Livre XV — De la mort d'Antigone à l'achèvement du Temple par Hérode | Page de titre | Livre XVII — De la mort d'Alexandre et d'Aristobule au bannissement d'Archélaüs |
CONTENANT L’INTERVALLE DE DOUZE ANS.
LOI D’HÉRODE CONCERNANT LES VOLEURS. Salomé et Phéroras calomnient Alexandre et Aristobule, à leur retour de Rome, à qui Hérode fournit pourtant des épouses.
1. Comme le roi Hérode était très zélé dans l’administration de tout son gouvernement, et désireux de mettre un terme aux actes particuliers d’injustice qui étaient commis par des criminels dans la ville et dans la campagne, il fit une loi, en aucune façon semblable à nos lois originales, et qu’il édicta lui-même, pour exposer les cambrioleurs à être expulsés de son royaume ; cette punition était non seulement pénible à supporter pour les coupables, mais contenait en elle une dissolution des coutumes de nos ancêtres ; car cet esclavage aux étrangers, et à ceux qui ne vivaient pas à la manière des Juifs, et cette nécessité qu’ils étaient soumis à faire tout ce que ces hommes ordonnaient, était une offense à notre établissement religieux, plutôt qu’une punition pour ceux qui étaient trouvés coupables d’avoir offensé, une telle punition étant évitée dans nos lois originales ; car ces lois ordonnent que le voleur restituera le quadruple ; et que s’il n’avait pas autant, il serait certes vendu, mais pas à des étrangers, ni en esclavage perpétuel, car il aurait dû être libéré au bout de six ans. Mais cette loi, ainsi promulguée pour introduire un châtiment sévère et illégal, semblait une insolence de la part d’Hérode, car il n’agissait pas en roi, mais en tyran, et c’est avec mépris et sans aucun égard pour ses sujets qu’il osa instaurer un tel châtiment. Or, cette peine, ainsi mise en pratique, ressemblait aux autres actes d’Hérode, et devint un élément de son accusation et une occasion de haine contre lui.
2. C’est à cette époque qu’il s’embarqua pour l’Italie, désireux de rencontrer César et de revoir ses fils qui vivaient à Rome. César non seulement lui fut très obligeant à d’autres égards, mais il lui rendit ses fils pour les emmener chez lui, car ils avaient déjà acquis des connaissances scientifiques. Mais dès que les jeunes gens furent arrivés d’Italie, la foule désira ardemment les voir, et ils se firent remarquer parmi tous, parés de grandes bénédictions et ayant la physionomie de personnes de dignité royale. Aussi, ils apparurent bientôt comme l’objet de l’envie de Salomé, la sœur du roi, et de ceux qui avaient calomnié Mariamne ; car ils craignaient que, lorsqu’ils accéderaient au pouvoir, ils soient punis pour les méchancetés qu’ils avaient commises envers leur mère ; c’est pourquoi ils firent de cette crainte même un motif de calomnies contre eux aussi. Ils prétendirent ne pas apprécier la compagnie de leur père, car il avait fait mourir leur mère, comme s’il était contraire à la piété de paraître s’entretenir avec le meurtrier de leur mère. Or, en racontant ces histoires, certes fondées sur des faits, mais fondées uniquement sur des probabilités quant à l’accusation en question, ils purent leur nuire et amener Hérode à retirer à ses fils la bienveillance qu’il leur avait témoignée. Car ils ne lui en parlèrent pas ouvertement, mais répandirent ces paroles parmi la foule. Ces paroles, rapportées à Hérode, le conduisirent à les haïr, une haine que la nature même de leur père, même avec le temps, ne put vaincre. Pourtant, le roi était alors en état de préférer l’affection paternelle à tous les soupçons et calomnies qui pesaient sur ses fils. Il les respecta donc comme il se devait et les maria à des femmes, maintenant qu’ils étaient en âge de le faire. Il donna pour femme à Aristobule Bérénice, fille de Salomé, et à Alexandre Glaphyra, fille d’Archélaüs, roi de Cappadoce.
COMMENT HÉRODE NAVIGA DEUX FOIS VERS AGRIPPA ; ET COMMENT, À LA SUITE DE LA PLAINTE EN IONIE CONTRE LES GRECS, AGRIPPA LEUR CONFIRMA LES LOIS.
1. Lorsqu’Hérode eut expédié ces affaires, et qu’il apprit que M. Agrippa avait de nouveau quitté l’Italie pour l’Asie, il se hâta de le rejoindre et le pria de venir dans son royaume et de partager ce qu’il pouvait légitimement attendre de celui qui avait été son hôte et son ami. Il insista beaucoup, et Agrippa y consentit, et se rendit en Judée ; sur quoi Hérode ne négligea rien de ce qui pouvait lui plaire. Il le reçut dans ses villes nouvellement construites, lui montra les édifices qu’il avait construits et lui fournit, ainsi qu’à ses amis, toutes sortes de mets raffinés et précieux, notamment à Sébaste et à Césarée, autour du port qu’il avait construit, et dans les forteresses qu’il avait édifiées à grands frais, Alexandrie, Hérode et Hyrcanie. Il le conduisit également à Jérusalem, où tout le peuple, en habits de fête, l’accueillit par des acclamations. Agrippa offrit aussi une hécatombe de sacrifices à Dieu et régala le peuple, sans rien omettre des plus grandes gourmandises. Il y prit tant de plaisir qu’il demeura plusieurs jours parmi eux et y serait volontiers resté plus longtemps, mais la saison l’obligea à se hâter. L’hiver approchant, il jugea dangereux de prendre la mer plus tard, et pourtant il était obligé de retourner en Ionie.
2. Agrippa s’en alla donc, après qu’Hérode lui eut fait, ainsi qu’à ses principaux compagnons, de nombreux présents. Le roi Hérode, après avoir passé l’hiver dans ses domaines, se hâta de le rejoindre au printemps, sachant qu’il allait faire campagne au Bosphore. Après avoir passé Rhodes et Cos, il aborda à Lesbos, pensant y rejoindre Agrippa. Mais il fut interrompu par un vent du nord qui empêcha son navire de toucher terre. Il resta donc plusieurs jours à Chios, où il traita avec bienveillance un grand nombre de ceux qui vinrent le trouver et leur fit grâce en leur offrant des présents royaux. Voyant que le portique de la ville était écroulé, détruit lors de la guerre de Mithridate, et que c’était un bâtiment immense et magnifique, il n’était pas aussi facile à reconstruire que les autres. Il fournit néanmoins une somme non seulement importante, mais plus que suffisante pour achever la construction. Il ordonna de ne pas négliger ce portique, mais de le reconstruire au plus vite, afin que la ville retrouve son éclat. Lorsque les vents violents furent apaisés, il fit voile vers Mytilène, puis vers Byzance. Apprenant qu’Agrippa avait franchi les Rochers Cyanéens, il se hâta de le rejoindre et le rejoignit près de Sinope, dans le Pont. Les marins le virent naviguer à l’improviste, mais il apparut à leur grande joie. et il y eut entre eux de nombreuses salutations amicales, à tel point qu’Agrippa pensa avoir reçu les plus grandes marques possibles de la bonté et de l’humanité du roi à son égard, puisque le roi avait fait un si long voyage, et à un moment très opportun, pour son aide, et avait quitté le gouvernement de ses propres domaines, et estimait qu’il valait mieux qu’il vienne le trouver. En conséquence, Hérode était tout pour Agrippa, dans la conduite de la guerre, et un grand assistant dans les affaires civiles, et en le conseillant sur des questions particulières. Il était aussi un compagnon agréable pour lui dans ses moments de détente, et il partageait avec lui toutes les choses ; les malheurs grâce à sa bonté, et la prospérité grâce au respect qu’Agrippa lui portait. Or, dès que furent terminées les affaires du Pont, pour lesquelles Agrippa y avait été envoyé, ils ne jugeèrent pas bon de retourner par mer, mais passèrent par la Paphlagonie et la Cappadoce ; Ils traversèrent ensuite la grande Phrygie et arrivèrent à Éphèse, d’où ils s’embarquèrent pour Samos. Le roi accordait de nombreux bienfaits à chaque ville qu’il rencontrait, selon ses besoins. Quant à ceux qui manquaient d’argent ou de soins, il ne leur en manquait pas ; il les comblait lui-même de ses propres frais. Il intercéda aussi auprès d’Agrippa pour tous ceux qui recherchaient sa faveur, et il fit en sorte que les pétitionnaires ne s’en sortent jamais, Agrippa étant lui-même d’un naturel bienveillant.D’une grande générosité, il était prêt à accéder à toutes les demandes qui pouvaient être avantageuses pour les pétitionnaires, pourvu qu’elles ne soient pas préjudiciables aux autres. L’inclination du roi était également très forte et excitait encore Agrippa, lui-même prêt à faire le bien. Il réconcilia les habitants d’Ilion, contre lesquels il était irrité, paya l’argent que les habitants de Chius devaient aux procurateurs de César et les libéra de leurs tributs ; et secourut tous les autres, selon leurs besoins.
3. Or, alors qu’Agrippa et Hérode étaient en Ionie, une grande multitude de Juifs, résidant dans leurs villes, vinrent à eux et, profitant de l’occasion et de la liberté qui leur étaient alors offertes, leur exposèrent les torts qu’ils avaient subis, alors qu’ils n’étaient pas autorisés à appliquer leurs propres lois, mais qu’ils étaient contraints de poursuivre leurs procès, par les mauvais traitements des juges, pendant leurs jours de fête. Ils étaient privés de l’argent qu’ils avaient l’habitude d’amasser à Jérusalem, et contraints de s’enrôler dans l’armée et d’accomplir d’autres fonctions qui les obligeaient à dépenser leur argent sacré. De ces fardeaux, ils étaient toujours délivrés par les Romains, qui leur avaient encore permis de vivre selon leurs propres lois. À cette clameur, le roi demanda à Agrippa d’entendre leur cause et chargea Nicolas, l’un de ses amis, de plaider en faveur de leurs privilèges. Ainsi, lorsqu’Agrippa eut appelé les principaux des Romains, ainsi que les rois et les gouverneurs présents, pour être ses assesseurs, Nicolas se leva et plaida en faveur des Juifs : « Il incombe nécessairement à ceux qui sont dans la détresse de recourir à ceux qui ont le pouvoir de les délivrer des torts qu’ils subissent ; et ceux qui se plaignent maintenant, ils s’adressent à vous avec une grande assurance ; car, comme ils ont souvent obtenu votre faveur autrefois, même s’ils l’ont désirée, ils vous supplient maintenant, vous qui en avez été les donateurs, de veiller à ce que les faveurs que vous leur avez déjà accordées ne leur soient pas retirées. Nous avons reçu ces faveurs de vous, qui seul avez le pouvoir de les accorder, mais nous les avons subies de la part de ceux qui ne sont pas plus grands que nous et que nous savons être aussi sujets que nous ; et certes, si nous avons reçu de grandes faveurs, c’est à notre honneur de les avoir obtenues, car nous les avons jugées dignes. De si grandes faveurs ; et si ces faveurs sont minimes, il serait barbare pour les donateurs de ne pas nous les confirmer. Quant à ceux qui font obstacle aux Juifs et les utilisent avec mépris, il est évident qu’ils offensent à la fois ceux qui les reçoivent, refusant de reconnaître les hommes de valeur auxquels leurs excellents dirigeants ont rendu témoignage, et les donateurs, tout en souhaitant que les faveurs déjà accordées soient abrogées. Or, si l’on demandait à ces Gentils eux-mêmes laquelle des deux choses ils préféreraient se séparer : leur vie ou les coutumes de leurs ancêtres, leurs solennités, leurs sacrifices, leurs fêtes qu’ils célébraient en l’honneur de ceux qu’ils prennent pour des dieux ? Je sais pertinemment qu’ils préféreraient tout subir plutôt que la dissolution des coutumes de leurs ancêtres ; car beaucoup d’entre eux ont préféré partir en guerre pour cette raison, soucieux de ne pas transgresser ces coutumes. Et en effet, nous prenons une estimation de ce bonheur dont toute l’humanité jouit maintenant grâce à vous à partir de cette même chose,Que chacun puisse pratiquer son culte comme l’exigent nos institutions, tout en vivant en paix ; et bien qu’ils ne veuillent pas être traités ainsi, ils s’efforcent de contraindre les autres à s’y conformer, comme si ce n’était pas une impiété aussi grande de dissoudre profanement les solennités religieuses d’autrui que de négliger les siennes envers leurs dieux. Considérons maintenant l’une de ces pratiques. Existe-t-il un peuple, une ville, une communauté humaine pour qui votre gouvernement et le pouvoir romain ne semblent pas être la plus grande bénédiction ? Qui pourrait désirer annuler les faveurs qu’ils ont accordées ? Personne n’est aussi fou ; car il n’est d’hommes qui n’aient bénéficié de leurs faveurs, tant publiques que privées ; et ceux qui vous retirent ce que vous leur avez accordé ne peuvent être assurés que toutes les concessions que vous leur avez accordées ne leur seront pas retirées ; ces concessions ne peuvent jamais être suffisamment valorisées. Car s’ils considèrent les anciens gouvernements sous les rois, ainsi que votre gouvernement actuel, outre le grand nombre de bienfaits que ce gouvernement leur a accordés pour leur bonheur, c’est là, au lieu de tout le reste, qu’ils semblent être non plus dans un état d’esclavage, mais de liberté. Or, les privilèges que nous désirons, même lorsque nous sommes dans les meilleures circonstances, ne sont pas de ceux qui méritent d’être enviés, car nous sommes en effet dans un état prospère grâce à vous, mais ce n’est qu’en commun avec d’autres ; et ce n’est rien de plus que cela que nous désirons, conserver notre religion sans aucune interdiction ; ce qui ne semble pas en soi un privilège à nous envier, de même il est pour l’avantage de ceux qui nous l’accordent ; car si la Divinité se plaît à être honorée, elle doit se réjouir de ceux qui permettent qu’elle soit honorée. Et il n’y a aucune de nos coutumes qui soit inhumaine, mais toutes tendent à la piété et consacrées à la préservation de la justice ; Nous ne cachons pas non plus les injonctions qui régissent notre vie, mémoriaux de piété et de convivialité. Le septième jour, nous le consacrons au travail ; il est consacré à l’étude de nos coutumes et de nos lois, [1] jugeant opportun de les méditer, ainsi que toute autre bonne chose, afin d’éviter le péché. Si donc quelqu’un examine nos observances, il constatera qu’elles sont bonnes en elles-mêmes et qu’elles sont anciennes, bien que certains pensent autrement, au point que ceux qui les ont reçues ne peuvent être facilement amenés à s’en écarter, en raison de l’honneur qu’ils accordent à la durée de leur pratique religieuse. Or, nos adversaires nous privent injustement de ces privilèges ; ils s’emparent violemment de notre argent dû à Dieu, appelé argent sacré, et ce ouvertement, de manière sacrilège ; ils nous imposent des tributs et nous traduisent devant les tribunaux les jours de fête.et nous demandent ensuite d’autres dettes semblables, non parce que les contrats l’exigent et pour leur propre avantage, mais parce qu’ils voudraient porter atteinte à notre religion, dont ils sont conscients comme nous, et se sont livrés à une haine injuste et involontaire. Car votre gouvernement sur tous est un, tendant à établir la bienveillance et à abolir la malveillance parmi ceux qui y sont disposés. C’est donc ce que nous implorons de toi, très excellent Agrippa, que nous ne soyons pas maltraités ; que nous ne soyons pas abusés ; que nous ne soyons pas empêchés d’user de nos propres coutumes, ni dépouillés de nos biens, ni contraints par ces hommes à faire ce que nous ne forçons personne à faire ; car ces privilèges qui sont les nôtres sont non seulement conformes à la justice, mais nous ont été accordés antérieurement par toi. Nous pouvons vous lire de nombreux décrets du Sénat, ainsi que les tables qui les contiennent, conservées au Capitole, concernant ces choses. Ces décrets ont été accordés après que vous ayez éprouvé notre fidélité envers vous, laquelle mérite d’être appréciée, même si elle ne l’a jamais été. Car vous avez jusqu’ici préservé ce que le peuple possédait, non seulement à nous, mais à presque tous, et vous avez ajouté des avantages plus grands qu’ils n’auraient pu en espérer, et votre gouvernement leur est ainsi devenu un grand avantage. Et si quelqu’un pouvait énumérer la prospérité que vous avez conférée à chaque nation, qu’elle possède par votre intermédiaire, il ne pourrait pas terminer son discours. Mais pour démontrer que nous ne sommes pas indignes de tous ces avantages, il nous suffira de ne rien dire d’autre, mais de parler librement de ce roi qui nous gouverne maintenant et qui est maintenant l’un de vos assesseurs ; et en effet, dans quel exemple de bienveillance, envers votre maison, a-t-il manqué ? Quelle marque de fidélité lui a-t-il omise ? Quel signe d’honneur n’a-t-il pas imaginé ? Quelle occasion de vous aider n’a-t-il pas envisagée dès le début ? Qu’est-ce qui vous empêche donc, sinon que vos bienfaits soient aussi nombreux que ses si grands bienfaits vous ont été accordés ? Il ne convient peut-être pas non plus de passer sous silence ici la valeur de son père Antipater, qui, lors de l’expédition de César en Égypte, l’assista avec deux mille hommes armés, et ne se montra inférieur à personne, ni dans les combats sur terre, ni dans la conduite de la marine. Et qu’ai-je besoin de dire quel poids ces soldats représentaient à ce moment-là ? Ou combien et quels généreux présents César leur accorda ? Et, en vérité, j’aurais dû mentionner plus tôt les lettres que César écrivit au Sénat, et comment Antipater reçut les honneurs et la liberté de la ville de Rome, car ce sont des démonstrations que nous avons reçu ces faveurs par nos propres mérites, et c’est pour cela que nous vous demandons de les confirmer, vous de qui nous avions raison de les espérer, bien qu’elles ne nous aient pas été accordées auparavant,Par égard pour les dispositions de notre roi à votre égard et pour les vôtres. De plus, les Juifs présents nous ont informés de la bonté avec laquelle vous êtes entré dans notre pays, de la manière dont vous avez offert à Dieu les sacrifices les plus parfaits, l’avez honoré de vœux remarquables, offert un festin au peuple et accepté leurs propres présents hospitaliers. Nous devons considérer tous ces accueils généreux offerts par notre nation et notre ville, à un homme qui est le chef et l’administrateur d’une si grande partie des affaires publiques, comme des signes de l’amitié que vous avez témoignée à la nation juive et que la famille d’Hérode lui a procurée. Nous te rappelons donc ces choses en présence du roi, qui siège maintenant à tes côtés, et nous ne demandons rien d’autre que ceci : que ce que vous nous avez donné vous-mêmes ne nous soit pas retiré.
4. Après que Nicolas eut prononcé ce discours, les Grecs ne s’y opposèrent pas. Il ne s’agissait pas d’une enquête, comme devant un tribunal, mais d’une intercession pour empêcher que la violence ne soit exercée contre les Juifs. Les Grecs ne se défendirent pas et ne nièrent pas ce qu’on leur reprochait. Leur prétention se limitait à dire que, tant que les Juifs habitaient leur pays, ils étaient totalement injustes envers eux [en ne participant pas à leur culte], mais ils démontraient leur générosité en ceci que, bien qu’ils adorassent selon leurs institutions, ils ne faisaient rien qui pût les affliger. Aussi, lorsqu’Agrippa comprit qu’ils avaient été opprimés par la violence, il répondit que, grâce à la bienveillance et à l’amitié d’Hérode, il était prêt à accorder aux Juifs tout ce qu’ils lui demanderaient, et que leurs requêtes lui semblaient justes en elles-mêmes ; et que s’ils demandaient quelque chose de plus, il ne se gênerait pas pour le leur accorder, pourvu que cela ne porte pas préjudice au gouvernement romain. Mais, bien que leur demande se limitât à ne pas abroger les privilèges déjà accordés, il leur confirma qu’ils pourraient continuer à observer leurs coutumes, sans que personne ne leur fasse le moindre tort. Après avoir ainsi parlé, il dissout l’assemblée. Hérode, se levant, le salua et le remercia de sa bienveillance. Agrippa, lui aussi, accepta cela avec beaucoup d’obligeance, le salua de nouveau et le serra dans ses bras. Après quoi, il quitta Lesbos. Le roi résolut de s’embarquer de Samos pour son pays. Après avoir pris congé d’Agrippa, il poursuivit sa navigation et, peu de jours plus tard, grâce à des vents favorables, débarqua à Césarée. De là, il se rendit à Jérusalem, où il rassembla tout le peuple, et où se trouvaient également de nombreux habitants de la campagne. Il vint donc à eux et leur raconta en détail tout son voyage et la situation de tous les Juifs d’Asie, leur expliquant comment, grâce à lui, ils vivraient désormais sans être maltraités. Il leur raconta également toute la bonne fortune qu’il avait eue, comment il avait dirigé le gouvernement et n’avait rien négligé pour leur bien. Et, rempli de joie, il leur remit le quart de leurs impôts de l’année précédente. Ils furent si satisfaits de sa faveur et de ses paroles qu’ils partirent avec une grande joie et souhaitèrent au roi tout le bonheur possible.
COMMENT DE GRANDS TROUBLES SURVENUS DANS LA FAMILLE D’HÉRODE LORSQU’IL PRÉFÉRA ANTIPATER SON FILS AÎNÉ AVANT LES AUTRES, JUSQU’À CE QU’ALEXANDRE SUBISSE CETTE BLESSURE DE MANIÈRE TRÈS ODIEUSE.
1. Mais les affaires de la famille d’Hérode allaient de plus en plus mal et s’aggravaient à cause de la haine de Salomé envers les jeunes gens [Alexandre et Aristobule], qui descendaient en quelque sorte par héritage [de leur mère Mariamne] ; et comme elle avait pleinement succédé à leur mère, elle atteignit un tel degré de folie et d’insolence qu’elle s’efforça de ne laisser en vie aucun de ses descendants qui auraient pu venger sa mort. Les jeunes gens avaient aussi une disposition d’esprit quelque peu audacieuse et inquiète envers leur père, provoquée par le souvenir de ce que leur mère avait injustement souffert, et par leur propre affectation de domination. La vieille rancune refit surface ; et ils lançaient des reproches à Salomé et à Phéroras, qui répondaient aux jeunes gens par de mauvaises intentions et leur tendaient des pièges perfides. Or, quant à cette haine, elle était égale des deux côtés, mais la manière de l’exercer était différente ; Quant aux jeunes gens, ils étaient téméraires, reprochant et insultant ouvertement les autres, et étaient assez inexpérimentés pour penser qu’il était plus généreux de déclarer leurs sentiments avec cette intrépidité. Mais les autres n’utilisèrent pas cette méthode, mais utilisèrent des calomnies d’une manière subtile et malveillante, provoquant toujours les jeunes gens et imaginant que leur audace pourrait avec le temps se transformer en violence envers leur père. Car, comme ils n’avaient pas honte des prétendus crimes de leur mère, et ne pensaient pas qu’elle souffrait justement, ceux-ci supposèrent que cela pourrait finalement dépasser toutes les limites et les inciter à penser qu’ils devaient se venger de leur père, fût-ce en l’exterminant de leurs propres mains. Finalement, il en arriva à ce que toute la ville fut remplie de leurs discours, et, comme il est d’usage dans de telles luttes, la maladresse des jeunes hommes fut plaint. mais le stratagème de Salomé était trop difficile pour eux, et les imputations qu’elle leur imputait furent crues par leur propre conduite ; car eux qui étaient si profondément affectés par la mort de leur mère, que, tout en disant qu’elle et eux-mêmes étaient dans un cas misérable, ils se plaignaient avec véhémence de sa fin pitoyable, qui en effet était vraiment telle, et disaient qu’ils étaient eux-mêmes dans un cas pitoyable aussi, parce qu’ils étaient forcés de vivre avec ceux qui avaient été ses meurtriers, et d’être complices avec eux.
2. Ces troubles s’aggravèrent considérablement, et l’absence du roi à l’étranger avait fourni une occasion propice à cette aggravation. Mais dès qu’Hérode fut de retour et eut prononcé le discours susmentionné devant la multitude, Phéroras et Salomé lancèrent aussitôt des paroles comme s’il était en grand danger, et comme si les jeunes gens le menaçaient ouvertement de ne plus l’épargner, mais de venger la mort de leur mère. Ils ajoutèrent aussi une autre circonstance : ils fondaient leurs espoirs sur Archclaus, roi de Cappadoce, afin de pouvoir, par son intermédiaire, aller devant César et accuser leur père. En entendant ces choses, Hérode fut immédiatement troublé ; et il fut d’autant plus étonné que les mêmes choses lui avaient été racontées par d’autres. Il se souvint alors de son ancienne calamité et pensa que les troubles dans sa famille l’avaient empêché de trouver le réconfort auprès de ses proches et de sa femme qu’il aimait tant. Français et soupçonnant que ses ennuis futurs seraient bientôt plus lourds et plus grands que ceux du passé, il était dans une grande confusion d’esprit ; car la Divine Providence lui avait en réalité conféré un grand nombre d’avantages extérieurs pour son bonheur, même au-delà de ses espérances ; mais les ennuis qu’il avait chez lui étaient tels qu’il ne s’attendait pas à en rencontrer, et le rendaient malheureux ; bien plus, les deux sortes de problèmes lui arrivèrent à un degré que personne ne pouvait imaginer, et rendaient douteuse la question de savoir si, en comparant les deux, il aurait dû échanger un si grand succès de biens extérieurs contre de si grands malheurs chez lui, ou s’il n’aurait pas dû choisir d’éviter les calamités relatives à sa famille, bien qu’il n’ait, en compensation, jamais possédé la grandeur admirée d’un royaume.
3. Comme il était ainsi troublé et affligé, afin de décourager ces jeunes gens, il amena à la cour un autre de ses fils, né de son vivant, nommé Antipater. Pourtant, il ne le traita pas alors comme il le fit plus tard, lorsqu’il fut complètement vaincu, et ne le laissa faire à sa guise. Il chercha plutôt à décourager l’insolence des fils de Marianme, et à arranger cette élévation de manière à ce qu’elle serve d’avertissement pour eux. Car leur audace ne serait pas si grande, pensait-il, s’ils étaient persuadés que la succession au royaume ne leur appartenait pas à eux seuls, ou devait nécessairement leur revenir. Il présenta donc Antipater comme leur adversaire, imaginant avoir pris une bonne mesure pour décourager leur orgueil, et qu’après avoir traité les jeunes gens ainsi, il serait temps d’espérer qu’ils seraient de meilleure humeur. Mais l’événement se déroula autrement qu’il ne l’avait prévu, car les jeunes gens pensèrent qu’il leur avait fait un très grand tort. Antipater, homme rusé, une fois ce degré de liberté obtenu et commençant à espérer de plus grandes choses qu’il n’avait espérées, n’eut qu’un seul dessein en tête : affliger ses frères, non pas du tout de leur céder la prééminence, mais de rester proche de son père, qui s’était déjà éloigné d’eux par les calomnies qu’il avait entendues à leur sujet, et prêt à être persécuté de toutes les manières que son zèle contre eux lui conseillerait de poursuivre, afin de se montrer toujours plus sévère envers eux. En conséquence, tous les bruits qui se répandaient venaient de lui, tandis qu’il évitait d’être soupçonné comme si ces découvertes provenaient de lui ; mais il préférait se servir comme assistants de personnes insoupçonnées et dont on pouvait croire qu’elles disaient la vérité en raison de la bienveillance qu’elles portaient au roi ; et en effet, il y en avait déjà pas mal qui cultivaient une amitié avec Antipater, dans l’espoir d’obtenir quelque chose de lui, et ce furent ces hommes qui persuadèrent le plus Hérode, car ils semblaient parler ainsi par bienveillance envers lui. Et avec ces accusations conjointes, qui de diverses bases soutenaient la véracité de l’autre, les jeunes hommes eux-mêmes donnèrent également de nouvelles occasions à Antipater ; car on les vit verser souvent des larmes, à cause de l’injure qui leur était faite, et avoir leur mère dans la bouche ; et parmi leurs amis, ils osèrent reprocher à leur père, comme n’agissant pas justement envers eux ; toutes ces choses étaient avec une mauvaise intention gardées en mémoire par Antipater en attendant une occasion appropriée ; et quand elles furent rapportées à Hérode, avec des aggravations, le désordre augmenta tellement, qu’il provoqua un grand tumulte dans la famille ; car tandis que le roi était très irrité par les imputations qui étaient portées sur les fils de Mariamne, et voulait les humilier, il augmenta encore l’honneur qu’il avait accordé à Antipater,et fut finalement si convaincu qu’il amena également sa mère à la cour. Il écrivit aussi fréquemment à César en sa faveur, et le recommanda plus particulièrement à ses soins. Et quand Agrippa retourna à Rome, après avoir terminé ses dix années de gouvernement en Asie, [2] Hérode s’embarqua pour la Judée ; et lorsqu’il le rencontra, il n’avait avec lui qu’Antipater, qu’il remit à Agrippa, pour qu’il l’emmène avec lui, avec de nombreux présents, afin qu’il devienne l’ami de César, de sorte qu’il semblait déjà avoir toute la faveur de son père, et que les jeunes hommes étaient déjà entièrement rejetés de tout espoir de royaume.
Comment, pendant le séjour d’Antipater à Rome, Hérode conduisit Alexandre et Aristobule devant César et les accusa. Défense d’Alexandre devant César et réconciliation avec son père.
1. Et maintenant, ce qui arriva pendant l’absence d’Antipater augmenta l’honneur auquel il avait été promu, et son éminence apparente au-dessus de ses frères ; car il avait fait grande figure à Rome, parce qu’Hérode avait envoyé des recommandations de lui à tous ses amis là-bas ; seulement il était affligé de ne pas être chez lui, et de ne pas avoir les occasions appropriées de calomnier perpétuellement ses frères ; et sa principale crainte était que son père ne change d’avis, et n’ait une opinion plus favorable des fils de Mariamne ; Français et comme il avait cela en tête, il ne renonça pas à son projet, mais envoya continuellement de Rome toutes les histoires qu’il espérait pouvoir attrister et irriter son père contre ses frères, sous prétexte, il est vrai, d’un profond souci pour sa conservation, mais en vérité telles que son esprit malicieux le lui dictait, afin d’acheter un plus grand espoir de succession, qui était pourtant déjà grand en lui-même : et il fit ainsi jusqu’à ce qu’il ait excité un tel degré de colère chez Hérode, qu’il était déjà devenu très mal disposé envers les jeunes gens ; mais encore, tandis qu’il tardait à exercer un dégoût si violent contre eux, et qu’il ne pouvait ni être trop négligent ni trop téméraire, et ne pas ainsi offenser, il pensa qu’il valait mieux s’embarquer pour Rome, et là accuser ses fils devant César, et ne pas se livrer à un crime qui pourrait être assez odieux pour être soupçonné d’impiété. Mais comme il montait à Rome, il arriva qu’il se hâta de rencontrer César dans la ville d’Aquilée[3] ainsi, lorsqu’il en vint au discours de César, il demanda un temps pour entendre cette grande cause, dans laquelle il se croyait très malheureux, et présenta ses fils là, et les accusa de leurs actions folles et de leurs tentatives contre lui : Qu’ils étaient ses ennemis ; et par tous les moyens qu’ils pouvaient, ils s’efforçaient de montrer leur haine à leur propre père, et voulaient lui ôter la vie, et ainsi obtenir son royaume, de la manière la plus barbare ; qu’il avait le pouvoir de César d’en disposer, non par nécessité, mais par choix, à celui qui exercerait la plus grande piété envers lui ; tandis que mes fils ne sont pas si désireux de gouverner, qu’ils le sont, en cas de déception, d’exposer leur propre vie, s’ils pouvaient seulement priver leur père de la sienne ; Leur esprit est devenu si sauvage et souillé par le temps, à cause de leur haine envers lui. Alors qu’il avait longtemps supporté ce malheur, il était maintenant contraint de le présenter à César et de souiller ses oreilles avec un tel langage, alors qu’il veut lui-même savoir quelle sévérité ils ont jamais subie de sa part, ou quelles difficultés il leur a jamais imposées pour les faire se plaindre de lui ; et comment ils peuvent trouver juste qu’il ne soit pas le maître de ce royaume qu’il a conquis depuis longtemps et au péril de sa vie, et ne lui permette pas de le garder et d’en disposer à celui qui le mériterait le mieux ; et cela, avec d’autres avantages, il propose comme récompense pour la piété de celui qui imitera plus tard le soin qu’il en a pris.et qu’un tel homme peut obtenir une si grande récompense : et que c’est une chose impie pour eux de prétendre s’en mêler à l’avance ; car celui qui a toujours le royaume en vue, compte en même temps provoquer la mort de son père, parce qu’autrement il ne peut pas accéder au gouvernement ; que pour lui-même, il leur avait jusqu’ici donné tout ce qu’il pouvait, et ce qui était agréable à ceux qui sont soumis à l’autorité royale, et aux fils d’un roi, ce dont ils avaient besoin d’ornements, avec des serviteurs et une nourriture délicate, et les avait mariés dans les familles les plus illustres, l’un [Aristobule] à la fille de sa sœur, mais Alexandre à la fille du roi Archélaüs ; Français et, quelle était la plus grande faveur de toutes, quand leurs crimes étaient si graves, et qu’il avait l’autorité de les punir, s’il ne l’avait pas utilisée contre eux, mais les avait amenés devant César, leur bienfaiteur commun, et n’avait pas usé de la sévérité qu’il aurait pu faire, soit comme un père qui avait été impiement maltraité, soit comme un roi qui avait été agressé traîtreusement, mais les avait mis à son niveau en jugement ; que, cependant, il était nécessaire que tout cela ne soit pas passé sans punition, ni que lui-même vive dans les plus grandes craintes ; bien plus, qu’il n’était pas dans leur propre intérêt de revoir la lumière du soleil après ce qu’ils ont fait, même s’ils devaient échapper à ce moment-là, puisqu’ils avaient fait les choses les plus viles, et souffriraient certainement les plus grands châtiments qui aient jamais été connus parmi l’humanité.et souffrirait certainement les plus grands châtiments jamais connus parmi l’humanité.et souffrirait certainement les plus grands châtiments jamais connus parmi l’humanité.
2. Telles étaient les accusations qu’Hérode portait avec une grande véhémence contre ses fils devant César. Les jeunes gens, pendant qu’il parlait, et surtout à la fin, pleuraient et étaient confus. Quant à eux, ils savaient en conscience qu’ils étaient innocents ; mais, accusés par leur père, ils sentaient, à la vérité, qu’il leur était difficile de présenter des excuses. Certes, ils étaient libres de s’exprimer librement et pouvaient réfuter l’accusation avec force et sérieux, mais il n’était pas convenable de le faire. Il leur était donc difficile de parler ; des larmes, puis un profond gémissement, s’ensuivirent, car ils craignaient, s’ils ne parlaient pas, d’être dans cette situation par sentiment de culpabilité, et n’avaient aucune défense prête, en raison de leur jeunesse et du désordre dans lequel ils se trouvaient. Pourtant, César, en les voyant dans la confusion où ils se trouvaient, comprit que leur retard à se défendre ne provenait pas de la conscience de graves horreurs, mais de leur maladresse et de leur modestie. Ils furent également pris de pitié par ceux qui étaient présents en particulier ; ils touchèrent l’affection de leur père au point qu’il eut bien du mal à les dissimuler.
3. Mais quand ils virent qu’une disposition bienveillante s’était manifestée en lui et en César, et que tous les autres versaient des larmes, ou du moins s’affligeaient tous avec eux, l’un d’eux, nommé Alexandre, appela son père et tenta de répondre à son accusation, et dit : « Ô père, la bienveillance que tu nous as montrée est évidente, même dans cette procédure judiciaire, car si tu avais eu des intentions pernicieuses à notre égard, tu ne nous aurais pas amenés ici devant le sauveur commun de tous, car il était en ton pouvoir, à la fois comme roi et comme père, de punir les coupables ; mais en nous amenant ainsi à Rome, et en prenant César lui-même comme témoin de ce qui se passe, tu laisses entendre que tu as l’intention de nous sauver ; car personne n’a l’intention de tuer un homme ne l’amènera aux temples et aux autels ; et pourtant notre situation est encore pire, car nous ne pouvons plus supporter de vivre nous-mêmes, si l’on croit que nous avons offensé un tel père ; non, peut-être serait-ce pire pour Il serait plus sage pour nous de vivre avec le soupçon de lui avoir fait du tort que de mourir sans une telle culpabilité. Et si notre défense ouverte est vraie, nous serons heureux de t’avoir apaisé et d’échapper au danger qui nous menace. Mais si cette calomnie prévaut, il nous suffit amplement d’avoir vu le soleil aujourd’hui ; pourquoi le verrions-nous si ce soupçon pèse sur nous ? Or, il est facile de dire des jeunes gens qu’ils désirent régner ; et de dire encore que ce malheur provient du sort de notre malheureuse mère. Cela suffit amplement à faire naître notre malheur actuel du premier. Mais réfléchissez bien si une telle accusation ne convient pas à tous ces jeunes gens, et ne peut pas être prononcée d’eux tous indistinctement ; car rien ne peut empêcher celui qui règne, s’il a des enfants et que leur mère est morte, mais le père peut soupçonner tous ses fils de le trahir ; mais un soupçon ne suffit pas à prouver une telle impiété. Que chacun dise maintenant si nous avons réellement et insolemment tenté une telle chose, par laquelle des actions autrement incroyables deviennent crédibles. Quelqu’un peut-il prouver qu’un poison a été préparé ? Ou prouver une conspiration de nos pairs, ou la corruption de serviteurs, ou des lettres écrites contre toi ? Bien qu’en vérité, rien de tout cela n’ait été prétendu par calomnie, alors qu’il n’en est rien ; car une famille royale en conflit avec elle-même est une chose terrible ; et ce que tu appelles une récompense de piété devient souvent, parmi les hommes les plus méchants, un tel fondement d’espoir qu’ils ne laissent aucun mal sans l’essayer. Personne ne nous accuse de pratiques criminelles ; mais quant aux calomnies par ouï-dire, comment peut-on y mettre fin, lui qui refuse de nous écouter ? Avons-nous parlé avec trop de liberté ? Oui ; mais pas contre toi, car ce serait injuste, mais contre ceux qui ne cachent jamais rien de ce qu’on leur dit.L’un de nous a-t-il pleuré sa mère ? Oui ; mais non parce qu’elle est morte, mais parce qu’elle a été calomniée par ceux qui n’avaient aucune raison de le faire. Désirons-nous la domination que nous savons que notre père possède ? Pour quelle raison le pourrions-nous ? Si nous possédons déjà les honneurs royaux, comme nous les possédons, ne travaillerions-nous pas en vain ? Et si nous ne les avons pas, ne les espérons-nous pas ? Ou, en supposant que nous t’ayons tué, pourrions-nous espérer obtenir ton royaume ? Alors que ni la terre ne nous permettrait de le fouler, ni la mer de le parcourir, après un tel acte ; bien plus, la religion de tous tes sujets et la piété de toute la nation auraient interdit aux parricides de s’emparer du pouvoir et d’entrer dans ce temple très saint que tu as bâti. [4] Mais si nous avions minimisé les autres dangers, un meurtrier peut-il rester impuni tant que César est vivant ? Nous sommes tes fils, et nous ne sommes ni aussi impies ni aussi insouciants que cela puisse paraître, quoique peut-être plus malheureux qu’il ne te conviendrait. Mais si tu ne trouves ni sujet de plainte ni dessein perfide, quelles preuves as-tu pour rendre crédible une telle méchanceté de notre part ? Notre mère est morte, certes, mais ce qui lui est arrivé pourrait nous inciter à la prudence, et non à la méchanceté. Nous sommes prêts à présenter de plus amples excuses ; mais les actes jamais commis n’admettent pas de discussion. Au contraire, nous conclurons cet accord avec toi, et cela devant César, le maître de tous, qui est désormais notre médiateur : Si, ô père, tu peux te résoudre, par la preuve de la vérité, à garder l’esprit libre de tout soupçon à notre égard, laisse-nous vivre, même si nous vivrons alors d’une manière malheureuse, car être accusé de grands actes de méchanceté, même à tort, est une chose terrible ; mais s’il te reste quelque crainte, continue ta vie pieuse, nous donnerons cette raison de notre propre conduite : notre vie ne nous est pas si désirable que nous désirions la posséder, si elle tend au mal de notre père qui nous l’a donnée.Quoique peut-être plus malheureux qu’il ne te convient. Mais si tu ne trouves ni sujet de plainte ni dessein perfide, quelles preuves as-tu pour rendre crédible une telle méchanceté de notre part ? Notre mère est morte, certes, mais ce qui lui est arrivé pourrait nous inciter à la prudence, et non à la méchanceté. Nous sommes prêts à nous excuser plus amplement ; mais les actes jamais commis n’admettent pas de discussion. Au contraire, nous conclurons cet accord avec toi, et cela devant César, le maître de tous, qui est maintenant notre médiateur : Si tu peux, ô père, te résoudre, par l’évidence de la vérité, à garder l’esprit libre de tout soupçon à notre égard, laisse-nous vivre, même alors nous vivrons d’une manière malheureuse, car être accusé de grands actes de méchanceté, même à tort, est une chose terrible ; mais s’il te reste quelque crainte, continue ta vie pieuse, nous donnerons cette raison de notre propre conduite ; Notre vie n’est pas si désirable pour nous que nous désirions l’avoir, si elle tend au mal de notre père qui nous l’a donnée.Quoique peut-être plus malheureux qu’il ne te convient. Mais si tu ne trouves ni sujet de plainte ni dessein perfide, quelles preuves as-tu pour rendre crédible une telle méchanceté de notre part ? Notre mère est morte, certes, mais ce qui lui est arrivé pourrait nous inciter à la prudence, et non à la méchanceté. Nous sommes prêts à nous excuser plus amplement ; mais les actes jamais commis n’admettent pas de discussion. Au contraire, nous conclurons cet accord avec toi, et cela devant César, le maître de tous, qui est maintenant notre médiateur : Si tu peux, ô père, te résoudre, par l’évidence de la vérité, à garder l’esprit libre de tout soupçon à notre égard, laisse-nous vivre, même alors nous vivrons d’une manière malheureuse, car être accusé de grands actes de méchanceté, même à tort, est une chose terrible ; mais s’il te reste quelque crainte, continue ta vie pieuse, nous donnerons cette raison de notre propre conduite ; Notre vie n’est pas si désirable pour nous que nous désirions l’avoir, si elle tend au mal de notre père qui nous l’a donnée.
4. Après qu’Alexandre eut ainsi parlé, César, qui auparavant n’avait pas cru à une calomnie aussi grossière, en fut encore plus ému. Il fixa Hérode du regard, et s’aperçut qu’il était un peu confus. Les personnes présentes étaient inquiètes au sujet des jeunes gens, et la renommée qui s’en était répandue rendait le roi haï, car l’incroyable calomnie, et la compassion pour la fleur de la jeunesse, la beauté du corps, qui étaient chez ces jeunes gens, imploraient leur aide, d’autant plus qu’Alexandre avait défendu leur cause avec adresse et prudence. Bien plus, ils ne conservaient plus leur premier visage, baigné de larmes et abattu, mais l’espoir du meilleur renaît en eux. Le roi lui-même ne semblait pas avoir de fondement suffisant pour fonder une telle accusation, n’ayant aucune preuve réelle pour les corriger. En vérité, il avait besoin d’excuses pour avoir porté cette accusation ; César, après un certain délai, déclara que, bien que les jeunes gens fussent parfaitement innocents des accusations portées contre eux, ils avaient été si coupables qu’ils ne s’étaient pas abaissés envers leur père au point d’empêcher les soupçons qui se répandaient à leur égard. Il exhorta également Hérode à mettre de côté tous ces soupçons et à se réconcilier avec ses fils ; car il n’était pas juste d’accorder du crédit à de tels rapports concernant ses propres enfants ; et que ce repentir des deux côtés pourrait encore apaiser les tensions et améliorer leur bienveillance mutuelle, de sorte que, de part et d’autre, excusant la témérité de leurs soupçons, ils pourraient se résoudre à se témoigner une affection plus grande qu’auparavant. Après cet avertissement, César fit signe aux jeunes gens. Lorsqu’ils furent disposés à se prosterner pour intercéder auprès de leur père, il les prit et les embrassa, comme ils étaient en larmes, et prit chacun d’eux distinctement dans ses bras, jusqu’à ce que pas un seul de ceux qui étaient présents, qu’ils soient hommes libres ou esclaves, ne soit profondément touché par ce qu’ils virent. [4]
5. Ils rendirent alors grâces à César et partirent ensemble. Antipater les accompagna, sous un faux prétexte de joie de cette réconciliation. Dans les derniers jours de leur séjour chez César, Hérode lui fit présent de trois cents talents, alors qu’il s’adonnait alors à des spectacles et des largesses envers le peuple romain. César lui offrit également la moitié des revenus des mines de cuivre de Chypre, lui confia la garde de l’autre moitié et l’honora d’autres dons et revenus. Quant à son propre royaume, il se laissa libre de désigner celui de ses fils comme successeur, ou de le distribuer en parts à chacun, afin que la dignité revienne ainsi à tous. Hérode étant disposé à conclure un tel accord immédiatement, César déclara qu’il ne lui permettrait pas de se priver, de son vivant, de son autorité sur son royaume ou sur ses fils.
6. Après cela, Hérode retourna en Judée. Mais, pendant son absence, une grande partie de son empire autour de Trachon s’était révoltée, et les chefs qu’il avait laissés là l’avaient vaincue et contrainte à la soumission. Alors qu’Hérode naviguait avec ses fils et arrivait en Cilicie, à Élée, aujourd’hui rebaptisée Sébaste, il rencontra Archélaüs, roi de Cappadoce, qui l’accueillit avec bienveillance, se réjouissant de sa réconciliation avec ses fils et de la fin de l’accusation contre Alexandre, qui avait épousé sa fille. Ils se firent aussi mutuellement des présents dignes de rois. De là, Hérode se rendit en Judée et au Temple, où il s’adressa au peuple pour lui raconter ce qui s’était passé pendant son voyage. Il leur parla aussi de la bienveillance de César à son égard et de tous les détails qu’il avait faits, et qu’il jugeait utiles au public. Enfin, il s’adressa à ses fils, les exhortant à la concorde avec la cour et la multitude. Il leur annonça que ses fils régneraient après lui : Antipater d’abord, puis Alexandre et Aristobule, fils de Mariamne. Il souhaitait qu’à présent, ils aient tous égard à lui et l’estiment roi et maître de tous, car il n’était pas encore gêné par la vieillesse, mais qu’il était à l’âge où il devait être le plus habile à gouverner ; et qu’il ne manquait pas d’autres talents de gestion qui lui permettraient de bien gouverner le royaume et de régner sur ses enfants. Il dit ensuite à ses chefs et aux soldats que s’ils ne s’intéressaient qu’à lui, leur vie serait paisible et ils se rendraient mutuellement heureux. Après avoir dit cela, il congédia l’assemblée. Ce discours fut accueilli favorablement par la plupart des assistants, mais pas par tous ; car les querelles entre ses fils et les espoirs qu’il leur avait donnés suscitaient chez eux des pensées et des désirs d’innovation.
COMMENT HÉRODE CÉLÉBRA LES JEUX QUI DEVRAIENT RETOURNER TOUS LES CINQ ANS LORS DE LA CONSTRUCTION DE CÉSARÉE ; ET COMMENT IL CONSTRUIT ET ORNA DE NOMBREUX AUTRES LIEUX D’UNE MANIÈRE MAGNIFIQUE ; ET FUT DE NOMBREUSES AUTRES ACTIONS GLORIEUSEMENT
1. Vers cette époque, Césarée de Sébaste, qu’il avait fait construire, fut achevée. L’édifice entier étant achevé, la dixième année, sa solennité tomba sur la vingt-huitième année du règne d’Hérode, et sur la cent quatre-vingt-douzième Olympiade. Il y eut donc une grande fête et des préparatifs somptueux pour sa dédicace ; car il avait institué une compétition de musique et des jeux à exécuter nus. Il avait également préparé un grand nombre de combattants singuliers et d’animaux pour le même but, ainsi que des courses de chevaux et les sports et spectacles les plus prestigieux de ceux qui se présentaient à Rome et ailleurs. Il consacra ce combat à César et ordonna qu’il soit célébré tous les cinq ans. Il envoya aussi toutes sortes d’ornements de ses propres meubles, afin qu’il ne manque rien pour le rendre décent. Julie, femme de César, envoya de Rome une grande partie de ses plus précieux meubles, de sorte qu’il ne manqua de rien. Leur somme totale fut estimée à cinq cents talents. Une grande foule, venue assister aux spectacles, et les ambassadeurs envoyés par d’autres peuples, en remerciement des bienfaits reçus d’Hérode, furent reçus dans les auberges, aux tables publiques et par des festins perpétuels. Cette solennité, avec le divertissement des combats le jour, et la nuit de joyeuses réunions qui coûtaient des sommes considérables, témoignaient publiquement de sa générosité. Car, dans toutes ses entreprises, il s’efforçait de surpasser tout ce qui avait été fait auparavant dans le même genre. On raconte que César et Agrippa disaient souvent que les domaines d’Hérode étaient trop petits pour la grandeur de son âme, car il méritait à la fois tout le royaume de Syrie et celui d’Égypte.
2. Après cette solennité et ces fêtes, Hérode érigea une autre ville dans la plaine, appelée Capharsaba. Il choisit un endroit propice, tant par son abondance d’eau que par la qualité de son sol, et propice à la production des plantes qui y étaient plantées. Un fleuve entourait la ville, et un bois d’arbres magnifiques l’entourait. Il la nomma Antipatris, du nom de son père Antipater. Il bâtit également sur un autre terrain au-dessus de Jéricho, du même nom que sa mère, un lieu très sûr et très agréable à vivre, qu’il appela Cypros. Il dédia également les plus beaux monuments à son frère Phasaël, en raison de la grande affection naturelle qui les unissait, en érigeant une tour dans la ville même, semblable à la tour de Pharos, qu’il nomma Phasaël. Cette tour était à la fois un élément des solides défenses de la ville et un mémorial pour le défunt, car elle portait son nom. Il bâtit aussi une ville du même nom dans la vallée de Jéricho, en allant vers le nord, rendant ainsi le pays voisin plus fertile par la culture qu’y introduisirent ses habitants ; et il la nomma aussi Phasaël.
3. Quant à ses autres bienfaits, il est impossible de les énumérer : ceux qu’il accorda aux villes, tant en Syrie qu’en Grèce, et dans tous les lieux qu’il visita au cours de ses voyages. Il semble en effet avoir conféré, et ce de manière très abondante, ce qui pouvait subvenir à de nombreux besoins et à la construction d’ouvrages publics, et leur avoir donné l’argent nécessaire à ceux qui en avaient besoin, pour les soutenir lorsque leurs autres revenus s’épuisaient. Mais ce qui fut le plus grand et le plus illustre de tous ses travaux, il érigea à ses frais le temple d’Apollon à Rhodes, et leur donna de nombreux talents d’argent pour la réparation de leur flotte. Il construisit également la plupart des édifices publics pour les habitants de Nicopolis, à Actium ; [5] et pour les Antiochiens, les habitants de la principale ville de Syrie, où une large rue traverse la place dans sa longueur, il construisit des cloîtres le long de celle-ci, et aménagea la route en pierre polie, ce qui fut d’un grand secours aux habitants. Et quant aux jeux olympiques, qui étaient dans un très mauvais état, à cause de la baisse de leurs revenus, il rétablit leur réputation, et nomma des revenus pour leur entretien, et rendit cette réunion solennelle plus vénérable, quant aux sacrifices et autres ornements ; et en raison de cette vaste libéralité, il était généralement déclaré dans leurs inscriptions comme l’un des gérants perpétuels de ces jeux.
4. Or, certains s’étonnent de la diversité de la nature et des desseins d’Hérode ; car lorsqu’on considère sa magnificence et les bienfaits qu’il a accordés à toute l’humanité, il n’y a aucune possibilité, même pour ceux qui avaient le moins de respect pour lui, de nier, ou de ne pas confesser ouvertement, qu’il avait une nature extrêmement bienfaisante ; mais quand quelqu’un considère les châtiments qu’il a infligés et les préjudices qu’il a causés, non seulement à ses sujets, mais à ses plus proches parents, et prend note de son tempérament sévère et implacable à cet égard, il sera forcé d’admettre qu’il était brutal et étranger à toute l’humanité ; à tel point que ces hommes supposent sa nature différente, et parfois en contradiction avec elle-même ; mais je suis moi-même d’un autre avis, et j’imagine que la cause de ces deux sortes d’actions était une seule et même chose ; car étant un homme ambitieux d’honneur, et complètement dominé par cette passion, il était poussé à être magnifique, partout où apparaissait l’espoir d’un mémorial futur, ou de réputation présente ; Comme ses dépenses dépassaient ses capacités, il était contraint d’être dur envers ses sujets. Les personnes pour lesquelles il dépensait son argent étaient si nombreuses qu’elles en faisaient un très mauvais pourvoyeur. Conscient de la haine de ses subordonnés pour les torts qu’il leur faisait, il jugeait difficile de réparer ses torts, ce qui nuisait à ses revenus. Il s’efforçait donc, de son côté, de tirer profit de leur mauvaise volonté. Quant à sa propre cour, si quelqu’un manquait de servilité, refusait de s’avouer son esclave ou semblait envisager une quelconque innovation dans son gouvernement, il ne pouvait se contenir, poursuivait ses proches et ses amis, les punissait comme des ennemis. Il se livrait à cette cruauté uniquement pour être honoré. Or, ce que j’affirme sur sa passion, nous en avons la preuve la plus évidente par ce qu’il fit pour honorer César, Agrippa et ses autres amis. Car autant il rendait hommage à ceux qui étaient ses supérieurs, autant il désirait qu’on lui rende les honneurs qu’il lui rendait ; et ce qu’il considérait comme le plus beau présent qu’il pût faire à autrui, il se montrait disposé à se le faire offrir. Or, la nation juive est, de par sa loi, étrangère à tout cela et habituée à préférer la justice à la gloire ; c’est pourquoi elle ne lui était pas agréable, car il lui était impossible de flatter l’ambition du roi par des statues, des temples ou toute autre représentation de ce genre. Et cela me semble avoir été à la fois la cause des crimes d’Hérode envers ses courtisans et ses conseillers, et de ses bienfaits envers les étrangers et ceux qui n’avaient aucun lien avec lui.
UNE AMBASSADE À CYRÈNE ET EN ASIE AUPRÈS DE CÉSAR, CONCERNANT LES PLAINTES QU’ILS AVAIENT À FAIRE CONTRE LES GRECS ; AVEC DES COPIES DES ÉPÎTRES QUE CÉSAR ET AGRIPPA ÉCRIVENT AUX VILLES POUR EUX.
1. Or, les villes maltraitaient les Juifs d’Asie, ainsi que tous ceux de la même nation qui vivaient en Libye, limitrophe de Cyrène, alors que les rois précédents leur avaient accordé les mêmes privilèges qu’aux autres citoyens. Mais les Grecs les outrageaient à cette époque, allant jusqu’à leur confisquer leur monnaie sacrée et à leur nuire en d’autres occasions particulières. Ainsi affligés, et constatant l’interminable barbarie dont ils étaient victimes parmi les Grecs, ils envoyèrent des ambassadeurs à César à ce sujet, qui leur accorda les mêmes privilèges qu’auparavant, et adressa des lettres dans le même sens aux gouverneurs des provinces, dont je joins des copies ici, comme témoignages de l’ancienne bienveillance des empereurs romains à notre égard.
2. César Auguste, grand prêtre et tribun du peuple, ordonne ainsi : Puisque la nation des Juifs s’est montrée reconnaissante envers le peuple romain, non seulement à cette époque, mais aussi dans le passé, et principalement envers Hyrcan, le grand prêtre, sous mon père [6] César l’empereur, il a semblé bon à moi et à mes conseillers, conformément à la sentence et au serment du peuple romain, que les Juifs aient la liberté d’utiliser leurs propres coutumes, selon la loi de leurs ancêtres, comme ils en faisaient usage sous Hyrcan, le grand prêtre du Dieu Tout-Puissant ; et que leur argent sacré ne soit pas touché, mais envoyé à Jérusalem, et qu’il soit confié aux soins des receveurs à Jérusalem ; et qu’ils ne soient pas obligés de se présenter devant un juge le jour du sabbat, ni le jour de sa préparation, après la neuvième heure. [7] Mais si quelqu’un est surpris en train de voler leurs livres saints ou leur argent sacré, que ce soit dans la synagogue ou dans l’école publique, il sera « Je suis considéré comme sacrilège, et ses biens seront versés au trésor public des Romains. J’ordonne que le témoignage qu’ils m’ont donné, en raison de mon respect pour la piété que j’exerce envers tous les hommes et par égard pour Caius Marcus Censorinus, ainsi que le présent décret, soient présentés dans le lieu très éminent qui m’a été consacré par la communauté d’Asie à Ancyre. Et si quelqu’un transgresse une partie de ce qui est décrété ci-dessus, il sera sévèrement puni. » Cette inscription était gravée sur une colonne du temple de César.
3. « César à Norbanus Flaccus, salut. Que les Juifs, quel que soit leur nombre, qui ont coutume, selon leur ancienne coutume, d’envoyer leur argent sacré à Jérusalem, le fassent librement. » Tels étaient les décrets de César.
4. Agrippa lui-même écrivit de la manière suivante, au nom des Juifs : « Agrippa, aux magistrats, au sénat et au peuple d’Éphèse, salut. Je veux que la garde et la conservation de l’argent sacré transporté au temple de Jérusalem soient confiées aux Juifs d’Asie, selon leur ancienne coutume ; et que ceux qui volent cet argent sacré des Juifs et se réfugient dans un sanctuaire y soient arrêtés et livrés aux Juifs, selon la même loi qui interdit l’arrestation des sacrilèges. J’ai également écrit au préteur Sylvain pour que personne ne force les Juifs à comparaître devant un juge le jour du sabbat. »
5. « Marc Agrippa, aux magistrats, au sénat et au peuple de Cyrène, salue. Les Juifs de Cyrène m’ont intercédé pour que soit respecté l’ordre donné par Auguste à Flavius, alors préteur de Libye, et aux autres procurateurs de cette province, afin que l’argent sacré soit envoyé librement à Jérusalem, comme le veulent leurs ancêtres. Ils se plaignent d’être abusés par certains délateurs et empêchés de l’envoyer sous prétexte d’impôts non dus. J’ordonne que cet argent sacré leur soit restitué sans aucune diminution ni perturbation. Si une partie de cet argent sacré est retirée des mains de ses destinataires dans les villes, j’ordonne en outre qu’il soit intégralement restitué aux Juifs de ces villes. »
6. « Caius Norbanus Flaccus, proconsul, aux magistrats des Sardes, salut. César m’a écrit pour me recommander de ne pas empêcher les Juifs, quel que soit leur nombre, de se rassembler selon la coutume de leurs ancêtres, ni d’envoyer leur argent à Jérusalem. Je vous ai donc écrit afin que vous sachiez que César et moi souhaitons que vous agissiez en conséquence. »
7. Jules Antoine, le proconsul, n’écrivit pas autrement. « Aux magistrats, au sénat et au peuple d’Éphèse, salut. Tandis que je rendais la justice à Éphèse, aux ides de février, les Juifs d’Asie me démontrèrent qu’Auguste et Agrippa leur avaient permis d’utiliser leurs propres lois et coutumes, d’en offrir les prémices, que chacun d’eux offrait librement à la Divinité par piété, et de les transporter en groupe à Jérusalem sans être inquiétés. Ils me demandèrent également de confirmer, par ma propre approbation, ce qui leur avait été accordé par Auguste et Agrippa. Je vous prie donc de noter que, conformément à la volonté d’Auguste et d’Agrippa, je leur permets d’utiliser et d’agir selon les coutumes de leurs ancêtres sans être inquiétés. »
8. J’ai été obligé de consigner ces décrets, car l’histoire actuelle de nos actes est généralement répandue parmi les Grecs. Je leur ai ainsi démontré que nous étions autrefois en grande estime et que les gouverneurs sous notre domination ne nous ont pas empêchés d’observer aucune des lois de nos ancêtres ; bien plus, qu’ils nous ont soutenus, tant que nous pratiquions notre religion et le culte que nous rendions à Dieu. Je mentionne fréquemment ces décrets afin de nous réconcilier avec les autres peuples et d’écarter les causes de la haine que nous portent les hommes déraisonnables. Quant à nos coutumes [8], aucune nation n’en use toujours, et dans presque chaque ville nous en rencontrons différentes ; mais la justice naturelle est la plus favorable à tous, Grecs comme Barbares, auxquels nos lois accordent le plus grand respect, et par là nous rendent, si nous les observons avec pureté, bienveillants et amicaux envers tous. C’est pourquoi nous avons des raisons d’attendre le même retour des autres, et de les informer qu’ils ne doivent pas considérer la différence des institutions positives comme une cause suffisante d’aliénation, mais se joindre à nous dans la poursuite de la vertu et de la probité, car cela appartient à tous les hommes en commun, et suffit à lui seul à la préservation de la vie humaine. Je reviens maintenant au fil de mon histoire.
COMMENT, APRÈS QU’HÉRODE EST DESCENDU AU SÉPULCHER DE DAVID, LA SÉDITION DANS SA FAMILLE A GRANDI.
1. Quant à Hérode, il avait dépensé d’énormes sommes dans les villes, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de son royaume. Comme il avait entendu dire qu’Hyrcan, qui avait été roi avant lui, avait ouvert le sépulcre de David et en avait retiré trois mille talents d’argent, et qu’il en restait une quantité bien plus grande, suffisante pour subvenir à tous ses besoins, il avait depuis longtemps l’intention de tenter l’expérience. Il ouvrit alors ce sépulcre de nuit, y entra et s’efforça de le faire taire dans la ville, mais n’emmena avec lui que ses amis les plus fidèles. Quant à l’argent, il n’en trouva pas, comme Hyrcan, si ce n’est les meubles en or et les objets précieux qui y étaient déposés ; il les emporta tous. Cependant, il avait un vif désir de faire des recherches plus approfondies et d’aller plus loin, jusqu’aux corps mêmes de David et de Salomon ; Là, deux de ses gardes furent tués par une flamme qui éclata sur ceux qui entraient, selon la rumeur. Terriblement effrayé, il sortit et construisit un monument propitiatoire pour commémorer cette terreur ; celui-ci en pierre blanche, à l’entrée du sépulcre, et cela à grands frais. Son historiographe Nicolas lui-même mentionne ce monument construit par Hérode, bien qu’il ne mentionne pas sa descente au sépulcre, sachant que cette action était de mauvaise réputation ; et il traite de bien d’autres choses de la même manière dans son livre ; car il écrivit du vivant d’Hérode, et sous son règne, pour lui plaire et en tant que serviteur, ne touchant qu’à ce qui contribuait à sa gloire, excusant ouvertement nombre de ses crimes notoires et les dissimulant avec beaucoup de soin. Et comme il désirait donner un beau ton à la mort de Mariamne et de ses fils, actes barbares de la part du roi, il mentit sur l’incontinence de Mariamne et les desseins perfides de ses fils contre lui. Il poursuivit ainsi son œuvre, faisant un éloge pompeux de ses actions justes, tout en s’excusant sincèrement pour ses actions injustes. En effet, comme je l’ai dit, on peut avoir beaucoup à dire pour excuser Nicolas ; car il n’a pas tant écrit cette histoire pour d’autres, mais plutôt pour servir le roi lui-même. Quant à nous, qui sommes issus d’une famille proche des rois asamonésiens, et qui, de ce fait, occupons une place honorable, celle du sacerdoce, nous jugeons indécent de mentir à leur sujet, et c’est pourquoi nous avons décrit leurs actions avec intégrité et droiture. Et bien que nous vénérions beaucoup de descendants d’Hérode, qui règnent encore, nous accordons cependant plus d’importance à la vérité qu’à eux, et cela même s’il arrive parfois que nous encourions leur déplaisir en agissant ainsi.
2. Les ennuis d’Hérode dans sa famille semblaient s’aggraver à cause de cette atteinte au sépulcre de David. Soit la vengeance divine augmentait les calamités qu’il subissait pour les rendre incurables, soit la fortune l’attaquait, dans les cas où la circonstance opportune laissait fortement croire que les calamités le frappaient à cause de son impiété. Car le tumulte ressemblait à une guerre civile dans son palais, et leur haine mutuelle était telle que chacun s’efforçait de surpasser l’autre en calomnies. Cependant, Antipater usait perpétuellement de stratagèmes contre ses frères, et cela avec beaucoup d’astuce. Lorsqu’il était à l’extérieur, il les accablait d’accusations, mais il prenait souvent sur lui de s’excuser pour eux, afin que cette apparente bienveillance à leur égard le fasse croire et favorise ses tentatives contre eux. Par ces moyens, il contourna, de diverses manières, son père, qui croyait que tout ce qu’il faisait était pour sa propre protection. Hérode recommanda également Ptolémée, grand dirigeant des affaires de son royaume, à Antipater ; il consulta également sa mère sur les affaires publiques. En effet, ces derniers étaient tous en règle, faisaient ce qu’ils voulaient et irritaient le roi contre quiconque, estimant que cela pouvait être à leur avantage. Cependant, les fils de Marianme étaient dans une situation de plus en plus mauvaise ; et, bien qu’ils fussent rejetés et placés dans un rang plus déshonorant, eux qui étaient pourtant les plus nobles de naissance, ils ne supportaient pas ce déshonneur. Quant aux femmes, Glaphyra , épouse d’Alexandre et fille d’Archiclaus, haïssait Salomé, à la fois par amour pour son mari et parce que Glaphyra semblait se comporter avec une certaine insolence envers la fille de Salomé, épouse d’Aristobule, une égalité qu’elle prenait avec beaucoup d’impatience.
3. Outre cette seconde querelle qui s’était produite entre eux, Phéroras, frère du roi, ne se préservait pas non plus des ennuis, mais nourrissait une suspicion et une haine particulières. En effet, il était tellement envoûté par les charmes de sa femme qu’il méprisait la fille du roi, à laquelle il avait été fiancé, et se tournait entièrement vers celle qui n’avait été qu’une servante. Hérode, lui aussi, était attristé par le déshonneur qui lui était fait, car il lui avait accordé de nombreuses faveurs et l’avait élevé à un tel niveau de pouvoir qu’il était presque son associé dans le royaume. Il voyait qu’il ne lui avait pas rendu la juste récompense de ses efforts, et s’en estimait malheureux. Aussi, sur le refus indigne de Phéroras, il donna la jeune fille au fils de Phasaël, Mais après quelque temps, pensant que l’ardeur de l’affection de son frère était passée, il le blâma pour sa conduite passée et lui demanda de prendre sa seconde fille, nommée Cypros. Ptolémée lui conseilla également de cesser d’offenser son frère et d’abandonner celle qu’il avait aimée, car c’était une chose vile d’être si amoureux d’une servante au point de se priver de la bienveillance du roi, de devenir une occasion de ses ennuis et de se faire haïr par lui. Phéroras savait que ce conseil serait à son avantage, d’autant plus qu’il avait déjà été accusé et pardonné. Il répudia donc sa femme, bien qu’il ait déjà un fils d’elle, et s’engagea auprès du roi à prendre sa seconde fille, convenant que le trentième jour après serait le jour du mariage ; et jura de ne plus avoir de conversation avec celle qu’il avait répudiée. Mais, une fois les trente jours écoulés, il était si esclave de ses affections qu’il ne tenait plus aucune de ses promesses et continuait à fréquenter sa première épouse. Hérode en fut vivement contrarié et irrité, tandis que le roi lançait sans cesse des paroles contre Phéroras ; et beaucoup profitèrent de la colère du roi pour le calomnier. Le roi n’eut plus un seul jour ni une seule heure de répit, mais des querelles éclatèrent entre ses proches et ceux qui lui étaient les plus chers. Salomé, en effet, était d’un caractère dur et hostile envers les fils de Mariamne. Elle ne tolérait pas non plus que sa propre fille, épouse d’Aristobule, l’un de ces jeunes hommes, ne témoigne de la bienveillance à son mari, mais la persuadait de lui dire s’il lui disait quelque chose en privé. Et lorsqu’il survenait des malentendus, comme c’est souvent le cas, elle en éveillait de nombreux soupçons. Ainsi, elle apprit toutes leurs préoccupations et rendit la jeune fille hostile envers le jeune homme. Pour faire plaisir à sa mère, elle racontait souvent que les jeunes gens parlaient de Mariamne lorsqu’ils étaient seuls, qu’ils haïssaient leur père et le menaçaient sans cesse, disant que s’ils obtenaient le royaume,Ils voulaient faire des fils d’Hérode et de ses autres épouses des maîtres d’école de campagne, car l’éducation qu’ils recevaient et leur assiduité à l’étude les préparaient à un tel emploi. Quant aux femmes, chaque fois qu’elles les voyaient parés des vêtements de leur mère, elles les menaçaient de les revêtir de sacs au lieu de leurs vêtements voyants et de les enfermer si étroitement qu’ils ne verraient pas la lumière du soleil. Salomé rapporta aussitôt ces histoires au roi, qui, troublé par les entendre, s’efforça d’arranger les choses. Mais ces soupçons l’affligeaient, et de plus en plus inquiet, il crut tout le monde contre tout le monde. Cependant, après avoir réprimandé ses fils et entendu leurs défenses, il se sentit un temps soulagé, bien que peu après, des incidents bien pires lui arrivèrent.
4. Phéroras vint trouver Alexandre, époux de Glaphyra, fille d’Archélaüs, comme nous vous l’avons déjà dit, et lui dit avoir appris par Salomé qu’Hérode s’était épris de Glaphyra, et que sa passion pour elle était incurable. À cette nouvelle, Alexandre fut tout enflammé par sa jeunesse et sa jalousie ; il interpréta les fréquentes complaisances d’Hérode envers elle pour le pire, en raison des soupçons qu’il avait eus à la suite de la parole de Phéroras ; il ne put dissimuler sa douleur, mais il lui raconta les paroles de Phéroras. Hérode fut alors plus embarrassé que jamais ; ne supportant pas une calomnie aussi mensongère, qui était à sa honte, il en fut profondément affecté ; il déplorait souvent la méchanceté de ses domestiques, combien il avait été bon pour eux et combien ils l’avaient mal traité. Il fit donc venir Phéroras et lui fit des reproches : « Toi, le plus vil des hommes ! Es-tu parvenu à ce degré d’ingratitude incommensurable et extravagant, au point de non seulement supposer de telles choses de moi, mais encore d’en parler ? Je comprends maintenant tes intentions. Ton seul but n’est pas de me faire des reproches, en employant de tels termes envers mon fils, mais de le persuader de comploter contre moi et de me faire périr par le poison. Et qui n’aurait pas un génie à ses côtés, comme mon fils, qui ne soutiendrait pas un tel soupçon envers son père, mais se vengerait de lui ? Crois-tu avoir seulement laissé échapper un mot pour qu’il y réfléchisse, et ne pas plutôt lui avoir mis une épée dans la main pour tuer son père ? Et que veux-tu faire, alors que tu le hais réellement, lui et son frère, en prétendant être bon envers eux, uniquement pour m’accuser et parler de choses comme personne d’autre qu’un misérable impie ? Que tu puisses imaginer dans leur esprit ou déclarer par leurs paroles ? Va-t’en, tu es un tel fléau pour ton bienfaiteur et ton frère, et puisse ta mauvaise conscience t’accompagner ; tandis que je continue à dominer mes proches par ma bonté, et que je suis si loin de me venger d’eux comme ils le méritent, que je leur accorde plus de bienfaits qu’ils ne le méritent.
5. Ainsi parla le roi. Sur quoi Phéroras, surpris en flagrant délit, dit que « c’était Salomé qui avait fomenté ce complot, et que c’était elle qui avait prononcé ces paroles ». Mais dès qu’elle entendit cela, car elle était là, elle s’écria, comme quelqu’un qui veut être cru, que jamais rien de tel n’était sorti de sa bouche ; qu’ils s’efforçaient tous avec ardeur de la faire haïr par le roi et de la faire fuir, à cause de la bienveillance qu’elle portait à Hérode, et parce qu’elle prévoyait toujours les dangers qui l’attendaient, et qu’à présent les complots contre lui étaient plus nombreux que d’habitude ; car, si elle était la seule à avoir persuadé son frère de renvoyer sa femme et de prendre la fille du roi, il n’était pas étonnant qu’il la haïsse. Comme elle disait cela, et qu’elle s’arrachait souvent les cheveux et se frappait souvent la poitrine, son visage rendait son déni crédible ; mais la perversité de ses manières trahissait en même temps sa dissimulation dans ces démarches. Phéroras, pris entre eux, n’avait rien de plausible à offrir pour sa propre défense, tout en avouant avoir dit ce qu’on lui reprochait, mais n’ayant pas été cru lorsqu’il disait l’avoir entendu de Salomé. La confusion entre eux s’accrut, et leurs propos querelleurs s’élevèrent. Finalement, le roi, par haine pour son frère et sa sœur, les renvoya tous deux ; et après avoir loué la modération de son fils, et lui avoir lui-même rapporté la nouvelle, il alla se rafraîchir le soir. Après une telle dispute entre eux, la réputation de Salomé en souffrit beaucoup, car elle était censée avoir la première proféré la calomnie ; et les femmes du roi en furent affligées, car elles la connaissaient comme une femme très méchante, et qui se montrait tantôt amie, tantôt ennemie, selon les moments ; aussi ne cessèrent-elles pas de dire une chose ou une autre contre elle ; et quelque chose qui se passa alors les rendit plus audacieux à parler contre elle.
6. Il y avait un certain Obodas, roi d’Arabie, homme inactif et paresseux de nature ; mais Syllée gérait la plupart de ses affaires pour lui. C’était un homme astucieux, malgré sa jeunesse, et de plus, il était beau. Ce Syllée, se rendant chez Hérode et soupant avec lui, aperçut Salomé et s’attacha à elle ; et, apprenant qu’elle était veuve, il s’entretint avec elle. Or, Salomé étant alors moins en faveur auprès de son frère, elle éprouva une certaine passion pour Syllée et désira vivement l’épouser. Les jours suivants, de nombreux signes, et même très importants, de leur union apparurent. Les femmes rapportèrent la nouvelle au roi et en rirent de l’indécence. Hérode s’enquit de nouveau auprès de Phéroras et lui demanda de les observer pendant le souper, et de voir comment ils se comportaient l’un envers l’autre. Hérode lui dit qu’à en juger par les signes qu’ils lançaient, ils étaient tous deux manifestement amoureux. Après cela, Syllée l’Arabe, soupçonné, s’en alla, mais revint deux ou trois mois plus tard, comme dans ce dessein. Il en parla à Hérode et demanda que Salomé lui fût donnée en mariage. Afin que son affinité ne nuise pas à ses affaires, il devait s’unir à l’Arabie, dont le gouvernement était déjà sous son autorité et qui, plus encore, le serait désormais. Hérode en discuta avec sa sœur et lui demanda si elle était disposée à ce mariage, et elle y consentit aussitôt. Mais lorsqu’on demanda à Syllée de se convertir au judaïsme et de l’épouser, et qu’il lui fut impossible de le faire autrement, il ne put supporter cette proposition et s’en alla, prétextant que s’il acceptait, il serait lapidé par les Arabes. Alors Phéroras reprocha à Salomé son incontinence, et les femmes le firent encore plus, et accusant Syllée de l’avoir débauchée. Quant à la jeune fille que le roi avait fiancée à son frère Phéroras, mais qu’il n’avait pas prise, comme je l’ai déjà raconté, car il était épris de sa première épouse, Salomé demanda à Hérode de la donner à son fils, qu’il avait eu de Costobarus. Il y consentit volontiers, mais Phéroras l’en dissuada. Il prétendit que ce jeune homme ne serait pas bienveillant envers elle, son père ayant été tué par lui, et qu’il était plus juste que son fils, qui devait lui succéder dans la tétrarchie, la garde. Il lui demanda donc pardon et le persuada de le faire. Ainsi, après ce changement de fiançailles, la jeune fille fut donnée à ce jeune homme, le fils de Phéroras, le roi lui donnant cent talents.
COMMENT HÉRODE ENLEVA ALEXANDRE ET LE FAISAIT LINER ; ARCHÉLAÜS, ROI DE CAPPADOCE, LE RÉCONCILIA DE NOUVEAU AVEC SON PÈRE HÉRODE.
1. Cependant, les affaires de la famille d’Hérode ne s’amélioraient pas, au contraire, elles étaient toujours plus difficiles. Or, cet accident survint, qui ne survint pas dans une occasion convenable, mais qui alla jusqu’à lui attirer de grandes difficultés. Le roi avait des eunuques, qu’il appréciait beaucoup en raison de leur beauté. L’un d’eux fut chargé de lui apporter à boire, un autre de lui apporter son souper, et un troisième de le mettre au lit, qui gérait également les principales affaires du gouvernement. On raconta au roi que ces eunuques étaient corrompus par Alexandre, le fils du roi, en lui versant de grosses sommes d’argent. Lorsqu’on leur demanda si Alexandre avait eu avec eux des conversations criminelles, ils avouèrent, mais dirent qu’ils ne connaissaient aucun autre méfait de sa part envers son père. Français mais quand ils furent plus sévèrement torturés, et furent dans l’extrémité la plus extrême, et que les bourreaux, par complaisance avec Antipater, poussèrent le supplice à l’extrême, ils dirent qu’Alexandre portait une grande malveillance et une haine innée à son père ; et qu’il leur avait dit qu’Hérode désespérait de vivre beaucoup plus longtemps ; et que, pour couvrir son grand âge, il teignait ses cheveux en noir, et s’efforçait de cacher ce qui révélerait son âge ; mais que s’il s’appliquait à lui, quand il obtiendrait le royaume, qui, malgré son père, ne pouvait venir à personne d’autre, il aurait rapidement la première place dans ce royaume sous lui, car il était maintenant prêt à prendre le royaume, non seulement comme son droit de naissance, mais par les préparatifs qu’il avait faits pour l’obtenir, parce qu’un grand nombre de dirigeants, et un grand nombre de ses amis, étaient de son côté, et ceux-là non plus n’étaient pas des hommes mauvais, prêts à faire et à souffrir tout ce qui arriverait à cause de cela.
2. Quand Hérode entendit cette confession, il fut saisi de colère et de crainte, certains aspects lui semblant répréhensibles, et d’autres le rendant soupçonneux des dangers qui le menaçaient, à tel point que, pour les deux raisons, il fut irrité et craignit amèrement qu’on ne ourdît contre lui un complot plus grave qu’il ne pourrait alors y échapper. Sur quoi, au lieu de faire une recherche ouverte, il envoya des espions pour surveiller ceux qu’il soupçonnait, car il était maintenant envahi par la suspicion et la haine contre tous ceux qui l’entouraient ; et, se laissant aller à une abondance de ces soupçons, afin de sa conservation, il continua à soupçonner ceux qui étaient innocents ; et il ne se fixa aucune limite, mais supposant que ceux qui étaient avec lui avaient le plus de pouvoir pour lui faire du mal, ils lui étaient très effrayants ; et pour ceux qui n’avaient pas l’habitude de venir à lui, il lui semblait suffisant de les nommer [pour les rendre suspects], et il se crut plus en sécurité après leur destruction. Finalement, ses domestiques en arrivèrent à ce point que, n’étant pas sûrs de pouvoir se sauver, ils s’accusèrent les uns les autres, s’imaginant que celui qui accusait le premier était celui qui se sauverait le plus. Pourtant, lorsqu’ils avaient renversé les autres, ils étaient haïs ; et ceux qui accusaient injustement les autres étaient considérés comme justement punis, et ils ne faisaient que par là empêcher leur propre accusation. Bien plus, ils assouvirent ainsi leurs propres inimitiés, et lorsqu’ils étaient pris, ils étaient punis de la même manière. Ainsi, ces hommes s’ingénièrent à utiliser cette occasion comme un instrument et un piège contre leurs ennemis ; pourtant, lorsqu’ils tentèrent, ils furent eux-mêmes pris dans le même piège qu’ils avaient tendu aux autres. Le roi se repentit bientôt de son acte, car il n’avait aucune preuve évidente de la culpabilité de ceux qu’il avait tués ; et, ce qui était encore plus grave en lui, il ne profita pas de son repentir pour cesser de récidiver, mais pour infliger le même châtiment à leurs accusateurs.
3. Les affaires du palais étaient dans un tel état de désordre ; il avait déjà dit directement à plusieurs de ses amis qu’ils ne devaient pas se présenter devant lui ni entrer au palais. La raison de cette injonction était que, lorsqu’ils étaient là, il avait moins de liberté d’action, ou une plus grande contrainte à leur égard. C’est à ce moment-là qu’il chassa Andromaque et Gamellus, hommes qui avaient été ses amis de longue date, qui lui avaient été très utiles dans les affaires de son royaume, et qui avaient été utiles à sa famille par leurs ambassades et leurs conseils ; qui avaient été précepteurs de ses fils, et qui jouissaient en quelque sorte d’une grande liberté avec lui. Il chassa Andromaque parce que son fils Démétrius était un compagnon d’Alexandre ; et Gamellus parce qu’il savait qu’il lui souhaitait du bien, ce qui provenait de son enfance, lorsqu’il était à l’école, et de son absence à Rome. Il les chassa de son palais, et il aurait volontiers fait pire à leur égard ; mais pour ne pas paraître prendre une telle liberté envers des hommes d’une si grande réputation, il se contenta de les priver de leur dignité et de leur pouvoir d’entraver ses mauvaises actions.
4. Or, c’était Antipater qui était à l’origine de tout cela. Ayant appris la folie et la licence de son père, et ayant longtemps été son conseiller, il le pressa de poursuivre son chemin, pensant le forcer à agir, après que tous ceux qui pouvaient s’opposer à lui eurent été emmenés. Ainsi, Andromaque et ses amis étant chassés, et n’ayant plus de conversation ni de liberté avec le roi, celui-ci commença par interroger par la torture tous ceux qu’il croyait fidèles à Alexandre, pour savoir s’ils étaient au courant de ses agissements contre lui ; mais ceux-ci moururent sans avoir rien à dire à ce sujet, ce qui rendit le roi plus zélé, [après les révélations], ne pouvant découvrir de quels actes malveillants il les soupçonnait. Quant à Antipater, il eut l’intelligence de calomnier ceux qui étaient réellement innocents, comme si leur dénégation n’était due qu’à leur constance et à leur fidélité [à Alexandre], et il incita Hérode à découvrir, par la torture d’un grand nombre de personnes, les tentatives encore cachées. Or, parmi les nombreux torturés, un certain homme dit savoir que le jeune homme avait souvent dit que, lorsqu’on le vantait comme un homme de grande taille et un tireur d’élite, et que dans ses autres exercices louables il surpassait tous les hommes, ces qualités que lui donnait la nature, bien que bonnes en elles-mêmes, ne lui étaient d’aucun avantage, car son père en était peiné et l’enviait. De plus, lorsqu’il marchait avec son père, il s’efforçait de se réduire et de se raccourcir pour ne pas paraître trop grand ; et que, lorsqu’il tirait sur quelque chose à la chasse, en présence de son père, il manquait volontairement sa cible, car il savait combien son père ambitionnait de le surpasser dans ces exercices. Alors, tourmenté par ces paroles, et après avoir été soulagé de son corps, l’homme ajouta qu’avec l’aide de son frère Aristobule, il avait comploté pour attaquer leur père pendant qu’ils chassaient et le tuer. Après cela, ils s’étaient enfuis à Rome et avaient demandé que le royaume leur soit donné. On a également trouvé des lettres du jeune homme, écrites à son frère, dans lesquelles il se plaignait que son père n’avait pas agi avec justice en donnant à Antipater un pays dont les revenus annuels s’élevaient à deux cents talents. Sur ces aveux, Hérode pensa bientôt pouvoir se fier à ses propres soupçons concernant ses fils ; il fit donc arrêter Alexandre et le fit enchaîner. Cependant, il demeurait inquiet et n’était pas entièrement convaincu de la véracité de ce qu’il avait entendu. et quand il revint à lui, il découvrit qu’ils n’avaient fait que des plaintes et des disputes juvéniles, et que c’était une chose incroyable, que lorsque son fils l’aurait tué, il irait ouvertement à Rome [pour demander le royaume]; il désirait donc avoir une marque plus sûre de la méchanceté de son fils, et il en était très soucieux,Afin de ne pas paraître l’avoir condamné à la prison trop imprudemment, il tortura les principaux amis d’Alexandre et en fit mourir un grand nombre, sans rien leur soutirer de ce qu’il soupçonnait. Tandis qu’Hérode était très occupé par cette affaire, et que le palais était rempli de terreur et de trouble, un jeune homme, au plus profond de son agonie, avoua qu’Alexandre avait envoyé des messagers à ses amis à Rome, souhaitant y être rapidement invité par César et découvrir un complot contre lui ; que Mithridate, roi de Parthie, était allié à son père contre les Romains, et qu’il avait préparé une potion empoisonnée à Askelori.
5. Hérode accorda crédit à ces accusations, et en tira, dans son cas misérable, une sorte de consolation, pour excuser sa témérité, s’étant trompé en trouvant les choses en si mauvais état ; mais quant au breuvage empoisonné qu’il s’efforça de trouver, il ne put en trouver aucun. Quant à Alexandre, il désirait vivement aggraver les immenses malheurs qui le subissaient ; aussi feignit-il de ne pas nier les accusations, mais punit la témérité de son père par un crime plus grave encore ; et peut-être voulait-il faire honte à son père d’avoir cru si facilement à de telles calomnies ; son but principal, s’il parvenait à obtenir foi à son histoire, était de le tourmenter, lui et tout son royaume ; car il écrivit quatre lettres et les lui envoya, affirmant qu’il n’avait plus besoin de torturer personne, car il avait comploté contre lui ; et qu’il avait pour associés Phéroras et les plus fidèles de ses amis, et que Salomé était venue le trouver de nuit, et qu’elle avait couché avec lui, qu’il le veuille ou non ; et que tous les hommes étaient parvenus à un même objectif, à se débarrasser de lui dès qu’ils le pourraient, et ainsi se libérer de la peur continuelle qu’ils ressentaient à son égard. Parmi eux se trouvaient les accusés Ptolémée et Sapinnius, qui étaient les amis les plus fidèles du roi. Et que dire de plus, sinon que ceux qui étaient auparavant les amis les plus intimes étaient devenus des bêtes féroces les uns pour les autres, comme si une certaine folie s’était abattue sur eux, alors qu’il n’y avait plus de place pour la défense ou la réfutation, afin de découvrir la vérité, mais tous étaient voués au hasard à la destruction ; de sorte que certains pleuraient ceux qui étaient en prison, d’autres ceux qui étaient mis à mort, et d’autres se lamentaient d’attendre les mêmes misères ; et une mélancolique solitude rendait le royaume déformé, tout à fait contraire à l’état heureux dans lequel il était autrefois. La vie d’Hérode elle-même était entièrement perturbée ; Et comme il ne pouvait se fier à personne, il fut cruellement puni par l’attente de nouvelles souffrances ; car il s’imaginait souvent que son fils était tombé sur lui, ou se tenait à ses côtés, l’épée à la main ; et ainsi, son esprit était jour et nuit absorbé par cette affaire, et la retournait sans cesse, comme s’il était pris de distraction. Et tel était le triste état dans lequel se trouvait alors Hérode.
6. Mais Archélaüs, roi de Cappadoce, ayant appris l’état d’Hérode, et étant dans une grande détresse au sujet de sa fille et du jeune homme [son mari], et affligé contre Hérode, comme contre un homme qui était son ami, à cause d’un si grand trouble que celui-ci subissait, il vint [à Jérusalem] exprès pour arranger leurs différends ; et quand il trouva Hérode dans une telle humeur, il pensa qu’il était tout à fait inopportun de le reprendre, ou de prétendre qu’il avait agi avec imprudence, car il l’aurait naturellement amené à discuter avec lui sur ce point, et en s’excusant toujours plus pour lui-même, il serait d’autant plus irrité : il prit donc une autre voie pour remédier aux premiers malheurs, et parut en colère contre le jeune homme, et dit qu’Hérode avait été un homme si doux qu’il n’avait pas agi avec imprudence du tout. Il déclara également qu’il romprait le mariage de sa fille avec Alexandre, et qu’il ne pourrait, en toute justice, épargner sa propre fille si elle était consciente de quoi que ce soit et n’en informait pas Hérode. Archélaüs se montra de ce caractère, et différent de ce qu’Hérode attendait ou imaginait, et prit pour l’essentiel le parti d’Hérode et s’irrita à son sujet. Le roi se calma et, profitant de son attitude jusqu’alors juste, il finit par s’attacher peu à peu à l’affection d’un père, ce qui le rendit à plaindre des deux côtés. Car, lorsque certains réfutèrent les calomnies portées contre le jeune homme, il s’emporta ; mais lorsqu’Archclaüs se joignit à l’accusation, il fondit en larmes et en tristesse, avec une tendresse particulière. Il souhaita donc ne pas rompre le mariage de son fils et ne fut plus aussi irrité qu’auparavant pour ses offenses. Aussi, lorsqu’Archclaü l’eut ramené à une humeur plus modérée, il reporta les calomnies sur ses amis, Il dit que c’était à cause d’eux qu’un homme si jeune, et ignorant la malice, avait été corrompu ; il supposait qu’il y avait plus de raisons de soupçonner le frère que le doux. Hérode fut alors très mécontent de Phéroras, qui n’avait plus personne pour le réconcilier avec son frère. Voyant qu’Archclaus avait le plus grand pouvoir sur Hérode, il se rendit auprès de lui en habit de deuil, comme quelqu’un qui portait tous les signes d’un homme perdu. Sur ce, Archclaus ne négligea pas l’intercession qu’il lui avait faite, et ne s’engagea pas non plus à changer immédiatement l’attitude du roi à son égard. Il dit qu’il valait mieux pour lui se rendre lui-même auprès du roi et lui avouer qu’il était la cause de tout ; que cela atténuerait la colère du roi à son égard, et qu’il serait alors présent pour l’aider. Après l’avoir persuadé, il obtint gain de cause auprès d’eux deux. Et les calomnies proférées contre le jeune homme furent, contre toute attente, effacées. Et Archclaus, dès qu’il eut fait la réconciliation,Il partit alors pour la Cappadoce, s’étant montré, à cette époque, l’homme le plus agréable au monde à Hérode ; c’est pourquoi il lui offrit les plus riches présents, en témoignage de respect ; et, magnanime en d’autres occasions, il le considérait comme l’un de ses amis les plus chers. Il convint également avec lui qu’il irait à Rome, car il avait écrit à César à ce sujet. Ils allèrent donc ensemble jusqu’à Antioche, où Hérode réconcilia Archclaus et Titus, président de Syrie, qui étaient en profond désaccord, et retourna en Judée.
CONCERNANT LA RÉVOLTE DES TRACHONITES ; COMMENT SYLLEUS ACCUSA HÉRODE DEVANT CÉSAR ; ET COMMENT HÉRODE, LORSQUE CÉSAR ÉTAIT EN COLÈRE CONTRE LUI, RÉSOLU D’ENVOYER NICOLAUS À ROME.
1. Après qu’Hérode fut à Rome et qu’il fut de retour, une guerre éclata entre lui et les Arabes, à la suite de l’incident suivant : Les habitants de la Trachonite, après que César eut enlevé le pays à Zénodore et l’eut donné à Hérode, n’eurent plus le pouvoir de piller, mais furent contraints de labourer la terre et de vivre tranquillement, ce qui ne leur plaisait pas ; et lorsqu’ils s’y donnèrent, la terre ne leur donna pas beaucoup de fruits. Cependant, au début, le roi ne leur permit pas de piller, et ils s’abstinrent de cette façon injuste de vivre au détriment de leurs voisins, ce qui valut à Hérode une grande réputation pour ses soins. Mais alors qu’il s’embarquait pour Rome, c’est au moment où il alla accuser son fils Alexandre et confier Antipater à la protection de César, que les Trachonites répandirent la rumeur de sa mort, se révoltèrent contre son empire et reprirent leurs habitudes de piller leurs voisins. Les généraux du roi les soumirent alors pendant son absence. Mais une quarantaine des principaux brigands, terrifiés par ceux qui avaient été capturés, quittèrent le pays et se retirèrent en Arabie. Syllée les accueillit, après avoir manqué d’épouser Salomé, et leur donna un lieu fortifié où ils demeurèrent. Ils envahirent ainsi non seulement la Judée, mais aussi toute la Célésyrie, et emportèrent leur proie, tandis que Syllée leur offrait des abris et du calme pendant leurs mauvaises actions. Mais à son retour de Rome, Hérode s’aperçut que ses domaines avaient beaucoup souffert à cause d’eux. Comme il ne pouvait atteindre les brigands eux-mêmes, à cause de la retraite sûre qu’ils avaient dans ce pays et que leur offrait le gouvernement arabe, et pourtant très inquiet des torts qu’ils lui avaient causés, il parcourut toute la Trachonitide et tua leurs proches. Ces brigands furent encore plus furieux qu’auparavant, car la loi voulait qu’ils se vengent des meurtriers de leurs proches par tous les moyens possibles. Ils continuèrent donc à tout saccager impunément. Il s’entretint alors de ces brigandages avec Saturninus et Volumnius, et exigea qu’ils soient punis. Ils s’enfoncèrent alors davantage dans leurs brigandages, devinrent plus nombreux et provoquèrent de grands troubles, ravageant les pays et les villages qui appartenaient au royaume d’Hérode, et tuant ceux qu’ils capturaient, jusqu’à ce que ces injustices prennent l’allure d’une véritable guerre, car les brigands étaient alors au nombre d’environ mille. Hérode, très mécontent, réclama les brigands, ainsi que l’argent qu’il avait prêté à Obodas par Syllée, soit soixante talents. Le délai de paiement étant passé, il désira le lui faire payer. Mais Syllée, qui avait laissé Obodas de côté et s’était débrouillé tout seul, nia que les voleurs fussent en Arabie et différa le paiement de l’argent ; à ce sujet il y eut une audience devant Saturninus et Volumnius,Français qui étaient alors présidents de Syrie. [9] Finalement, par leur intermédiaire, il convint que dans un délai de trente jours Hérode recevrait son argent, et que chacun d’eux livrerait réciproquement les sujets de l’autre. Or, quant à Hérode, il n’y eut pas un seul de ses sujets dans son royaume, soit pour avoir commis une injustice, soit pour toute autre raison, sans qu’il fût prouvé que les Arabes comptaient des brigands parmi eux.
2. Le jour fixé pour le paiement de l’argent étant passé, Syllée n’ayant rien respecté à son engagement, et étant parti pour Rome, Hérode exigea le paiement de l’argent et la remise des brigands qui se trouvaient en Arabie. Avec la permission de Saturninus et de Volumnius, il exécuta lui-même le jugement contre les réfractaires. Il prit une armée qu’il possédait, la laissa entrer en Arabie et, en trois jours, parcourut sept villes. Arrivé à la garnison où se trouvaient les brigands, il les attaqua, les prit tous et détruisit la place appelée Raepta, sans faire de mal à personne. Mais, comme les Arabes arrivaient à leur secours, sous le commandement de Naceb, une bataille s’engagea : quelques soldats d’Hérode, Naceb, le capitaine des Arabes, et une vingtaine de ses soldats tombèrent, tandis que les autres prirent la fuite. Après les avoir punis, il déposa trois mille Iduméens en Trachonitide, maîtrisant ainsi les brigands qui s’y trouvaient. Il envoya également un rapport aux capitaines qui sillonnaient la Phénicie, démontrant qu’il n’avait fait que ce qu’il devait faire en punissant les Arabes réfractaires, ce qui, après une enquête approfondie, ne fut que la vérité.
3. Cependant, des messagers furent envoyés en toute hâte à Syllée à Rome, l’informant de ce qui s’était passé et, comme d’habitude, aggravaient les choses. Syllée s’était déjà infiltré auprès de César et se trouvait alors au palais. Dès qu’il apprit ces choses, il s’habilla de noir, entra et dit à César que l’Arabie était en guerre et que tout son royaume était dans un grand désordre, depuis qu’Hérode l’avait ravagé avec son armée. Il dit, les larmes aux yeux, que deux mille cinq cents des principaux hommes arabes avaient été tués, que leur capitaine Nacebus, son ami et parent, avait été tué ; que les richesses de Raepta avaient été emportées ; et qu’Obodas était méprisé, car son état physique le rendait inapte à la guerre ; c’est pourquoi ni lui ni l’armée arabe n’étaient présents. Syllée, qui avait dit cela et ajouté avec animosité, n’aurait pas quitté le pays s’il n’avait pas cru que César aurait veillé à ce qu’ils soient tous en paix, et que, s’il avait été là, il aurait veillé à ce que la guerre ne soit pas à l’avantage d’Hérode. César, irrité par ces paroles, se contenta de poser cette question, tant aux amis d’Hérode présents qu’à ses propres amis, venus de Syrie : Hérode y avait-il conduit une armée ? Forcés de confesser cela, César, sans s’attarder pour savoir pourquoi et comment il l’avait fait, se mit en colère et écrivit à Hérode avec véhémence. Le résumé de sa lettre était ceci : « Alors qu’autrefois il l’avait traité comme son ami, il le traiterait maintenant comme son sujet. » Syllée écrivit aussi un compte rendu de cette affaire aux Arabes, qui en furent si fiers qu’ils ne livrèrent pas les brigands qui s’étaient enfuis et ne payèrent pas l’argent dû. Ils conservèrent également les pâturages qu’ils avaient loués, et les gardèrent sans payer leur loyer, tout cela parce que le roi des Juifs était maintenant dans une situation difficile, à cause de la colère de César contre lui. Ceux de Trachonitide profitèrent également de cette occasion pour se soulever contre la garnison iduméenne et imitèrent les Arabes qui avaient pillé leur pays et se montrèrent plus sévères dans leurs injustices, non seulement pour s’en sortir, mais aussi par vengeance.
4. Hérode fut contraint de supporter tout cela, cette confiance d’être complètement parti que lui inspirait la faveur de César. Car César refusa même une ambassade de sa part pour « s’excuser » ; et lorsqu’ils revinrent, il les renvoya sans succès. Il fut donc plongé dans la tristesse et la peur ; et la situation de Syllée le peinait profondément, lui qui était désormais cru par César et qui était présent à Rome, voire aspirant parfois à de plus hautes fonctions. Or, Obodas mourut ; et Énée, dont le nom fut changé plus tard en Arétas, [10] prit le gouvernement, car Syllée s’efforçait par des calomnies de le chasser de sa principauté, afin de la prendre lui-même. Dans ce dessein, il donna beaucoup d’argent aux courtisans et en promit beaucoup à César, qui, en effet, était irrité qu’Arétas ne l’ait pas envoyé le chercher avant de prendre le royaume ; Énée envoya pourtant une lettre et des présents à César, ainsi qu’une couronne d’or pesant plusieurs talents. Cette lettre accusait Syllée d’avoir été un méchant serviteur, d’avoir tué Obodas par empoisonnement ; de son vivant, il l’avait gouverné à sa guise ; il avait aussi débauché les femmes des Arabes ; et il avait emprunté de l’argent pour s’assurer le pouvoir. César, cependant, ne prêta aucune attention à ces accusations et renvoya ses ambassadeurs sans recevoir aucun de ses présents. Cependant, la situation en Judée et en Arabie empirait de plus en plus, en partie à cause de l’anarchie qui y régnait, et en partie parce que, malgré leur état critique, personne n’avait le pouvoir de les gouverner. Car des deux rois, l’un n’était pas encore confirmé dans son royaume et n’avait donc pas l’autorité suffisante pour contenir les malfaiteurs. Quant à Hérode, César fut immédiatement irrité contre lui pour s’être vengé, et il fut contraint de supporter toutes les injures qui lui étaient faites. Enfin, voyant que le malheur qui l’entourait était sans fin, il résolut d’envoyer de nouveau des ambassadeurs à Rome, pour voir si ses amis avaient réussi à adoucir César, et pour s’adresser à César lui-même ; et l’ambassadeur qu’il y envoya était Nicolans de Damas.
Comment EURYCLÈS ACCUSA FAUSSEMENT LES FILS D’HÉRODE ; et comment leur père les fit lier et écrivit à César à leur sujet. De Syllée et comment il fut accusé par Nicolas.
1. Les troubles qui régnaient dans la famille et les enfants d’Hérode s’aggravèrent à cette époque ; car il semblait désormais certain, et ce n’était pas imprévu, que la fortune menaçait son royaume des malheurs les plus grands et les plus insupportables. Son progrès et son aggravation à cette époque survinrent à la suite de l’événement suivant : un certain Euryclès, Lacédémonien (personnage important de la ville, mais homme d’un esprit pervers, si rusé dans ses manières de volupté et de flatterie qu’il se livrait aux deux sans pourtant sembler n’en céder à aucun), vint trouver Hérode lors de ses voyages et lui fit des présents, mais de telle sorte qu’il en reçut davantage de sa part. Il prit aussi des moments si propices pour s’insinuer dans son amitié qu’il devint l’un des amis les plus intimes du roi. Il logea dans la maison d’Antipater ; Mais il avait non seulement accès à Alexandre, mais aussi une conversation libre, prétendant qu’il était en grande faveur auprès d’Archclaus, roi de Cappadoce. De là, il feignait beaucoup de respect pour Glaphyra et cultivait secrètement une amitié avec eux tous ; mais toujours attentif à ce qui se disait et se faisait, afin de pouvoir trouver des calomnies pour leur plaire à tous. Bref, il se comportait avec chacun dans ses conversations de telle sorte qu’il paraissait être son ami particulier, et il faisait croire aux autres que sa présence, où qu’elle soit, était à son avantage. Il gagna donc Alexandre, qui était encore jeune, et le persuada de pouvoir lui ouvrir ses griefs avec assurance et à personne d’autre. Il lui exposa alors son chagrin, comment son père s’était éloigné de lui. Il lui raconta également les affaires de sa mère et d’Antipater ; qu’il les avait chassés de leur dignité et qu’il avait tout pouvoir lui-même ; que rien de tout cela n’était tolérable, puisque son père les haïssait déjà ; et il ajouta qu’il ne les admettrait ni à sa table, ni à sa conversation. Telles étaient, comme il était naturel, les plaintes d’Alexandre au sujet des choses qui le troublaient ; et Euryclès rapporta ces discours à Antipater, et lui dit qu’il ne l’informait pas de lui-même, mais qu’étant vaincu par sa bonté, la grande importance de la chose l’obligeait à le faire ; et il l’avertit de se méfier d’Alexandre, car ce qu’il disait était dit avec véhémence, et que, par conséquent, il le tuerait certainement de sa propre main. Sur quoi Antipater, le croyant son ami par ce conseil, lui faisait des présents en toute occasion, et le persuada enfin de dire à Hérode ce qu’il avait entendu. Ainsi, lorsqu’il raconta la mauvaise humeur du roi Alexandre, telle qu’elle avait été révélée par les paroles qu’il lui avait entendues, il fut facilement cru par lui ; et il amena ainsi le roi à cette situation, le retournant par ses paroles et l’irritant, jusqu’à ce qu’il augmente sa haine envers lui et le rende implacable, ce qu’il montra à ce moment même,Il offrit aussitôt à Euryclès un présent de cinquante talents. Celui-ci, les ayant reçus, se rendit auprès d’Archiclaos, roi de Cappadoce, et félicita Alexandre, lui racontant les nombreux avantages qu’il lui avait apportés en le réconciliant avec son père. Il obtint donc de lui de l’argent et s’en alla avant que ses mauvaises actions ne soient découvertes. Mais, de retour à Lacédémone, Euryclès ne cessa pas de commettre des méfaits ; et, pour ses nombreuses injustices, il fut banni de son pays.
2. Quant au roi des Juifs, il n’était plus dans le même état d’esprit qu’autrefois envers Alexandre et Aristobule, lorsqu’il se contentait d’entendre leurs calomnies quand d’autres le lui rapportaient ; mais il en était arrivé à les haïr lui-même et à inciter les gens à parler contre eux, bien qu’ils ne le fassent pas d’eux-mêmes. Il observait tout ce qui se disait, posait des questions et prêtait l’oreille à tous ceux qui voulaient parler, pourvu qu’ils puissent dire quelque chose contre eux, jusqu’à ce qu’il apprenne enfin qu’Euratus de Cos était un conspirateur avec Alexandre ; ce qui, pour Hérode, était la nouvelle la plus agréable et la plus douce qu’on puisse imaginer.
3. Mais un malheur plus grand encore s’abattit sur les jeunes gens ; les calomnies contre eux ne cessaient de croître, et, comme on peut le dire, on aurait dit que chacun cherchait à leur imputer quelque chose de grave, qui puisse paraître servir la préservation du roi. Il y avait deux gardes du corps d’Hérode, très estimés pour leur force et leur taille, Jucundus et Tyrannus ; ces hommes avaient été chassés par Hérode, qui en était mécontent ; ils avaient maintenant l’habitude de chevaucher avec Alexandre, et pour leur habileté dans les exercices, ils étaient très estimés par lui, et on leur offrit de l’or et d’autres présents. Le roi, ayant immédiatement soupçonné ces hommes, les fit torturer, qui endurèrent courageusement la torture pendant longtemps. Mais ils finirent par avouer qu’Alexandre les aurait persuadés de tuer Hérode, alors qu’il poursuivait les bêtes sauvages, afin qu’on puisse dire qu’il était tombé de cheval et avait été transpercé par sa propre lance, lui qui avait déjà connu un tel malheur. Ils montrèrent également où se cachait de l’argent dans l’écurie souterraine ; et ils persuadèrent le chef des chasseurs du roi qu’il avait donné aux jeunes hommes les lances et les armes de chasse royales aux serviteurs d’Alexandre, sur ordre de ce dernier.
4. Après cela, le commandant de la garnison d’Alexandrie fut arrêté et torturé. On l’accusait d’avoir promis d’accueillir les jeunes gens dans sa forteresse et de leur fournir l’argent du roi qui y était déposé, sans toutefois l’avouer lui-même. Son fils, tombé malade, déclara que c’était vrai et remit l’écrit qui, autant qu’on pouvait le deviner, était de la main d’Alexandre. Son contenu était le suivant : « Lorsque nous aurons terminé, avec l’aide de Dieu, tout ce que nous avons proposé, nous viendrons à vous ; mais faites vos efforts, comme vous l’avez promis, pour nous accueillir dans votre forteresse. » Après la présentation de cet écrit, Hérode ne douta plus des desseins perfides de ses fils contre lui. Mais Alexandre dit que le scribe Diophante avait imité sa main et que le papier avait été rédigé avec malice par Antipater ; car Diophante semblait très rusé en de telles pratiques ; et comme il fut par la suite reconnu coupable d’avoir falsifié d’autres papiers, il fut mis à mort pour cela.
5. Le roi présenta donc à la foule de Jéricho ceux qui avaient été torturés, afin qu’ils accusent les jeunes gens. Plusieurs accusateurs lapidèrent à mort les jeunes gens. Lorsqu’ils voulurent tuer Alexandre et Aristobule, le roi s’y opposa, mais il retint la foule par l’intermédiaire de Ptolémée et de Phéroras. Cependant, les jeunes gens furent mis sous surveillance et gardés à vue, afin que personne ne puisse les aborder. Leurs actions et leurs paroles étaient surveillées, et l’opprobre et la crainte qu’ils éprouvaient étaient presque identiques à ceux des criminels condamnés. L’un d’eux, Aristobule, fut si profondément affecté qu’il amena Salomé, sa tante et sa belle-mère, pour se lamenter avec lui de ses malheurs et haïr celui qui avait laissé les choses arriver à ce point. Il lui dit : « N’es-tu pas aussi en danger de mort, puisqu’on dit que tu avais révélé à Sylcus toutes nos affaires, alors que tu espérais l’épouser ? » Elle rapporta aussitôt ces paroles à son frère. À bout de patience, il ordonna de le lier et leur enjoignit à tous deux, séparés l’un de l’autre, d’écrire les méfaits qu’ils avaient commis envers leur père et de lui apporter ces écrits. Lorsqu’on leur enjoignit cela, ils écrivirent qu’ils n’avaient formé aucun complot contre leur père, ni rien préparé, mais qu’ils avaient l’intention de s’enfuir ; et que, dans la détresse où ils se trouvaient, leur vie était désormais incertaine et pénible.
6. Vers cette époque, arriva de Cappadoce un ambassadeur d’Archélaüs, nommé Mélas ; c’était l’un de ses principaux chefs. Hérode, voulant lui témoigner la mauvaise volonté d’Archélaüs, fit venir Alexandre, qui était en prison, et lui demanda de nouveau, au sujet de son combat, s’ils avaient résolu de se retirer et comment. Alexandre répondit : « À Archclaüs, qui avait promis de les renvoyer à Rome ; mais qu’ils n’avaient aucun dessein malveillant contre leur père, et que rien de ce que leurs adversaires leur avaient reproché n’était vrai ; et que leur désir était qu’il interroge plus sévèrement Tyrannus et Jucundus, mais qu’ils avaient été tués subitement par Antipater, qui avait placé ses propres amis parmi la foule [à cet effet]. »
7. Cela dit, Hérode ordonna qu’Alexandre et Mélas soient conduits chez Glaphyra, fille d’Archélaüs, et qu’on lui demande si elle n’était pas au courant des desseins perfides d’Alexandre contre Hérode. Dès qu’ils furent arrivés auprès d’elle, et qu’elle vit Alexandre enchaîné, elle se frappa la tête et, consternée, poussa un profond gémissement. Le jeune homme fondit en larmes. Ce spectacle fut si désolant pour les assistants que, pendant un long moment, ils furent incapables de rien dire ni de rien faire. Finalement, Ptolémée, à qui l’on avait ordonné d’amener Alexandre, lui demanda de dire si sa femme était consciente de ses actes. Il répondit : « Comment est-il possible qu’elle, que j’aime plus que mon âme et dont j’ai eu des enfants, ignore ce que je fais ? » Sur quoi elle s’écria qu’elle n’était au courant d’aucun dessein perfide de sa part ; mais que, si son accusation mensongère pouvait contribuer à sa préservation, elle confesserait tout. Alexandre répondit : « Il n’y a pas de méchanceté telle que celle que soupçonnent ceux qui, le moins du monde, devraient le faire, que j’ai imaginée ou que tu connaisses, mais seulement celle-ci : nous avions résolu de nous retirer à Archélaüs, et de là à Rome. » Ce qu’elle avoua également. Sur quoi, Hérode, croyant la malveillance d’Archélaüs pleinement prouvée, envoya une lettre par Olympe et Volumnius, leur ordonnant, en passant, de faire escale à Élée de Cilicie et de remettre la lettre à Archélaüs. Après lui avoir fait des reproches sur sa participation aux trahisons de son fils, ils feraient voile de là pour Rome ; et, s’ils constataient que Nicolas avait gagné du terrain et que César n’était plus mécontent de lui, il lui remettrait ses lettres et les preuves qu’il était prêt à présenter contre les jeunes gens. Quant à Archélaüs, il se défendit en disant qu’il avait promis de recevoir les jeunes gens, parce que c’était dans leur intérêt et dans celui de leur père d’agir ainsi, de peur qu’une procédure trop sévère ne soit appliquée dans la colère et le désordre où ils se trouvaient à l’occasion des soupçons présents ; mais qu’il n’avait toujours pas promis de les envoyer à César ; et qu’il n’avait rien promis d’autre aux jeunes gens qui pût lui témoigner quelque mauvaise volonté.
8. Arrivés à Rome, ces ambassadeurs eurent l’occasion de remettre leurs lettres à César, car ils le trouvèrent réconcilié avec Hérode. Voici en effet les circonstances de l’ambassade de Nicolas : dès son arrivée à Rome et à la cour, il ne se contenta pas de déclarer ce pour quoi il était venu, mais il jugea bon d’accuser Syllée. Or, les Arabes, avant même qu’il ne vienne leur parler, se querellaient entre eux ; certains d’entre eux quittèrent le parti de Syllée et, se joignant à Nicolas, l’informèrent de toutes les mauvaises actions commises ; et lui présentèrent des preuves évidentes du massacre d’un grand nombre d’amis d’Obodas par Syllée ; car, en quittant Syllée, ces hommes avaient emporté les lettres qui leur permettraient de le condamner. Nicolas, voyant l’occasion se présenter, en profita pour faire valoir ses arguments et s’efforça aussitôt de réconcilier César et Hérode. Il était convaincu que s’il souhaitait défendre directement Hérode, cette liberté ne lui serait pas accordée ; mais que s’il voulait accuser Syllée, il aurait l’occasion de plaider en sa faveur. L’affaire étant prête à être entendue et le jour fixé, Nicolas, en présence des ambassadeurs d’Arétas, accusa Syllée, affirmant qu’il lui imputait la mort du roi Obodas et de plusieurs autres Arabes ; qu’il avait emprunté de l’argent sans motif valable ; et qu’il prouvait qu’il avait commis un adultère, non seulement avec une Arabe, mais aussi avec une femme régane. Il ajouta qu’il avait surtout éloigné César d’Hérode, et que tout ce qu’il avait dit sur les actions d’Hérode était faux. Lorsque Nicolas en fut arrivé à ce sujet, César l’en empêcha et lui demanda de parler seulement de l’affaire d’Hérode, et de démontrer qu’il n’avait pas mené d’armée en Arabie, ni tué deux mille cinq cents hommes, ni fait de prisonniers, ni pillé le pays. À quoi Nicolas répondit : « Je démontrerai principalement que rien, ou très peu, des imputations dont tu as été informé n’est vrai ; car si elles avaient été vraies, tu aurais pu être encore plus en colère contre Hérode. » César fut très attentif à cette étrange assertion ; et Nicolas expliqua qu’il y avait une dette envers Hérode de cinq cents talents, ainsi qu’un engagement stipulant qu’après l’expiration du délai fixé, il serait permis de saisir n’importe quelle partie de son pays. « Quant à la prétendue armée, dit-il, ce n’était pas une armée, mais un parti envoyé pour exiger le juste paiement de l’argent ; celui-ci n’a pas été envoyé immédiatement, ni aussi tôt que le permettait l’obligation, mais Syllée s’était souvent présenté devant Saturninus et Volumnius, les présidents de Syrie ; et qu’à la fin il avait juré à Béryte, par ta fortune,[11] qu’il paierait certainement l’argent dans les trente jours et livrerait les fugitifs qui étaient sous sa domination. Syllée n’ayant rien fait de tout cela, Hérode se présenta de nouveau devant les présidents ; et, après leur permission de saisir son argent, il quitta son pays avec difficulté avec un groupe de soldats dans ce but. Voilà toute la guerre que ces hommes décrivent si tragiquement ; voici l’histoire de l’expédition en Arabie. Et comment peut-on appeler cela une guerre, alors que tes présidents l’ont permise, que les alliances l’ont permise, et qu’elle n’a été menée qu’après avoir profané ton nom, ô César, ainsi que celui des autres dieux ? Je dois maintenant parler des captifs dans l’ordre. Il y avait des brigands qui habitaient la Trachonitide ; au début, leur nombre n’était que de quarante, mais ils devinrent plus nombreux par la suite, et ils échappèrent au châtiment qu’Hérode voulait leur infliger, en faisant de l’Arabie leur refuge. Syllée les reçut et les nourrit afin qu’ils puissent nuire à toute l’humanité. Il leur donna un pays où habiter, et il reçut lui-même les gains de leurs vols. Il promit pourtant de livrer ces hommes, par les mêmes serments et à la même date qu’il avait juré et fixé pour le paiement de sa dette. Il ne peut en aucun cas prouver que d’autres personnes aient été emmenées d’Arabie à cette époque, et non pas toutes, mais seulement celles qui ne pouvaient se cacher. Ainsi, la calomnie des captifs, si odieusement présentée, ne semble être qu’une fiction et un mensonge, inventés exprès pour provoquer ton indignation. Car j’ose affirmer que lorsque les forces arabes sont venues sur nous et qu’un ou deux hommes du parti d’Hérode sont tombés, il s’est alors seulement défendu, et que sont tombés Nacébe, leur général, et en tout environ vingt-cinq autres, et pas plus. d’où Syllée, en multipliant chaque soldat par cent, estime que le nombre des tués s’élève à deux mille cinq cents.et les a nourris afin qu’ils puissent nuire à toute l’humanité, et leur a donné un pays à habiter, et a lui-même reçu le butin qu’ils avaient volé. Pourtant, il a promis de livrer ces hommes, et cela par les mêmes serments et au même moment qu’il avait juré et fixé pour le paiement de sa dette. Il ne peut en aucun cas prouver que d’autres personnes aient été emmenées d’Arabie à cette époque, et non pas toutes, mais seulement celles qui ne pouvaient se cacher. Et ainsi la calomnie des captifs, qui a été si odieusement présentée, ne semble être qu’une fiction et un mensonge, faits exprès pour provoquer ton indignation. Car j’ose affirmer que lorsque les forces des Arabes sont venues sur nous, et qu’un ou deux hommes du parti d’Hérode sont tombés, il s’est alors seulement défendu, et que sont tombés Nacébe, leur général, et en tout environ vingt-cinq autres, et pas plus ; d’où Syllée, en multipliant chaque soldat par cent, estime que le nombre des tués s’élève à deux mille cinq cents.et les a nourris afin qu’ils puissent nuire à toute l’humanité, et leur a donné un pays à habiter, et a lui-même reçu le butin qu’ils avaient volé. Pourtant, il a promis de livrer ces hommes, et cela par les mêmes serments et au même moment qu’il avait juré et fixé pour le paiement de sa dette. Il ne peut en aucun cas prouver que d’autres personnes aient été emmenées d’Arabie à cette époque, et non pas toutes, mais seulement celles qui ne pouvaient se cacher. Et ainsi la calomnie des captifs, qui a été si odieusement présentée, ne semble être qu’une fiction et un mensonge, faits exprès pour provoquer ton indignation. Car j’ose affirmer que lorsque les forces des Arabes sont venues sur nous, et qu’un ou deux hommes du parti d’Hérode sont tombés, il s’est alors seulement défendu, et que sont tombés Nacébe, leur général, et en tout environ vingt-cinq autres, et pas plus ; d’où Syllée, en multipliant chaque soldat par cent, estime que le nombre des tués s’élève à deux mille cinq cents.
9. César, furieux, s’adressa à Syllée, et lui demanda combien d’Arabes avaient été tués. Sur ce, il hésita et répondit qu’on lui avait abusé. On lut également les conventions concernant l’argent emprunté, les lettres des présidents de Syrie et les plaintes des différentes villes, toutes victimes des brigands. On conclut que Syllée fut condamné à mort, que César s’était réconcilié avec Hérode et avait avoué son repentir pour les propos injurieux qu’il lui avait adressés, calomniés à tel point qu’il avait dit à Syllée qu’il l’avait contraint, par ses mensonges, à se rendre coupable d’ingratitude envers un homme qui était son ami. Finalement, tout en étant arrivé à ce point, Syllée fut renvoyé pour répondre à la plainte d’Hérode et s’acquitter de sa dette, après quoi il fut puni de mort. César était néanmoins offensé contre Arétas, qui s’était chargé du gouvernement sans son consentement préalable, car il avait décidé de céder l’Arabie à Hérode. Mais les lettres qu’il avait envoyées l’en empêchaient. Olympe et Volumnius, voyant que César était désormais favorable à Hérode, crurent devoir lui remettre immédiatement les lettres qu’Hérode leur avait ordonné de lui remettre concernant ses fils. Après les avoir lues, César jugea inapproprié de lui confier un autre gouvernement, maintenant qu’il était vieux et en mauvaise posture vis-à-vis de ses fils. Il accepta donc les ambassadeurs d’Arétas. Après l’avoir réprimandé pour sa témérité de ne pas avoir attendu jusqu’à ce qu’il ait reçu le royaume, il accepta ses présents et le confirma dans son gouvernement.
Comment Hérode, avec la permission de César, accusa ses fils devant une assemblée de juges à Béryte ; et ce que Théron souffrit pour avoir usé d’une liberté de parole illimitée et militaire. Concernant également la mort des jeunes gens et leur ensevelissement à Alexandrie.
1. César se réconcilia alors avec Hérode et lui écrivit : « Il était peiné pour lui à cause de ses fils ; et que s’ils avaient commis des crimes profanes et insolents contre lui, il conviendrait de les punir comme parricides, ce pour quoi il lui en donnait le pouvoir ; mais s’ils avaient seulement réussi à s’enfuir, il lui demanderait de les avertir et de ne pas aller jusqu’au bout avec eux. » Il lui conseilla également de convoquer une assemblée et de désigner un lieu près de Béryte, [12] ville romaine, pour y prendre les présidents de Syrie, Archélaüs, roi de Cappadoce, et tous les autres qu’il jugerait illustres par leur amitié et les dignités qu’ils occupaient, et de décider ce qui serait fait avec leur approbation. » Tels furent les ordres que César lui donna. Hérode, dès que la lettre lui fut apportée, fut aussitôt très heureux de la réconciliation de César avec lui, et très heureux aussi d’avoir reçu une pleine autorité sur ses fils. Or, chose étrange, alors qu’auparavant, dans son adversité, bien qu’il s’était montré sévère, il n’avait pas été trop téméraire ni trop prompt à provoquer la mort de ses fils, il profita maintenant, dans sa prospérité, de ce changement favorable et de la liberté qu’il avait désormais, pour exercer contre eux sa haine d’une manière inouïe. Il envoya donc et convoqua à cette assemblée tous ceux qu’il jugea utiles, à l’exception d’Archiclaus ; car, lui, soit il le haïssait au point de ne pas l’inviter, soit il craignait qu’il ne fasse obstacle à ses desseins.
2. Lorsque les présidents et le reste de ceux qui appartenaient aux villes furent arrivés à Béryte, il garda ses fils dans un certain village appartenant à Sidon, appelé Platane, mais proche de cette ville, afin que s’ils étaient appelés, il pût les produire, car il ne jugea pas à propos de les amener devant l’assemblée. Et comme il y avait cent cinquante assesseurs présents, Hérode vint seul et accusa ses fils, et cela de telle manière que ce n’était pas une accusation mélancolique, et que ce n’était pas faite que par nécessité, et à cause des malheurs qu’il subissait ; Français en effet, d’une manière très indécente pour un père d’accuser ses fils, car il était très véhément et désordonné quand il en vint à la démonstration du crime dont ils étaient accusés, et donna les plus grands signes de passion et de barbarie : il ne voulut pas non plus permettre aux assesseurs de considérer le poids des preuves, mais les affirma comme vraies de sa propre autorité, d’une manière très indécente de la part d’un père contre ses fils, et lut lui-même ce qu’ils avaient eux-mêmes écrit, dans lequel il n’y avait aucune confession d’aucun complot ou complot contre lui, mais seulement comment ils avaient réussi à s’enfuir, et contenant en plus certains reproches contre lui à cause de la mauvaise volonté qu’il leur portait ; et quand il en vint à ces reproches, il cria plus que tout et exagéra ce qu’ils disaient, comme s’ils avaient avoué le projet contre lui, et prêté serment qu’il préférait perdre la vie plutôt que d’entendre de telles paroles de reproche. Finalement, il déclara qu’il avait l’autorité suffisante, de par sa nature et par l’autorisation de César, pour agir comme bon lui semblait. Il alléguait également une loi de leur pays, qui stipulait que si les parents portaient la main sur la tête de l’accusé, les assistants étaient obligés de lui jeter des pierres et de le tuer. Bien qu’il fût prêt à le faire dans son pays et son royaume, il attendait leur décision. Pourtant, ils n’étaient pas venus en tant que juges pour les condamner pour des desseins si manifestes contre lui, qui l’avaient presque fait périr par la faute de ses fils, mais comme des personnes ayant l’occasion de manifester leur aversion pour de telles pratiques, et de déclarer combien il était indigne pour quiconque, même le plus éloigné, de passer outre à de tels desseins perfides sans être puni.
3. Le roi ayant dit cela, et les jeunes gens n’ayant pas été présentés pour se défendre, les assesseurs comprirent qu’il n’y avait pas de place pour l’équité et la réconciliation, et confirmèrent son autorité. D’abord, Saturninus, un ancien consul et d’une grande dignité, prononça sa sentence, mais avec beaucoup de modération et de trouble ; il déclara qu’il condamnait les fils d’Hérode, mais qu’il ne pensait pas qu’ils fussent mis à mort. Il avait lui-même des fils, et mettre son fils à mort est un malheur plus grand que tout autre qui puisse lui arriver par leur intermédiaire. Après lui, les fils de Saturninus, car il avait trois fils qui le suivaient et étaient ses légats, prononcèrent la même sentence que leur père. Au contraire, la sentence de Volumnius était de punir de mort ceux qui avaient été si impies envers leur père ; et la plupart des autres dirent la même chose, de sorte que la conclusion semblait être que les jeunes gens étaient condamnés à mort. Aussitôt après, Hérode quitta Tyr et emmena ses fils à Tyr, où Nicolas le rencontra lors de son voyage depuis Rome. Après lui avoir raconté ce qui s’était passé à Béryte, il s’enquit de ses sentiments à l’égard de ses fils et de l’opinion de ses amis romains. Il répondit : « Ce qu’ils avaient décidé de te faire était impie, et tu dois les garder en prison. Si tu juges nécessaire de faire quelque chose de plus, tu peux les punir de manière à ne pas paraître plus céder à la colère que te gouverner par la justice. Mais si tu penches vers la douceur, tu peux les absoudre, de peur que tes malheurs ne deviennent incurables ; c’est aussi l’avis de la plupart de tes amis romains. » Hérode garda alors le silence, très pensif, et ordonna à Nicolas de partir avec lui.
4. Or, comme ils arrivaient à Césarée, tout le monde parlait des fils d’Hérode, et le royaume était en suspens, et le peuple dans une grande attente de ce qui allait advenir d’eux ; car une peur terrible s’emparait de tous les hommes, de peur que les anciens désordres de la famille ne prennent une triste fin, et ils étaient dans un grand trouble à cause de leurs souffrances ; et il n’était pas sans danger de dire une chose téméraire à ce sujet, ni même d’entendre quelqu’un d’autre le dire, mais la pitié des hommes était forcée de se renfermer en eux-mêmes, ce qui rendait l’excès de leur douleur très ennuyeux, mais très silencieux, et pourtant il y avait un vieux soldat d’Hérode, qui s’appelait Téron, qui avait un fils du même âge qu’Alexandre, et son ami, qui était si libre qu’il disait ouvertement ce que les autres pensaient silencieusement à ce sujet ; Il fut contraint de crier souvent au milieu de la foule, affirmant, sans la moindre réserve, que la vérité avait disparu et que la justice avait été enlevée aux hommes, tandis que le mensonge et la malveillance régnaient et jetaient un tel voile sur les affaires publiques que les coupables étaient incapables de percevoir les plus grands maux qui puissent arriver aux hommes. Malgré son audace, il ne semblait pas s’être préservé du danger en parlant si librement ; mais le caractère raisonnable de ses propos incita les gens à le considérer comme s’étant comporté avec beaucoup de courage, et ce au bon moment. C’est pourquoi chacun écouta ses paroles avec plaisir. Bien qu’ils aient d’abord veillé à leur propre sécurité en gardant le silence, ils reçurent avec bienveillance la grande liberté qu’il prenait ; car l’attente d’une si grande affliction les forçait à parler de Tero comme bon leur semblait.
5. Cet homme s’était présenté au roi avec la plus grande liberté et désirait lui parler seul à seul, ce que le roi lui permit. Il dit alors : « Puisque je ne suis pas capable, ô roi, de supporter une telle inquiétude, j’ai préféré cette liberté audacieuse que je prends maintenant, qui peut être à ton avantage, si tu désires en tirer profit, à ma propre sécurité. Où est passé ton intelligence, et ton âme vide ? Où est passée cette extraordinaire sagacité qui t’a permis d’accomplir tant d’actions glorieuses ? D’où te vient cette solitude et cet abandon de tes amis et de ta famille ? Je ne peux m’empêcher de penser qu’ils ne sont ni tes amis ni ta famille, tant qu’ils ferment les yeux sur une telle méchanceté dans ton royaume autrefois heureux. Ne comprends-tu pas ce qui se passe ? Veux-tu tuer ces deux jeunes hommes, nés de ta reine, qui sont accomplis dans toutes les vertus au plus haut degré, et te laisser ainsi démuni dans ton ancien royaume ? « Tu es vieux, mais exposé à un fils qui a très mal géré les espoirs que tu lui as donnés, et à des parents dont tu as si souvent décidé la mort ? Ne remarques-tu pas que le silence même de la multitude reconnaît le crime et l’abhorre ? Toute l’armée et les officiers ont pitié de ces pauvres malheureux jeunes gens et haïssent ceux qui sont les acteurs de cette affaire. » Le roi entendit ces paroles, et resta un moment de bonne humeur. Mais que dire ? Lorsque Téron évoqua ouvertement la mauvaise conduite et la perfidie de ses domestiques, il en fut ému ; mais Téron alla plus loin et usa peu à peu d’une liberté de parole militaire sans bornes, sans être assez discipliné pour s’adapter au moment. Hérode fut donc profondément troublé, et semblant plutôt se sentir réprimandé par ce discours que d’entendre ce qui était à son avantage, tout en apprenant que les soldats abhorraient ce qu’il entreprenait et que les officiers en étaient indignés, il ordonna que tous ceux que Téron avait nommés, et Téron lui-même, soient ligotés et gardés en prison.
6. Cela fait, un certain Tryphon, barbier du roi, saisit l’occasion et vint dire au roi que Téron l’avait souvent persuadé, lorsqu’il le rasait au rasoir, de lui trancher la gorge, afin de devenir ainsi l’un des principaux amis d’Alexandre et d’en recevoir de grandes récompenses. Après avoir dit cela, le roi ordonna que Téron, son fils et le barbier soient torturés, ce qui fut fait en conséquence. Mais tandis que Téron se tenait, son fils, voyant son père déjà dans un état critique et sans espoir de délivrance, et comprenant les conséquences de ses terribles souffrances, dit que si le roi le libérait, lui et son père, de ces tourments pour ce qu’il dirait, il dirait la vérité. Et après que le roi eut donné sa parole, il dit qu’il était convenu que Téron porterait les mains sur le roi, car il lui était facile de venir seul ; et que si, après avoir fait cela, il devait en subir la peine de mort, ce qui n’était pas improbable, ce serait un acte de générosité envers Alexandre. C’est ce que dit le fils de Téron, libérant ainsi son père de la détresse dans laquelle il se trouvait ; mais on ne sait pas s’il avait été ainsi contraint de dire la vérité, ou s’il s’agissait d’une machination de sa part, visant à le délivrer, lui et son père, de leurs misères.
7. Quant à Hérode, s’il avait auparavant douté du massacre de ses fils, il n’y avait plus de place dans son âme pour cela ; mais il avait banni tout ce qui pouvait lui donner la moindre idée de ce qu’il pouvait penser de mieux à ce sujet, aussi se hâta-t-il de mener à bien son projet. Il fit sortir trois cents officiers accusés, ainsi que Théron et son fils, et le barbier qui les avait accusés devant une assemblée, et porta plainte contre eux tous. La foule les lapida avec tout ce qui lui tombait sous la main, et les tua ainsi. Alexandre et Aristobule furent également conduits à Sébaste, sur l’ordre de leur père, et y furent étranglés ; mais leurs corps furent transportés pendant la nuit à Alexandraum, où leur oncle maternel et la plupart de leurs ancêtres avaient été déposés.
8. [13] Et maintenant, peut-être ne semblera-t-il pas déraisonnable à certains qu’une haine aussi invétérée puisse s’accroître à tel point [des deux côtés], qu’elle aille plus loin et triomphe de la nature ; mais il peut être juste de considérer si l’on doit imputer aux jeunes hommes d’avoir donné une telle occasion à la colère de leur père, de l’avoir poussé à faire ce qu’il a fait, et d’avoir, en persistant longtemps dans la même voie, rendu les choses irrémédiables, et de l’avoir amené à les utiliser si impitoyablement ; ou si l’on doit imputer au père d’avoir été si dur de cœur,d si tendre dans le désir du gouvernement et des autres choses qui tendraient à sa gloire, qu’il ne voulait prendre personne en association avec lui, afin que tout ce qu’il aurait fait lui-même pût rester immobile ; ou, en effet, si la fortune n’a pas plus de pouvoir que tous les raisonnements prudents ; d’où nous sommes persuadés que les actions humaines sont déterminées d’avance par une nécessité inévitable, et nous l’appelons Destin, parce qu’il n’y a rien qui ne soit fait par elle ; c’est pourquoi je suppose qu’il suffira de comparer cette notion avec cette autre, qui nous attribue quelque chose et ne rend pas les hommes insensibles aux différentes conduites de leur vie, laquelle notion n’est autre que la détermination philosophique de notre ancienne loi. Français En conséquence, des deux autres causes de ce triste événement, n’importe qui peut rejeter la faute sur les jeunes hommes, qui ont agi par vanité juvénile et par fierté de leur naissance royale, pour supporter d’entendre les calomnies qui ont été élevées contre leur père, alors qu’ils n’étaient certainement pas des juges équitables des actions de sa vie, mais mal intentionnés dans leurs soupçons, et intempérants dans leurs propos, et pour les deux raisons facilement attrapés par ceux qui les observaient, et les dénonçaient pour gagner leur faveur ; pourtant leur père ne peut pas être considéré comme une excuse valable, quant à cette horrible impiété dont il s’est rendu coupable à leur égard, alors qu’il a osé, sans aucune preuve certaine de leurs desseins perfides contre lui, et sans aucune preuve qu’ils avaient fait des préparatifs pour une telle tentative, tuer ses propres fils, qui étaient de très beaux corps et les grands chéris des autres hommes, et ne manquaient en rien de leur conduite, que ce soit à la chasse, ou dans les exercices de guerre, ou dans les discussions sur des sujets de conversation occasionnels ; Français car en tout cela ils étaient habiles, et surtout Alexandre, qui était l’aîné ; car il avait certainement suffi, même s’il les avait condamnés, de les garder en vie dans les chaînes, ou de les laisser vivre loin de ses domaines en exil, pendant qu’il était entouré par les forces romaines, qui étaient pour lui une forte sécurité, dont l’aide lui éviterait quoi que ce soit par une attaque soudaine ou par la force ouverte ; mais pour lui, les tuer subitement afin de satisfaire une passion qui le gouvernait, était une démonstration d’impiété insupportable. Lui aussi était coupable d’un si grand crime dans sa vieillesse ; et les retards qu’il a causés, et la longueur du temps pendant lequel l’affaire a été commise, ne plaideront en aucune façon pour son excuse ; car lorsqu’un homme est soudainement étonné et dans un trouble d’esprit, et commet ensuite une action mauvaise, bien que ce soit un crime grave, c’est une chose qui arrive néanmoins fréquemment ; Mais le faire délibérément, après de fréquentes tentatives et de fréquents reports, pour finalement l’entreprendre et l’accomplir, était l’acte d’un esprit meurtrier, difficile à détourner du mal. Et ce tempérament, il le manifesta par la suite.lorsqu’il n’épargnait pas ceux qui semblaient les plus aimés de ses amis restés. Bien que la justice du châtiment ait fait que ceux qui périrent furent les moins plaints, la barbarie de cet homme était égale en ce qu’il ne s’abstint pas non plus de les tuer. Nous reviendrons plus tard sur ces personnes.
Livre XV — De la mort d'Antigone à l'achèvement du Temple par Hérode | Page de titre | Livre XVII — De la mort d'Alexandre et d'Aristobule au bannissement d'Archélaüs |
16.1a Nous pouvons observer ici l’ancienne pratique des Juifs, de consacrer le jour du sabbat, non pas à l’oisiveté, mais à l’apprentissage de leurs rites sacrés et de leurs coutumes religieuses, et à la méditation de la loi de Moïse ; semblable à celle que nous rencontrons ailleurs chez Josèphe également contre Apion, BI sect. 22. ↩︎
16.2a Cet intervalle de dix ans pour la durée du gouvernement de Marcus Agrippa en Asie semble être vrai et conforme à l’histoire romaine. Voir les Annales d’Usher à AM 3392. ↩︎
16.3a Bien qu’Hérode ait rencontré Auguste à Aquilée, cette accusation de ses fils fut différée jusqu’à leur arrivée à Rome, comme nous l’assure la sect. 3, et comme nous en sommes particulièrement informés dans l’Histoire de la guerre, BI ch. 23. sect. 3 ; bien que ce qu’il dit ici appartenait distinctement à Alexandre, le frère aîné, je veux dire son amenagement à Rome, soit ici justement étendu aux deux frères, et cela non seulement dans nos copies, mais aussi dans celle de Zonaras ; il n’y a pas de raison de douter qu’ils n’étaient pas tous deux présents à cette audience solennelle d’Auguste, bien que la défense ait été faite par Alexandre seul, qui était le frère aîné, et quelqu’un qui pouvait très bien parler. ↩︎
16.5a Voir Jean 2:20. Voir aussi un autre discours d’Hérode aux jeunes hommes qui ont abattu son aigle royal de la façade du temple, où il remarque comment la construction du temple lui a coûté une somme énorme ; et que les Asamonéens, au cours de ces cent vingt-cinq années où ils ont détenu le gouvernement, n’ont pas été capables d’accomplir une œuvre aussi grande, à l’honneur de Dieu, que celle-ci, Antiq. B. XVII. ch. 6. sect. 3. ↩︎
16.6a Le Dr Hudson nous donne ici les paroles de Suétone concernant cette Nicopolis, lorsqu’Auguste la reconstruisit : « Et afin que le souvenir de la victoire d’Actium puisse être davantage célébré par la suite, il construisit Nicopolis à Actium, et ordonna que des spectacles publics y soient présentés tous les cinq ans. » En août, sect. 18. ↩︎
16.7a Auguste appelle ici Jules César son père, bien qu’il ne fût que son oncle de naissance, en raison de son adoption par lui. Voir le même Antiq. B. XIV. ch. 14. sect. 4. ↩︎
16.8a C’est là une preuve authentique que les Juifs, au temps d’Auguste, commencèrent à se préparer à la célébration du sabbat à la neuvième heure du vendredi, comme la tradition des anciens le leur demandait, semble-t-il, alors. ↩︎
16.9a La partie restante de ce chapitre est remarquable, car elle distingue justement la justice naturelle, la religion et la morale des institutions positives dans tous les pays, et préfère évidemment la première à la seconde, comme l’ont toujours fait les vrais prophètes de Dieu sous l’Ancien Testament, et le Christ et son Nouveau ; d’où Josèphe semble avoir été à cette époque plus proche du christianisme que ne l’étaient les scribes et les pharisiens de son époque ; qui, comme nous le savons par le Nouveau Testament, étaient d’une opinion et d’une pratique entièrement différentes. ↩︎
16.11a Ces coprésidents de Syrie, Saturninus et Volumnius, n’étaient peut-être pas d’une autorité égale, mais ce dernier ressemblait à un procurateur sous le premier, comme le déterminent les très savants Noris et Pagi, et avec eux le Dr Hudson. ↩︎
16.12a Cet Arétas était devenu un nom si établi pour les rois d’Arabie, [à Pétra et à Damas,] que lorsque la couronne revint à cet Énée, il changea son nom en Arétas, comme Havercamp le remarque ici à juste titre. Voir Antiq. B. XIII. ch. 15. sect., 2. ↩︎
16.13a Ce serment, par la fortune de César, fut imposé à Polycarpe, évêque de Smyrne, par le gouverneur romain, pour vérifier s’il était chrétien, comme on estimait alors ceux qui refusaient de prêter ce serment. Martyr. Polycarpe, sect. 9. ↩︎
16.14a Ce que Josèphe rapporte ici, selon lequel Auguste aurait dit que Béryte était une ville romaine, est confirmé par les notes de Spanheim : « C’était, dit-il, une colonie établie là par Auguste. D’où Ulpien, De Gens. bel. LT XV. La colonie de Béryte fut rendue célèbre par les bienfaits de César ; et c’est de là que, parmi les monnaies d’Auguste, on en trouve certaines portant cette inscription : L’heureuse colonie d’Auguste à Béryte. » ↩︎
16.15a Le lecteur doit ici noter que cette huitième section manque entièrement dans l’ancienne version latine, comme Spanheim l’observe à juste titre ; et il n’y a pas d’autre raison à cela, je suppose, que la grande difficulté d’une traduction exacte. ↩︎