[ p. 407 ]
Le jour de ce festin copieux, le Souverain Céleste, lorsque la Princesse Wodo de Kasuga [^2351] lui présenta la grande auguste liqueur, chanta de nouveau en disant :
« Oh ! la fille du grand seigneur tenant l’excellent flacon ! Si tu tiens l’excellent flacon, tiens-le fermement ! Tiens-le fermement, de plus en plus fermement, enfant tenant l’excellent flacon. » [^2352]
C’est une chanson de la Coupe. [^2353] La princesse Wodo présenta ensuite [326] une chanson. Cette chanson disait :
« Si seulement j’étais toi, la planche inférieure de l’accoudoir sur lequel notre grand seigneur, qui gouverne tranquillement, s’appuie le matin, s’appuie le soir ! Oh ! mon frère aîné ! » [^2354]
C’est une chanson calme.
[ p. 408 ] [327]
Les années augustes du Souverain Céleste furent cent vingt-quatre. Son mausolée auguste se trouve à Takawashi, dans le district de Tajihi [^2355], à Kafuchi.
[ p. 409 ]
Son auguste Shiraka-no-oho-yamato-ne-ko résidait au palais de Mikakuri à Ihare, [^2356] et régnait sur l’Empire. Ce souverain céleste n’avait ni impératrice, ni enfants augustes. Le clan Shiraka [1] fut donc établi comme son auguste mandataire. Après le décès du souverain céleste, il n’y eut plus de roi pour gouverner l’Empire. Dès lors, après une recherche de roi pour la succession du soleil, Oshinumi-no-iratsume, [2] également connu sous le nom de princesse Ihi-toyo, sœur cadette du prince Ichinobe-oshiha-wake, [3] résidait au palais de Tsunusashi à Takaki, dans la préfecture d’Oshinumi, dans le Kadzuraki. [^2360]
Alors Wodate, chef du clan de la montagne [^2361], lorsqu’il fut nommé gouverneur du pays de Harima, arriva juste à [ p. 410 ] [328] [le moment] d’une réjouissance pour la nouvelle grotte d’un habitant appelé Shizhimu. [4] Là-dessus, lorsque le festin et la boisson furent à leur comble, ils dansèrent tous à tour de rôle. Alors deux jeunes enfants [5] [employés] pour allumer le feu s’assirent près du fourneau. [6] Ces jeunes enfants furent obligés de danser. Alors l’un des jeunes enfants dit : « Toi, le frère aîné, danse en premier. » Le frère aîné dit de même : « Toi, le frère cadet, danse en premier. » Lorsqu’ils se soumirent ainsi l’un à l’autre, les gens réunis rirent de leur manière de se soumettre. [7] Alors enfin le frère aîné dansa, [et quand il eut] terminé, le plus jeune, au moment de danser, chanta en disant :
« Sur les bambous des pentes des montagnes, derrière lesquels se cachent dès leur apparition l’épée de mon compagnon de guerre, dont la poignée était barbouillée de terre rouge, dont la corde était coupée de tissu rouge, et ses drapeaux rouges qui étaient hissés ! — Descendants misérables du roi Ichinobe-no-oshiha, auguste enfant du souverain céleste Izaho-wake, qui dirigea l’Empire comme s’il coupait les racines des bambous et en courbait les extrémités, et comme s’il jouait sur un luth à huit cordes ! » [8]
[329] Alors, aussitôt, le chef Wodate, sursautant au son [de ces mots], et roulant hors de son lit, [9] chassa les gens de la caverne ; et après avoir placé les deux [10] princes [l’un] sur son genou gauche et [l’autre] sur son genou droit et avoir pleuré et se lamenté, il rassembla le peuple, et après avoir construit un palais temporaire, et installé [les deux princes] [ p. 411 ] pour y habiter, il envoya un courrier [à la capitale]. Là-dessus, leur tante, la reine Ihi-toyo, ravie d’apprendre [la nouvelle], les fit monter au palais.
[ p. 412 ] [330]
Alors que le gouvernement de l’Empire était sur le point d’être assumé, [12] le Grand Shibi, [13] ancêtre des Grands de Heguri [14], se mêla aux Chants et prit la main de la belle personne que Son Auguste Éveillé allait épouser. Cette jeune fille était la fille d’un des Chefs d’Uda, [15] et s’appelait Ofuwo. [16] Son Auguste Éveillé se mêla alors également aux Chants-Hedge. [17] Sur ce, le Grand Shibi chanta :
(iv) « L’aileron le plus éloigné du toit du grand palais est courbé vers le bas à l’angle. » [18]
Lorsqu’il eut ainsi chanté et demandé la conclusion [ p. 413 ] de la chanson, Son Auguste Réveillée chanta en disant :
(v) « C’est à cause de la maladresse du grand charpentier qu’il est courbé au coin. » [^2377]
Alors le Grand Shibi chanta à nouveau en disant :
(viii)« Le grand seigneur, en raison de la magnanimité de son cœur, n’entre pas et ne se tient pas dans la haie octuple de branches de l’enfant d’un grand. » [19]
Là-dessus, le prince chanta de nouveau, en disant :
(i) « En regardant les vagues déferlantes du courant saumâtre, je vois mon épouse debout près de la nageoire du thon qui s’élance. »
Alors le Grand Shibi, de plus en plus en colère, chanta en disant :
(ix) « [Bien que] la haie octuple de branches du Prince le Grand Seigneur soit fixée à huit endroits, fixée tout autour, c’est une haie qui sera coupée, c’est une haie qui sera brûlée. » [20]
Alors le prince chanta de nouveau en disant :
(ii) « Ô pêcheur qui harponnes le thon, le grand poisson ! Sa présence doit te rendre triste, pêcheur harponneur ! » [21]
Après avoir ainsi chanté, le festin fut terminé à l’aube, [332] et tous se retirèrent. Le lendemain matin, les deux divinités, [22] Son Auguste Ohoke et Son Auguste Woke, tinrent conseil, disant : « Tous les gens de la Cour se rendent à la Cour le matin et se rassemblent à la porte de Shibi à midi. Ainsi, [23] Shibi doit sûrement dormir maintenant, et, [ p. 414 ] [333] de plus, il n’y aura personne à la porte. Donc, si ce n’était pas maintenant, il serait difficile de comploter contre lui », [24] — et aussitôt ils levèrent une armée, assiégèrent la maison du Grand Shibi et le tuèrent.
[ p. 415 ]
[^2356] : 407:1 Kasuga no Wodo-hime. Voir sect. CLIX. Remarque I.
[^2360] : 408 : 1 Pour Tajihi, voir Sect. CXXXII, note 4. Tawashi signifie « grand aigle ».
[^2361] : 409 : 1a Pour Ihare, voir Sect. XLIII, note 26. Mika-kuri signifie « pot-châtaigne ».
[^2377] : 412:4 Heguri no omi. Conf. Secte. LXI, note 45.
407:2 Cette chanson est simplement une injonction réitérée et enjouée à la jeune fille de tenir fermement le flacon contenant la boisson enivrante ; et Motowori, comme le remarque Moribe, met plus dans les mots qu’ils ne sont réellement censés transmettre, lorsqu’il dit qu’ils impliquent des éloges de la part du monarque. Les mots anglais « grandee’s daughter » représentent le japonais omi no omina, une expression assez remarquable, qui est interprétée par Motowori comme signifiant « jeune fille servante ». Le traducteur préfère le point de vue proposé dans le commentaire de Moribe sur cette chanson, et l’a donc adopté. Français L’expression est dans l’original précédée du mot-oreiller intraduisible minasossoku (Moribe lit la dernière syllabe avec le nigori, —gu). Le mot rendu par « excellent flacon » est ho-dari, le premier élément du composé étant expliqué par les commentateurs dans le sens d’« excellent », c’est-à-dire « grand », tandis que le second est le même que le mot moderne taru, « un tonneau ». Dans les temps anciens, cependant, la signification de tari ou taru était celle d’un récipient pour verser de l’alcool, et non p. 408 pour y conserver de l’alcool, c’est-à-dire un flacon, et non un tonneau. Les mots « assez fermement, de plus en plus fermement » représentent le japonais shita-gataku ya-gataku selon l’exégèse de Moribe. L’interprétation de Motowori dans le sens de « [prendre le] fond fermement et le haut fermement » est moins acceptable. ↩︎
407:3 C’est ainsi que l’éditeur de 1687, suivi par Moribe, comprend l’expression originale uki-uta. L’interprétation de Motowori, « Chant flottant », semble moins bonne. ↩︎
407:4 La jeune fille du Souverain est si amoureuse qu’elle voudrait bien être la planche de l’accoudoir sur lequel il s’appuie. — L’expression « planche inférieure » est trompeuse, car elle se réfère simplement au fait évident que la planche formant le dessus de la petite table basse utilisée comme accoudoir par quelqu’un accroupi sur sa natte se trouve sous l’accoudoir, dont elle sert de support. Les mots « se tient appuyé » doivent probablement être compris comme signifiant « s’assied » ou « s’accroupit appuyé ». L’expression « notre grand seigneur qui gouverne tranquillement » est une périphrase fréquente pour le mot « Empereur », et a été expliquée dans la Sect. LXXXVII, Note 4. Les mots « au matin » et « à la veille » sont littéralement dans l’original « aux portes du matin » et « aux portes du soir », la référence étant au fait que les portes d’une maison sont respectivement ouvertes et fermées au petit matin et à la tombée de la nuit. L’exclamation « Oh ! mon frère aîné » est adressée au panneau de l’accoudoir. Conf. la première chanson de la secte LXXXIX, où Yamato-take apostrophe un pin dans les mêmes termes. ↩︎
409:2 Shiraka-be. ↩︎
409:3 Dans la Sect. CXXXI (Note 7), ce nom apparaît sous la forme Awomi-no-iratsume. Awomi et Oshinumi sont tous deux supposés être des noms de lieux. Ce dernier est le nom d’un district du Yamato. Son étymologie est obscure. Pour Ihi-toyo, voir Sect. CXXXI, Note 8. ↩︎
409:4 Voir Sect. CXXXI (Note 5), où cependant le titre de wake (« Seigneur ») est omis. ↩︎
409:5 Pour Kadzuraki, voir Sect. LV, Note 1, et pour Oshinumi, voir Note 3 de la présente Sect. Takaki semble signifier « haut château », tandis que Tsunusashi est obscur. (Voir les remarques de Motowori sur ces deux noms dans le Vol. XLIII, p. 3 de son Commentaire.) ↩︎
409:1b Yama-be no murazhiwodate. Yama-be est déjà apparu. Wo-date signifie « petit bouclier ». ↩︎
410:2 Pour ce nom, voir Sect. CXLIX, Note 5. Une fête similaire à l’inauguration d’une nouvelle grotte est mentionnée dans la Sect. LXXX. ↩︎
410:3 Les vaines tentatives de Motowori pour réconcilier les dates avec cette déclaration selon laquelle les princes Ohoke et Woke étaient de « jeunes enfants » à cette époque, après un intervalle de deux règnes depuis la mort de leur père, se trouvent dans le vol. XLIII, pp. 10-11, de son Commentaire. ↩︎
410:4 C’est-à-dire, comme le supposent les commentateurs, un endroit ou un récipient contenant une lumière pour allumer d’autres lumières pour la fête. Le mot peut difficilement avoir ici sa signification courante de « cuisinière ». ↩︎
410:5 C’est-à-dire, du fait qu’ils sont si courtois l’un envers l’autre. ↩︎
410:6 Ce soi-disant « chant », qui n’est pas une chanson, car il n’est pas métrique et n’est donc pas transcrit syllabiquement, est à première vue si difficile qu’il semble défier la traduction et oblige l’étudiant à appliquer à l’ensemble de son interprétation la remarque finale de Motowori sur son exégèse d’une des phrases qu’il contient : « ce n’est qu’une conjecture, et le texte exige un examen plus approfondi. » Un bref examen montre cependant que le sens des mots n’est en aucun cas aussi impénétrable que sa transcription en partie idéographique et en partie phonétique le laisse paraître. La première partie, jusqu’aux deux points et au tiret, est une « préface » de la seconde, le « pivot » reliant les deux parties dans l’original japonais étant le mot « bambous ». Les lois de la construction anglaise ne permettent malheureusement pas de traduire dans notre langue la force de l’original, qui dépend entièrement de la position des mots. La pertinence de la préface du chant repose sur le fait que les objets brillants qui y sont mentionnés, à savoir l’épée peinte et décorée de banderoles rouges (ou peut-être attachée par une ceinture rouge) ainsi que les bannières rouges, sont facilement dissimulés derrière les épaisses feuilles d’une bambouseraie, tout comme l’origine impériale des deux jeunes princes était dissimulée sous la fonction ignoble qu’ils remplissaient dans la maison de Shizhimu. La principale difficulté réside dans la phrase « couper les racines des bambous et en courber les extrémités ». En effet, le mot « racines » est fourni par Motowori, et son interprétation de l’expression n’est que provisoire. On peut cependant, p. 412, en attendant une meilleure explication, y voir une référence à la manière énergique avec laquelle l’Empire était gouverné par le grand-père des jeunes princes, l’empereur Izaho-wake (i-chiū), ou peut-être par leur père Ichinobe-no-Oshiha. C’est cette dernière interprétation qui est privilégiée par Motowori, bien que, selon l’histoire, Ichinobe-no-oshiha ne soit jamais monté sur le trône. La position du verbe « gouverner » dans le texte japonais autorise les deux interprétations. La comparaison du gouvernement de l’Empire avec le jeu du luth est poétique et appropriée. Il convient de noter que, dans le texte japonais, la construction de la phrase formant le corps principal du chant est à l’inverse de ce qu’elle est présentée dans la traduction. Les mots « descendants mendiants », par lesquels, en point d’orgue, le chanteur révèle sa descendance illustre et celle de son frère, viennent donc en dernier et produisent sur Wodate l’effet saisissant que nous lisons dans la phrase suivante. ↩︎
410:7 Ou, « siège ». Dans les temps anciens, chaque personne dans une pièce s’asseyait sur un tapis spécial, et c’est ce petit tapis qui est ici visé. ↩︎
410:8 Le chiffre est accompagné de l’auxiliaire hashira, utilisé proprement pour les dieux et les déesses. ↩︎
412:1 p. 414 L’étudiant devrait comparer la version de l’histoire dans cette Secte avec celle donnée dans les « Chroniques du Japon », où elle est située quelques années plus tard, au début du règne de l’empereur Mu-retsu, et non seulement de nombreux détails divergent, mais la disposition et le nombre des Chants sont différents. Il est impossible de tirer un tout cohérent de l’histoire telle qu’elle est donnée ici ; aussi, tout en remarquant les particularités linguistiques de chacun des Chants dans l’ordre dans lequel ils apparaissent dans le présent texte, le traducteur a jugé opportun, à la suite de Moribe, de donner dans la Note 12 un schéma d’interprétation cohérent pour l’ensemble. Les petits chiffres romains placés entre parenthèses au début de chaque Chant indiquent sa place dans le texte tel que restauré par Moribe. ↩︎
412:2 Par l’un ou l’autre des deux princes Ohoke et Woke. « Chacun », nous dit-on plus tard, « céda l’Empire à l’autre », et il resta donc quelque temps incertain lequel serait le souverain. ↩︎
412:3 Shibi no omi. Dans certains des chants qui suivent, on trouve un jeu de mots entre ce nom et celui du thon (shibi). Il est difficile de déterminer s’il s’agit bien de cette origine. ↩︎
412:5 Uda no obito-ra. Uda est le nom d’un lieu à Yamato. ↩︎
412:6 C’est-à-dire, « gros poisson ». Mais voir la remarque sur ce nom dans la note 12. ↩︎
412:7 Uta-gaki. L’origine de cette curieuse expression est controversée ; mais sa signification semble être « chant strophique » ou « chant choral », ou encore « lieu où se déroule un chant auquel participent plusieurs personnes ». ↩︎
412:8 Dans cette chanson, le « fin supplémentaire » (woto tsu hata-de, expliqué par les caractères ou
est censé signifier un toit en appentis, ou l’avant-toit du toit, ou encore une dépendance reliée par un toit en pente au bâtiment principal. Le « grand palais » est le palais du prince Woke. ↩︎
413:9 Le « grand charpentier » est le charpentier employé pour construire le toit mentionné ci-dessus. ↩︎
413:10 La « haie octuple de branches » est simplement une « haie », et « l’enfant d’un grand » le Grand Shibi lui-même. ↩︎