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LE THÂI-SHANG
TRAITÉ DES ACTIONS ET DE LEURS RÉCOMPENSES [^455].
1. Le Thâi-Shang (Traité) dit : « Il n’y a pas de portes spéciales pour la calamité et le bonheur (dans la vie des hommes)
La thèse.
lot); ils viennent comme les hommes eux-mêmes les appellent. Leurs récompenses suivent le bien et le mal comme l’ombre suit la substance [^456].
2. 'Ainsi, dans le ciel et sur la terre [^457] il y a
Des machines pour assurer la rétribution.
esprits qui tiennent compte des transgressions des hommes et, selon la légèreté ou la gravité de leurs offenses, réduisent leur durée de vie [^458]. Lorsque cette durée est raccourcie, les hommes deviennent pauvres et réduits, et rencontrent de nombreux chagrins et afflictions. Tous les hommes les haïssent ; les châtiments et les calamités les accompagnent ; la chance et les occasions de félicitations les évitent ; [ p. 236 ] les étoiles maléfiques leur envoient des malheurs [^459]. Lorsque leur durée de vie est épuisée, ils meurent.
« Il y a aussi les dirigeants spirituels dans les trois paires d’étoiles thaïlandaises du Boisseau du Nord [^460] au-dessus des têtes des hommes, qui enregistrent leurs actes de culpabilité et de méchanceté, et enlèvent (de leur durée de vie) des périodes de douze ans ou de cent jours.
Il y a aussi les trois Esprits du corps couché qui résident dans la personne humaine [^461]. À chaque jour kang-shän [^462], ils montent aussitôt à la cour du Ciel et rapportent les actes de culpabilité et de transgression des hommes. Le dernier jour de la lune, l’esprit du Foyer fait de même [^463].
« Pour chaque homme qui commet une grande transgression, douze ans sont retranchés de sa vie; pour chaque petite transgression, cent jours sont retranchés.
« Les transgressions, grandes et petites, se voient dans plusieurs centaines de choses. Celui qui désire une longue vie [^464] doit d’abord les éviter. [ p. 237 ] 3. « Si sa voie est bonne, il doit la suivre ; si elle est mauvaise, il doit s’en éloigner. »
« Il ne s’engagera pas dans des chemins détournés ; il ne s’imposera pas dans un appartement secret. Il
La voie d’un homme bon.
Il accumulera la vertu et les actes méritoires. Il sera bienveillant envers toutes les créatures [^465]. Il sera loyal, filial, aimant ses jeunes frères et soumis à ses aînés. Il se montrera correct et transformera ainsi les autres. Il aura pitié des orphelins et compatissant des veuves ; il respectera les personnes âgées et chérira les jeunes. Il ne devra pas non plus nuire aux insectes, à l’herbe et aux arbres.
« Il doit plaindre les tendances malignes des autres ; se réjouir de leurs excellences ; les aider dans leurs détresses ; les sauver de leurs périls ; considérer leurs gains comme s’ils étaient les siens, et leurs pertes de la même manière ; ne pas publier leurs défauts ; ne pas vanter ses propres supériorités ; mettre un terme au mal et exalter et afficher le bien ; céder beaucoup et prendre peu pour lui-même ; recevoir l’insulte sans s’en offusquer et l’honneur avec une apparence d’appréhension ; accorder des faveurs sans chercher de retour et donner aux autres sans aucun regret ultérieur : voilà ce qu’on appelle un homme de bien. Tous les autres hommes le respectent ; le Ciel dans son cours le protège ; le bonheur et les émoluments le suivent ; tout mal s’éloigne de lui ; les Intelligences spirituelles le défendent ; ce qu’il fait est sûr de réussir [^466] [ p. 238 ] il peut espérer devenir Immatériel et Immortel [^467].
Les heureux résultats de son parcours.
Celui qui voudrait devenir un Immortel du Ciel [^467] devrait donner la preuve de 1300 bonnes actions ; et celui qui voudrait devenir un Immortel de la Terre [^467] devrait donner la preuve de trois cents.
4. « Mais si les mouvements (du cœur d’un homme) sont contraires à la justice, et si les (actions de sa) conduite sont en opposition avec la raison, s’il considère son
La voie d’un homme mauvais.
méchanceté comme preuve de sa capacité, et peut supporter de faire ce qui est cruel et nuisible ; s’il nuit secrètement aux honnêtes et aux bons ; s’il traite avec mépris clandestinement son dirigeant ou ses parents ; s’il est irrespectueux envers ses aînés et ses professeurs [^468] ; s’il méprise l’autorité de ceux qu’il devrait servir ; s’il trompe les simples ; s’il calomnie ses condisciples ; s’il profère des calomnies sans fondement, pratique la tromperie et l’hypocrisie, [ p. 239 ] et attaque et expose ses proches par consanguinité et affinité ; s’il est dur, violent et sans humanité ; s’il est impitoyablement cruel en suivant sa propre voie ; si ses jugements du bien et du mal sont incorrects ; et ses goûts et aversions sont contraires à ce qui est convenable ; s’il opprime ses inférieurs et prétend en avoir le mérite (pour cela) ; courtise les supérieurs en satisfaisant leurs désirs (mauvais) ; reçoit des faveurs sans en éprouver de reconnaissance ; rumine sans cesse des ressentiments ; s’il méprise et ne tient pas compte du peuple du Ciel [^469] ; s’il trouble et jette le désordre dans le gouvernement de l’État ; accorde des récompenses aux injustes et inflige des châtiments aux innocents ; tue des hommes pour obtenir leurs richesses, et renverse des hommes pour obtenir leurs fonctions ; tue ceux qui se sont rendus, et massacre ceux qui se sont soumis ; jette la censure sur les justes, et renverse les dignes ; maltraite l’orphelin et opprime la veuve ; s’il rejette les lois et reçoit des pots-de-vin ; considère le droit comme étant mauvais et le mal comme bon ; considère les délits légers comme graves ; et la vue d’une exécution le rend plus furieux (contre le criminel) ; s’il connaît ses fautes et ne les change pas, ou sait ce qui est bien et ne le fait pas ; rejette la culpabilité de ses crimes sur les autres ; s’il tente d’entraver l’exercice d’un art (pour gagner sa vie) ; s’il insulte et calomnie le sage et le digne ; et s’il attaque et opprime (les principes de) la raison et de la vertu [^470] ; [ p. 240 ] s’il tire sur les oiseaux et chasse les bêtes, déterre les insectes fouisseurs et effraie les oiseaux perchés, obstrue les tanières des animaux et renverse les nids,blesse l’utérus enceinte et casse les œufs ; s’il souhaite que les autres aient des malheurs et des pertes ; et diffame le mérite acquis par les autres s’il met en péril les autres pour assurer sa propre sécurité ; diminue la propriété des autres pour augmenter la sienne ; échange les mauvaises choses contre le bien [^471] ; et sacrifie le bien public à son avantage privé ; s’il s’attribue le mérite des capacités des autres ; cache les excellences des autres ; publie les choses déshonorantes pour les autres ; et fouille les affaires privées des autres ; conduit les autres à gaspiller leurs biens et leurs richesses ; et provoque la séparation des proches parents [^472] ; empiète sur ce que les autres aiment ; et aide les autres à faire le mal ; donne les rênes à sa volonté et prend des airs de majesté ; fait honte aux autres en recherchant la victoire pour lui-même ; nuit ou détruit les récoltes des autres ; et brise les mariages projetés ; si devenir riche par des moyens inappropriés le rend fier ; et en échappant peut-être aux conséquences de sa mauvaise conduite, il n’éprouve pourtant aucune honte ; s’il reconnaît des faveurs (qu’il n’a pas conférées) et rejette ses erreurs (sur les autres) ; s’il marie (sa propre) calamité à un autre et vend (pour le gain) sa propre méchanceté ; s’achète pour lui-même de vains éloges ; et garde cachés dans son cœur des desseins dangereux ; s’il porte atteinte à l’excellence [ p. 241 ] des autres et cache ses propres défauts s’il abuse de sa dignité pour pratiquer l’intimidation et se livre à sa cruauté pour tuer et blesser ; s’il gaspille sans raison du tissu en le coupant et en le façonnant ; s’il fait cuire des animaux pour se nourrir, alors qu’aucun rite ne l’exige ; s’il disperse et jette les cinq grains ; et s’il accable et vexe toutes les créatures vivantes ; s’il ruine les familles des autres et s’empare de leur argent et de leurs objets de valeur ; admet l’eau ou allume le feu afin de nuire à leurs habitations ; s’il jette le trouble dans les règles établies afin de faire échouer les services d’autrui ; et nuit aux instruments d’autrui pour les priver des choses dont ils ont besoin ; si, voyant les autres dans la gloire et l’honneur, il souhaite qu’ils soient bannis ou dégradés ; ou les voyant riches et prospères, il souhaite qu’ils soient brisés et dispersés ; s’il voit une belle femme et forme l’idée d’une relation illicite avec elle ; est endetté envers les hommes pour des biens ou de l’argent, et souhaite leur mort ; si, lorsque ses demandes et ses requêtes ne sont pas satisfaites, sa colère se déverse en imprécations ; s’il voit les autres rencontrer le malheur, et commence à parler de leurs méfaits ; ou les voyant avec des imperfections corporelles, il se moque d’eux ; ou lorsque leurs capacités sont dignes d’éloges, il s’efforce de les retenir ; s’il enterre l’image d’un autre pour obtenir un pouvoir nuisible sur lui [^473] ; ou emploie du poison pour tuer les arbres ; s’il est indigné et en colère contre ses instructeurs ; ou s’oppose et contrecarre son [p.242] père et frère aîné ; s’il prend des choses par violence ou les exige avec véhémence ; s’il aime voler en secret et arracher ouvertement ; s’il s’enrichit par le pillage et la rapine ; ou s’il cherche une promotion par l’artifice et la tromperie ; s’il récompense et punit injustement ; s’il s’adonne à l’oisiveté et au plaisir avec excès ; est exigeant et oppressif envers ses inférieurs ; et essaie d’effrayer les autres hommes ; s’il murmure contre le Ciel et trouve à redire aux hommes ; reproche au vent et injurie la pluie ; s’il se bat et se joint à des querelles ; s’efforce et soulève des litiges ; s’empresse imprudemment de rejoindre des confréries ; est amené par les paroles de sa femme ou de sa concubine à désobéir aux instructions de ses parents ; si, en recevant ce qui est nouveau, il oublie l’ancien ; et est d’accord avec sa bouche, tandis qu’il est en désaccord dans son cœur ; Français s’il est cupide et avide de richesses, et trompe et dupe ses supérieurs (pour les obtenir) ; s’il invente des discours méchants pour calomnier et renverser l’innocent ; diffame les autres et prétend être honnête ; injurie les Esprits et se dit correct ; s’il rejette ce qui est conforme au droit et imite ce qui est contraire ; tourne le dos à ses proches et son visage à ceux qui sont éloignés ; s’il en appelle au Ciel et à la Terre pour témoigner des pensées mesquines de son esprit ; ou fait appel aux Intelligences spirituelles pour marquer les affaires sales de sa vie ; s’il donne et se repent ensuite de l’avoir fait ; ou emprunte et ne rend pas ; s’il projette et recherche ce qui est au-dessus de son sort ; ou impose des tâches (aux gens) au-dessus de leurs forces ; s’il cède sans mesure à ses désirs lubriques ; s’il y a du poison dans son cœur et de la douceur sur son visage ; s’il donne aux autres une nourriture sale à manger ; ou par des doctrines corrompues [ p. 243 ] trompe la multitude ; s’il utilise une coudée courte, une mesure étroite, des poids légers,et une petite pinte ; mélange des articles contrefaits avec les articles authentiques ; et (ainsi) amasse des gains illicites ; s’il avilit (des enfants ou d’autres personnes de) condition décente à des positions inférieures ; ou trompe et piège les gens simples ; s’il est insatiablement cupide et avide ; essaie par des serments et des imprécations de prouver qu’il a raison ; et dans son goût pour la boisson est grossier et désordonné ; s’il se dispute avec colère avec ses plus proches parents ; et en tant qu’homme il n’est pas loyal et honorable ; si une femme n’est pas douce et obéissante ; si (le mari) n’est pas harmonieux avec sa femme ; si la femme ne révère pas son mari ; s’il aime toujours se vanter et se vanter ; si elle est constamment jalouse et envieuse ; s’il est coupable d’une conduite inappropriée envers sa femme ou ses fils ; si elle ne se comporte pas correctement envers ses beaux-parents ; s’il traite avec mépris et manque de respect les esprits de ses ancêtres ; s’il s’oppose et se rebelle contre la charge de son souverain ; s’il s’occupe à faire ce qui ne sert à rien ; et nourrit et garde caché un but autre que ce qui paraît ; s’il profère des imprécations contre lui-même et contre les autres (en affirmant son innocence) [^474] ; ou est partial dans ses goûts et ses dégoûts ; s’il enjambe le puits ou le foyer ; saute par-dessus la nourriture ou par-dessus un homme [^475] ; tue des enfants nouveau-nés ou provoque des avortements [^475] ; s’il commet de nombreuses actions de dépravation secrète ; s’il chante et danse le [ p. 244 ] dernier jour de la lune ou de l’année ; hurle ou se met en colère le premier jour de la lune ou à l’aube ; pleure, crache ou urine lorsqu’il est face au nord ; soupire, chante ou gémit lorsqu’il est face à la cheminée et de plus, s’il prend du feu dans l’âtre pour brûler de l’encens ; ou utilise du bois sale pour cuisiner ; s’il se lève la nuit et se montre nu ; si aux huit termes de l’année [^476] il inflige des punitions ; s’il crache sur une étoile filante ; montre du doigt un arc-en-ciel ; montre soudainement du doigt les trois luminaires ; regarde longuement le soleil et la lune ; au printemps, brûle les fourrés en chassant ; avec son visage tourné vers le nord, insulte les autres avec colère ; et sans raison tue des tortues et frappe des serpents [^477] ’il prend du feu dans le foyer pour brûler de l’encens ; ou utilise du bois sale pour cuisiner ; s’il se lève la nuit et montre sa personne nue ; si aux huit termes de l’année [^476] il inflige des punitions ; s’il crache sur une étoile filante ; montre un arc-en-ciel ; montre soudainement les trois luminaires ; regarde longuement le soleil et la lune ; au printemps, brûle les fourrés en chassant ; avec son visage tourné vers le nord, insulte les autres avec colère ; et sans raison tue des tortues et frappe des serpents [^477]
’il prend du feu dans le foyer pour brûler de l’encens ; ou utilise du bois sale pour cuisiner ; s’il se lève la nuit et montre sa personne nue ; si aux huit termes de l’année [^476] il inflige des punitions ; s’il crache sur une étoile filante ; montre un arc-en-ciel ; montre soudainement les trois luminaires ; regarde longuement le soleil et la lune ; au printemps, brûle les fourrés en chassant ; avec son visage tourné vers le nord, insulte les autres avec colère ; et sans raison tue des tortues et frappe des serpents [^477] :
« Dans le cas de crimes de ce genre, (les Esprits) présidant à la Vie, selon leur légèreté ou leur gravité, retirent au coupable des périodes de douze ans ou de cent jours. Lorsque sa durée de vie est épuisée, la mort s’ensuit. Si, à la mort, la culpabilité demeure impunie, le jugement s’étend à sa postérité [^478]. [ p. 245 ] 5. « De plus, lorsque des personnes s’approprient l’argent d’autrui par le tort et la violence, un compte est établi.
Conclusion de toute l’affaire.
En contrepartie, leurs femmes, leurs enfants et tous les membres de leur famille meurent peu à peu. S’ils ne meurent pas, les calamités de l’eau, du feu, des voleurs et des brigands, les pertes de biens, les maladies et les mauvaises langues compenseront la valeur de leurs appropriations malhonnêtes [^479]. De plus, ceux qui tuent injustement des hommes ne font que mettre leurs armes entre les mains d’autres qui les tueront à leur tour [^480].
S’approprier des richesses injustes, c’est comme étancher sa faim avec de la nourriture putride [^481] ou sa soif avec du vin empoisonné. Cela procure un soulagement temporaire, certes, mais la mort s’ensuit.
Or, lorsque la pensée de faire le bien a surgi dans l’esprit d’un homme, bien que le bien ne soit pas encore accompli, les bons esprits l’accompagnent. Ou, si la pensée de faire le mal a surgi, bien que le mal ne soit pas encore accompli, les mauvais esprits l’accompagnent.
« Si quelqu’un a effectivement commis des actes mauvais, mais qu’il change ensuite de conduite et se repent, résolu à ne rien faire de mal, mais à pratiquer avec révérence tout ce qui est bien, il est sûr d’obtenir à la longue la bonne fortune : c’est ce qu’on appelle changer la calamité en bénédiction. C’est pourquoi l’homme bon dit ce qui est bien, contemple ce qui est bien et fait ce qui est bien ; chaque jour il a ces trois vertus : au bout de trois ans, le Ciel est sûr de faire descendre sur lui la bénédiction [^482]. L’homme mauvais dit ce qui est mal, contemple ce qui est mal et fait ce qui est mal ; chaque jour il a ces trois vices : au bout de trois ans, le Ciel est sûr de faire descendre sur lui la misère [^482]. — Comment se fait-il que les hommes ne s’efforcent pas de faire le bien ? »
[^530] : 239 : 1 Une expression confucianiste. Voir le Lî Kî, III, v, 13.
[^535] : 243 : 1 La seule histoire illustrative donnée par Julien sous cette clause montre clairement que je l’ai à juste titre complétée. Il le traduit : « Faire des imprécations contre soi-même et contre les autres ».
[^542] : 245:2 Une phrase quelque peu déroutante. Julien en donne : «Ceux qui font périr des hommes innocens ressemblent à des ennemis qui échangent leurs armes et se tuent les uns les autres;» et Watters : « Ceux qui mettent à mort les autres à tort sont comme des hommes qui échangent des armes et s’entretuent. »