Livre XIV — De la mort de la reine Alexandra à la mort d'Antigone | Page de titre | Livre XVI — De l'achèvement du Temple par Hérode à la mort d'Alexandre et d'Aristobule |
CONTENANT L’INTERVALLE DE DIX-HUIT ANS.
À PROPOS DE POLLION ET DE SAMEAS. HÉRODE TUE LE PRINCIPAL AMIS D’ANTIGONE ET PRISONNE LA VILLE DE SES RICHESSES. Antoine décapite Antigone.
1. Comment Sosius et Hérode prirent Jérusalem par la force, et comment ils firent prisonnier Antigone, nous l’avons raconté dans le livre précédent. Nous allons maintenant poursuivre le récit. Hérode, ayant désormais le gouvernement de toute la Judée entre ses mains, promut les simples citoyens de la ville qui avaient adhéré à son parti, mais ne cessait jamais de venger et de punir chaque jour ceux qui avaient choisi de se ranger du côté de ses ennemis. Pollion, le pharisien, et Saméas, son disciple, étaient honorés par lui plus que tous les autres ; car, lors du siège de Jérusalem, ils conseillèrent aux citoyens de recevoir Hérode, conseil qui leur fut bien récompensé. Or, ce Pollion, au moment où Hérode était en jugement, prédit, en guise de reproche, à Hyrcan et aux autres juges, comment cet Hérode, qu’ils laissaient échapper, les punirait tous plus tard, qui eut son accomplissement dans le temps, tandis que Dieu accomplissait les paroles qu’il avait dites.
2. Hérode, maintenant qu’il avait pris Jérusalem, s’empara de tous les ornements royaux et dépouillé les riches de leurs biens. Ayant ainsi amassé une grande quantité d’argent et d’or, il la remit à Antoine et à ses amis. Il fit également tuer quarante-cinq des principaux hommes du parti d’Antigone et plaça des gardes aux portes de la ville, afin que rien ne soit emporté avec leurs corps. On fouillait les morts, et tout ce qu’on trouvait, argent, or ou autres trésors, était porté au roi. Les malheurs qu’il leur infligeait étaient sans fin ; cette détresse était due en partie à la cupidité du prince régent, qui en manquait toujours, et en partie à l’année sabbatique, qui continuait, et qui contraignait le pays à rester inculte, car il nous était interdit d’ensemencer nos terres cette année-là. Or, Antoine, ayant reçu Antigone comme prisonnier, résolut de le retenir pour empêcher son triomphe ; mais, lorsqu’il apprit que la nation était devenue séditieuse et que, par haine contre Hérode, elle continuait à être bienveillante envers Antigone, il résolut de le faire décapiter à Antioche, car autrement les Juifs ne pourraient être amenés à se taire. Strabon de Cappadoce confirme ce que j’ai dit lorsqu’il s’exprime ainsi : « Antoine ordonna qu’Antigone le Juif soit amené à Antioche et y soit décapité. Et cet Antoine me semble avoir été le premier à décapiter un roi, pensant qu’il ne pouvait autrement incliner les Juifs à accepter Hérode, qu’il avait fait roi à sa place ; car aucun tourment ne pouvait les forcer à l’appeler roi, tant ils avaient d’affection pour leur ancien roi ; il pensait donc que cette mort déshonorante diminuerait la valeur qu’ils accordaient à la mémoire d’Antigone, et en même temps la haine qu’ils portaient à Hérode. » Jusqu’ici, Strabon.
COMMENT HYRCAN FUT LIBÉRÉ PAR LES PARTHIENS ET RETOURNA À HÉRODE ; ET CE QU’A FAIT ALEXANDRE QUAND ELLE APPRIT QU’ANANELUS AVAIT ÉTÉ FAIT GRAND PRÊTRE.
1. Après qu’Hérode eut pris possession du royaume, le grand prêtre Hyrcan, alors captif chez les Parthes, revint le trouver et fut libéré de sa captivité. Voici comment Barzapharnès et Pacorus, généraux des Parthes, firent prisonniers Hyréen, d’abord grand prêtre, puis roi, et Phasaël, frère d’Hérode, et les emmenèrent à Parthis. Phasaël ne supporta pas l’opprobre d’être enchaîné ; et, pensant que la mort avec gloire valait mieux que n’importe quelle vie, il se fit son propre bourreau, comme je l’ai déjà raconté.
2. Mais lorsqu’Hyrcan fut amené en Parthie, le roi Phraatès le traita avec beaucoup de douceur, comme s’il avait déjà appris l’illustre famille qu’il appartenait. C’est pourquoi il le libéra de ses liens et lui donna une résidence à Babylone, [1] où se trouvaient de nombreux Juifs. Ces Juifs honoraient Hyrcan comme leur grand prêtre et leur roi, comme le faisait toute la nation juive qui habitait jusqu’à l’Euphrate ; ce respect lui était très agréable. Mais lorsqu’il apprit qu’Hérode avait reçu le royaume, de nouveaux espoirs lui revinrent, car il était lui-même resté bienveillant envers lui et espérait qu’Hérode se souviendrait de la faveur qu’il avait reçue de lui. Et lorsqu’il fut jugé, et qu’il risqua la peine capitale, il le délivra de ce danger et de toute punition. Il s’entretint donc de cette affaire avec le Juif qui venait souvent le voir avec beaucoup d’affection, mais ils s’efforcèrent de le retenir parmi eux, et désirèrent qu’il restât avec eux, lui rappelant les bons offices et les honneurs qu’ils lui rendaient, et que ces honneurs qu’ils lui rendaient n’étaient en rien inférieurs à ceux qu’ils pouvaient rendre à leurs grands prêtres ou à leurs rois ; et ce qui était un motif plus grand pour le déterminer, disaient-ils, c’était qu’il ne pouvait pas avoir ces dignités [en Judée] à cause de cette mutilation dans son corps, qui lui avait été infligée par Antigone ; et que les rois n’ont pas coutume de récompenser les hommes pour les bienfaits qu’ils ont reçus lorsqu’ils étaient des particuliers, la hauteur de leur fortune ne faisant généralement pas de petits changements en eux.
3. Bien qu’ils lui aient suggéré ces arguments pour son propre avantage, Hyrcan désirait néanmoins partir. Hérode lui écrivit également et le persuada de prier Phraatès et les Juifs qui étaient là de ne pas lui refuser l’autorité royale, qu’il devait détenir conjointement avec lui, car c’était le moment opportun pour lui de se racheter des faveurs qu’il avait reçues de lui, car il l’avait élevé et sauvé, et Hyrcan devait les recevoir. Ce faisant, il envoya également Saramallas, son ambassadeur, à Phraatès, accompagné de nombreux présents, et le pria avec la plus grande obligeance de ne pas entraver sa gratitude envers son bienfaiteur. Mais ce zèle d’Hérode ne découlait pas de ce principe, mais parce qu’il avait été nommé gouverneur de ce pays sans y avoir aucun droit légitime, il craignait, et cela pour de bonnes raisons, un changement dans sa condition, et il fit donc tout ce qu’il put pour mettre Hyrcan en son pouvoir, ou même pour le mettre complètement hors de son chemin ; ce dernier objectif qu’il réalisa plus tard.
4. Ainsi, lorsque Hyrcan arriva, plein d’assurance, avec la permission du roi de Parthie et aux frais des Juifs qui lui fournissaient de l’argent, Hérode le reçut avec tous les égards possibles, lui accorda la première place dans les assemblées publiques et le plaça au-dessus de tous les autres dans les festins, le trompant ainsi. Il l’appelait son père et s’efforçait, par tous les moyens possibles, de ne pas le soupçonner de complots perfides contre lui. Il prit également d’autres mesures pour assurer son gouvernement, ce qui provoqua cependant une sédition dans sa propre famille ; car, prudent quant à la manière de nommer un personnage illustre grand prêtre de Dieu, [2] il fit venir de Babylone un prêtre obscur, nommé Ananèle, et lui conféra le grand prêtre.
5. Cependant, Alexandra, fille d’Hyrcan et épouse d’Alexandre, fils du roi Aristobule, qui avait également donné naissance à deux enfants à Alexandre, ne put supporter cette indignité. Or, ce fils était d’une beauté exceptionnelle et s’appelait Aristobule ; et sa fille, Mariamne, était l’épouse d’Hérode et était également remarquable par sa beauté. Alexandra, très inquiète, prit très mal cette indignité faite à son fils, qui, de son vivant, devait faire venir quelqu’un d’autre pour lui conférer la dignité de grand prêtre. Elle écrivit donc à Cléopâtre (un musicien l’aidant à faire porter ses lettres) pour solliciter son intercession auprès d’Antoine afin d’obtenir le grand prêtre pour son fils.
6. Mais comme Antoine tardait à accéder à sa requête, son ami Dellius [3] arriva en Judée pour affaires ; et lorsqu’il vit Aristobule, il fut émerveillé par la taille et la beauté de l’enfant, et non moins par Mariarune, l’épouse du roi, et ne tarit pas d’éloges sur Alexandra, la considérant comme la mère de très beaux enfants. Et lorsqu’elle vint lui parler, il la persuada de se faire dessiner des portraits d’eux deux et de les envoyer à Antoine, car, une fois vus, il ne lui refuserait rien de ce qu’elle pourrait demander. Alexandra, magnifiée par ces paroles, envoya les portraits à Antoine. Dellius, lui aussi, parla avec extravagance, affirmant que ces enfants ne semblaient pas provenir des hommes, mais de quelque dieu. Son intention était d’entraîner Antoine à des plaisirs obscènes avec elles. Antoine, honteux d’envoyer chercher la jeune fille, étant l’épouse d’Hérode, s’en abstint, de peur des reproches que Cléopâtre lui ferait. Il fit cependant venir le jeune homme de la manière la plus décente possible, ajoutant toutefois ceci, à moins qu’il ne jugeât cela pénible. Lorsque cette lettre fut apportée à Hérode, il jugea risqué d’envoyer un homme aussi beau qu’Aristobule, dans la fleur de l’âge, car il avait seize ans et était issu d’une famille si noble, et surtout pas d’Antoine, le plus important des Romains, qui l’abusait dans ses amours, et qui, de plus, s’adonnait ouvertement aux plaisirs que son pouvoir lui permettait sans contrôle. Il lui écrivit donc que si ce garçon sortait du pays, tout serait dans un état de guerre et de tumulte, car les Juifs espéraient un changement de gouvernement et avoir un autre roi sur eux.
7. Après s’être ainsi excusé auprès d’Antoine, Hérode résolut de ne pas permettre que l’enfant ou Alexandra soient traitées avec déshonneur. Mais sa femme Mariamne le pressa avec véhémence de rendre la grande prêtrise à son frère. Il jugea qu’il était dans son intérêt d’agir ainsi, car s’il avait une fois cette dignité acquise, il ne pourrait plus quitter le pays. Il réunit donc ses amis et leur dit qu’Alexandra conspirait secrètement contre son autorité royale et s’efforçait, par l’intermédiaire de Cléopâtre, de parvenir à ce qu’il soit destitué du gouvernement et que, par l’intermédiaire d’Antoine, ce jeune homme puisse diriger les affaires publiques à sa place. Cette procédure était injuste, car elle priverait du même coup sa fille de la dignité qu’elle possédait déjà, et provoquerait des troubles dans le royaume, pour lesquels il avait pris beaucoup de peine et l’avait obtenue au prix de risques extraordinaires. que, tout en se souvenant de ses mauvaises actions, il ne cesserait pas de faire ce qui était juste, et qu’il donnerait dès maintenant au jeune homme le grand prêtre ; et qu’il avait établi Ananelus, car Aristobulus était alors un enfant très jeune. Or, après avoir dit cela, non pas au hasard, mais comme il le pensait avec la plus grande discrétion possible, afin de tromper les femmes et les amis qu’il avait pris en consultation, Alexandra, de joie devant cette promesse inattendue et de crainte des soupçons qui pesaient sur elle, fondit en larmes ; et s’excusa ainsi : quant au grand prêtre, elle était très inquiète de la disgrâce que subissait son fils, et elle faisait donc tout son possible pour le lui procurer ; mais que quant au royaume, elle n’avait rien cherché, et que si on le lui offrait, elle ne l’accepterait pas ; et qu’elle serait désormais satisfaite de la dignité de son fils, tant qu’il occuperait lui-même le gouvernement civil, et qu’elle bénéficiait ainsi de la sécurité que lui conférait son habileté particulière à gouverner le reste de sa famille ; qu’elle était désormais conquise par ses bienfaits, qu’elle acceptait avec reconnaissance cet honneur qu’il témoignait à son fils, et qu’elle lui serait désormais entièrement obéissante. Elle le priait de l’excuser si la noblesse de sa famille et la liberté d’action qu’elle pensait lui accorder l’avaient incitée à agir trop précipitamment et imprudemment dans cette affaire. Ainsi, après s’être ainsi entretenus, ils parvinrent à un accord, et tous les soupçons, autant qu’ils pouvaient paraître, s’évanouirent.
Comment Hérode, après avoir fait d’Aristobule son grand prêtre, prit soin de le faire assassiner dans peu de temps ; et quelles excuses il fit à Antoine au sujet d’Aristobule ; ainsi que de Joseph et de Mariamne.
1. Le roi Hérode retira aussitôt le sacerdoce à Ananelus, qui, comme nous l’avons dit, n’était pas de ce pays, mais de ces Juifs emmenés captifs au-delà de l’Euphrate ; car il y avait pas mal de dizaines de milliers de ce peuple qui avaient été emmenés captifs et qui habitaient la Babylonie, d’où Ananelus était originaire. Il était de la lignée des grands prêtres [4] et avait été de longue date un ami intime d’Hérode ; et lorsqu’il fut fait roi, il lui conféra cette dignité, puis l’en retira de nouveau, afin d’apaiser les troubles dans sa famille, bien que ce qu’il fit fût manifestement illégal, car à aucune autre époque [de longue date] personne ayant exercé cette dignité ne l’avait été privée. Ce fut Antiochus Épiphane qui le premier enfreignit cette loi, destitua Jésus et nomma son frère Onias grand prêtre à sa place. Aristobule fut le second à le faire, et retira cette dignité à son frère Hyrcan ; et cet Hérode fut le troisième à enlever cette haute fonction à Arianflus et à la donner à ce jeune homme, Aristobule, à sa place.
2. Hérode semblait avoir apaisé les divisions dans sa famille ; pourtant, comme c’est souvent le cas, il se méfiait des personnes qui semblaient se réconcilier. Il pensait que, comme Alexandra avait déjà tenté des innovations, il craignait qu’elle ne persiste si elle en trouvait l’occasion. Il lui ordonna donc de demeurer au palais et de ne se mêler d’affaires publiques. Ses gardes étaient si vigilants que rien de ce qu’elle faisait dans la vie privée n’était caché. Toutes ces difficultés la mirent peu à peu à bout de patience et elle commença à haïr Hérode ; car, comme elle avait l’orgueil d’une femme au plus haut degré, elle était très indignée par cette garde soupçonneuse qui l’entourait, préférant subir tout ce qui pouvait lui arriver plutôt que d’être privée de sa liberté de parole et, sous prétexte de garde honoraire, de vivre dans un état d’esclavage et de terreur. Elle envoya donc trouver Cléopâtre et se plaignit longuement de sa situation, la suppliant de faire tout son possible pour l’aider. Cléopâtre lui conseilla alors d’emmener son fils avec elle et de se rendre immédiatement en Égypte. Ce conseil lui plut ; et elle imagina un stratagème pour s’enfuir : elle fit fabriquer deux cercueils, comme pour emporter deux cadavres, et se mit dans l’un, son fils dans l’autre. Elle donna l’ordre à ses serviteurs, qui étaient au courant de ses intentions, de les emporter de nuit. De là, ils devaient rejoindre la mer, et un navire était prêt à les transporter en Égypte. Or, Ésope, l’un de ses serviteurs, rencontra par hasard Sabion, l’un de ses amis, et lui parla de cette affaire, pensant l’avoir déjà su. Lorsque Sabion apprit cela, lui qui avait été autrefois un ennemi d’Hérode et qui avait été considéré comme l’un de ceux qui avaient tendu des pièges à Antipater et lui avaient donné du poison, il s’attendait à ce que cette découverte change la haine d’Hérode en bienveillance. Il révéla donc au roi le stratagème secret d’Alexandra. Il la laissa alors mettre son projet à exécution et la prit sur le fait. Mais il passa outre son offense. Bien qu’il en fût bien décidé, il n’osa rien lui infliger de grave, car il savait que Cléopâtre ne supporterait pas qu’il la condamnât, à cause de sa haine pour lui. Il fit semblant que c’était plutôt la générosité de son âme et sa grande modération qui le poussaient à leur pardonner. Cependant, il se proposa de se débarrasser de ce jeune homme, par un moyen ou un autre ; mais il pensa qu’il serait probablement plus discret en le faisant, s’il ne le faisait pas immédiatement, ni immédiatement après ce qui venait de se passer.
3. Or, à l’approche de la fête des Tabernacles, qui est une fête très observée parmi nous, il laissa passer ces jours, et lui et le reste du peuple étaient là très joyeux ; cependant l’envie qui s’éleva en lui à ce moment-là le fit se hâter d’accomplir ce qu’il avait à faire, et l’y provoqua ; car lorsque ce jeune Aristobule, qui était alors dans la dix-septième année de son âge, monta à l’autel, selon la loi, pour offrir les sacrifices, et cela avec les ornements de son grand-prêtre, et lorsqu’il accomplit les offices sacrés, [5] il parut être extrêmement beau, et plus grand que ne l’étaient habituellement les hommes de cet âge, et montrer dans son visage une grande partie de cette haute famille dont il était issu, - un zèle ardent et une affection chaleureuse pour lui apparurent parmi le peuple, et le souvenir des actions de son grand-père Aristobule était frais dans leurs esprits ; et leurs affections prirent tellement d’emprise sur eux qu’ils ne purent s’empêcher de lui manifester leurs inclinations. Ils se réjouirent et furent confondus à la fois, et mêlèrent de bons vœux les acclamations joyeuses qu’ils lui adressaient, jusqu’à ce que la bienveillance de la multitude fût trop évidente ; et ils proclamèrent le bonheur qu’ils avaient reçu de sa famille plus témérairement qu’il ne convenait de le faire sous une monarchie. Sur ce, Hérode résolut d’achever ce qu’il avait projeté contre le jeune homme. Lorsque la fête fut donc terminée, et qu’il festoyait à Jéricho [6] avec Alexandra, qui les y recevait, il se montra alors très aimable avec le jeune homme, et l’entraîna dans un lieu solitaire, tout en jouant avec lui d’une manière juvénile et ridicule. Or, la nature de ce lieu était plus chaude que d’habitude ; alors ils sortirent en masse, et d’un coup, et dans un état de folie ; Tandis qu’ils se tenaient près des grands étangs à poissons autour de la maison, ils allèrent se rafraîchir en se baignant, car c’était en pleine chaleur. Au début, ils n’étaient que spectateurs des serviteurs et connaissances d’Hérode qui nageaient ; mais peu après, le jeune homme, à l’instigation d’Hérode, entra dans l’eau parmi eux, tandis que des connaissances d’Hérode, désignées par lui, le trempaient pendant qu’il nageait et le plongeaient sous l’eau, dans l’obscurité du soir, comme s’il s’agissait d’un simple jeu ; ils ne cessèrent de le faire qu’après l’avoir complètement asphyxié. C’est ainsi qu’Aristobule fut assassiné, n’ayant vécu que dix-huit ans en tout, et n’ayant exercé le sacerdoce qu’un an seulement ; sacerdoce qu’Ananelus recouvra alors.
4. Lorsque ce triste accident fut annoncé aux femmes, leur joie se transforma bientôt en lamentations à la vue du corps sans vie étendu devant elles, et leur chagrin fut immense. La ville de Jérusalem, elle aussi, à la nouvelle de cette tragédie, fut profondément affligée, chaque famille considérant ce malheur comme s’il n’appartenait pas à une autre, mais comme si l’une d’elles avait été tuée. Mais Alexandra fut plus profondément affectée, sachant qu’il avait été tué intentionnellement. Sa tristesse était plus grande que celle des autres, car elle savait comment le meurtre avait été commis ; mais elle était obligée de le supporter, par crainte d’un malheur plus grave qui pourrait s’ensuivre ; et elle en vint souvent à l’idée de se suicider, mais elle se retint néanmoins, espérant vivre assez longtemps pour venger ce meurtre injuste ainsi commis en secret. Elle résolut même de s’efforcer de vivre plus longtemps, de ne laisser aucune place à l’idée qu’elle soupçonnait que son fils avait été tué intentionnellement, et de se croire ainsi en mesure de le venger en temps opportun. Elle se retint ainsi, afin de ne pas être reconnue pour de tels soupçons. Cependant, Hérode s’efforça de faire croire à personne, à l’étranger, que la mort de l’enfant fût due à un dessein de sa part ; et pour ce faire, il ne se contenta pas d’user des signes habituels de tristesse, mais fondit en larmes et manifesta une véritable confusion ; et peut-être son affection fut-elle vaincue à cette occasion, en voyant le visage de l’enfant si jeune et si beau, bien que sa mort fût censée contribuer à sa propre sécurité. Jusque-là, du moins, cette douleur lui servit d’excuse. et quant à ses funérailles, il prit soin qu’elles soient très magnifiques, en faisant de grands préparatifs pour un sépulcre où déposer son corps, en fournissant une grande quantité d’épices, et en enterrant avec lui de nombreux ornements, jusqu’à ce que les femmes elles-mêmes, qui étaient dans une si profonde tristesse, en furent étonnées, et reçurent de cette manière quelque consolation.
5. Cependant, rien de tout cela ne put apaiser la douleur d’Alexandra ; le souvenir de cette misérable affaire la rendit profondément triste et obstinée. Elle écrivit donc à Cléopâtre le récit de cette scène perfide, et comment son fils fut assassiné. Mais Cléopâtre, désireuse de lui donner satisfaction et compatissante pour les malheurs d’Alexandra, fit sienne l’affaire et ne laissa pas Antoine tranquille, l’incitant plutôt à punir le meurtre de l’enfant. Car il était indigne qu’Hérode, qu’il avait fait roi d’un royaume qui ne lui appartenait en rien, se rendît coupable de crimes aussi horribles contre des personnes de sang royal. Antoine fut convaincu par ces arguments ; et, arrivé à Laodicée, il envoya demander à Hérode de venir se défendre de ce qu’il avait fait à Aristobule, car un tel dessein perfide n’était pas bien mené, s’il y avait participé. Hérode craignait désormais l’accusation et la mauvaise volonté de Cléopâtre à son égard, si intense qu’elle s’efforçait sans cesse de le faire haïr par Antoine. Il résolut donc d’obtempérer, car il n’avait aucun moyen d’y échapper. Il laissa donc son oncle Joseph procurateur de son gouvernement et des affaires publiques, et lui confia la mission secrète de tuer Mariamne immédiatement si Antoine le tuait. Il éprouvait une tendre affection pour cette femme et craignait le préjudice qu’elle lui causerait si, après sa mort, elle se fiançait à un autre homme pour sa beauté. Mais il ne laissait entendre au fond de son cœur qu’Antoine était tombé amoureux d’elle, après avoir entendu parler de sa beauté. Hérode ayant donc confié cette mission à Joseph, n’ayant aucun espoir de s’en tirer vivant, il se rendit auprès d’Antoine.
6. Joseph, administrant les affaires publiques du royaume, et fréquentant fréquemment Mariamne, tant par ses affaires que par égard pour la reine, il se laissait souvent aller à des discours sur la bonté et l’affection profonde d’Hérode pour elle. Et lorsque les femmes, Alexandra en particulier, transformaient ses discours en railleries féminines, Joseph, désireux de démontrer les inclinations du roi, alla jusqu’à mentionner la charge qu’il avait reçue, démontrant ainsi qu’Hérode ne pouvait vivre sans elle et que, s’il devait connaître une fin malheureuse, il ne pourrait supporter une séparation, même après sa mort. Ainsi parla Joseph. Mais les femmes, comme il était naturel, ne virent pas là un signe de la grande affection d’Hérode pour elles, mais la sévérité de ses traitements, qui les empêchaient d’échapper à la destruction ni à une mort tyrannique, même après sa mort. Et cette parole de Joseph fut le fondement des graves soupçons que les femmes eurent par la suite à son égard.
7. À cette époque, le bruit courut dans la ville de Jérusalem parmi les ennemis d’Hérode qu’Antoine avait torturé Hérode et l’avait mis à mort. Cette nouvelle, comme il est naturel, troubla ceux qui se trouvaient autour du palais, mais surtout les femmes. Alexandra s’efforça alors de persuader Joseph de sortir du palais et de s’enfuir avec eux vers les enseignes de la légion romaine, alors campée autour de la ville, pour protéger le royaume, sous le commandement de Jules. Ainsi, en cas de troubles autour du palais, ils seraient plus en sécurité, bénéficiant de l’appui des Romains ; et, de plus, ils espéraient obtenir la plus haute autorité si Antoine voyait une seule fois Mariamne, grâce à laquelle ils pourraient recouvrer le royaume, sans manquer de ce qu’ils pouvaient raisonnablement espérer, compte tenu de leur origine royale.
8. Or, comme ils étaient en pleine délibération, on apporta des lettres d’Hérode sur toutes ses affaires, lettres qui se révélèrent contraires à ce qu’on avait rapporté et à ce qu’ils espéraient. Arrivé auprès d’Antoine, il se rallia bientôt à lui grâce aux présents qu’il lui avait apportés de Jérusalem. Il le persuada bientôt, après s’être entretenu avec lui, de cesser son indignation, de sorte que les persuasions de Cléopâtre eurent moins de force que les arguments et les présents qu’il apporta pour regagner son amitié. Antoine, en effet, disait qu’il n’était pas bon de demander compte à un roi des affaires de son gouvernement, car à ce prix il ne pouvait être roi du tout, mais que ceux qui lui avaient donné cette autorité devaient lui permettre d’en faire usage. Il dit également les mêmes choses à Cléopâtre, qu’il valait mieux qu’elle ne s’immisce pas dans les actes du gouvernement du roi. Français Hérode écrivit un récit de ces choses, et développa les autres honneurs qu’il avait reçus d’Antoine ; comment il s’asseyait à ses côtés lorsqu’il entendait ses causes, et prenait sa nourriture avec lui chaque jour, et qu’il jouissait de ces faveurs de sa part, malgré les reproches que Cléopâtre lui adressait si sévèrement, qui, ayant un grand désir de son pays, et suppliant Antoine avec instance que le royaume lui soit donné, travaillait avec la plus grande diligence pour le faire disparaître ; mais qu’il trouvait toujours Antoine juste envers lui, et n’avait plus aucune crainte de dur traitement de sa part ; et qu’il était bientôt à son retour, avec une plus ferme assurance supplémentaire de sa faveur envers lui, dans son règne et la gestion des affaires publiques ; et qu’il n’y avait plus aucun espoir pour le tempérament cupide de Cléopâtre, depuis qu’Antoine lui avait donné la Célésyrie au lieu de ce qu’elle avait désiré ; par ce moyen, il l’avait immédiatement apaisée, et s’était débarrassé des supplications qu’elle lui avait faites pour que la Judée lui soit accordée.
9. Ces lettres apportées, les femmes abandonnèrent leur tentative de fuite chez les Romains, projet auquel elles songeaient alors qu’Hérode était supposé mort ; pourtant, leur projet n’était pas secret. Le roi, après avoir conduit Antoine contre les Parniens, retourna en Judée. Sa sœur Salomé et sa mère l’informèrent des intentions d’Alexandra. Salomé ajouta encore quelque chose contre Joseph, quoique ce ne fût qu’une calomnie, qu’il avait souvent eu des conversations criminelles avec Mariamne. Si elle disait cela, c’est qu’elle lui avait longtemps témoigné sa mauvaise volonté ; car, lorsqu’ils étaient en conflit, Mariamne prenait de grandes libertés et reprochait aux autres la bassesse de leur naissance. Mais Hérode, dont l’affection pour Mariamne était toujours très vive, s’en trouva bientôt troublé et ne put supporter les tourments de la jalousie, mais son amour pour elle le retenait de toute imprudence. Français et pourtant son affection véhémente et sa jalousie le firent interroger Mariamne seule sur cette affaire de Joseph ; mais elle le nia sous serment, et dit tout ce qu’une femme innocente pouvait dire pour sa propre défense ; de sorte que peu à peu le roi fut amené à abandonner le soupçon, et à laisser tomber sa colère contre elle ; et, submergé par sa passion pour sa femme, il lui fit des excuses pour avoir semblé croire ce qu’il avait entendu d’elle, et lui rendit un grand nombre de reconnaissances de sa conduite modeste, et professa l’affection et la bonté extraordinaires qu’il avait pour elle, jusqu’à ce qu’enfin, comme c’est l’habitude entre amoureux, ils tombèrent tous deux en larmes, et s’embrassèrent l’un l’autre avec une affection des plus tendres. Mais comme le roi lui donnait de plus en plus d’assurances quant à sa fidélité et s’efforçait de l’amener à une confiance égale en lui, Marianme dit : « Pourtant, cet ordre que tu m’as donné, que si Antoine te faisait du mal, moi, qui n’en avais pas été la cause, je périsse avec toi, n’était-ce pas un signe de ton amour ? » Ces mots chuchotés, le roi en fut choqué et la lâcha aussitôt de ses bras. Il poussa un cri, s’arracha les cheveux et dit : « Il avait maintenant la preuve évidente que Joseph avait eu une conversation criminelle avec sa femme ; car il n’aurait jamais dit ce qu’il lui avait dit seul, sans une telle familiarité et une telle confiance entre eux. Et dans cette colère, il aurait failli tuer sa femme ; mais, encore submergé par son amour pour elle, il réprima sa passion, non sans un chagrin et une inquiétude durables. » Cependant il donna l’ordre de tuer Joseph, sans lui permettre de paraître devant lui ; et quant à Alexandra, il la lia et la garda en détention, comme cause de tout ce mal.
Comment Cléopâtre, après avoir quitté Antoine et avoir traversé quelques parties de la Judée et de l’Arabie, entra en Judée ; et comment Hérode lui fit de nombreux présents et la reconduisit en Égypte.
1. À cette époque, les affaires de Syrie étaient perturbées par les constantes persuasions de Cléopâtre auprès d’Antoine, qui voulait s’emparer des domaines de chacun. Elle le persuada de les arracher à leurs princes respectifs et de les lui céder. Elle exerçait une grande influence sur lui, car il était son esclave. Elle était aussi, de nature, très avide et ne s’attachait à aucun mal. Elle avait déjà empoisonné son frère, sachant qu’il serait roi d’Égypte, et ce alors qu’il n’avait que quinze ans. Elle fit tuer sa sœur Arsinoé par l’intermédiaire d’Antoine, alors qu’elle était suppliante au temple de Diane à Éphèse. Car, s’il y avait le moindre espoir de gagner de l’argent, elle violerait temples et sépulcres. Il n’y avait pas non plus de lieu saint considéré comme le plus inviolable dont elle ne pût retirer les ornements qu’il contenait. Ni aucun lieu aussi profane, mais elle devait subir de sa part les pires traitements, si cela pouvait contribuer à l’avidité de cette créature perverse. Pourtant, tout cela ne suffisait pas à une femme aussi extravagante, esclave de ses désirs. Elle s’imaginait pourtant désirer tout ce qui lui était possible et faisait tout son possible pour l’obtenir. C’est pourquoi elle pressait Antoine de priver les autres de leurs domaines et de les lui donner. En traversant la Syrie avec lui, elle parvint à s’en emparer ; il tua alors Lysanias, fils de Ptolémée, l’accusant d’y avoir amené les Parthes. Elle demanda également à Antoine de lui céder la Judée et l’Arabie, et, pour cela, lui demanda de retirer ces territoires à leurs gouverneurs actuels. Quant à Antoine, il était si profondément sous l’emprise de cette femme qu’on aurait pu croire que non seulement sa conversation pouvait y parvenir, mais qu’il était, d’une manière ou d’une autre, ensorcelé et qu’il ferait tout ce qu’elle voulait. Pourtant, les plus grossières injustices de cette femme le rendaient si honteux qu’il refusait toujours de l’écouter commettre les actes flagrants qu’elle lui aurait persuadés. Afin de ne pas la renier totalement, ni, en faisant tout ce qu’elle lui ordonnait, de passer ouvertement pour un homme mauvais, il prit des parties de chacun de ces pays à leurs anciens gouverneurs et les lui donna. Ainsi, il lui donna les villes situées en deçà du fleuve Éleuthère, jusqu’en Égypte, à l’exception de Tyr et de Sidon, qu’il savait avoir été des villes libres de leurs ancêtres, bien qu’elle le pressât souvent de les lui accorder également.
2. Après avoir obtenu ces biens, Cléopâtre accompagna Antoine dans son expédition en Arménie jusqu’à l’Euphrate. Elle revint ensuite en Apamie et à Damas, puis en Judée. Hérode la rencontra et cultiva ses terres d’Arabie, ainsi que les revenus qui lui provenaient des environs de Jéricho. Cette région produit le baume, la drogue la plus précieuse qui existe, et y pousse seul. On y trouve aussi des palmiers, nombreux et excellents dans leur espèce. Lorsqu’elle y était, et qu’elle était très souvent avec Hérode, elle s’efforçait d’avoir des conversations criminelles avec le roi ; elle ne se cachait pas dans ces plaisirs ; et peut-être éprouvait-elle une certaine passion pour lui ; ou plutôt, ce qui est plus probable, lui tendit-elle un piège perfide en cherchant à obtenir de lui une conversation adultère. Cependant, dans l’ensemble, elle semblait submergée par son amour pour lui. Hérode avait longtemps été peu enclin à la sympathie pour Cléopâtre, la sachant importune pour tous. Il la jugeait alors particulièrement digne de sa haine, si cette tentative était motivée par la luxure. Il avait également songé à la mettre à mort, si tel était son projet. Cependant, il refusa d’accéder à ses propositions et convoqua un conseil de ses amis pour savoir s’il ne fallait pas la tuer, maintenant qu’il la tenait en son pouvoir. Il s’agissait de délivrer ainsi tous ceux pour qui elle était déjà importune et devait le rester à l’avenir, et cela serait d’un grand avantage pour Antoine lui-même, car elle ne lui serait certainement pas fidèle, si jamais il se trouvait dans une telle situation ou nécessité qu’il ait besoin de sa fidélité. Mais lorsqu’il pensa suivre ce conseil, ses amis ne le laissèrent pas faire. Ils lui dirent d’abord qu’il n’était pas juste de tenter une chose aussi grande et de s’exposer ainsi au plus grand danger. Ils le pressèrent de ne rien entreprendre avec témérité, car Antoine ne le supporterait jamais, même si l’on pouvait lui montrer que c’était pour son propre intérêt. De plus, l’apparence de le priver de sa conversation, par cette méthode violente et perfide, enflammerait probablement davantage son affection. Il ne semblait pas non plus pouvoir apporter quoi que ce soit de sérieux pour sa défense, cette tentative étant dirigée contre une femme de son sexe, qui était alors la plus haute dignité du monde. Quant à l’avantage à attendre d’une telle entreprise, si tant est qu’on puisse en supposer un, il paraîtrait condamnable, en raison de l’insolence qu’il devait assumer en la faisant. Ces considérations montraient clairement qu’en agissant ainsi, son gouvernement serait rempli de dommages, à la fois graves et durables, pour lui-même et pour sa postérité.Alors qu’il était encore en son pouvoir de rejeter la méchanceté qu’elle le persuaderait de faire, et d’en tirer un profit honorable. Ainsi, en effrayant ainsi Hérode et en lui représentant le danger qu’il courrait probablement en entreprenant cette entreprise, ils l’en empêchèrent. Il traita Cléopâtre avec bonté, lui fit des présents et la reconduisit en Égypte.
3. Antoine soumit l’Arménie et envoya Artabaze, fils de Tigrane, enchaîné avec ses enfants et ses procurateurs, en Égypte. Il les offrit, ainsi que tous les ornements royaux qu’il avait pris dans ce royaume, à Cléopâtre. Artaxias, l’aîné de ses fils, qui s’était échappé à cette époque, prit le royaume d’Arménie. Il fut cependant chassé par Archclaus et Néron César, lorsqu’ils restituèrent Tigrane, son frère cadet, dans ce royaume ; mais cela arriva bien plus tard.
4. Quant aux tributs qu’Hérode devait payer à Cléopâtre pour le pays qu’Antoine lui avait donné, il se montra juste envers elle, jugeant risqué de donner à Cléopâtre un motif de haine. Quant au roi d’Arabie, à qui Hérode s’était engagé à payer le tribut, il lui paya pendant un certain temps jusqu’à deux cents talents ; mais il devint ensuite très avare et lent à payer, et il eut du mal à en payer certaines parties, et ne voulut même pas les payer sans déductions.
Comment Hérode fit la guerre au roi d’Arabie, et après avoir livré de nombreuses batailles, il le vainquit enfin, et fut choisi par les Arabes pour être gouverneur de cette nation ; ainsi que concernant un grand tremblement de terre.
1. Hérode se tenait alors prêt à attaquer le roi d’Arabie, à cause de son ingratitude envers lui, et parce qu’après tout, il ne voulait rien faire de juste envers lui, bien qu’Hérode ait profité de la guerre romaine pour retarder la sienne. On attendait alors la bataille d’Actium, qui tombait dans la cent quatre-vingt-septième olympiade, où César et Antoine devaient se battre pour la suprématie mondiale. Mais Hérode, jouissant d’un pays très fertile depuis longtemps, ayant perçu de lourds impôts et levé de grandes armées, rassembla un corps d’hommes, les pourvut soigneusement de tout le nécessaire et les désigna comme auxiliaires d’Antoine. Antoine, affirmant qu’il n’avait pas besoin de son aide, lui ordonna de punir le roi d’Arabie, car il avait entendu dire par lui et par Cléopâtre combien il était perfide ; car c’était le désir de Cléopâtre, qui pensait qu’il était dans son intérêt que ces deux rois se fassent mutuellement le plus de mal possible. Sur ce message d’Antoine, Hérode revint, mais garda son armée avec lui, afin d’envahir l’Arabie immédiatement. Lorsque son armée de cavaliers et de fantassins fut prête, il marcha sur Diospolis, où les Arabes vinrent également à leur rencontre, car ils n’ignoraient pas la guerre qui les attendait ; et après une grande bataille, les Juifs remportèrent la victoire. Mais plus tard, une autre armée nombreuse des Arabes se rassembla à Cana, en Célésyrie. Hérode en avait été informé à l’avance ; il marcha donc contre eux avec la plus grande partie de ses forces. Arrivé près de Cana, il résolut de camper lui-même ; il dressa un rempart afin de disposer d’un temps suffisant pour attaquer l’ennemi. Mais, tandis qu’il donnait ces ordres, la multitude des Juifs lui cria de ne pas tarder et de les mener contre les Arabes. Ils marchèrent avec beaucoup d’entrain, se croyant en très bon ordre. Et surtout ceux qui avaient participé à la bataille précédente, vainqueurs, et n’avaient pas permis à leurs ennemis de les affronter au corps à corps. Devant leur agitation et leur grande ardeur, le roi résolut de profiter du zèle dont la multitude faisait alors preuve. Après leur avoir assuré qu’il ne serait pas en reste en courage, il les conduisit et se présenta devant eux, tous armés, tous les régiments le suivant chacun leur rang. Sur quoi, la consternation s’abattit sur les Arabes ; voyant que les Juifs étaient invincibles et reprenant courage, la plupart d’entre eux s’enfuirent et évitèrent le combat. Ils auraient été entièrement détruits si Antoine ne s’était jeté sur les Juifs et ne les avait pas mis en difficulté. Cet homme, général de Cléopâtre et chef des soldats qu’elle avait là-bas, était en inimitié avec Hérode et attendait avec impatience l’issue de la bataille. Il avait également résolu :Si les Arabes faisaient preuve de courage et de succès, il resterait immobile ; mais s’ils étaient battus, comme cela arriva effectivement, il attaquerait les Juifs avec ses propres forces et celles que le pays avait rassemblées pour lui. Il fondit donc sur les Juifs à l’improviste, alors qu’ils étaient fatigués et pensaient avoir déjà vaincu l’ennemi, et leur fit un grand massacre. Car, comme les Juifs avaient épuisé leur courage contre leurs ennemis connus et s’apprêtaient à profiter tranquillement de leur victoire, ils furent facilement battus par ceux qui les attaquèrent de nouveau, et subirent notamment de lourdes pertes dans les endroits où les chevaux ne pouvaient être utiles, qui étaient très pierreux et que ceux qui les attaquaient connaissaient mieux qu’eux-mêmes. Après cette défaite, les Arabes reprirent courage après leur défaite et, de retour, massacrèrent ceux qui avaient déjà pris la fuite. De fait, toutes sortes de massacres étaient désormais fréquents, et parmi ceux qui s’échappèrent, seuls quelques-uns revinrent au camp. Le roi Hérode, désespérant de la bataille, s’avança à cheval vers eux pour leur porter secours. Il n’arriva cependant pas à temps pour leur rendre service, malgré ses efforts. Le camp juif fut pris, si bien que les Arabes remportèrent contre toute attente un succès éclatant, remportant une victoire qu’ils n’auraient probablement jamais obtenue par eux-mêmes, et massacrant une grande partie de l’armée ennemie. Hérode ne put alors agir qu’en simple brigand, sillonnant plusieurs régions de l’Arabie et les accablant par des incursions soudaines, campant dans les montagnes et évitant par tous les moyens d’engager une bataille rangée. Il harcelait pourtant considérablement l’ennemi par son assiduité et les efforts considérables qu’il déploya. Il prit également grand soin de ses propres forces et employa tous les moyens possibles pour rétablir l’ordre.Parmi ceux qui avaient échappé, quelques-uns seulement retournèrent au camp. Le roi Hérode, désespérant de la bataille, s’avança donc vers eux pour leur porter secours. Cependant, il n’arriva pas à temps pour leur rendre service, malgré ses efforts. Le camp juif fut pris, si bien que les Arabes remportèrent contre toute attente un succès éclatant, remportant une victoire qu’ils n’auraient probablement jamais obtenue par eux-mêmes, et massacrant une grande partie de l’armée ennemie. Hérode ne put alors agir que comme un simple brigand, sillonnant de nombreuses régions d’Arabie et les accablant par des incursions soudaines, campant dans les montagnes et évitant par tous les moyens d’engager une bataille rangée. Il harcelait pourtant considérablement l’ennemi par son assiduité et les efforts considérables qu’il déploya. Il prit également grand soin de ses propres forces et employa tous les moyens possibles pour rétablir l’ordre.Parmi ceux qui avaient échappé, quelques-uns seulement retournèrent au camp. Le roi Hérode, désespérant de la bataille, s’avança donc vers eux pour leur porter secours. Cependant, il n’arriva pas à temps pour leur rendre service, malgré ses efforts. Le camp juif fut pris, si bien que les Arabes remportèrent contre toute attente un succès éclatant, remportant une victoire qu’ils n’auraient probablement jamais obtenue par eux-mêmes, et massacrant une grande partie de l’armée ennemie. Hérode ne put alors agir que comme un simple brigand, sillonnant de nombreuses régions d’Arabie et les accablant par des incursions soudaines, campant dans les montagnes et évitant par tous les moyens d’engager une bataille rangée. Il harcelait pourtant considérablement l’ennemi par son assiduité et les efforts considérables qu’il déploya. Il prit également grand soin de ses propres forces et employa tous les moyens possibles pour rétablir l’ordre.
2. C’est à cette époque qu’eut lieu à Actium le combat entre Octave César et Antoine, la septième année du règne d’Hérode [7]. C’est alors qu’un tremblement de terre, d’un genre sans précédent, se produisit en Judée, et qui causa de grandes destructions parmi le bétail de cette région. Environ dix mille hommes périrent également par la chute de maisons ; mais l’armée, qui était restée en campagne, ne subit aucun dommage de ce triste accident. Lorsque les Arabes furent informés de cela, et que ceux qui haïssaient les Juifs et se plaisaient à envenimer les rumeurs, le leur rapportèrent, ils reprirent courage, comme si le pays de leur ennemi était complètement détruit, et que les hommes étaient entièrement détruits, pensant qu’il ne restait plus rien qui puisse leur résister. En conséquence, ils prirent les ambassadeurs juifs, qui étaient venus à eux après tout cela, pour faire la paix avec eux, les tuèrent et marchèrent avec une grande empressement contre leur armée. Mais les Juifs n’osèrent leur résister et furent si abattus par les calamités qu’ils subissaient qu’ils ne prirent aucun soin de leurs affaires et se laissèrent aller au désespoir. Car ils n’avaient aucun espoir de les affronter à nouveau au combat, ni d’obtenir de l’aide ailleurs, tant que leurs affaires intérieures étaient en si grande détresse. Dans cette situation, le roi persuada les commandants par ses paroles et tenta de leur remonter le moral, déjà bien abattu. Il s’efforça d’abord d’encourager et d’enhardir quelques-uns des meilleurs, puis se hasarda à prononcer un discours devant la multitude, ce qu’il avait jusque-là évité de faire, de peur de la trouver inquiète à cause des malheurs qui s’étaient produits. Il prononça donc un discours de consolation à la multitude, ainsi conçu :
3. Vous n’êtes pas sans savoir, mes camarades soldats, que nous avons récemment connu de nombreux accidents qui ont mis un terme à nos activités. Il est probable que même ceux qui se distinguent le plus par leur courage peinent à garder le moral dans de telles circonstances. Mais comme nous ne pouvons éviter le combat, et que rien de ce qui s’est passé n’est de nature à nous empêcher de nous rétablir par nous-mêmes, et ce par une seule action courageuse et bien accomplie, je me suis proposé de vous donner quelques encouragements et, en même temps, quelques informations. Ces deux aspects de mon plan contribueront à ce que vous puissiez continuer à faire preuve de courage. Je vous démontrerai donc, en premier lieu, que cette guerre est juste de notre côté, et que, de ce fait, elle est une guerre de nécessité, provoquée par l’injustice de nos adversaires. Car, si vous en êtes convaincus, ce sera pour vous un véritable motif d’empressement. Ensuite, je vous démontrerai que les malheurs que nous subissons sont sans grande conséquence. et que nous avons les plus grandes raisons d’espérer la victoire. Je commencerai par le premier, et vous en appellerai à témoins. Vous n’ignorez certainement pas la méchanceté des Arabes, qui est telle qu’elle paraît incroyable à tous les autres hommes, et qui comprend des éléments qui témoignent d’une barbarie et d’une ignorance flagrantes de Dieu. Les principaux affronts qu’ils nous ont adressés sont nés de la cupidité et de l’envie ; ils nous ont attaqués de manière insidieuse et soudaine. Et quelle occasion ai-je de citer de nombreux exemples de cette façon de procéder ? Lorsqu’ils étaient en danger de perdre leur propre gouvernement et de devenir esclaves de Cléopâtre, qui d’autre les a libérés de cette crainte ? Car c’était l’amitié. Français J’avais avec Antoine, et la bienveillance dont il était en nous, a été l’occasion pour que même ces Arabes n’aient pas été entièrement perdus, Antoine ne voulant rien entreprendre qui puisse être suspecté par nous de méchanceté. Mais lorsqu’il a voulu donner à Cléopâtre une partie de chacun de nos domaines, j’ai aussi arrangé cela de telle sorte qu’en lui faisant des présents de ma part, j’ai pu obtenir une garantie pour les deux nations, tandis que je m’engageais à répondre de l’argent, et je lui ai donné deux cents talents, et me suis porté garant des deux cents autres qui étaient imposés sur la terre qui était sujette à ce tribut ; et c’est de cela qu’ils nous ont frustrés, bien qu’il ne fût pas raisonnable que les Juifs payassent tribut à un homme vivant, ou permissent qu’une partie de leur terre soit imposable ; mais quoique cela ait dû être, nous ne devons pas payer tribut pour ces Arabes, que nous avons nous-mêmes préservés ; et il n’est pas convenable qu’eux, qui ont professé (et cela avec une grande intégrité et un grand sens de notre bonté) que c’est par notre moyen qu’ils gardent leur principauté, nous nuisent et nous privent de ce qui nous est dû,Et cela alors que nous n’étions pas encore leurs ennemis, mais leurs amis. Et tandis que l’observation des conventions se pratique entre les ennemis les plus acharnés, mais qu’entre amis elle est absolument nécessaire, elle n’est pas observée parmi ces hommes, qui pensent que le gain est la meilleure chose de toutes, quel qu’il soit, et que l’injustice n’est pas un mal, pourvu qu’elle leur rapporte de l’argent. Est-ce donc une question pour vous de savoir si les injustes doivent être punis ou non ? Alors que Dieu lui-même a déclaré qu’il devait en être ainsi, et a ordonné que nous haïssions toujours les injures et l’injustice, ce qui est non seulement juste, mais nécessaire, dans les guerres entre plusieurs nations ; car ces Arabes ont commis ce que les Grecs et les barbares reconnaissent comme un exemple de la plus grande méchanceté, à l’égard de nos ambassadeurs, qu’ils ont décapités, tandis que les Grecs déclarent que ces ambassadeurs sont sacrés et inviolables. [8] Quant à nous, nous avons appris de Dieu la plus excellente de nos doctrines et la partie la plus sainte de notre loi, par des anges ou des ambassadeurs ; car ce nom fait connaître Dieu aux hommes et suffit à réconcilier les ennemis les uns avec les autres. Quelle méchanceté peut donc être plus grande que le massacre d’ambassadeurs venus traiter de la justice ? Et quand tels ont été leurs actes, comment sont-ils capables de vivre en sécurité dans la vie commune ou de remporter la victoire à la guerre ? À mon avis, c’est impossible ; mais peut-être certains diront-ils que ce qui est saint et ce qui est juste est bien de notre côté, mais que les Arabes sont soit plus courageux, soit plus nombreux que nous. Or, à ce sujet, en premier lieu, il ne nous convient pas de le dire, car chez qui est la justice, c’est chez eux que se trouve Dieu lui-même ; or, là où est Dieu, il y a à la fois multitude et courage. Mais pour examiner un peu notre propre situation, nous avons été vainqueurs lors de la première bataille ; Et lorsque nous avons combattu de nouveau, ils n’ont pu nous résister, mais ont pris la fuite, ne supportant ni nos attaques ni notre courage. Mais après les avoir vaincus, Athénion est venu et nous a fait la guerre sans nous le déclarer. Et, je vous prie, est-ce un exemple de leur courage ? Ou n’est-ce pas un second exemple de leur méchanceté et de leur trahison ? Pourquoi donc sommes-nous moins courageux, à cause de ce qui devrait nous inspirer de plus grands espoirs ? Et pourquoi sommes-nous terrifiés par ceux qui, lorsqu’ils combattent sur le terrain, sont constamment battus, et qui, lorsqu’ils semblent vainqueurs, l’emportent par leur méchanceté ? Et si nous supposons que quelqu’un les considère comme des hommes d’un véritable courage, ne sera-t-il pas, par cette même considération, poussé à faire tout son possible contre eux ? Car la vraie valeur ne se montre pas en combattant contre des personnes faibles, mais en étant capable de vaincre les plus courageux. Mais si les détresses dans lesquelles nous nous trouvons et les misères causées par le tremblement de terre ont effrayé quelqu’un, qu’il considère, en premier lieu, que cette même chose trompera les Arabes,En supposant que ce qui nous est arrivé est plus grand qu’il ne l’est en réalité. De plus, il n’est pas juste que ce qui les enhardit nous décourage ; car ces hommes, voyez-vous, ne tirent pas leur empressement d’une vertu avantageuse de leur part, mais de l’espoir, quant à nous, que nous soyons complètement abattus par nos malheurs. Mais si nous marchons hardiment contre eux, nous abattrons bientôt leur insolente vanité, et nous obtiendrons en les attaquant ceci, qu’ils ne seront pas aussi insolents lorsque nous viendrons au combat ; car nos détresses ne sont pas si grandes, et ce qui est arrivé n’est pas une indication de la colère de Dieu contre nous, comme certains l’imaginent ; car de telles choses sont accidentelles, et des adversités qui surviennent dans le cours normal des choses ; et si nous admettons que cela a été fait par la volonté de Dieu, nous devons admettre que c’est maintenant terminé par sa volonté aussi, et qu’il est satisfait de ce qui est déjà arrivé ; Car s’il avait voulu nous affliger davantage, il n’aurait pas changé d’avis si tôt. Quant à la guerre que nous menons, il a lui-même démontré qu’il la veut et qu’il sait qu’elle est juste. Car, si certains habitants du pays ont péri, vous tous qui étiez en armes n’avez rien souffert, mais vous êtes tous sauvés. Dieu nous montre ainsi clairement que si vous aviez tous été dans l’armée, avec vos enfants et vos femmes, vous n’auriez rien subi qui vous eût fait beaucoup de mal. Considérez ces choses, et, plus que tout le reste, que vous avez Dieu pour protecteur en tout temps ; et poursuivez avec une juste bravoure ces hommes qui, en matière d’amitié, sont injustes, perfides dans leurs combats, envers les ambassadeurs impies, et toujours inférieurs à vous en valeur.Vous tous qui étiez en armes, vous n’avez rien souffert, mais vous êtes tous restés en vie. Dieu nous montre ainsi que si vous aviez tous été dans l’armée, avec vos enfants et vos femmes, vous n’auriez rien subi qui vous eût fait beaucoup de mal. Considérez ces choses, et, plus que tout le reste, que vous avez Dieu pour protecteur en tout temps ; poursuivez avec une juste bravoure ces hommes qui, en matière d’amitié, sont injustes, perfides dans leurs combats, envers les ambassadeurs impies, et toujours inférieurs à vous en valeur.Vous tous qui étiez en armes, vous n’avez rien souffert, mais vous êtes tous restés en vie. Dieu nous montre ainsi que si vous aviez tous été dans l’armée, avec vos enfants et vos femmes, vous n’auriez rien subi qui vous eût fait beaucoup de mal. Considérez ces choses, et, plus que tout le reste, que vous avez Dieu pour protecteur en tout temps ; poursuivez avec une juste bravoure ces hommes qui, en matière d’amitié, sont injustes, perfides dans leurs combats, envers les ambassadeurs impies, et toujours inférieurs à vous en valeur.
4. Lorsque les Juifs entendirent ce discours, ils furent très enhardis et plus disposés à combattre qu’auparavant. Hérode, après avoir offert les sacrifices prescrits par la loi [9], se hâta de les prendre et les mena contre les Arabes. Pour cela, il traversa le Jourdain et établit son camp près de celui de l’ennemi. Il jugea également bon de s’emparer d’un château qui se trouvait au milieu d’eux, espérant que cela lui serait profitable et déclencherait plus rapidement une bataille ; et que, s’il y avait lieu de retarder, il pourrait ainsi fortifier son camp. Comme les Arabes avaient les mêmes intentions sur ce lieu, une lutte s’éleva à ce sujet ; ce ne furent d’abord que des escarmouches, puis d’autres soldats arrivèrent, et ce fut une sorte de combat, et des hommes tombèrent des deux côtés, jusqu’à ce que les Arabes soient battus et battent en retraite. Ce ne fut pas un mince encouragement pour les Juifs immédiatement ; et quand Hérode vit que l’armée ennemie était disposée à tout plutôt qu’à s’engager, il osa hardiment tenter le rempart lui-même, le mettre en pièces et ainsi se rapprocher de leur camp, afin de les combattre. Car lorsqu’ils furent forcés de sortir de leurs tranchées, ils sortirent en désordre, et n’avaient pas la moindre empressement, ni la moindre espérance de victoire. Cependant, ils combattirent au corps à corps, parce qu’ils étaient plus nombreux que les Juifs, et parce qu’ils étaient dans une telle disposition de guerre qu’ils étaient dans la nécessité d’avancer hardiment ; ainsi ils en vinrent à une terrible bataille, où plusieurs tombèrent de chaque côté. Cependant, à la fin, les Arabes prirent la fuite ; et un si grand massacre fut fait après leur déroute, qu’ils furent non seulement tués par leurs ennemis, mais devinrent aussi les auteurs de leur propre mort, et furent écrasés par la multitude, et le grand courant de peuple en désordre, et furent détruits par leurs propres armes. Cinq mille hommes gisaient morts sur place, tandis que le reste de la foule se réfugiait bientôt à l’intérieur du rempart, mais sans grand espoir de salut, faute de biens de première nécessité, et surtout d’eau. Les Juifs les poursuivirent, mais ne purent les rejoindre. Ils restèrent assis autour du rempart, guettant toute aide qui leur parviendrait et empêchant ceux qui s’y trouvaient de s’enfuir.
5. Dans cette situation, les Arabes envoyèrent des ambassadeurs à Hérode, d’abord pour lui proposer un arrangement, puis, tant leur soif les pressait, pour lui offrir de subir tout ce qu’il voudrait, s’il voulait les délivrer de leur détresse. Mais il ne voulut accepter ni ambassadeurs, ni prix de rachat, ni conditions modérées, désireux de venger les injustices dont ils s’étaient rendus coupables envers sa nation. Aussi furent-ils contraints, par d’autres motifs, et particulièrement par leur soif, de sortir et de se livrer à lui pour être emmenés captifs. Cinq jours plus tard, quatre mille hommes furent faits prisonniers, tandis que tous les autres résolurent de faire une sortie contre leurs ennemis et de les combattre, préférant, s’il le fallait, y mourir plutôt que de périr peu à peu et sans gloire. Français Quand ils eurent pris cette résolution, ils sortirent de leurs tranchées, mais ne purent en aucune façon soutenir le combat, étant trop affaiblis, tant mentalement que physiquement, et n’ayant pas de place pour se dépenser, et pensaient que c’était un avantage d’être tué, et une misère de survivre ; ainsi, au premier assaut, environ sept mille d’entre eux tombèrent, après quoi ils laissèrent tomber tout le courage qu’ils avaient mis auparavant, et restèrent stupéfaits de l’esprit guerrier d’Hérode sous ses propres calamités ; ainsi, pour l’avenir, ils cédèrent et le firent chef de leur nation ; sur quoi il fut grandement élevé par un succès si opportun, et retourna chez lui, prenant sur lui une grande autorité, en raison d’une expédition si audacieuse et glorieuse qu’il avait faite.
Comment Hérode tua Hyrcan, puis se hâta vers César, et obtint de lui le royaume ; et comment, peu de temps après, il reçut César de la manière la plus honorable.
1. Les autres affaires d’Hérode étaient désormais très prospères, et il ne se laissait pas facilement attaquer. Pourtant, un danger menaça Hérode, qui allait mettre en péril tous ses domaines, après la défaite d’Antoine à la bataille d’Actium par César Octarien. À cette époque, ennemis et amis d’Hérode désespéraient de sa situation, car il était peu probable qu’il reste sans châtiment, lui qui avait témoigné tant d’amitié à Antoine. Ses amis, désespérés, n’espéraient plus le voir s’en tirer. Quant à ses ennemis, tous, en apparence, semblaient inquiets de son sort, mais en étaient secrètement très heureux, espérant obtenir une amélioration. Quant à Hérode lui-même, il voyait qu’il ne restait plus qu’Hyrcan de dignité royale, et il pensa donc qu’il serait dans son intérêt de ne plus le laisser lui faire obstacle. car dans le cas où il survivrait lui-même et échapperait au danger dans lequel il se trouvait, il pensait que le moyen le plus sûr était d’empêcher un tel homme de faire une tentative contre lui, dans de telles conjonctures, qui était plus digne du royaume que lui-même ; et dans le cas où il serait tué par César, son envie le poussait à désirer tuer celui qui autrement serait roi après lui.
2. Tandis qu’Hérode avait ces choses en tête, une certaine occasion lui fut offerte : car Hyrcan était d’un caractère si doux, tant à ce moment-là qu’à d’autres moments, qu’il ne voulait pas se mêler des affaires publiques, ni se préoccuper d’innovations, mais laissait tout à la fortune, et se contentait de ce qu’elle lui offrait. Mais Alexandra [sa fille] était une amoureuse des querelles, et désirait vivement un changement de gouvernement, et parla à son père de ne pas supporter à jamais le traitement préjudiciable d’Hérode envers leur famille, mais d’anticiper leurs espoirs futurs, comme il le pouvait en toute sécurité ; et lui demanda d’écrire à ce sujet à Malchus, qui était alors gouverneur d’Arabie, pour les recevoir et les mettre à l’abri [d’Hérode], car s’ils partaient, et que les affaires d’Hérode se révélaient comme il était probable qu’elles le seraient, en raison de l’inimitié de César à son égard, ils seraient alors les seules personnes qui pourraient prendre le gouvernement ; Français et cela, à la fois à cause de la famille royale dont ils étaient issus, et à cause de la bonne disposition de la multitude à leur égard. Pendant qu’elle usait de ces persuasions, Hyrcan renonça à sa demande ; mais comme elle montrait qu’elle était une femme, et une femme querelleuse de surcroît, et qu’elle ne cesserait ni nuit ni jour, mais qu’elle lui parlerait toujours de ces choses, et des desseins perfides d’Hérode, elle finit par le persuader de confier à Dosithée, un de ses amis, une lettre dans laquelle sa résolution était déclarée ; et il demanda au gouverneur arabe de lui envoyer des cavaliers, qui le recevraient et le conduiraient au lac Asphaltites, qui est à trois cents stades des limites de Jérusalem. Et il confia donc cette lettre à Dosithée, car il était un serviteur attentif de lui, et d’Alexandra, et avait de nombreuses occasions de nourrir de la rancune envers Hérode ; Français car il était parent d’un certain Joseph, qu’il avait tué, et frère de ceux qui avaient été tués autrefois à Tyr par Antoine. Cependant, ces motifs ne purent pas inciter Dosithée à servir Hyrcan dans cette affaire ; car, préférant les espoirs qu’il avait du roi actuel à ceux qu’il avait de lui, il remit la lettre à Hérode. Alors, il prit sa gentillesse en bonne part, et lui ordonna de faire en outre ce qu’il avait déjà fait, c’est-à-dire de continuer à le servir, en roulant l’épître et en la scellant de nouveau, puis en la remettant à Malchus, puis de rapporter sa lettre en réponse ; car il serait bien mieux s’il pouvait également connaître les intentions de Malchus. Et comme Dosithée était tout prêt à le servir sur ce point également, le gouverneur arabe revint chercher une réponse, qu’il recevrait Hyrcan et tous ceux qui viendraient avec lui, et même tous les Juifs qui étaient de son parti ; qu’il enverrait, en outre, des forces suffisantes pour les sécuriser pendant leur voyage ; et qu’il ne manquerait de rien de ce qu’il désirerait. Dès qu’Hérode eut reçu cette lettre, il fit venir Hyrcan et l’interrogea sur l’alliance qu’il avait conclue avec Malchus. Comme celui-ci la niait,il montra sa lettre au Sanhédrin et fit immédiatement mettre l’homme à mort.
3. Et ce récit, nous le donnons au lecteur, tel qu’il est contenu dans les commentaires du roi Hérode. Mais d’autres historiens ne sont pas d’accord avec eux, car ils supposent qu’Hérode n’a pas trouvé, mais plutôt utilisé, l’occasion de le mettre à mort ainsi, et cela en lui tendant traîtreusement un piège. Car voici ce qu’ils écrivent : Qu’Hérode et lui étaient un jour à un festin, et qu’Hérode n’avait donné aucune occasion de soupçonner [qu’il était mécontent de lui], mais avait posé cette question à Hyrcan : Avait-il reçu des lettres de Malchus ? Et lorsqu’il répondit qu’il avait reçu des lettres, mais seulement des lettres de salutation ; et lorsqu’il demanda en outre s’il n’avait reçu aucun présent de sa part ? Et lorsqu’il eut répondu qu’il n’avait reçu que quatre chevaux pour monter, que Malchus lui avait envoyés, ils prétendirent qu’Hérode l’accusait de ces crimes comme de crimes de corruption et de trahison, et donna l’ordre de l’emmener et de le tuer. Et pour démontrer qu’il n’avait commis aucun crime lorsqu’il fut ainsi conduit à sa mort, ils prétendirent combien son caractère était doux, que même dans sa jeunesse il n’avait jamais fait preuve d’audace ou de témérité, et que le même cas se présenta lorsqu’il devint roi, mais qu’il confia déjà la gestion de la plus grande partie des affaires publiques à Antipater ; qu’il avait maintenant plus de quatre-vingts ans, et savait que le gouvernement d’Hérode était en bonne santé. Il franchit également l’Euphrate, et laissa ceux qui l’honoraient grandement au-delà de ce fleuve, bien qu’il fût entièrement sous le gouvernement d’Hérode ; et qu’il était tout à fait incroyable qu’il entreprenne quoi que ce soit par voie d’innovation, et que cela ne lui convenait en rien, mais que c’était un complot ourdi par Hérode.
4. Tel fut le sort d’Hyrcan ; et c’est ainsi qu’il termina sa vie, après avoir subi divers revers de fortune au cours de sa vie. Il fut nommé grand prêtre de la nation juive au début du règne de sa mère, Alexandra, qui régna neuf ans. Après la mort de sa mère, il prit le royaume et le conserva trois mois, mais il le perdit par l’intermédiaire de son frère Aristobule. Il fut ensuite rétabli par Pompée, qui lui accorda tous les honneurs dont il jouit pendant quarante ans. Mais, de nouveau privé par Antigone et mutilé, il fut fait prisonnier par les Parthes, et de là, il retourna chez lui après quelque temps, grâce aux espoirs qu’Hérode lui avait donnés. Rien de tout cela ne se réalisa selon ses espérances, mais il dut affronter de nombreux malheurs tout au long de sa vie. Et, le plus grand malheur de tous, comme nous l’avons déjà raconté, il connut une fin qu’il n’avait pas méritée. Il semblait d’un caractère doux et modéré, et laissait généralement l’administration des affaires être confiée à d’autres sous ses ordres. Il répugnait à s’immiscer dans les affaires publiques et n’avait pas assez de perspicacité pour gouverner un royaume. Antipater et Hérode devinrent grands grâce à sa douceur ; et il finit par subir de leur part une fin qui ne fut conforme ni à la justice ni à la piété.
5. Hérode, aussitôt débarrassé d’Hyrcan, se rendit en toute hâte chez César. Ne pouvant espérer de bienveillance de sa part, à cause de son amitié pour Antoine, il soupçonna Alexandra de ne pas saisir cette occasion pour soulever la multitude et provoquer une sédition dans les affaires du royaume. Il confia donc la gestion de tout à son frère Phéroras, et plaça sa mère Cypros, sa sœur Salomé et toute la famille à Massada, lui donnant pour mission, s’il apprenait de mauvaises nouvelles à son sujet, de prendre soin du gouvernement. Quant à Mariamne, sa femme, à cause du malentendu entre elle et sa sœur et la mère de celle-ci, qui les empêchait de vivre ensemble, il la plaça à Alexandrie, avec sa mère Alexandra, et laissa à son trésorier Joseph et à Sohémus d’Iturée la garde de cette forteresse. Ces deux-là lui avaient été très fidèles dès le début, et furent désormais laissés comme gardes auprès des femmes. Ils avaient également pour mission, si elles apprenaient qu’un malheur lui était arrivé, de les tuer tous les deux et, dans la mesure de leurs moyens, de préserver le royaume pour ses fils et son frère Phéroras.
6. Après leur avoir donné cet ordre, il se hâta de se rendre à Rhodes, à la rencontre de César. Arrivé à cette ville, il ôta son diadème, mais ne renonça à rien de sa dignité habituelle. Et lorsqu’il le rencontra, il lui demanda de lui parler, il fit preuve d’une bien plus grande noblesse d’âme. Car il ne se lança pas dans les supplications, comme on le fait habituellement en pareille occasion, ni ne lui présenta de requête, comme s’il était un délinquant. Au contraire, d’un air intrépide, il rendit compte de ce qu’il avait fait. Il parla ainsi à César : « Il avait la plus grande amitié pour Antoine et faisait tout ce qu’il pouvait pour obtenir le gouvernement ; qu’il n’était certes pas dans l’armée avec lui, car les Arabes l’avaient détourné ; mais qu’il lui avait envoyé de l’argent et du blé, ce qui n’était que trop peu en comparaison de ce qu’il aurait dû faire pour lui. » Car si un homme se reconnaît ami d’autrui et le sait bienfaiteur, il est obligé de tout risquer, d’utiliser pour lui toutes les facultés de son âme, tous les membres de son corps et toutes ses richesses, ce qui, je l’avoue, m’a trop manqué. Cependant, je suis conscient d’avoir jusqu’ici bien agi, de ne pas l’avoir abandonné lors de sa défaite d’Actium ; et, face au changement évident de sa fortune, de ne pas avoir reporté mes espoirs sur un autre. Au contraire, je me suis conservé, non pas comme un précieux compagnon d’armes, mais certainement comme un conseiller fidèle d’Antoine, lorsque je lui ai démontré que le seul moyen pour lui de se sauver et de ne pas perdre toute son autorité était de tuer Cléopâtre ; car, une fois morte, il aurait pu conserver son autorité et préférer t’amener à un arrangement avec lui plutôt que de continuer à t’inimitier. Il n’a tenu aucun de ces conseils, préférant sa propre résolution téméraire à ceux qui se sont produits. inutile pour lui, mais profitable pour toi. Maintenant donc, si tu décides, à mon égard et à mon empressement à servir Antoine, d’être en accord avec ta colère contre lui, je reconnais que je ne peux nier ce que j’ai fait, et je n’aurai pas honte d’avouer, et cela publiquement, que j’avais une grande bonté pour lui. Mais si tu le mets hors de cause et que tu examines simplement ma conduite envers mes bienfaiteurs en général, et quel genre d’ami je suis, tu constateras par expérience que nous agirons et serons pareils envers toi-même, car il ne s’agit que de changer de nom, et la fermeté de notre amitié envers toi ne sera pas désapprouvée par toi.
7. Par ce discours et par sa conduite, qui témoignait à César de sa franchise, il gagna grandement la faveur de César, qui était lui-même d’un caractère généreux et magnifique, au point que les actes mêmes qui étaient à la base de l’accusation contre lui lui gagnèrent la bienveillance de César. Il lui rendit donc son diadème et l’encouragea à se montrer aussi ami qu’il l’avait été envers Antoine, et à le tenir alors en grande estime. De plus, il ajouta que Q. Didius lui avait écrit qu’Hérode l’avait très volontiers aidé dans l’affaire des gladiateurs. Ainsi, après avoir obtenu un si bon accueil et, contre toute espérance, avoir obtenu que sa couronne fût plus solidement et plus entièrement que jamais, grâce à la donation de César et au décret des Romains que César avait pris soin d’obtenir pour plus de sécurité, il reconduisit César en Égypte, fit des présents, même au-delà de ses moyens, à lui et à ses amis, et se conduisit en général avec une grande magnanimité. Il désirait également que César ne mette pas à mort un certain Alexandre, ancien compagnon d’Antoine ; mais César avait juré de le faire mourir, et il ne put donc obtenir gain de cause. Il retourna alors en Judée, plus honoré et plus sûr de lui que jamais, et effraya ceux qui s’attendaient à autre chose, car il tirait encore de ses dangers une splendeur plus grande qu’auparavant, grâce à la faveur divine. Il se prépara donc à recevoir César, quittant la Syrie pour envahir l’Égypte ; et à son arrivée, il le reçut à Ptolémaïs avec toute la magnificence royale. Il distribua des présents à l’armée et lui apporta des provisions en abondance. Il se révéla également l’un des amis les plus cordiaux de César : il rangea l’armée, chevaucha avec César et disposa cent cinquante hommes, bien équipés à tous égards, avec une tenue riche et somptueuse, pour le mieux recevoir, lui et ses amis. Il leur fournit aussi ce dont ils avaient besoin pendant leur traversée du désert aride, de sorte qu’ils ne manquèrent ni de vin ni d’eau, dont les soldats avaient le plus grand besoin. De plus, il offrit à César huit cents talents et s’attira la bienveillance de tous, car il les aidait d’une manière bien plus grande et plus splendide que ne le permettait le royaume qu’il avait conquis. Par ce moyen, il démontra de plus en plus à César la fermeté de son amitié et sa disponibilité à le seconder. Et ce qui lui fut le plus précieux, c’est que sa générosité arriva au moment opportun. Et lorsqu’ils revinrent d’Égypte, ses secours ne furent en rien inférieurs aux bons offices qu’il leur avait rendus auparavant.
COMMENT HÉRODE TUA SOHÈME ET MARIAMNE, ET PLUS TARD ALEXANDRE ET COSTOBARUS, ET SES AMIS LES PLUS PROCHES, ET ENFIN LES FILS DE BABBAS AUSSI.
1. Cependant, lorsqu’il revint dans son royaume, il trouva sa maison en désordre, et sa femme Mariamne et sa mère Alexandra très inquiètes. Croyant (ce qui était facile à supposer) qu’on ne les avait pas enfermés dans cette forteresse [Alexandrium] pour leur sécurité, mais comme une garnison pour leur emprisonnement, et qu’ils n’avaient aucun pouvoir sur quoi que ce soit, ni sur les autres ni sur leurs propres affaires, ils étaient très inquiets. Mariamne, pensant que l’amour du roi pour elle n’était qu’hypocrite, et plutôt feint (comme avantageux pour lui-même) que réel, le considérait comme fallacieux. Elle était également peinée qu’il ne lui laissât aucun espoir de lui survivre, s’il venait à lui arriver malheur. Elle se souvint aussi des ordres qu’il avait donnés à Joseph, au point de s’efforcer de plaire à ses gardiens, et surtout à Sohemus, qui savait pertinemment que tout était en son pouvoir. Au début, Sohémus fut fidèle à Hérode et ne négligea rien de ce qu’il lui avait confié. Mais lorsque les femmes, par leurs bonnes paroles et leurs généreux présents, eurent gagné son affection, il fut peu à peu vaincu et finit par leur révéler toutes les injonctions du roi. Principalement, il n’espérait même pas revenir avec la même autorité qu’auparavant. Il pensait ainsi échapper à tout danger, et supposait qu’il faisait ainsi une grande satisfaction aux femmes, qui ne seraient probablement pas négligées dans l’établissement du gouvernement ; et même qu’elles pourraient lui offrir une généreuse récompense, puisqu’elles devaient soit régner elles-mêmes, soit être très proches de celui qui régnerait. Il avait un autre motif d’espoir : même si Hérode obtenait tous les succès qu’il pouvait souhaiter et revenait, il ne pourrait contredire sa femme dans ses désirs, car il savait que l’affection du roi pour sa femme était inexprimable. Tels furent les motifs qui poussèrent Sohemus à découvrir les injonctions qui lui avaient été adressées. Mariamne fut donc profondément contrariée d’apprendre qu’Hérode la menaçait sans fin, et elle en fut fort inquiète. Elle souhaitait qu’il n’obtienne aucune faveur [de César], et estimait presque insupportable de vivre plus longtemps avec lui ; elle le déclara ensuite ouvertement, sans dissimuler son ressentiment.
2. Hérode s’embarqua alors pour son pays, tout joyeux de son succès inattendu. Il alla d’abord, comme il se devait, vers sa femme, et lui annonça la bonne nouvelle, la préférant aux autres, à cause de son affection pour elle et de l’intimité qui régnait entre eux, et il la salua. Mais il arriva que, lorsqu’il lui annonça son succès, elle fut si loin de s’en réjouir qu’elle en fut plutôt désolée. Elle ne put dissimuler son ressentiment, mais, comptant sur sa dignité et la noblesse de sa naissance, en retour de ses salutations, elle poussa un gémissement et déclara évidemment qu’elle était plus attristée que réjouie de son succès, et cela jusqu’à ce qu’Hérode fût troublé par elle, car elle lui donnait non seulement des signes de suspicion, mais des signes évidents de mécontentement. Cela le troubla beaucoup de voir que cette haine surprenante de sa femme à son égard n’était pas cachée, mais ouverte ; Il le prit si mal, et pourtant il était si incapable de le supporter, à cause de l’affection qu’il avait pour elle, qu’il ne pouvait rester longtemps dans un seul esprit, mais parfois s’irritait contre elle, et parfois se réconciliait avec elle. Mais à force de changer toujours une passion pour une autre, il restait dans une grande incertitude, et ainsi il était empêtré entre la haine et l’amour, et était souvent disposé à lui infliger une punition pour son insolence envers lui ; mais étant profondément amoureux d’elle dans son âme, il ne pouvait se libérer de cette femme. Bref, comme il aurait volontiers voulu la voir punie, il craignait, avant de s’en apercevoir, de s’attirer en même temps, en la mettant à mort, une punition plus lourde.
3. Lorsque la sœur et la mère d’Hérode s’aperçurent de son humeur à l’égard de Mariamne, elles pensèrent avoir une excellente occasion d’exercer leur haine contre elle et provoquèrent la colère d’Hérode en lui racontant de longues histoires et des calomnies qui pouvaient à la fois exciter sa haine et sa jalousie. Bien qu’il écoutât volontiers leurs paroles, il n’eut pas le courage de lui faire quoi que ce soit comme s’il les croyait ; cependant, ses dispositions envers elle devinrent de plus en plus mauvaises, et ses mauvaises passions s’enflammèrent de part et d’autre, tandis qu’elle ne cachait pas ses sentiments à son égard, et qu’il transformait son amour pour elle en colère contre elle. Mais alors qu’il allait mettre fin à cette affaire, il apprit la nouvelle que César était vainqueur de la guerre, qu’Antoine et Cléopâtre étaient morts, et qu’il avait conquis l’Égypte ; sur quoi, il se hâta d’aller à la rencontre de César et laissa les affaires de sa famille dans leur état actuel. Cependant, Mariamne lui recommanda Sohémus, alors qu’il partait en voyage, et lui avoua qu’elle lui devait des remerciements pour les soins qu’il avait pris à son égard. Elle demanda au roi une place dans le gouvernement ; un poste honorable lui fut alors accordé. Lorsqu’Hérode fut arrivé en Égypte, il fut présenté à César avec une grande liberté, comme étant déjà son ami, et il reçut de lui de très grandes faveurs ; il lui fit don des quatre cents Galates qui avaient été les gardes de Cléopâtre, et lui rendit le pays qui, par son intermédiaire, lui avait été enlevé. Il ajouta également à son royaume Gadara, Hippos et Samarie ; ainsi que les villes maritimes de Gaza, Anthédon, Joppé et la tour de Straton.
4. Grâce à ces nouvelles acquisitions, il devint plus magnifique et conduisit César jusqu’à Antioche ; mais à son retour, autant sa prospérité fut accrue par les acquisitions étrangères qui lui avaient été faites, autant les malheurs qui l’atteignirent dans sa propre famille furent plus grands, et principalement dans l’affaire de sa femme, où il semblait auparavant avoir été le plus heureux. Car l’affection qu’il portait à Mariamne n’était en rien inférieure à celles de ceux qui sont célébrés pour ce motif dans l’histoire, et cela à juste titre. Quant à elle, elle était par ailleurs une femme chaste et fidèle envers lui ; cependant, elle était d’un naturel quelque peu rude et traitait son mari avec assez d’autorité, car elle le voyait si attaché à elle qu’il en était l’esclave. Elle ne se rendait pas compte non plus qu’elle vivait sous une monarchie et qu’elle était à la disposition d’autrui. Aussi se comportait-elle avec lui avec une certaine insolence, qu’il oubliait pourtant habituellement par plaisanterie et supportait avec modération et bonhomie. Elle dénonçait aussi ouvertement sa mère et sa sœur, à cause de leur bassesse, et parlait d’elles avec méchanceté, à tel point qu’il existait auparavant une discorde et une haine impardonnable entre elles. Les reproches mutuels étaient désormais plus grands qu’auparavant, et les soupçons s’accrurent, et durèrent une année entière après le retour d’Hérode de César. Cependant, ces malheurs, longtemps restés sous le sceau de la décence, éclatèrent soudainement en une occasion comme celle qui se présentait. Un jour, alors que le roi était allongé sur son lit vers midi pour se reposer, il appela Mariamne, empreinte de la grande affection qu’il lui portait. Elle entra, mais refusa de se coucher à côté de lui. Français et comme il était très désireux de sa compagnie, elle lui montra son mépris ; et ajouta, en guise de reproche, qu’il avait fait tuer son père et son frère. [10] Et comme il prenait cette injure très mal, et était prêt à user de violence contre elle, d’une manière précipitée, la sœur du roi Salomé, remarquant qu’il était plus que d’habitude troublé, envoya vers le roi son échanson, qui avait été préparé longtemps à l’avance pour un tel dessein, et lui ordonna de dire au roi comment Mariamne l’avait persuadé de donner son aide pour préparer un philtre d’amour pour lui ; et s’il semblait être très concerné, et de demander ce que c’était que ce philtre d’amour, de lui dire qu’elle avait le philtre, et qu’il était seulement prié de le lui donner ; mais que s’il ne semblait pas être très concerné par ce philtre, de laisser tomber la chose ; et que s’il le faisait, il ne lui arriverait aucun mal. Après lui avoir donné ces instructions, elle l’envoya prononcer un discours. Il entra donc, d’un air posé, pour se faire croire à ce qu’il allait dire, mais avec un peu de précipitation, et dit que Mariamne lui avait fait des cadeaux et l’avait persuadé de lui donner un philtre d’amour.Ému par cette révélation, le roi déclara que ce philtre d’amour était un composé qu’elle lui avait donné, dont il ignorait les effets. C’est pourquoi il résolut de le lui révéler, le plus sûr pour lui et pour le roi. Hérode, qui était déjà de mauvaise humeur, entendit ce qu’il disait et son indignation redoubla. Il ordonna de torturer l’eunuque de Mariamne, qui lui était très fidèle, à propos de ce philtre, sachant pertinemment qu’il était impossible de faire quoi que ce soit, petit ou grand, sans lui. L’homme, en proie à d’atroces souffrances, ne put rien dire de la chose pour laquelle il était torturé, mais il savait que la haine de Mariamne à son égard était due à ce que Sohemus lui avait dit. Tandis qu’il prononçait ces mots, Hérode s’écria à haute voix que Sohémus, qui lui avait toujours été très fidèle, ainsi qu’à son gouvernement, n’aurait pas trahi les ordres qu’il lui avait donnés, s’il n’avait pas eu une conversation plus intime avec Mariamne. Il ordonna donc que Sohémus soit arrêté et exécuté immédiatement ; mais il laissa sa femme subir son procès ; il rassembla ceux qui lui étaient les plus fidèles et porta contre elle une accusation détaillée pour ce philtre d’amour et cette composition, qui ne lui avaient été imputés que par calomnie. Cependant, il ne se laissa pas emporter par ses paroles, trop emporté pour juger correctement cette affaire. En conséquence, lorsque le tribunal fut enfin convaincu de sa résolution, il la condamna à mort. mais lorsque la sentence fut prononcée contre elle, ce tempérament fut suggéré par lui-même et par quelques autres de la cour, qu’elle ne devait pas être mise à mort si hâtivement, mais mise en prison dans l’une des forteresses appartenant au royaume : mais Salomé et son parti travaillèrent dur pour que la femme soit mise à mort ; et ils persuadèrent le roi de le faire, et conseillèrent cela par prudence, de peur que la multitude ne soit tumultueuse si on la laissait vivre ; et c’est ainsi que Mariamne fut conduite à l’exécution.Celui qui lui avait toujours été très fidèle, ainsi qu’à son gouvernement, n’aurait pas trahi les injonctions qu’il lui avait données, s’il n’avait pas eu une conversation plus intime que d’habitude avec Mariamne. Il ordonna donc que Sohemus soit arrêté et exécuté immédiatement ; mais il laissa sa femme subir son procès ; il rassembla ceux qui lui étaient les plus fidèles et porta contre elle une accusation détaillée pour ce philtre d’amour et cette composition, qui lui avaient été imputés par simple calomnie. Cependant, il ne garda pas son sang-froid dans ses propos, trop emporté pour juger correctement cette affaire. En conséquence, lorsque la cour fut enfin convaincue de sa résolution, elle fut condamnée à mort. Mais lorsque la sentence fut prononcée, il fut suggéré par lui-même et par d’autres membres de la cour qu’elle ne soit pas exécutée si hâtivement, mais emprisonnée dans l’une des forteresses du royaume. Mais Salomé et son entourage s’efforcèrent d’obtenir la mise à mort de la femme ; et ils persuadèrent le roi de le faire, et le conseillèrent par prudence, de peur que la multitude ne soit tumultueuse si on la laissait vivre ; et c’est ainsi que Mariamne fut conduite à l’exécution.Celui qui lui avait toujours été très fidèle, ainsi qu’à son gouvernement, n’aurait pas trahi les injonctions qu’il lui avait données, s’il n’avait pas eu une conversation plus intime que d’habitude avec Mariamne. Il ordonna donc que Sohemus soit arrêté et exécuté immédiatement ; mais il laissa sa femme subir son procès ; il rassembla ceux qui lui étaient les plus fidèles et porta contre elle une accusation détaillée pour ce philtre d’amour et cette composition, qui lui avaient été imputés par simple calomnie. Cependant, il ne garda pas son sang-froid dans ses propos, trop emporté pour juger correctement cette affaire. En conséquence, lorsque la cour fut enfin convaincue de sa résolution, elle fut condamnée à mort. Mais lorsque la sentence fut prononcée, il fut suggéré par lui-même et par d’autres membres de la cour qu’elle ne soit pas exécutée si hâtivement, mais emprisonnée dans l’une des forteresses du royaume. Mais Salomé et son entourage s’efforcèrent d’obtenir la mise à mort de la femme ; et ils persuadèrent le roi de le faire, et le conseillèrent par prudence, de peur que la multitude ne soit tumultueuse si on la laissait vivre ; et c’est ainsi que Mariamne fut conduite à l’exécution.
5. Lorsqu’Alexandra vit comment les choses se passaient et qu’il y avait peu d’espoir d’échapper elle-même au même traitement de la part d’Hérode, elle changea de conduite, tout à fait à l’opposé de ce qu’on aurait pu attendre de son audace antérieure, et ce d’une manière fort indécente. Car, désireuse de montrer son ignorance totale des crimes imputés à Mariamne, elle sauta de sa place et reprocha à sa fille aux oreilles de tout le peuple ; elle s’écria qu’elle avait été une femme mauvaise et ingrate envers son mari, et que son châtiment était juste pour son insolence, pour n’avoir pas rendu justice à celui qui avait été leur bienfaiteur commun. Et après avoir agi pendant quelque temps de cette manière hypocrite, et avoir été si outrageante qu’elle s’arracha les cheveux, cette conduite indécente et dissimulatrice, comme on pouvait s’y attendre, fut vivement condamnée par le reste des spectateurs, et principalement par la pauvre femme qui allait souffrir. car au début elle ne lui adressa pas un mot, ne fut pas décomposée par sa mauvaise humeur, et la regarda seulement, mais elle révéla par grandeur d’âme son inquiétude pour l’offense de sa mère, et surtout pour le fait qu’elle s’exposait d’une manière si indigne d’elle ; mais quant à elle, elle alla à la mort avec une fermeté d’esprit inébranlable, et sans changer la couleur de son visage, et révéla ainsi évidemment la noblesse de sa descendance aux spectateurs, même dans les derniers moments de sa vie.
6. Ainsi mourut Mariamne, femme d’un excellent caractère, tant par sa chasteté que par sa grandeur d’âme. Mais elle manquait de modération et était d’un naturel trop querelleur. Pourtant, elle possédait tout ce qu’on peut dire par la beauté de son corps et par sa majesté dans la conversation. De là naquirent la plupart des raisons pour lesquelles elle ne se montra pas aussi agréable au roi, ni ne vécut aussi agréablement avec lui qu’elle l’aurait fait autrement. Car, bien qu’elle fût traitée avec la plus grande indulgence par le roi, par affection pour elle, et qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il puisse lui faire quoi que ce soit de dur, elle prit une liberté excessive. De plus, ce qui l’affligea le plus fut ce qu’il avait fait à sa famille. Elle osa parler de tout ce qu’ils avaient souffert à cause de lui, et finit par irriter grandement la mère et la sœur du roi, au point de devenir ses ennemies ; lui-même fit de même, lui seul sur qui elle comptait pour espérer échapper au dernier châtiment.
7. Mais après sa mort, l’affection du roi pour elle s’enflamma d’une manière plus outrageante qu’auparavant, lui dont nous avons déjà décrit l’ancienne passion pour elle. Car son amour pour elle n’était pas d’une nature calme, ni celui que l’on rencontre habituellement chez d’autres maris ; car au début, il était d’une nature enthousiaste, et il ne pouvait le maîtriser par leur longue cohabitation et leur libre conversation. Mais à ce moment-là, son amour pour Mariamne sembla le saisir d’une manière si particulière, comme une vengeance divine pour lui avoir enlevé la vie ; car il la demandait fréquemment et la pleurait souvent de la manière la plus indécente. De plus, il pensait à tout ce qu’il pouvait pour détourner son esprit de penser à elle, et organisait des festins et des assemblées à cet effet, mais rien n’y faisait. Il abandonna donc l’administration des affaires publiques et fut si vaincu par sa colère qu’il ordonna à ses serviteurs d’appeler Mariamne, comme si elle était encore vivante et pouvait encore les entendre. Alors qu’il était dans cet état, une maladie pestilentielle survint, emportant la plus grande partie de la foule et ses amis les plus chers et les plus estimés, et faisant soupçonner à tous que la colère divine les avait frappés, à cause de l’injustice faite à Mariamne. Cette circonstance affecta encore davantage le roi, jusqu’à ce qu’il se force enfin à se rendre dans des lieux déserts et, sous prétexte d’aller à la chasse, s’y affligea amèrement. Pourtant, n’y ayant pas enduré son chagrin bien des jours auparavant, il tomba lui-même dans une maladie très dangereuse : il souffrait d’une inflammation et d’une douleur à l’arrière de la tête, accompagnées de folie ; les remèdes employés ne lui firent aucun bien, se révélant contraires à son état, et le plongeant ainsi dans le désespoir. Tous les médecins qui l’entouraient, d’une part parce que les remèdes qu’ils lui apportaient pour sa guérison ne pouvaient absolument pas vaincre la maladie, et d’autre part parce que son régime alimentaire ne pouvait être différent de celui auquel sa maladie le poussait, le pressèrent de manger ce qu’il voulait, abandonnant ainsi leurs faibles espoirs de guérison à ce régime et le confiant à la fortune. Ainsi son mal persista-t-il pendant son séjour à Samarie, aujourd’hui Sébaste.
8. Alexandra séjournait alors à Jérusalem. Informée de la situation d’Hérode, elle s’efforça de s’emparer des deux places fortes qui entouraient la ville, l’une appartenant à la ville elle-même, l’autre au temple. Ceux qui purent s’en emparer tinrent la nation entière sous leur contrôle, car sans leur commandement, il était impossible d’offrir des sacrifices. Or, abandonner ces sacrifices est une impossibilité pour tout Juif, qui est encore plus disposé à perdre la vie qu’à abandonner le culte divin qu’il a coutume de rendre à Dieu. Alexandra s’entretint donc avec ceux qui avaient la garde de ces places fortes, leur disant qu’il était convenable qu’ils les lui remettent, ainsi qu’aux fils d’Hérode, de peur qu’à sa mort, un autre ne s’empare du pouvoir ; et qu’à sa guérison, personne ne pourrait les garder plus sûrement que les membres de sa propre famille. Ces paroles ne furent pas du tout prises en bonne part par eux. Comme ils avaient été autrefois fidèles à Hérode, ils résolurent de l’être plus que jamais, à la fois par haine pour Alexandra et parce qu’ils considéraient comme une impiété de désespérer de la guérison d’Hérode de son vivant, car ils avaient été ses anciens amis ; et l’un d’eux, nommé Achiabos, était son cousin germain. Ils envoyèrent donc des messagers pour l’informer du projet d’Alexandra. Il ne tarda donc plus, mais donna l’ordre de la faire tuer. Cependant, ce fut avec difficulté, et après avoir enduré de grandes souffrances, qu’il se sortit de sa maladie. Il était toujours cruellement affligé, tant mentalement que physiquement, et très inquiet, et plus que jamais prêt à infliger des châtiments à ceux qui tombaient sous sa main. Il tua également ses plus proches amis, Costobarus, Lysimaque et Cadias, surnommé Antipater, ainsi que Dosithée, et cela la fois suivante.
9. Costobar était Iduméen de naissance, l’un des plus illustres d’entre eux, et ses ancêtres avaient été prêtres des Koze, que les Iduméens avaient autrefois considérés comme des dieux. Mais après qu’Hyrcan eut modifié leur régime politique et leur eut fait adopter les coutumes et la loi juives, Hérode nomma Costobar gouverneur de l’Idumée et de Gaza, et lui donna sa sœur Salomé pour femme ; et cela après le meurtre de son oncle Joseph, qui régnait auparavant, comme nous l’avons déjà raconté. Lorsque Costobar fut parvenu à un tel niveau de développement, cela lui plut et dépassa ses espérances. Il fut de plus en plus enflé par ses succès, et bientôt il dépassa toutes les limites, ne jugeant pas convenable d’obéir à ce qu’Hérode, leur chef, lui ordonnait, ni que les Iduméens utilisent les coutumes juives, ni qu’ils s’y soumettent. Il envoya donc trouver Cléopâtre et l’informa que les Iduméens avaient toujours été sous la domination de ses ancêtres, et que, pour la même raison, il était juste qu’elle désirât pour lui ce pays d’Antoine, car il était prêt à lui transférer son amitié. Il le fit, non parce qu’il préférait être sous le gouvernement de Cléopâtre, mais parce qu’il pensait qu’avec la diminution du pouvoir d’Hérode, il ne lui serait pas difficile d’obtenir lui-même le gouvernement entier sur les Iduméens, et même un peu plus. Car il avait de grandes espérances, car il avait de grandes prétentions, tant par sa naissance que par les richesses qu’il avait acquises par son intérêt constant pour le lucre sordide ; et par conséquent ce n’était pas une mince affaire qu’il visait. Cléopâtre désira donc ce pays d’Antoine, mais échoua. On en rapporta le récit à Hérode, qui était alors prêt à tuer Costobarus ; mais, sur les supplications de sa sœur et de sa mère, il lui pardonna et daigna lui pardonner entièrement ; bien qu’il ait encore eu des soupçons à son égard par la suite pour cette tentative.
10. Quelque temps après, Salomé se querella avec Costobarus, et lui envoya une lettre de divorce [11], dissolvant son mariage, bien que cela ne fût pas conforme aux lois juives ; car chez nous, il est permis à un mari de le faire ; mais une femme, si elle se sépare de son mari, ne peut se remarier d’elle-même, à moins que son premier mari ne la répudie. Cependant, Salomé choisit de suivre non pas la loi de son pays, mais celle de son autorité, et renonça ainsi à son mariage. Elle dit à son frère Hérode qu’elle quittait son mari par complaisance envers lui, car elle s’aperçut que celui-ci, avec Antipater, Lysimaque et Dosithée, fomentait une sédition contre lui. Pour preuve, elle alléguait le cas des fils de Baba, qu’il avait déjà préservés en vie pendant douze ans ; ce qui s’avéra vrai. Mais lorsqu’Hérode apprit cela de manière inattendue, il fut très surpris, d’autant plus que le récit lui semblait incroyable. Quant aux fils de Babas, Hérode avait autrefois pris grand soin de les punir, car ils étaient ennemis de son gouvernement ; mais il les avait maintenant oubliés, car il avait ordonné leur mise à mort depuis longtemps. Or, la cause de sa haine et de sa rancœur à leur égard provenait du fait que, sous le règne d’Antigone, Hérode, avec son armée, assiégea la ville de Jérusalem. La détresse et les misères endurées par les assiégés étaient si grandes que la plupart d’entre eux invitèrent Hérode à entrer dans la ville et fondèrent déjà leurs espoirs sur lui. Or, les fils de Babas étaient d’une grande dignité, jouissaient d’une grande influence parmi la multitude, étaient fidèles à Antigone, et ne cessaient de calomnier Hérode, encourageant le peuple à préserver le gouvernement à la famille royale qui le détenait par héritage. Français Ces hommes agissaient ainsi politiquement, et, comme ils le pensaient, pour leur propre avantage ; mais lorsque la ville fut prise, et qu’Hérode eut obtenu le gouvernement entre ses mains, et que Costobarus fut désigné pour empêcher les hommes de sortir par les portes, et pour garder la ville, afin que les citoyens coupables et du parti opposé au roi ne puissent pas en sortir, Costobarus, sachant que les fils de Babas étaient tenus en respect et en honneur par toute la multitude, et supposant que leur conservation pourrait lui être d’un grand avantage dans les changements de gouvernement ultérieurs, il les mit à l’écart et les cacha dans ses propres fermes ; et lorsque la chose fut suspectée, il assura Hérode sous serment qu’il n’en savait réellement rien, et ainsi surmonta les soupçons qui pesaient sur lui ; non, après cela, lorsque le roi eut publiquement proposé une récompense pour la découverte, et eut mis en pratique toutes sortes de méthodes pour rechercher cette affaire, il ne voulut pas l’avouer ; mais étant persuadé que, lorsqu’il l’avait d’abord nié, si les hommes étaient retrouvés, il ne resterait pas impuni,Il fut contraint de les garder secrets, non seulement par bienveillance envers eux, mais aussi par souci nécessaire de sa propre sécurité. Mais lorsque le roi apprit la chose, grâce aux renseignements de sa sœur, il envoya des hommes aux endroits où il avait eu l’impression qu’ils étaient cachés, et ordonna qu’ils soient mis à mort, ainsi que ceux qui étaient accusés avec eux. Il ne restait alors plus aucun membre de la famille d’Hyrcan, le royaume était entièrement sous le pouvoir d’Hérode, et il ne restait plus personne d’une dignité suffisante pour mettre un terme à ses agissements contre les lois juives.
Comment dix citoyens de Jérusalem formèrent une conspiration contre Hérode, à cause des pratiques étrangères qu’il avait introduites, ce qui constituait une transgression des lois de leur pays. Concernant la construction de Sébaste et de Césarée, et d’autres édifices d’Hérode.
1. C’est pourquoi Hérode se révolta contre les lois de son pays et corrompit leur ancienne constitution par l’introduction de pratiques étrangères, constitution qui aurait pourtant dû être préservée inviolable. C’est ainsi que nous nous rendîmes coupables par la suite d’une grande méchanceté, tandis que les observances religieuses qui amenaient autrefois la multitude à la piété étaient désormais négligées. En effet, il institua des jeux solennels tous les cinq ans en l’honneur de César, et construisit un théâtre à Jérusalem, ainsi qu’un très grand amphithéâtre dans la plaine. Ces deux ouvrages étaient certes coûteux, mais contraires aux coutumes juives ; car nous n’avons reçu aucun spectacle digne d’être utilisé ou présenté ; pourtant il célébrait ces jeux tous les cinq ans, de la manière la plus solennelle et la plus splendide. Il fit également des proclamations dans les pays voisins et convoqua des hommes de toutes les nations. Les lutteurs et tous ceux qui aspiraient aux prix dans ces jeux étaient invités de tous les pays, tant par l’espoir des récompenses à venir que par la gloire de la victoire. Les plus éminents dans ces disciplines étaient donc réunis, car de très belles récompenses étaient offertes pour la victoire, non seulement à ceux qui s’exécutaient nus, mais aussi à ceux qui jouaient de la musique, appelés Thymelici. Il ne ménageait aucun effort pour inciter tous les plus célèbres dans ces disciplines à participer à ce concours. Il offrait également des récompenses non négligeables à ceux qui concouraient pour les prix dans les courses de chars, tirées par deux, trois ou quatre paires de chevaux. Il imitait aussi tout ce qui se faisait chez les autres nations, même les plus luxueuses et les plus magnifiques, afin de démontrer publiquement sa grandeur. Des inscriptions relatant les grandes actions de César et des trophées des nations qu’il avait conquises au cours de ses guerres, tous faits d’or et d’argent purs, entouraient le théâtre lui-même. Rien, même des vêtements précieux ou des pierres précieuses disposées en rangs, ne pouvait servir à son dessein, qui ne fût exposé à la vue lors de ces jeux. Il avait également préparé une grande quantité de bêtes sauvages, de lions eux-mêmes en grande quantité, et d’autres animaux d’une force exceptionnelle ou d’une espèce rare. Ces bêtes étaient préparées soit pour se battre entre elles, soit pour que des condamnés à mort les combattent. Les étrangers furent, à la vérité, grandement surpris et ravis par l’ampleur des dépenses et des grands dangers qui s’y présentaient ; mais pour les Juifs de naissance, cela ne représentait rien de plus qu’une dissolution des coutumes qu’ils vénéraient tant. [12] Ce n’était rien de plus qu’un exemple d’impiété flagrante que de jeter des hommes en pâture aux bêtes sauvages.pour le plaisir qu’ils procuraient aux spectateurs ; et cela semblait un exemple de non moins impiété, de changer leurs propres lois pour de tels exercices étrangers : mais, par-dessus tout, les trophées donnaient le plus de dégoût aux Juifs ; car comme ils les imaginaient être des images, incluses dans l’armure qui les entourait, ils en étaient profondément mécontents, car ce n’était pas la coutume de leur pays de rendre honneur à de telles images.
2. Hérode n’ignorait pas le trouble dans lequel ils se trouvaient. Comme il jugeait inopportun de recourir à la violence, il s’adressa à certains d’entre eux pour les consoler et les délivrer de la crainte superstitieuse qui les rongeait. Cependant, il ne put les satisfaire. Ils s’écrièrent d’un commun accord, profondément inquiets des offenses dont ils le soupçonnaient, que, même s’ils envisageaient de porter tous les autres, ils ne porteraient jamais d’images d’hommes de leur ville, c’est-à-dire les trophées, car cela était contraire aux lois de leur pays. Hérode, les voyant dans un tel désordre et constatant qu’ils ne changeraient pas facilement de résolution s’ils n’obtenaient pas satisfaction sur ce point, appela les hommes les plus éminents d’entre eux, les fit venir au théâtre, leur montra les trophées et leur demanda ce qu’ils pensaient être ces trophées. et quand ils crièrent qu’ils étaient des images d’hommes, il donna l’ordre qu’on les dépouille de ces ornements extérieurs qui les entouraient, et leur montra les morceaux de bois nus ; lesquels morceaux de bois, maintenant sans aucun ornement, devinrent pour eux un sujet de grand jeu et de rire, parce qu’ils avaient auparavant toujours eu les ornements des images elles-mêmes en dérision.
3. Quand donc Hérode se fut ainsi débarrassé de la multitude et eut dissipé la véhémence de passion sous laquelle elle avait été soumise, la plus grande partie du peuple était disposée à changer de conduite et à ne plus être mécontente de lui ; mais quelques-uns d’entre eux continuèrent néanmoins à lui en vouloir pour l’introduction de nouvelles coutumes, et estimèrent que la violation des lois de leur pays pouvait être la source de très grands maux pour eux, de sorte qu’ils considéraient comme un exemple de piété plutôt que de risquer eux-mêmes [d’être mis à mort], que de paraître ne pas prêter attention à Hérode, qui, après le changement qu’il avait fait dans leur gouvernement, introduisit de telles coutumes, et cela d’une manière violente, à laquelle ils n’avaient jamais été habitués auparavant, comme en prétendant être un roi, mais en réalité quelqu’un qui se montrait un ennemi de toute leur nation ; C’est pourquoi dix citoyens de Jérusalem conspirèrent contre lui, jurant entre eux de courir tous les risques possibles, et emportant des poignards sous leurs vêtements pour tuer Hérode. Parmi ces conspirateurs, il y avait un aveugle, irrité par ce qu’il avait entendu dire. Il ne pouvait prêter aucune assistance aux autres dans cette entreprise, mais il était prêt à supporter avec eux toutes les souffrances, s’il leur arrivait malheur, de sorte qu’il devint un grand encourageur pour les autres entrepreneurs.
4. Ayant pris cette résolution, et d’un commun accord, ils entrèrent au théâtre, espérant d’abord qu’Hérode lui-même ne pourrait leur échapper, car ils tomberaient sur lui à l’improviste ; et supposant, cependant, que s’ils le manquaient, ils tueraient un grand nombre de ceux qui l’entouraient ; et ils prirent cette résolution, même au prix de leur mort, afin de montrer au roi les torts qu’il avait causés à la multitude. Ces conspirateurs, ainsi préparés à l’avance, exécutèrent leur projet avec une grande empressement ; mais il y avait un de ces espions d’Hérode, chargés de débusquer et de l’informer de toute conspiration qui pourrait être ourdie contre lui, qui découvrit toute l’affaire et en informa le roi, alors qu’il s’apprêtait à entrer au théâtre. Aussi, réfléchissant à la haine que lui portait la plus grande partie du peuple, et aux troubles qui survenaient à chaque occasion, il pensa que ce complot contre lui n’était pas improbable. Il se retira donc dans son palais et appela par leurs noms ceux qui étaient accusés de cette conspiration. Pris sur le fait, les gardes tombant sur eux, ils comprirent qu’ils ne pourraient s’échapper. Ils se préparèrent donc à leurs fins avec toute la décence possible, sans jamais céder à leur détermination. Ils ne manifestèrent aucune honte ni ne nièrent leur intention. Mais, une fois saisis, ils montrèrent leurs poignards et affirmèrent que la conspiration à laquelle ils avaient juré était une action sainte et pieuse ; que ce qu’ils avaient l’intention de faire n’était ni pour le profit ni pour satisfaire leurs passions, mais principalement pour les coutumes de leur pays, que tous les Juifs étaient tenus d’observer, sous peine de mourir pour elles. Voilà ce que ces hommes dirent, exprimant leur courage inébranlable dans cette conspiration. Ils furent donc emmenés au supplice par les gardes du roi qui les entouraient, et subirent patiemment tous les tourments qui leur étaient infligés jusqu’à leur mort. Peu après, l’espion qui les avait découverts fut arrêté par une partie du peuple, en haine pour lui ; il fut non seulement tué par eux, mais déchiqueté et livré aux chiens. De nombreux citoyens furent témoins de cette exécution, mais aucun d’eux ne voulut en découvrir les auteurs. Jusqu’à ce qu’Hérode, après les avoir examinés de près et soumis à des tortures cruelles, certaines femmes torturées avouèrent ce qu’elles avaient vu. Les auteurs de ces actes furent si cruellement punis par le roi que leurs familles entières furent exterminées pour cette tentative téméraire. Cependant l’obstination du peuple et la constance intrépide dont il fit preuve dans la défense de ses lois ne rendirent pas la tâche d’Hérode plus facile à leur égard ; mais il se renforça encore d’une manière plus sûre et résolut d’entourer la multitude de toutes parts, de peur que de telles innovations ne finissent par une rébellion ouverte.
5. Comme il avait maintenant fortifié la ville par le palais où il habitait et par le temple qui s’y trouvait, ainsi que par une puissante forteresse appelée Antonia, et qu’il avait lui-même reconstruite, il imagina de faire de Samarie sa forteresse contre tout le peuple, et il la nomma Sébaste, pensant que ce lieu constituerait une forteresse contre le pays, non inférieure à la précédente. Il fortifia donc cette place, qui était à une journée de marche de Jérusalem, et qui lui serait utile en commun, pour tenir en respect le pays et la ville. Il construisit aussi une autre forteresse pour toute la nation ; elle s’appelait autrefois la Tour de Straton, mais il la nomma Césarée. De plus, il choisit des cavaliers d’élite et les plaça dans la grande plaine ; et il leur construisit un lieu en Galilée, appelé Gaba avec Hésébonite, en Pérée. Voilà les lieux qu’il construisit particulièrement, cherchant toujours à améliorer sa sécurité, et encerclant toute la nation de gardes, afin qu’elle ne puisse en aucun cas échapper à son pouvoir ni sombrer dans les troubles, comme elle le faisait constamment au moindre trouble. S’ils provoquaient des troubles, il pourrait les connaître, tandis que des espions des environs les surveillaient, et pourraient ainsi deviner ce qu’ils entreprenaient et l’empêcher. Lorsqu’il construisit les remparts de Samarie, il s’arrangea pour y faire venir nombre de ceux qui l’avaient aidé dans ses guerres, ainsi que de nombreux habitants des environs, dont il fit des concitoyens. Il le fit par ambition de construire un temple et pour rendre la ville plus prestigieuse qu’elle ne l’était auparavant ; mais surtout parce qu’il voulait qu’elle soit à la fois pour sa sécurité et un monument de sa magnificence. Il en changea également le nom et la nomma Sébaste. De plus, il partagea le territoire voisin, excellent en son genre, entre les habitants de Samarie, afin qu’ils y soient heureux dès leur arrivée. De plus, il entoura la ville d’une muraille très solide et profita de la pente pour renforcer ses fortifications. Le périmètre de la ville n’était plus aussi restreint qu’auparavant, mais il était tel qu’il ne la rendait pas inférieure aux villes les plus célèbres, car elle avait vingt stades de circonférence. À l’intérieur, et vers le milieu, il construisit un lieu sacré d’un stade et demi de circonférence, qu’il orna de toutes sortes de décorations et y érigea un temple, illustre par sa grandeur et sa beauté. Quant aux différentes parties de la ville, il les orna également de toutes sortes de décorations ; et, pour assurer sa propre sécurité, il fortifia les murs à cet effet et en fit, pour la plus grande partie, une citadelle. et quant à l’élégance du bâtiment, elle a été soignée également,afin qu’il puisse laisser aux siècles futurs des monuments de la finesse de son goût et de sa bienfaisance.
CONCERNANT LA FAMINE QUI SURVIT EN JUDÉE ET EN SYRIE ; ET COMMENT HÉRODE, APRÈS AVOIR ÉPOUSÉ UNE AUTRE FEMME, RECONSTRUIT CÉSARÉE ET D’AUTRES VILLES GRECQUES.
1. Or, cette année-là même, qui était la treizième année du règne d’Hérode, de très grandes calamités s’abattirent sur le pays ; soit qu’elles fussent dues à la colère de Dieu, soit que cette misère revienne naturellement à certaines périodes de temps [13] car, en premier lieu, il y avait des sécheresses perpétuelles, et pour cette raison le sol était stérile, et ne produisait pas la même quantité de fruits qu’il produisait habituellement ; et après cette stérilité du sol, ce changement de nourriture que le manque de blé occasionna produisit des maladies dans le corps des hommes, et une maladie pestilentielle prévalut, une misère succédant à une autre ; et ces circonstances, qu’ils étaient dépourvus à la fois de moyens de guérison et de nourriture, rendirent la maladie pestilentielle, qui commença d’une manière violente, d’autant plus durable. Français La destruction des hommes de cette manière enleva aussi tout courage à ceux qui survécurent, car ils n’avaient aucun moyen de trouver des remèdes suffisants à la détresse dans laquelle ils se trouvaient. Lorsque donc les fruits de cette année furent gâtés, et que tout ce qu’ils avaient amassé fut dépensé, il ne leur resta plus aucun fondement d’espoir de soulagement, mais la misère, contrairement à ce qu’ils espéraient, augmenta encore sur eux ; et cela non seulement cette année-là, alors qu’ils n’avaient plus rien pour eux-mêmes [à la fin de celle-ci], mais les semences qu’ils avaient semées périrent aussi parce que la terre ne donna pas ses fruits la deuxième année. [14] Cette détresse dans laquelle ils se trouvaient les obligea aussi, par nécessité, à manger beaucoup de choses qui n’étaient pas habituellement mangées ; et le roi lui-même n’était pas plus à l’abri de cette détresse que les autres hommes, car il était privé du tribut qu’il avait l’habitude de percevoir sur les fruits de la terre, et avait déjà dépensé tout l’argent qu’il avait, dans sa libéralité envers ceux dont il avait construit les villes ; et il n’avait pas de peuple digne de son secours, car ce misérable état de choses lui avait valu la haine de ses sujets : car c’est une règle constante que les malheurs sont encore imputés à ceux qui gouvernent.
2. Dans ces circonstances, il chercha à se procurer une aide opportune ; mais c’était difficile, car leurs voisins n’avaient pas de vivres à leur vendre ; et leur argent était déjà épuisé, même s’il avait été possible d’acheter un peu de nourriture à un prix élevé. Cependant, il jugea préférable de ne pas abandonner ses efforts pour aider son peuple. Il fit donc disparaître les riches meubles de son palais, en argent et en or, au point de ne pas épargner les plus beaux vases qu’il possédait, ni ceux fabriqués avec le plus grand savoir-faire des artisans, mais envoya l’argent à Pétrone, nommé préfet d’Égypte par César. Comme un grand nombre d’entre eux s’étaient déjà réfugiés chez lui par nécessité, et qu’il était particulièrement ami d’Hérode et désireux de voir ses sujets préservés, il leur autorisa d’abord à exporter du blé, et les assista de toutes les manières, tant pour l’achat que pour l’exportation. Il était donc le principal, sinon le seul, à leur apporter toute l’aide dont ils disposaient. Hérode, veillant à ce que le peuple comprenne que cette aide venait de lui-même, non seulement dissipa la mauvaise opinion de ceux qui le haïssaient auparavant, mais leur témoigna aussi la plus grande bienveillance et l’attention qu’il leur portait. En effet, à ceux qui pouvaient subvenir à leurs besoins, il distribua leur part de blé avec la plus grande exactitude ; mais à ceux qui, nombreux, ne pouvaient se nourrir par leur vieillesse ou par une autre infirmité, il fit en sorte que les boulangers leur préparent leur pain. Il veilla également à ce qu’ils ne soient pas touchés par les dangers de l’hiver, car ils manquaient cruellement de vêtements, leurs moutons et leurs chèvres étant détruits et consumés, au point de manquer de laine et de quoi se couvrir. Après avoir procuré ces biens à ses sujets, il alla plus loin pour fournir les nécessités de leurs voisins et donna des semences aux Syriens, ce qui lui profita grandement, cette aide charitable étant apportée à point nommé à leur sol fertile, de sorte que chacun disposait désormais d’une abondance de nourriture. Au total, à l’approche de la moisson, il envoya dans le pays pas moins de cinquante mille hommes, qu’il avait soutenus. Grâce à cela, il remédia à la situation affligée de son royaume avec une grande générosité et une grande diligence, et allégea les souffrances de ses voisins, qui subissaient les mêmes calamités. Car aucun de ceux qui avaient été dans le besoin ne fut laissé sans une aide appropriée de sa part. De plus, ni les peuples, ni les villes, ni les particuliers qui devaient subvenir aux besoins de la multitude, et qui, de ce fait, manquaient de soutien, recouraient à lui, ne recevaient que ce dont ils avaient besoin.de sorte qu’il apparut, après un calcul, que le nombre de cori de blé, de dix médimnes attiques chacun, qui étaient donnés aux étrangers, s’élevait à dix mille, et que le nombre qui était donné dans son propre royaume était d’environ quatre-vingt mille. Or, il advint que ses soins et cette bienfaisance opportune eurent une telle influence sur les Juifs, et furent si loués parmi les autres nations, qu’ils effacèrent la vieille haine que la violation de certaines de leurs coutumes, pendant son règne, lui avait valu parmi toute la nation. Cette générosité de son aide dans cette grande nécessité était une pleine satisfaction pour tout ce qu’il avait fait de cette nature, car elle lui valut également une grande renommée parmi les étrangers. Et il semblait que ces calamités qui affligeaient son pays, à un degré tout à fait incroyable, venaient pour rehausser sa gloire et être à son grand avantage. car la grandeur de sa libéralité dans ces détresses, qu’il démontra alors au-delà de toute attente, changea tellement la disposition de la multitude à son égard, qu’ils étaient prêts à supposer qu’il avait été dès le début non pas tel qu’ils l’avaient découvert par expérience, mais tel que le soin qu’il avait pris d’eux pour subvenir à leurs besoins le prouvait maintenant.
3. C’est vers cette époque qu’il envoya cinq cents hommes choisis parmi ses gardes comme auxiliaires de César. Ælius Gallus [15] les conduisit à la mer Rouge et ils lui rendirent de grands services. Ses affaires, une fois rétablies et florissantes, il se fit construire un palais dans la ville haute. Il éleva les pièces à une hauteur considérable et les orna de meubles d’or, de marbre et de lits de grand prix. Ces pièces étaient si vastes qu’elles pouvaient contenir de nombreuses compagnies. Ces appartements étaient de dimensions différentes et portaient des noms particuliers : l’un s’appelait César, l’autre Agrippa. Il retomba amoureux et épousa une autre femme, sans se laisser empêcher par sa raison de vivre comme il l’entendait. Voici la raison de ce mariage : il y avait un certain Simon, citoyen de Jérusalem, fils d’un certain Boéthus, citoyen d’Alexandrie, et prêtre de grande renommée. Cet homme avait une fille, qui passait pour la plus belle femme de l’époque. Lorsque le peuple de Jérusalem commença à la louer, Hérode fut profondément touché par ce qu’on disait d’elle. Lorsqu’il vit la jeune fille, il fut frappé par sa beauté. Cependant, il rejeta totalement l’idée d’user de son autorité pour la maltraiter, croyant, ce qui était vrai, qu’il serait ainsi stigmatisé pour violence et tyrannie. Il jugea donc préférable de prendre la jeune fille pour épouse. Bien que Simon fût d’une dignité trop inférieure pour être allié à lui, mais néanmoins trop considérable pour être méprisé, il gouverna ses inclinations avec la plus grande prudence, en augmentant la dignité de la famille et en la rendant plus honorable. Il retira donc immédiatement Jésus, fils de Phabet, du grand sacerdoce, et conféra cette dignité à Simon, se rapprochant ainsi de lui [en épousant sa fille].
4. Après ces noces, il construisit une autre citadelle à l’endroit même où il avait vaincu les Juifs après avoir été chassé de son gouvernement, et Antigone en profita. Cette citadelle est distante de Jérusalem d’environ soixante stades. Forte de sa nature, elle était idéale pour une telle construction. C’est une sorte de colline modeste, élevée par la main de l’homme jusqu’à atteindre la forme d’un sein féminin. Elle est entourée de tours circulaires et on y accède par une montée étroite, composée de deux cents marches de pierres polies. À l’intérieur se trouvent des appartements royaux et très riches, dont la structure offrait à la fois sécurité et beauté. Au pied se trouvent des habitations d’une telle construction qu’elles méritent d’être vues, tant pour d’autres raisons que pour l’eau qui y est amenée de très loin, à grands frais, car le lieu lui-même est dépourvu d’eau. La plaine qui entoure cette citadelle est pleine d’édifices, qui ne sont pas inférieurs à aucune ville en grandeur, et dont la colline au-dessus a la nature d’un château.
5. Maintenant que tous les projets d’Hérode avaient réussi comme il l’espérait, il ne soupçonnait pas que des troubles puissent surgir dans son royaume, car il maintenait son peuple obéissant, tant par la crainte qu’il éprouvait à son égard, car il était implacable dans l’infliction de ses châtiments, que par la protection prévoyante dont il avait fait preuve envers lui, avec la plus grande magnanimité, lorsqu’il était dans la détresse. Cependant, il veillait à ce que son gouvernement soit protégé extérieurement, comme une forteresse contre ses sujets ; car les discours qu’il adressait aux villes étaient très beaux et pleins de bonté ; il cultivait une bonne entente opportune avec leurs gouverneurs et leur offrait des présents, les incitant ainsi à lui être plus amicaux, et usant de sa magnificence pour mieux assurer son royaume, et cela jusqu’à ce que toutes ses affaires se soient accrues de plus en plus. Mais alors ce magnifique caractère, et cette conduite soumise et libérale qu’il exerçait envers César et les hommes les plus puissants de Rome, l’obligeaient à transgresser les coutumes de sa nation, et à mettre de côté plusieurs de leurs lois, et en construisant des villes d’une manière extravagante, et en érigeant des temples, - pas en Judée certes, car cela n’aurait pas été toléré, il nous étant interdit de rendre un quelconque honneur aux images, ou aux représentations d’animaux, à la manière des Grecs ; Français mais il a quand même fait ainsi dans le pays [proprement] hors de nos limites, et dans les villes de celui-ci [16] L’excuse qu’il a faite aux Juifs pour ces choses était la suivante : que tout a été fait, non pas par ses propres inclinations, mais par les ordres et les injonctions d’autres, afin de plaire à César et aux Romains, comme s’il n’avait pas tant les coutumes juives à ses yeux que l’honneur de ces Romains, alors qu’il avait pourtant lui-même entièrement en vue tout le temps, et en fait était très ambitieux de laisser de grands monuments de son gouvernement à la postérité ; d’où il était si zélé à construire de si belles villes, et dépensait de si vastes sommes d’argent pour elles.
6. Ayant observé un endroit près de la mer, propice à la construction d’une ville et autrefois appelé la Tour de Straton, il entreprit d’y établir le plan d’une cité magnifique et y fit ériger avec soin de nombreux édifices, en pierre blanche. Il la décora également de palais somptueux et de vastes édifices destinés à abriter la population ; et, œuvre la plus grande et la plus laborieuse de toutes, il la dota d’un port, toujours à l’abri des vagues. Sa taille n’était pas inférieure à celle du Pyrmum [à Athènes], et il y avait, du côté de la ville, une double station pour les navires. L’ouvrage était d’une excellente facture, d’autant plus remarquable qu’il était construit dans un lieu qui, en soi, ne se prêtait pas à de telles constructions, mais qui devait être perfectionné par des matériaux provenant d’ailleurs, et au prix de grands frais. Cette ville est située en Phénicie, sur le passage maritime vers l’Égypte, entre Joppé et Dora. Ces villes maritimes de moindre importance ne conviennent pas comme ports, à cause des vents impétueux du sud qui les frappent et qui, roulant le sable venant de la mer contre les rivages, empêchent les navires de mouiller. Les marchands y sont généralement contraints de mouiller à l’ancre, en pleine mer. Hérode s’efforça donc de remédier à cet inconvénient et traça vers la terre une ligne de démarcation suffisante pour former un port où les grands navires pourraient mouiller en sécurité. Il y parvint en faisant descendre de vastes pierres de plus de cinquante pieds de long, d’au moins dix-huit pieds de large et de neuf pieds de profondeur, jusqu’à une profondeur de vingt brasses ; certaines étant plus petites, d’autres plus grandes. Ce môle qu’il construisit au bord de la mer mesurait soixante mètres de large, dont la moitié était opposée au courant des vagues, afin de les protéger de celles qui allaient s’y briser. C’est pourquoi il fut appelé Procymatia, ou première briseuse de vagues. L’autre moitié était surmontée d’un mur percé de plusieurs tours, dont la plus grande, Drusus, était un ouvrage d’une grande excellence, et devait son nom à Drusus, gendre de César, mort jeune. Il y avait aussi de nombreuses arches où logeaient les marins. Devant eux se trouvait un quai, ou débarcadère, qui faisait le tour du port et constituait une promenade des plus agréables pour ceux qui le souhaitaient. L’entrée ou l’embouchure du port se trouvait au nord, côté où les vents étaient les plus calmes de la région. La base de tout le circuit, à gauche, en entrant dans le port, soutenait une tourelle ronde, très solide, afin de résister aux plus grosses vagues. Tandis qu’à droite, en entrant, se dressaient deux énormes pierres, chacune plus grande que la tourelle qui leur faisait face ; elles se dressaient debout et étaient jointes. Tout le long du port circulaire, des édifices, faits de pierres de la plus haute qualité, présentaient une certaine élévation.Sur cette place fut érigé un temple, visible de loin par ceux qui naviguaient vers ce port. On y trouvait deux statues, l’une de Rome, l’autre de César. La ville elle-même s’appelait Césarée, elle aussi construite avec de beaux matériaux et d’une belle structure. Les voûtes et les caves souterraines n’étaient pas moins architecturales que les bâtiments en surface. Certaines de ces voûtes transportaient des objets à égale distance du port et de la mer ; mais l’une d’elles courait obliquement et reliait toutes les autres ensemble, de sorte que la pluie et les ordures des citoyens étaient emportées sans difficulté, et que la mer elle-même, portée par le flux de la marée, entrait dans la ville et la purifiait entièrement. Hérode y construisit également un théâtre de pierre ; et au sud, derrière le port, un amphithéâtre, capable d’accueillir un grand nombre d’hommes et idéalement situé pour avoir une vue sur la mer. Ainsi, cette ville fut achevée en douze ans. [17] pendant lequel le roi ne manqua pas de continuer les travaux et de payer les frais qui étaient nécessaires.
Comment Hérode envoya ses fils à Rome ; comment il fut aussi accusé par Zénodore et les Gadaréniens, mais fut innocenté de ce dont ils l’accusaient, et gagna en même temps la bienveillance de César. Concernant les pharisiens, les apôtres et Manahem.
1. Lorsqu’Hérode était occupé de telles affaires, et qu’il avait déjà réédifié Sébaste, [Samarie], il résolut d’envoyer ses fils Alexandre et Aristobule à Rome, pour jouir de la compagnie de César ; ceux-ci, lorsqu’ils y arrivèrent, logèrent chez Pollion, [18] qui était très attaché à l’amitié d’Hérode ; et ils eurent la permission de loger dans le palais même de César, car il reçut ces fils d’Hérode avec toute l’humanité, et donna à Hérode la permission de donner son royaume à qui de ses fils il voulait ; et en plus de tout cela, il lui accorda Trachon, Batanée et Auranitis, qu’il lui donna dans l’occasion suivante : Un certain Zénodore [19] avait loué ce qu’on appelait la maison de Lysanias, qui, comme il n’était pas satisfait de ses revenus, s’associa aux brigands qui habitaient les Trachonites, et se procura ainsi un revenu plus important ; Les habitants de ces lieux vivaient dans la folie et pillaient le pays des Damascènes, tandis que Zénodore ne les en empêchait pas, partageant le butin qu’ils avaient acquis. Les populations voisines, qui souffraient beaucoup de ces actes, se plaignirent à Varron, alors président de Syrie, et le supplièrent d’écrire à César au sujet de cette injustice de Zénodore. L’affaire étant portée devant César, il écrivit à Varron de détruire ces repaires de brigands et de donner le pays à Hérode, afin que, par sa protection, les contrées voisines ne soient plus troublées par les agissements des Trachonites. Il n’était pas facile de les contenir, car ce type de pillage était leur habitude, et ils n’avaient d’autre moyen de subsistance qu’eux, n’ayant ni ville ni terres en leur possession, mais seulement quelques récipients et des caves creusées dans la terre, où ils vivaient en commun avec leur bétail. Cependant, ils avaient aménagé des étangs et emmagasiné du blé dans des greniers. Ils pouvaient ainsi résister à l’improviste en se lançant à l’improviste contre quiconque les attaquait. Les entrées de leurs cavernes étaient étroites, on n’y pouvait entrer qu’une seule fois, et les espaces intérieurs étaient incroyablement vastes et très larges. Cependant, le terrain au-dessus de leurs habitations n’était pas très élevé, mais plutôt plat, et les rochers étaient durs et difficiles d’accès, à moins de s’engager sur la voie droite, car ces routes ne sont pas droites, mais comportent plusieurs virages. Mais lorsque ces hommes sont empêchés de leurs crimes contre leurs voisins, ils ont coutume de se déchaîner les uns contre les autres, de sorte qu’aucune injustice ne leur arrive. Mais, après avoir reçu cette grâce de César et être arrivé dans ce pays, Hérode se fit guider par des guides habiles, mit fin à leurs crimes et assura la paix et la tranquillité aux habitants des environs.
2. Zénodore fut alors affligé, d’abord de ce que sa principauté lui avait été enlevée, et plus encore d’avoir envié Hérode, qui l’avait obtenue. Il monta donc à Rome pour l’accuser, mais revint sans succès. Agrippa fut alors envoyé pour succéder à César dans le gouvernement des contrées au-delà de la mer Ionienne. Hérode l’avait rencontré alors qu’il hivernait près de Mytilène, car il avait été son ami et compagnon intime, puis était retourné en Judée. Cependant, des Gadaréniens vinrent trouver Agrippa et accusèrent Hérode, qui le renvoya lié au roi sans les entendre. Cependant, les Arabes, qui avaient toujours été hostiles au gouvernement d’Hérode, furent irrités et tentèrent alors de soulever une sédition dans ses domaines, et, à leur avis, à une occasion plus légitime. Zénodore, désespérant déjà de réussir dans ses propres affaires, prévint ses ennemis en vendant à ces Arabes une partie de sa principauté, appelée Auranitis, pour la valeur de cinquante talents. Mais comme cette partie était comprise dans les dons de César, ils contestèrent la décision à Hérode, le jugeant injustement privé de ce qu’ils avaient acheté. Tantôt ils le firent en faisant des incursions contre lui, tantôt en usant de la force contre lui, tantôt en le poursuivant en justice. De plus, ils persuadèrent les soldats les plus pauvres de les aider et lui causèrent des ennuis, espérant constamment pousser le peuple à la sédition. Ces desseins sont toujours ceux qui se trouvent dans les plus misérables conditions de vie. Bien qu’Hérode fût informé depuis longtemps de ces tentatives, il ne les réprima pas avec sévérité, cherchant plutôt à apaiser les choses par des méthodes rationnelles, ne voulant pas donner de prise aux troubles.
3. Alors qu’Hérode avait déjà régné dix-sept ans, César arriva en Syrie. La plupart des habitants de Gadara crièrent alors contre Hérode, le traitant de tyrannique et de tyrannique. Ils s’appuyèrent principalement sur les encouragements de Zénodore, qui prêta serment de ne jamais quitter Hérode avant d’avoir obtenu qu’ils soient séparés du royaume d’Hérode et rattachés à la province de César. Les Gadarains, persuadés par cette décision, lancèrent de vives protestations contre lui, d’autant plus hardiment que ceux qui avaient été livrés par Agrippa ne furent pas punis par Hérode, qui les laissa partir sans leur faire de mal. Il était en effet le premier homme au monde à se montrer presque inexorable dans la punition des crimes commis dans sa propre famille, mais très généreux dans la remise des délits commis ailleurs. Tandis qu’on accusait Hérode d’outrages, de pillages et de destructions de temples, il restait indifférent et prêt à se défendre. Cependant, César lui tendit la main et ne lui remit rien de sa bienveillance, à la suite de ce trouble provoqué par la multitude. Ces faits furent effectivement allégués le premier jour, mais l’audience resta close. Les Gadaréniens, voyant l’inclination de César et de ses assesseurs, s’attendant, comme ils avaient raison, à être livrés au roi, certains, par crainte des tourments qu’ils pourraient subir, se coupèrent la gorge pendant la nuit, d’autres se précipitèrent dans des précipices, d’autres encore se précipitèrent dans le fleuve et se suicidèrent d’eux-mêmes. Ces accidents semblèrent une condamnation suffisante de leur imprudence et de leurs crimes. César, sans plus tarder, absout Hérode des crimes dont il était accusé. Un autre heureux accident survint, qui fut un grand avantage pour Hérode à ce moment-là : Français car le ventre de Zénodore éclata, et une grande quantité de sang s’écoula de lui dans sa maladie, et il mourut ainsi à Antioche de Syrie. César donna donc son pays, qui n’était pas petit, à Hérode ; il s’étendait entre Trachon et la Galilée, et comprenait Ulatha, Panéas et la région environnante. Il le nomma également procurateur de Syrie, et ordonna qu’ils fassent tout avec son approbation ; et, en bref, il parvint à ce point de félicité que, alors qu’il n’y avait que deux hommes à gouverner le vaste empire romain, d’abord César, puis Agrippa, qui était son principal favori, César ne préféra personne à Hérode hormis Agrippa, et Agrippa ne fit de personne son plus grand ami qu’Hérode hormis César. Et lorsqu’il eut acquis cette liberté, il demanda à César une tétrarchie [20] pour son frère Phéroras, tandis qu’il lui accordait lui-même un revenu de cent talents sur son propre royaume, afin qu’en cas de malheur lui-même, son frère fût en sécurité, et que ses fils ne pussent pas dominer sur lui.Après avoir conduit César jusqu’à la mer et être rentré chez lui, il lui bâtit un temple magnifique, en pierre blanche, dans le pays de Zénodore, près du lieu appelé Panlure. C’est une magnifique grotte creusée dans une montagne, sous laquelle se trouve une grande cavité souterraine. La caverne est abrupte, prodigieusement profonde et bordée d’eau calme. Une immense montagne la surplombe, et sous les cavernes jaillissent les sources du Jourdain. Hérode embellit encore ce lieu, déjà remarquable, en y érigeant ce temple, qu’il dédia à César.monsieur.
4. Hérode libéra alors ses sujets du tiers de leurs impôts, sous prétexte de les soulager de la disette qu’ils avaient éprouvée ; mais la raison principale était de regagner leur bienveillance, dont il avait maintenant besoin ; car ils étaient inquiets contre lui, à cause des innovations qu’il avait introduites dans leurs pratiques, de la dissolution de leur religion et de l’abandon de leurs propres coutumes ; et le peuple parlait partout contre lui, comme ceux qui étaient encore plus irrités et troublés par sa procédure ; contre ce mécontentement, il se garda grandement, et leur enleva les occasions de le déranger, et leur enjoignit d’être toujours au travail ; il ne permit pas aux citoyens de se réunir, ni de se promener ou de manger ensemble, mais surveillait tout ce qu’ils faisaient, et si l’un d’eux était surpris, il était sévèrement puni ; et il y en eut beaucoup qui furent conduits à la citadelle d’Hyrcanie, ouvertement et secrètement, et y furent mis à mort ; Français et il y avait des espions postés partout, tant dans la ville que dans les routes, qui surveillaient ceux qui se réunissaient ; non, on rapporte qu’il ne négligeait pas lui-même cette partie de la prudence, mais qu’il prenait souvent lui-même l’habit d’un homme privé, et se mêlait à la multitude, pendant la nuit, et testait l’opinion qu’ils avaient de son gouvernement : et quant à ceux qui ne pouvaient en aucune façon être amenés à acquiescer à son plan de gouvernement, il les poursuivait de toutes sortes de manières ; mais pour le reste de la multitude, il exigeait qu’ils soient obligés de lui prêter serment de fidélité, et en même temps les forçait à jurer qu’ils lui porteraient bonne volonté, et continueraient certainement à le faire, dans sa gestion du gouvernement ; et en effet, une grande partie d’entre eux, soit pour lui plaire, soit par crainte de lui, cédaient à ce qu’il exigeait d’eux ; mais pour ceux qui étaient d’une disposition plus ouverte et généreuse, et qui étaient indignés par la force qu’il utilisait contre eux, il les emmenait d’une manière ou d’une autre. Il s’efforça également de persuader Pollion le pharisien, Satnéas et la plupart de leurs disciples de prêter serment ; mais ceux-ci refusèrent de s’y soumettre et ne furent pas punis avec les autres, en raison du respect qu’il portait à Pollion. Les Essens, comme nous appelons une de nos sectes, furent également exemptés de cette imposition. Ces hommes vivent le même genre de vie que ceux que les Grecs appellent pythagoriciens, dont je parlerai plus en détail ailleurs. Cependant, il convient d’exposer ici les raisons pour lesquelles Hérode tenait ces Essens en si haute estime et les considérait comme supérieurs à leur nature mortelle ; ce récit ne sera pas inadapté à la nature de cette histoire, car il montrera l’opinion que les hommes avaient d’eux.
5. Or, il y avait un de ces Essens, nommé Manahem, qui avait ce témoignage, que non seulement il menait une vie exemplaire, mais que Dieu lui avait donné la prescience des événements futurs. Cet homme vit un jour Hérode, enfant, alors qu’il allait à l’école, et le salua comme roi des Juifs. Mais celui-ci, pensant ne pas le connaître ou plaisanter, lui rappela qu’il n’était qu’un simple particulier. Mais Manahem sourit intérieurement, lui donna une tape sur les fesses et dit : « Quoi qu’il en soit, tu seras roi et tu commenceras ton règne avec bonheur, car Dieu t’en trouve digne. Souviens-toi des coups que Manahem t’a infligés, comme d’un signe du changement de ta fortune. Et en vérité, ce sera le meilleur raisonnement pour toi : tu aimes la justice [envers les hommes], la piété envers Dieu et la clémence envers tes concitoyens. Pourtant, je sais que ta conduite sera telle que tu ne seras pas tel, car tu surpasseras tous les hommes en bonheur et obtiendras une réputation éternelle, mais tu oublieras la piété et la droiture ; et ces crimes ne seront pas cachés à Dieu, à la fin de ta vie, lorsqu’il s’en souviendra et en punira le temps. » À cette époque, Hérode ne prêta aucune attention aux paroles de Manahem, n’ayant aucun espoir d’avancement. Mais peu après, lorsqu’il eut la chance d’accéder à la dignité royale et qu’il fut au sommet de son empire, il fit appeler Manahem et lui demanda combien de temps il régnerait. Manahem ne lui révéla pas la durée totale de son règne ; c’est pourquoi, devant ce silence, il lui demanda encore s’il régnerait dix ans ou non. Il répondit : « Oui, vingt, non, trente ans », mais ne lui fixa pas la juste limite de son règne. Satisfait de ces réponses, Hérode donna la main à Manahem et le congédia ; et dès lors, il continua d’honorer tous les Essens. Nous avons jugé bon de rapporter ces faits à nos lecteurs, si étranges soient-ils, et de raconter ce qui s’est passé parmi nous, car nombre de ces Essens ont, par leur excellente vertu, été jugés dignes de cette connaissance des révélations divines.
Comment Hérode reconstruisit le temple, l’éleva plus haut et le rendit plus magnifique qu’il ne l’était auparavant ; ainsi que de la tour qu’il appela Antonia.
1. Or, Hérode, dans la dix-huitième année de son règne, et après les actes déjà mentionnés, entreprit un très grand travail, c’est-à-dire de construire lui-même le temple de Dieu, [21] et de l’agrandir, et de l’élever à une hauteur très magnifique, estimant que c’était la plus glorieuse de toutes ses actions, comme c’était réellement le cas, de l’amener à la perfection ; et que cela suffirait pour un mémorial éternel de lui ; mais comme il savait que la multitude n’était ni prête ni disposée à l’aider dans un projet aussi vaste, il pensa les préparer d’abord en leur adressant un discours, puis se mit à l’ouvrage lui-même ; Il les convoqua donc et leur parla ainsi : « Je pense qu’il n’est pas nécessaire de vous parler, mes compatriotes, des autres travaux que j’ai effectués depuis mon arrivée dans le royaume, bien que je puisse dire qu’ils ont été exécutés de manière à vous apporter plus de sécurité que de gloire ; car je n’ai pas été négligent dans les moments les plus difficiles quant à ce qui tendait à alléger vos besoins, pas plus que les bâtiments que j’ai faits n’ont été si propres à me préserver comme vous des préjudices ; et j’imagine qu’avec l’aide de Dieu, j’ai élevé la nation des Juifs à un degré de bonheur qu’elle n’avait jamais connu auparavant ; et pour les édifices particuliers appartenant à votre propre pays et à vos propres villes, ainsi que pour celles que nous avons récemment acquises, que nous avons érigées et magnifiquement ornées, et qui ont ainsi accru la dignité de votre nation, il me semble inutile de vous les énumérer, puisque vous les connaissez bien vous-mêmes ; mais quant à l’entreprise que j’ai l’intention d’entreprendre maintenant, et qui sera une œuvre de La plus grande piété et la plus grande excellence que nous puissions entreprendre, je vais maintenant vous la déclarer. Nos pères, en effet, à leur retour de Babylone, ont construit ce temple au Dieu Tout-Puissant, mais il lui manque soixante coudées de hauteur ; car le premier temple que Salomon a construit surpassait de beaucoup celui-ci. Que personne ne condamne nos pères pour leur négligence ou leur manque de piété en cela, car ce n’est pas leur faute si le temple n’était pas plus haut ; car ce sont Cyrus et Darius, fils d’Hystaspe, qui ont déterminé les mesures de sa reconstruction ; et c’est en raison de la soumission de nos pères à eux et à leur postérité, et après eux aux Macédoniens, qu’ils n’ont pas eu l’occasion de suivre le modèle original de ce pieux édifice, ni de l’élever à son ancienne hauteur. mais puisque je suis maintenant, par la volonté de Dieu, votre gouverneur, et que j’ai eu la paix pendant longtemps, et que j’ai acquis de grandes richesses et de gros revenus, et, ce qui est le principal avantage de tout, je suis en amitié avec les Romains et bien considéré par eux, qui, si je puis dire, sont les dirigeants du monde entier, je ferai mon possible pour corriger cette imperfection, qui est née de la nécessité de nos affaires, et de l’esclavage sous lequel nous avons été autrefois, et pour faire un retour reconnaissant,de la manière la plus pieuse, à Dieu, pour les bénédictions que j’ai reçues de lui, en me donnant ce royaume, et en rendant son temple aussi complet que je le peux.
2. Voici le discours qu’Hérode leur fit. Ce discours effraya beaucoup de gens, car il leur semblait inattendu. Et comme il semblait incroyable, il ne les encouragea pas, mais les découragea. Ils craignaient qu’il ne détruise tout l’édifice et ne puisse mener à bien ses projets de reconstruction. Ce danger leur parut très grand, et l’ampleur de l’entreprise telle qu’elle était difficile à accomplir. Mais, dans cette disposition, le roi les encouragea et leur dit qu’il ne démolirait pas leur temple avant que tout soit prêt pour sa reconstruction complète. Et comme il le leur avait promis d’avance, il ne rompit pas sa parole avec eux, mais il prépara mille chariots pour apporter des pierres pour la construction, et choisit dix mille ouvriers des plus habiles, et acheta mille vêtements sacerdotaux pour autant de prêtres, et fit enseigner aux uns l’art de tailler la pierre, et aux autres celui de charpentier, et alors commença à construire ; mais cela seulement jusqu’à ce que tout fût bien préparé pour l’ouvrage.
3. Hérode ôta les anciens fondements, en posa d’autres, et y érigea le temple. Il mesurait cent coudées de longueur et vingt coudées de hauteur, lesquelles, une fois les fondations affaissées, s’écroulèrent. C’est cette partie que nous avons décidé de relever au temps de Néron. Le temple était construit en pierres blanches et solides, chacune mesurant vingt-cinq coudées de longueur, huit de hauteur et environ douze de largeur. L’ensemble, ainsi que celui du cloître royal, était beaucoup plus bas de chaque côté, mais le milieu beaucoup plus élevé, jusqu’à être visibles de ceux qui habitaient dans les environs à de nombreux stades, mais surtout de ceux qui habitaient en face et de ceux qui s’en approchaient. Le temple avait aussi des portes à l’entrée, et des linteaux au-dessus, de la même hauteur que le temple lui-même. Ils étaient ornés de voiles brodés, avec leurs fleurs de pourpre, et de piliers entrelacés, Au-dessus, mais sous la couronne, s’étendait une vigne dorée, dont les branches pendaient d’une grande hauteur. L’ampleur et la finesse de l’exécution surprenaient les spectateurs, qui voyaient l’abondance des matériaux et l’habileté de l’exécution. Il entoura également le temple de très grands cloîtres, les adaptant à la taille de l’édifice. Il y dépensa des sommes d’argent plus importantes que celles qui avaient été faites avant lui, à tel point qu’il semblait que personne n’avait autant orné le temple. Les deux cloîtres étaient entourés d’un grand mur, lequel était en soi l’ouvrage le plus prodigieux jamais connu. La colline était une montée rocheuse qui descendait progressivement vers l’est de la ville, jusqu’à atteindre un niveau élevé. C’est cette colline que Salomon, notre premier roi, par révélation divine, entoura d’un mur ; il était d’une excellente facture, du haut en bas et autour de son sommet. Il construisit également un mur en contrebas, en commençant par le bas, entouré d’une profonde vallée. Du côté sud, il assembla des pierres, les lia les unes aux autres avec du plomb et engloba certaines parties intérieures, jusqu’à atteindre une grande hauteur, jusqu’à ce que la taille de l’édifice carré et son altitude soient immenses, et que l’immensité des pierres de la façade soit clairement visible de l’extérieur, de sorte que les parties intérieures furent fixées au fer, préservant ainsi les joints inamovibles pour l’avenir. Une fois ces travaux de fondation terminés et reliés à la colline jusqu’à son sommet, il forma le tout en une seule surface extérieure, combla les creux qui entouraient le mur et en fit un niveau sur la surface supérieure extérieure, ainsi qu’un niveau lisse. Cette colline fut entourée de murs sur tout son pourtour, sur un périmètre de quatre stades, chaque angle ayant une longueur d’un stade. Mais à l’intérieur de ce mur,Et au sommet de tout cela s’élevait un autre mur de pierre, avec, à l’est, un double cloître, de la même longueur que le mur ; au milieu duquel se trouvait le temple lui-même. Ce cloître donnait sur les portes du temple ; il avait été orné par de nombreux rois autrefois ; et tout autour du temple étaient disposés les dépouilles prises aux nations barbares ; tout cela avait été consacré au temple par Hérode, avec en plus celles qu’il avait prises aux Arabes.
4. Du côté nord du temple était construite une citadelle, dont les murs étaient carrés, solides et d’une solidité extraordinaire. Cette citadelle fut construite par les rois d’Asamoné, qui étaient aussi grands prêtres avant Hérode. Ils l’appelèrent la Tour, où étaient déposés les vêtements du grand prêtre, que celui-ci ne revêtait qu’au moment d’offrir un sacrifice. Le roi Hérode conserva ces vêtements en ce lieu ; après sa mort, ils restèrent sous la domination des Romains jusqu’à l’époque de Tibère César. Sous le règne de ce dernier, Vitellius, président de Syrie, une fois arrivé à Jérusalem et ayant été magnifiquement accueilli par la multitude, voulut leur rendre la pareille pour la bienveillance qu’ils lui avaient témoignée. Ainsi, suite à leur requête pour avoir ces vêtements sacrés en leur possession, il écrivit à ce sujet à Tibère César, qui accéda à sa requête. Leur pouvoir sur les vêtements sacerdotaux continua aux Juifs jusqu’à la mort du roi Agrippa. Mais après cela, Cassius Longinus, président de Syrie, et Cuspius Fadus, procurateur de Judée, enjoignirent aux Juifs de replacer ces vêtements dans la tour Antonia, afin qu’ils puissent les avoir en leur possession, comme ils l’avaient auparavant. Cependant, les Juifs envoyèrent des ambassadeurs à Claude César, pour intercéder auprès de lui en leur faveur. À son arrivée, le roi Agrippa, jeune, alors à Rome, demanda et obtint le pouvoir sur eux de l’empereur, qui donna l’ordre à Vitellius, alors commandant en Syrie, de le leur accorder en conséquence. Avant cette époque, ils étaient conservés sous le sceau du grand prêtre et des trésoriers du temple. Ces trésoriers, la veille d’une fête, allaient trouver le capitaine romain des gardes du temple, examinaient leur propre sceau et recevaient les vêtements. Une fois la fête terminée, ils les apportaient au même endroit, montraient au capitaine des gardes du temple leur sceau, qui correspondait au sien, et les y déposaient. Les malheurs qui nous sont arrivés par la suite en sont une preuve suffisante. Quant à la tour elle-même, lorsqu’Hérode, roi des Juifs, l’eut fortifiée plus solidement qu’auparavant, afin de sécuriser et de garder le temple, il fit grâce à Antoine, son ami et gouverneur romain, et lui donna alors le nom de Tour Antonia.
5. Or, dans les quartiers occidentaux de l’enceinte du temple, il y avait quatre portes ; la première menait au palais du roi et aboutissait à un passage au-dessus de la vallée intermédiaire ; deux autres menaient aux faubourgs de la ville ; et la dernière menait à l’autre ville, où la route descendait dans la vallée par un grand nombre de marches, et de là remontait par la montée, car la ville s’étendait en face du temple à la manière d’un théâtre, et était entourée d’une profonde vallée sur tout le quartier sud ; mais la quatrième façade du temple, qui était au sud, avait elle-même des portes en son milieu, ainsi que les cloîtres royaux, avec trois allées, qui s’étendaient en longueur de la vallée orientale à celle de l’ouest, car il était impossible qu’elle s’étende plus loin : et ce cloître mérite d’être mentionné mieux que tout autre sous le soleil ; Car, bien que la vallée fût très profonde et que son fond fût invisible, si l’on regardait d’en haut, cette autre élévation du cloître, d’une hauteur considérable, se dressait sur cette hauteur, à tel point que quiconque regarderait en bas du haut des créneaux, ou de ces deux hauteurs, serait étourdi, sa vue ne pouvant atteindre une profondeur aussi immense. Ce cloître était doté de piliers disposés en quatre rangées, l’une en face de l’autre, la quatrième rangée étant entrelacée dans le mur, lui aussi construit en pierre. L’épaisseur de chaque pilier était telle que trois hommes pouvaient, les bras tendus, le sonder tout autour et joindre leurs mains. Sa longueur était de vingt-sept pieds, avec une double spirale à sa base. Le nombre total de piliers [dans cette cour] était de cent soixante-deux. Leurs chapiteaux, sculptés selon l’ordre corinthien, suscitaient l’étonnement [des spectateurs] par la grandeur de l’ensemble. Ces quatre rangées de piliers comprenaient trois intervalles pour la circulation au milieu du cloître ; deux d’entre eux étaient parallèles et conçus de la même manière ; chacun mesurait trente pieds de large, un stade de long et cinquante pieds de haut ; la partie centrale du cloître, quant à elle, était plus large et demie que l’autre, et sa hauteur était double, car elle était beaucoup plus haute que celles des deux côtés. Les toits étaient ornés de profondes sculptures en bois représentant diverses figures. La partie centrale était beaucoup plus haute que les autres, et le mur de la façade était orné de poutres reposant sur des piliers entrelacés. Cette façade était entièrement en pierre polie, si bien que sa finesse, pour ceux qui ne l’avaient pas vue, était incroyable, et pour ceux qui l’avaient vue, tout simplement stupéfiante. Telle était la première enceinte. Au milieu de laquelle, et non loin de là, était la seconde, à laquelle on montait par quelques marches : celle-ci était entourée d’un mur de pierre pour cloison, avec une inscription qui défendait à tout étranger d’y entrer sous peine de mort.Cette enceinte intérieure avait, au sud et au nord, trois portes, également distantes l’une de l’autre ; mais à l’est, vers le soleil levant, il y avait une grande porte par laquelle entraient les purs et leurs femmes. Le temple, plus à l’intérieur, par cette porte, n’était pas accessible aux femmes ; mais plus à l’intérieur encore, il y avait une troisième cour, dans laquelle il n’était permis qu’aux prêtres seuls d’entrer. Le temple lui-même était à l’intérieur ; et devant ce temple se trouvait l’autel sur lequel nous offrons nos sacrifices et nos holocaustes à Dieu. Le roi Hérode n’entra dans aucune de ces trois cours, car il lui en était interdit, n’étant pas prêtre. Cependant, il prit soin des cloîtres et des enceintes extérieures, qu’il construisit en huit ans.
6. Le temple lui-même fut construit par les prêtres en un an et six mois ; le peuple fut alors rempli de joie ; et ils rendirent immédiatement grâces, d’abord à Dieu, puis à l’empressement du roi. Ils festoyèrent et célébrèrent la reconstruction du temple. Pour le roi, il sacrifia trois cents bœufs à Dieu, comme les autres, chacun selon ses moyens. Le nombre de ces sacrifices est impossible à déterminer, car il est impossible de le relater fidèlement ; car, en même temps que cette célébration pour les travaux du temple tombait aussi le jour de l’investiture du roi, qu’il conservait comme une ancienne coutume, et qui coïncidait maintenant avec l’autre, ce qui rendait la fête particulièrement illustre.
7. Un passage secret fut également construit pour le roi ; il menait d’Antonia au temple intérieur, par sa porte orientale. Il s’y éleva également une tour afin de pouvoir accéder au temple par des voies souterraines, pour se prémunir contre toute sédition du peuple contre ses rois. On rapporte également [22] que, pendant la construction du temple, il ne pleuvait pas le jour, mais que les averses tombaient la nuit, de sorte que les travaux ne furent pas entravés. Nos pères nous l’ont rapporté ; ce n’est pas incroyable, si l’on tient compte des manifestations de Dieu. C’est ainsi que s’effectua la reconstruction du temple.
Livre XIV — De la mort de la reine Alexandra à la mort d'Antigone | Page de titre | Livre XVI — De l'achèvement du Temple par Hérode à la mort d'Alexandre et d'Aristobule |
15.1a La ville appelée ici « Babylone » par Josèphe, semble être une ville qui a été construite par certains des Séleucides sur le Tigre, qui longtemps après la désolation totale de l’ancienne Babylone était communément appelée ainsi, et je suppose non loin de Séleueia ; tout comme cette dernière ville voisine, Bagdat, a été et est souvent appelée par le même vieux nom de Babylone jusqu’à ce jour. ↩︎
15.2a Nous avons ici un exemple éminent de la politique profane et mondaine d’Hérode, lorsque, par l’abus de son pouvoir illégal et usurpé, pour faire grand prêtre qui il voulait, en la personne d’Ananèle, il provoqua de tels troubles dans son royaume et dans sa propre famille, qu’il ne put plus jamais jouir d’une paix ou d’une tranquillité durables ; et tel est souvent l’effet de la politique profane de cour en matière de religion à d’autres époques et dans d’autres nations. L’Ancien Testament est plein des misères du peuple juif dérivées de cette politique de cour, en particulier à l’époque et après celle de Jéroboam, fils de Nebat, « qui fit pécher Israël » ; qui en donna l’exemple le plus pernicieux ; qui en provoqua la corruption la plus grossière de la religion ; et le châtiment de sa famille pour cela fut des plus remarquables. Le cas est trop connu pour nécessiter des citations particulières. ↩︎
15.3a De ce méchant Dellius, voir la note sur la Guerre, BI ch. 15. sect. 3. ↩︎
15.4a Quand Josèphe dit ici que cet Ananelus, le nouveau grand prêtre, était « de la lignée des grands prêtres », et puisqu’il venait de nous dire qu’il était un prêtre d’une famille ou d’un caractère obscur, ch. 2. sect. 4, il n’est pas du tout probable qu’il ait pu dire si tôt qu’il était « de la lignée des grands prêtres ». Cependant, Josèphe fait ici une observation remarquable, que cet Ananelus était le troisième qui fut injustement et méchamment chassé du grand prêtre par le pouvoir civil, aucun roi ou gouverneur n’ayant osé le faire, à la connaissance de Josèphe, à l’exception de ce tyran et persécuteur païen Antiochus Épiphane ; ce parricide barbare Aristobule, le premier qui prit l’autorité royale parmi les Maccabées ; et ce roi tyran Hérode le Grand, bien que par la suite cette pratique infâme soit devenue fréquente, jusqu’à la destruction même de Jérusalem, lorsque l’office de grand prêtre a pris fin. ↩︎
15.5a Ceci réfute entièrement les talmudistes, qui prétendent que personne de moins de vingt ans ne pouvait officier comme grand prêtre parmi les Juifs. ↩︎
15.6a Une chronique hébraïque, citée par Reland, dit que cette noyade eut lieu au Jourdain, et non à Jéricho, et ce même lorsqu’il cite Josèphe. Je soupçonne que le transcripteur de la chronique hébraïque s’est trompé de nom et a écrit Jourdain pour Jéricho. ↩︎
15.8a Le lecteur doit ici prendre note que cette septième année du règne d’Hérode, et toutes les autres années de son règne, dans Josèphe, sont datées de la mort d’Antigone, ou au plus tôt de la conclusion d’Antigone, et de la prise de Jérusalem quelques mois auparavant, et jamais de sa première obtention du royaume à Rome, plus de trois ans auparavant, comme certains l’ont fait très faiblement et de manière imprudente. ↩︎
15.9a Hérode dit ici que, comme les ambassadeurs étaient sacrés lorsqu’ils portaient des messages à d’autres, les lois des Juifs tiraient une autorité sacrée du fait qu’elles étaient délivrées de Dieu par des anges, [ou des ambassadeurs divins,] qui est l’expression de saint Paul à propos des mêmes lois, Galates 3:19; Hébreux 2;2. ↩︎
15.10a Ce morceau de religion, la supplication de Dieu avec des sacrifices, par Hérode, avant qu’il n’aille à ce combat avec les Arabes, mentionné également dans le premier livre de la Guerre, ch. 19. sect. 5, mérite d’être remarqué, car c’est le seul exemple de cette nature, autant que je me souvienne, que Josèphe mentionne jamais dans tous ses grands et particuliers récits de cet Hérode ; et c’était lorsqu’il avait été dans une grande détresse, et découragé par une grande défaite de son ancienne armée, et par un très grand tremblement de terre en Judée, de tels temps d’affliction rendant les hommes très religieux ; et il ne fut pas non plus déçu de ses espoirs ici, mais remporta immédiatement une victoire très signalée sur les Arabes, tandis que ceux qui juste avant avaient été de si grands vainqueurs, et si élevés après le tremblement de terre en Judée qu’ils avaient osé tuer les ambassadeurs juifs, étaient maintenant sous une étrange consternation, et à peine capables de se battre du tout. ↩︎
15.11a Alors que Mariamne est ici représentée comme reprochant à Hérode le meurtre de son père [Alexandre], ainsi que de son frère [Aristobule], tandis que c’est son grand-père Hyrcan, et non son père Alexandre, qu’il a fait tuer, (comme Josèphe lui-même nous l’informe, ch. 6. sect. 2,) nous devons ou bien prendre à juste titre la lecture de Zonaras, qui est ici grand-père, ou bien nous devons, comme précédemment, ch. 1. sect. 1, permettre un lapsus de plume ou de mémoire de Josèphe dans le passage qui nous est présenté. ↩︎
15.12a Voici un exemple clair d’une dame juive donnant une lettre de divorce à son mari, bien qu’à l’époque de Josèphe, il n’était pas considéré comme légal pour une femme de le faire. Voir la même chose chez les Parthes, Antiq. B. XVIII. ch. 9. sect. 6. Cependant, la loi chrétienne, lorsqu’elle autorisait le divorce pour adultère, Matthieu 5:32, autorisait l’épouse innocente à divorcer de son mari coupable, ainsi que le mari innocent à divorcer de sa femme coupable, comme nous l’apprenons du berger d’Hermas, Mand. B. IV., et de la deuxième apologie de Justin Martyr, où une persécution fut infligée aux chrétiens à la suite d’un tel divorce ; et je pense que les lois romaines le permettaient à cette époque, ainsi que les lois du christianisme. Or, ce Babas, qui appartenait à la race des Asamonéens ou Maccabées, comme nous l’apprend la fin de cette section, est rapporté par les Juifs, comme le remarque ici le Dr Hudson, comme ayant été si éminemment religieux à la manière juive, que, sauf le lendemain du 10 Tisri, le grand jour des expiations, où il semble avoir cru tous ses péchés entièrement pardonnés, il offrait chaque jour de l’année un sacrifice pour ses péchés d’ignorance, ou ceux dont il se croyait coupable, mais dont il ne se souvenait pas distinctement. Voir un texte similaire concernant Agrippa le Grand, Antiq. B. XIX. ch. 3. sect. 3, et Job 1:4, 5. ↩︎
15.13a Ces grandes pièces de théâtre, ces spectacles, ces Thymelici, ou réunions de musique, et ces courses de chars, lorsque les chars étaient tirés par deux, trois ou quatre paires de chevaux, etc., institués par Hérode dans ses théâtres, étaient encore, comme nous le voyons ici, considérés par les Juifs sobres comme des sports païens, et tendant à corrompre les mœurs de la nation juive, et à les amener à aimer l’idolâtrie païenne, et une conduite de vie païenne, mais à la dissolution de la loi de Moïse, et en conséquence étaient grandement et justement condamnés par eux, comme cela apparaît ici et partout ailleurs chez Josèphe. Le cas de nos mascarades, pièces de théâtre, opéras et autres « pompes et vanités de ce monde méchant » modernes n’a pas non plus de meilleure tendance sous le christianisme. ↩︎
15.14a Nous avons ici un exemple éminent du langage de Josèphe dans ses écrits aux Gentils, différent de celui qu’il utilisait lorsqu’il écrivait aux Juifs ; dans ses écrits à l’égard desquels il tire encore tous ces jugements de la colère de Dieu ; mais parce qu’il savait que beaucoup de Gentils pensaient qu’ils pourraient naturellement venir à certaines périodes, il s’y conforme dans la phrase suivante. Voir la note sur la guerre. BI ch. 33. sect. 2. ↩︎
15.15a Cette famine qui affecta la Judée et la Syrie pendant deux ans, la treizième et la quatorzième année d’Hérode, soit les vingt-troisième et vingt-quatrième années avant l’ère chrétienne, semble avoir été plus terrible à cette époque que celle du temps de Jacob, Genèse 41, 42. Et ce qui rend la comparaison d’autant plus remarquable, c’est que maintenant, comme alors, le soulagement qu’ils recevaient venait aussi d’Égypte ; puis de Joseph, gouverneur d’Égypte, sous Pharaon, roi d’Égypte ; et maintenant de Pétrone, préfet d’Égypte, sous Auguste, empereur romain. Voir un cas presque similaire, Antiq. B. XX. ch. 2. sect. 6. Il convient également de noter ici que ces deux années étaient une année sabbatique et une année de jubilé, pour lesquelles la Providence, pendant la théocratie, avait l’habitude de prévoir à l’avance une triple récolte ; mais ce fut maintenant, lorsque les Juifs eurent perdu cette bénédiction, les plus grandes années de famine pour eux depuis l’époque d’Achab, 1 Rois 17, 18. ↩︎
15.16a Cet Aelius Gallus ne semble être autre que cet Aelius Lagus dont Dion parle comme ayant conduit une expédition qui fut menée à cette époque en Arabie Heureuse, selon Bétarius, cité ici par Spanheim. Voir un compte rendu complet de cette expédition dans Prideaux, aux années 23 et 24. ↩︎
15.17a On peut remarquer ici que, malgré le caractère tyrannique et extravagant d’Hérode en lui-même et dans ses villes grecques, en ce qui concerne ces pièces de théâtre, ces spectacles et ces temples pour l’idolâtrie, mentionnés ci-dessus, ch. 8. sect. 1, et ici aussi ; pourtant, il n’osait même pas en introduire très peu dans les villes des Juifs, qui, comme le note ici Josèphe, ne les auraient pas supportés même alors, tant ils étaient encore zélés pour plusieurs des lois de Moïse, même sous un gouvernement aussi tyrannique que celui d’Hérode le Grand ; Ce gouvernement tyrannique me rappelle naturellement la réflexion honnête du doyen Prideaux sur l’ambition similaire de Pompée et de César pour un pouvoir aussi tyrannique : « L’un d’eux (dit-il, à l’an 60) ne pouvait supporter un égal, ni l’autre un supérieur ; et à cause de cette ambition et de cette soif de pouvoir accrue chez ces deux hommes, l’Empire romain tout entier étant divisé en deux factions opposées, il en résulta la guerre la plus destructrice qui l’ait jamais affligé ; et la même folie règne trop partout ailleurs. Si une trentaine d’hommes pouvaient être persuadés de vivre en paix chez eux, sans s’attaquer aux droits des autres, pour la vaine gloire de la conquête et l’accroissement de leur pouvoir, le monde entier serait tranquille ; mais leur ambition, leurs folies et leur humeur, les poussant constamment à empiéter et à se quereller, entraînent tous ceux qui sont sous leur domination dans leurs malheurs ; et des milliers de personnes en périssent chaque année ; de sorte qu’on peut presque se demander si « Le bénéfice que le monde reçoit du gouvernement doit être suffisant pour compenser les calamités qu’il subit à cause des folies, des erreurs et des mauvaises administrations de ceux qui le dirigent. » ↩︎
15.18a Césarée étant ici dite avoir été reconstruite et ornée en douze ans, et peu après en dix ans, Antiq. B. XVI. ch. 5. sect. 1, il doit y avoir une erreur dans l’un des endroits quant au nombre réel, mais dans lequel d’entre eux il est difficile de déterminer positivement. ↩︎
15.19a Ce Pollion, avec lequel les fils d’Hérode vivaient à Rome, n’était pas Pollion le pharisien, déjà mentionné par Josèphe, ch. 1. sect. 1, et encore un peu après, ch. 10. sect. 4 ; mais l’Asinin Pollon, le Romain, comme le remarque ici Spanheim. ↩︎
15.20a Le caractère de ce Zénodore ressemble tellement à celui d’un célèbre voleur du même nom dans Strabon, et cela à peu près dans ce même pays, et à peu près à cette même époque également, que je pense que le Dr Hudson n’avait guère besoin de mettre un chevauchement dans sa détermination qu’ils étaient les mêmes. ↩︎
15.21a Une tétrarchie désignait proprement et à l’origine le quart d’un royaume ou d’un pays entier, et un tétrarque celui qui était le dirigeant d’un tel quart, ce qui implique toujours une étendue de domination et de pouvoir un peu moindre que celle qui appartient à un royaume et à un roi. ↩︎
15.22a Nous pouvons observer ici que l’idée des Juifs modernes d’appeler ce temple, qui était en réalité le troisième de leurs temples, le second temple, suivi si longtemps par les chrétiens ultérieurs, semble dénuée de tout fondement solide. La raison pour laquelle les chrétiens ont suivi les Juifs ici est la prophétie d’Aggée (2:6-9), où ils exposent la venue du Messie au second temple, celui de Zorobabel, dont ils supposent que celui d’Hérode n’est qu’une continuation ; il s’agit, je pense, de sa venue au quatrième et dernier temple, celui à venir, le plus grand et le plus glorieux, décrit par Ézéchiel ; d’où je considère que la première idée, aussi générale soit-elle, est une grave erreur. Voir Littéralement, accorap. de Proph. p. 2. ↩︎
15.25a Cette tradition que Josèphe mentionne ici, transmise de père en fils, concernant cette circonstance particulièrement remarquable relative à la construction du temple d’Hérode, démontre qu’une telle construction était connue en Judée à cette époque. Il naquit environ quarante-six ans après l’achèvement présumé de la construction, et il se peut qu’il ait lui-même vu et parlé avec certains des constructeurs eux-mêmes, ainsi qu’avec un grand nombre de ceux qui l’avaient vu construire. Le doute quant à la véracité de cette histoire de la démolition et de la reconstruction de ce temple par Hérode, auquel certaines personnes faibles se sont laissées aller, n’était donc pas beaucoup plus grand alors qu’il ne le sera bientôt, que notre église Saint-Paul de Londres ait été ou non incendiée lors de l’incendie de Londres en 1666, et reconstruite par Sir Christopher Wren peu après. ↩︎