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Alors chacun des deux princes céda l’empire à l’autre, et Son Auguste Ohoke le céda finalement à son frère cadet, Son Auguste Woke, en disant : « Si Ton Auguste n’avait pas révélé nos noms lorsque nous résidions dans la maison de Shizhimu à Harima, nous ne serions jamais parvenus à devenir les seigneurs de l’empire. C’est en grande partie grâce à l’acte de Ton Auguste. Ainsi, bien que je sois le frère aîné, que Ton Auguste règne sur l’empire en premier. » — et sur ces mots, il céda avec insistance sa prétention. Ainsi, ne pouvant refuser, Son Auguste Woke gouverna l’empire en premier.
Son auguste Woke-no-ihasu-wake résida au palais de Chika-tsu-Asuka, [^2384] et régna sur l’Empire pendant [ p. 417 ] huit ans. Le Souverain Céleste épousa la Reine de Naniha, [^2385] fille du Roi d’Ihaki. [^2386] Il n’eut pas d’enfants. Au moment où ce Souverain Céleste recherchait les ossements augustes du Roi son père, le Roi Ichinobe, [^2387] une pauvre vieille femme vint du pays d’Afumi [au palais] et dit : « L’endroit où sont enterrés les ossements augustes du prince m’est particulièrement bien connu, [^2388] et de plus [son squelette] peut être reconnu à ses dents augustes. » (Ses dents augustes étaient des dents inégales comme un lys.) Alors on se mit à creuser le sol et à chercher les os augustes ; et les os ayant été immédiatement obtenus, un mausolée auguste fut construit sur la montagne à l’est du Moor de Kaya, et ils furent enterrés, et les enfants de Kara-fukuro furent chargés de garder l’auguste mausolée. Ensuite, les os augustes furent transportés vers la Capitale. De retour à la Capitale, le Souverain Céleste fit venir la vieille femme, la félicita d’avoir, sans l’oublier, gardé ce lieu à l’esprit, et lui conféra le nom de la Vieille Femme Oki-me : [1] ainsi il la fit venir au palais et daigna la traiter avec une profonde et large bonté. Il construisit donc une maison pour la vieille femme, à proximité du palais, et la fit venir chaque jour. Il accrocha donc une cloche à la porte du grand hall et la sonna systématiquement pour appeler la vieille femme. Il composa alors un chant auguste. Ce chant disait :
« Oh ! la cloche lointaine tinte lorsqu’elle a dépassé la lande avec ses eulalies basses et la petite vallée. Oh ! Oki-me doit arriver ! » [2]
La vieille femme dit alors : « Je suis très âgée, [335] [ p. 418 ] et je voudrais retourner dans mon pays natal. » Lorsque le Souverain céleste la laissa partir comme elle le demandait, il la salua et chanta en disant :
« Ah Okime ! Okime d’Afumi ! À partir de demain, tu seras caché derrière les montagnes profondes, et hélas ! invisible ! » [3]
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Le Souverain Céleste rechercha le vieux berger qui s’était emparé de ses augustes provisions au moment où il rencontrait l’adversité et fuyait. [4] L’ayant retrouvé, il le fit venir à la Capitale, le décapita dans le lit [5] de la rivière Asuka, [6] et coupa les tendons des genoux de tous ses proches. C’est pourquoi, jusqu’à présent, ses descendants, le jour où [7] ils [285] montent à Yamato, boitent toujours d’eux-mêmes. Ainsi, la demeure de cet homme avait été bien vue et devinée. [8] C’est pourquoi le lieu fut nommé Shimesu. [9]
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Le Souverain Céleste, haïssant profondément le Souverain Céleste Oho-hatsuse, qui avait tué le Roi son père, souhaitait se venger de son esprit. [10] Alors que, voulant détruire l’auguste mausolée du Souverain Céleste Oho-hatsuse, il [était sur le point] d’envoyer des gens [pour exécuter ce dessein], son frère aîné, Son Auguste Ohoke, s’adressa à lui, disant : « Pour démolir cet auguste mausolée, tu ne devrais pas envoyer d’autres personnes. Personne d’autre que moi n’ira, et je le démolirai selon le cœur auguste du Souverain Céleste. » [11] Alors le Souverain Céleste ordonna : « Avance donc, selon ton décret. » [12] C’est pourquoi Son Auguste Ohoke, étant descendu lui-même, creusa légèrement le côté de l’auguste mausolée, et remonta [à la capitale], et rapporta qu’il l’avait déterré et démoli. Alors le Souverain Céleste, étonné de la rapidité de son retour, demanda comment il l’avait démoli. Il répondit en disant : « J’ai légèrement creusé la terre à côté de l’auguste mausolée. » Le Souverain Céleste dit : « Souhaitant me venger de l’ennemi du Roi notre père, j’avais compté sur la démolition complète du mausolée. Pourquoi l’as-tu [seulement] légèrement creusé ? » Il répondit en disant : [337] « La raison pour laquelle je l’ai fait était que le désir de me venger de l’esprit de l’ennemi du Roi notre père est vraiment juste. Néanmoins, le Souverain Céleste Oho-hatsuse, bien qu’il fût l’ennemi de notre père, était toujours notre oncle, et de plus était un Souverain Céleste qui dirigeait l’Empire. Si donc, simplement parce qu’il a été l’ennemi de notre père, nous devions démolir le mausolée d’un Souverain Céleste qui régnait sur l’Empire, les générations futures nous insulteraient certainement. En attendant, les torts du Roi notre père ne doivent pas rester impunis. J’ai donc légèrement creusé le côté du mausolée. Cette insulte suffira comme témoignage pour les siècles à venir. » S’adressant ainsi à lui, le Souverain Céleste dit : « Ceci aussi est très juste, qu’il en soit ainsi. »
Ainsi mourut le Souverain Céleste, et Son Auguste Ohoke régna sur la succession du Soleil Céleste. [13] Les années augustes du Souverain Céleste furent de trente-huit [ p. 422 ] ans. Son mausolée auguste se trouve sur le tertre d’Ihatsuki à Katawoka. [14]
417:4 Qui avait été traîtreusement tué par l’empereur Yū-riyaku (voir Sect. CXLVIII). ↩︎
417:5 C’est-à-dire, dit Motowori, « c’est moi qui le sais, et personne d’autre ne le sait. » ↩︎
417:6 Le caractère utilisé est , qui s’applique davantage à la levée de troupes qu’à la mise au travail des paysans. Il semble cependant être utilisé ici dans ce dernier sens ; ou peut-être devrions-nous considérer qu’il signifie que des gens se sont rassemblés. ↩︎
417:7 Voir Sect. CXLVIII, Note 3. Il est possible que la « montagne à l’est » soit un nom propre, — Montagne de l’Est, — mais elle n’est pas considérée comme telle par Motowori. ↩︎
417:8 Voir Sect. CXLVIII, Note 1. ↩︎
417:9 C’est-à-dire, « garder un œil ». q.d., sur le lieu de sépulture du père de l’empereur. La grammaire nous amènerait à penser que l’ordre des mots formant le nom serait inversé ainsi : Mo-oki ; mais voir les remarques de Motowori dans le vol. XLIII, p. 56. ↩︎
417:10 Cette chanson n’est compréhensible qu’en se référant au texte des « Chroniques », dont l’auteur donne une version quelque peu différente de l’histoire. Il nous dit que, pour soutenir la vieille dame infirme, l’Empereur avait une corde tendue comme une sorte d’appui-main le long du chemin qu’elle était obligée d’emprunter pour atteindre les appartements impériaux, et qu’au bout de la corde se trouvait une cloche dont le tintement avertissait l’Empereur de son approche. L’exclamation conjecturale qui termine le petit poème a donc un sens évident, qui manquerait si la cloche était à l’autre bout, comme dans la version donnée ici ; car l’Empereur n’exprimerait pas sa surprise à son approche, s’il venait lui-même de sonner pour qu’elle vienne. — « Lointain » est une tentative imparfaite de représenter le Mot-Oreiller momo-dzutafu, qui fait ici allusion aux étapes p. 419 que la vieille femme est censée suivre. La vallée et la lande envahies par l’herbe courte font allusion au chemin, long et ardu pour elle, qu’Oki-me a dû parcourir pour atteindre les appartements impériaux, et elles contiennent peut-être une autre allusion à son voyage initial vers la capitale. ↩︎
417:11 Le sens de cette chanson est très clair. — La deuxième fois que le nom Oki-me apparaît, il pourrait, au lieu d’être pris comme une exclamation, comme ici, devenir le sujet de la phrase, ainsi : « Oki-me d’Afumi viendra demain, etc. » Les mots « wilt [thou] », qui représentent le ka du japonais original, peuvent être pris soit comme une exclamation proprement dite, soit comme une sorte d’interrogation rhétorique dont la force est simplement exclamative. Le sens est le même dans les deux cas, et est littéralement rendu par les mêmes mots anglais ; mais selon cette dernière interprétation, il faudrait remplacer le point d’exclamation par un point d’interrogation. ↩︎
419:1 p. 419 Voir Sect. CXLIX. ↩︎
419:2 Motowori voudrait que nous comprenions le texte comme signifiant « dans le voisinage de la rivière ». Il n’y a cependant aucune difficulté à accepter littéralement la déclaration de l’auteur, comme l’admettra volontiers quiconque connaît les larges lits pierreux des rivières japonaises. ↩︎
419:3 p. 420 Asuki-gaka. Pour le sucre, voir Sect. CXXXIII. Note ↩︎
419:4 C’est-à-dire, probablement « chaque fois que ». ↩︎
419:5 C’est-à-dire, « découvert par augure », ou bien simplement « trouvé et signalé », — par qui n’apparaît pas. ↩︎
419:6 L’étymologie réelle de ce nom est obscure, mais l’intention de l’auteur est de le relier à la « division » ou à la « mise en évidence » mentionnée dans la phrase précédente, qui est donnée phonétiquement comme [mi] shimeki. ↩︎