua] et le trouva attristé. Il lui dit alors : « Je peux prouver que tout ce que Rabbon Gamaliel a fait est [bien] fait, car il est dit : ‘Ce sont les fêtes du Seigneur, les saintes convocations que vous proclamerez’, soit en leur temps, soit hors de leur temps, leurs convocations doivent être considérées comme des fêtes saintes. » Lorsqu’il [R. Josué] vint trouver R. Dosah ben Arkenaz, qui lui dit : « Si nous devons réexaminer les décisions du tribunal de Rabbon Gamaliel, nous devons également réexaminer les décisions de tous les tribunaux de justice qui ont existé depuis l’époque de Moïse jusqu’à nos jours ; car il est dit (Exode xxiv. 2) : « Moïse, Aaron, Nadab, Abihu et soixante-dix anciens montèrent sur la montagne. » Pourquoi les noms des anciens n’ont-ils pas également été précisés ? Pour nous informer que tous les trois hommes en Israël qui forment le בית דין [tribunal de justice] doivent être respectés au même titre que le tribunal de Moïse. » Alors R. Josué prit son bâton et son argent, et se rendit à Jamnia, auprès de Rabbon Gamaliel, le [ p. 162 ] le jour même où l’Expiation aurait dû avoir lieu, selon ses calculs ; lorsque Rabbon Gamaliel se leva et l’embrassa sur le front, en disant : « Entre en paix, mon maître et disciple ! Mon maître, en connaissance ; et mon disciple, puisque tu as obéi à mon injonction. »
159:1 Les soudoyer pour qu’ils donnent de faux témoignages afin de tromper le Sanhédrin. ↩︎
159:2 En allumant ces tisons ou ces balises sur les montagnes à des moments inopportuns, pour se moquer des Juifs ou pour les tromper. ↩︎
159:3 Voici les noms des différentes stations de montagne. ↩︎
159:4 Babylone. ↩︎
159:5 Comme chaque Juif avait l’habitude d’aller sur son toit en agitant une torche enflammée. ↩︎
160:6 S’ils arrivaient ce jour-là, alors que, selon la loi, ils ne pouvaient parcourir que quatre « amoth ». ↩︎
160:7 Voir Traité Erubin, chap. IV. ↩︎
160:8 Car il leur serait pénible d’être renvoyés sans avoir été examinés par le Beth Din, et d’avoir fait leur voyage en vain. ↩︎
161:9 La nuit du trentième jour du mois. ↩︎
161:10 Le trente et unième jour depuis le premier du mois dernier, et le deuxième jour ou jour intercalaire de la fête de la nouvelle lune. ↩︎
161:11 Dans l’original, « avec le ventre jusqu’aux dents ». ↩︎