Le nom original de Nander était Nau Nand Dehra, car on dit que neuf rikhis y résidaient à l’époque préhistorique. On suppose qu’elle occupe le site de l’ancienne cité de Tagara décrite par l’auteur du Périple de la mer Érythrée. Au milieu du IVe siècle, c’était encore un lieu important et la capitale d’un petit royaume. « Ses fortifications ont été démantelées depuis longtemps ou ont disparu avec le temps ; et il ne reste plus aucune trace d’édifices anciens, à l’exception de quelques piliers de temples anciens conservés dans une petite mosquée près de la cour du sous-collecteur. Le pays est jalonné de vallons et de collines le long de la Godavari, qui coule lentement. »
Le gourou arriva à Nander, en Sawan (juillet-août 1707), avec quelques fantassins et deux ou [ p. 237 ] trois cents cavaliers armés de lances. Il se rendit à la hutte de Madho Das, un ermite Bairagi. Trouvant le Bairagi absent et apprenant qu’il possédait une telle habileté en magie qu’il pouvait renverser quiconque s’asseyait sur son divan, le gourou s’y installa et s’y sentit comme chez lui. Il tua une chèvre du Bairagi, en cuisina et en mangea la chair. Un disciple alla informer le Bairagi des agissements du gourou. Tuer un animal sur le siège du Bairagi était un sacrilège, et s’emparer du divan qui lui servait de trône en était un autre. Il vint exiger des explications sur l’étrange conduite de l’intrus. Le Bairagi affirma que ce lieu avait d’abord été le siège de son gourou, puis le sien, et qu’il ne souhaitait pas qu’il soit usurpé par un inconnu, qui, de plus, commettait violence et sacrilège. Le gourou répondit qu’il était arrivé fatigué à Nander et qu’ayant entendu parler de l’hospitalité et de la philanthropie du Bairagi, il prit la liberté de vérifier les témoignages favorables qu’il avait reçus. Le Bairagi accepta l’explication du gourou, reconnut à ses paroles et à son attitude qu’il était un grand homme et se nomma lui-même son Banda – esclave – nom sous lequel il fut connu par la suite.
Banda, dont le nom d’origine était Lachmandev, était le fils de Ramdev Rajput et originaire de Rajauri, dans l’État himalayen de Punch. Avant d’embrasser une carrière religieuse, il était zamindar (cultivateur). Très jeune, il pratiquait le maniement des armes à feu et se consacrait à la chasse. Un jour, après avoir abattu une biche, il trouva deux petits dans son ventre. Si affligé par ce qu’il avait fait, il décida de renoncer au monde et devint le disciple d’un faqir nommé Janki Prasad. Mendiant errant, il se rendit à la source de la Godavari à Nasik. Il s’y construisit une hutte et commença à pratiquer les austérités.
Un Jogi nommé Luni lui rendit visite et l’enseigna [ p. 238 ] à la science du Jog et des incantations. Ainsi formé, il reprit son voyage et suivit la source du Godavari jusqu’à son arrivée à Nander. Là, il acquit la réputation d’un saint homme possédant de nombreux charmes permettant d’acquérir des avantages spirituels et temporels. Il avait l’habitude de prier et de faire pénitence sur un petit monticule surplombant le Godavari, et de là, par intervalles, d’observer son mouvement lent et rêveur, comme s’il répugnait à se perdre en pleine mer.
Le gourou, satisfait de la situation et de l’isolement de Nander, décida d’en faire sa demeure permanente. Il avait l’habitude de s’asseoir pour prier et méditer sur une petite structure en pierre au bord de la rivière. Non loin de là se trouve un bâtiment un peu plus grand où était lu le Granth Sahib. Il est aujourd’hui, et ce depuis des années, dans un état de délabrement avancé.
Le gourou enseigna à Banda les principes de sa religion et, en temps voulu, le baptisa selon les nouveaux rites. À cette occasion, Banda reçut le nom de Gurbakhsh Singh, mais continua d’être connu sous ce nom. Il se prit d’affection pour le véritable guide religieux qu’il avait enfin trouvé et lui demanda un jour s’il pouvait lui rendre service. Après réflexion, le gourou comprit qu’il avait un compte à régler avec les musulmans du Pendjab et répondit : « Je suis venu au monde pour consolider la foi et détruire les oppresseurs. Es-tu prêt à m’aider ? » Banda promit d’entreprendre toute entreprise suggérée par le gourou. Sur ce, il lui fut enjoint de se rendre au Pendjab et de se venger des ennemis du Khalsa. « Tu t’es qualifié d’esclave », dit le gourou, « mais tu seras le plus élevé de tous. »
En disant cela, le gourou lui offrit cinq flèches et s’adressa à lui ainsi : « Tant que tu demeureras condescendant, ta gloire grandira. Celui qui est condescendant ne se détourne pas du combat, [ p. 239 ] et ses adversaires ne peuvent lui résister. L’homme condescendant réussit en tout. Dès que tu abandonnes les principes du Khalsa et que tu fréquentes illégalement une femme, ton courage s’évanouira. » Il ordonna alors à Banda de se diriger vers Jamna, d’attendre à une faible distance de Buria les renforts qu’il lui ferait envoyer, puis d’aller à Sadhaura – Buria et Sadhaura se trouvent toutes deux dans l’actuel district d’Ambala – et de les piller et de les dévaster. La raison en était que les musulmans de l’endroit avaient fait exécuter Budhu Shah et ses disciples par l’empereur pour avoir aidé le gourou à la bataille de Bhangani. Après avoir vaincu les ennemis du Guru à Sadhaura, Banda devait piller d’autres villes musulmanes, puis marcher sur Sarhind et mettre à mort son gouverneur, Wazir Khan. Le Guru lui donna pour instruction de décapiter Wazir Khan de ses propres mains, sans confier ce devoir pieux à un subordonné. Cela fait, Banda fut chargé de se rendre dans les collines à la recherche des Rajas qui avaient si souvent et si cruellement persécuté le Guru, et de leur infliger la même justice qu’aux ennemis moghols du Khalsa.
Avec Banda, le gourou envoya Baba Buinod Singh, son fils Baba Kahn Singh – descendants du gourou Angad – et Baz Singh, un descendant du gourou Amar Das, qui devaient tous trois donner à Banda de plus amples instructions sur la nouvelle religion qu’il avait adoptée. Le gourou envoya également cinq autres sikhs pour l’aider dans son entreprise et soutenir la réputation martiale du Khalsa.
Français Après le départ de Banda, le gourou vécut à divers endroits dans le voisinage immédiat : au Shikar Ghat, ou bac à gibier, d’où il avait l’habitude d’aller chasser, au Nagina Ghat, où un Sikh lui offrit une chevalière de valeur qu’il jeta dans la rivière, au Hira Ghat où [ p. 240 ] il disposa de la même manière d’une précieuse bague en diamant que lui avait offerte l’empereur alors qu’il était à Nander, et à l’endroit maintenant appelé le Sangat Sahib, où il avait l’habitude de donner une instruction religieuse à ses disciples et de leur expliquer le Granth Sahib.
Lors du Sangat Sahib, un Sikh Multani apporta au Guru un arc et deux flèches en offrande. Très satisfait, il mit l’arc à l’épreuve en décochant une flèche. Il envoya un de ses disciples s’enquérir de l’endroit où la flèche était tombée. Informé de l’endroit, il déclara que c’était là qu’il souhaitait résider. Les musulmans s’y opposèrent, mais leur objection fut rejetée par l’empereur, qui offrit le terrain au Guru. Il s’y installa et en fit le théâtre de sa propagande. C’est là que son sanctuaire fut ensuite érigé. Quelque temps plus tard, un Pachtoune vint réclamer au Guru une somme de onze mille roupies pour le prix des chevaux qu’il lui avait fournis. Le Guru n’avait pas les fonds nécessaires pour s’acquitter de sa dette. Il déclara que trente ans après sa mort, les Sikhs seraient au pouvoir, et que le Pachtoune n’aurait qu’à présenter la reconnaissance de dette du Guru à leurs dirigeants pour recevoir la somme au centuple. La dette fut dûment acquittée par les Sikhs dans des circonstances plus heureuses et plus prospères.