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Celui qui sert un dirigeant en harmonie avec le Tao ne soumettra pas l’Empire par la force des armes. Une telle attitude est souvent source de représailles.
Là où les troupes sont cantonnées, ronces et épines poussent. Sur le chemin des grandes armées, des années de disette doivent suivre.
L’homme de bien remporte une victoire, puis s’arrête ; il ne commettra pas d’actes de violence. Vainqueur, il ne se vante pas ; il ne triomphera pas ; il ne fait preuve d’aucune arrogance. Il gagne parce qu’il ne peut choisir ; après sa victoire, il ne sera pas autoritaire.
Les armes, aussi belles soient-elles, sont des instruments de mauvais augure, haïssables pour toutes les créatures. C’est pourquoi celui qui possède le Tao n’aura rien à faire avec elles.
Là où réside l’homme princier, la main gauche, faible, est en honneur. Mais celui qui utilise les armes honore la droite, plus forte. Les armes sont des instruments de mauvais augure ; elles ne sont pas celles de l’homme princier, qui ne les utilise qu’en cas de nécessité. La paix et la tranquillité sont ses valeurs. Lorsqu’il conquiert, il n’est pas exalté. Être exalté, ce serait se réjouir du massacre d’êtres humains. Et celui qui se réjouit du massacre d’êtres humains n’est pas apte à exercer sa volonté dans l’Empire.
Dans les occasions heureuses, la gauche est privilégiée ; dans les occasions tristes, la droite. Le commandant en second est placé à gauche, le général en chef à droite. Autrement dit, ils sont placés selon l’ordre observé lors des rites funéraires. Et, en effet, celui qui a exterminé une grande multitude d’hommes devrait les pleurer avec larmes et lamentations. Il est bon que ceux qui sont victorieux au combat soient placés dans l’ordre des rites funéraires.
Un certain commandant militaire avait l’habitude de dire : « Je n’ose pas jouer l’hôte ; je préfère jouer l’invité. [1] Je n’ose pas avancer d’un pouce ; je préfère reculer d’un pied. »
Il n’y a pas de pire calamité que de s’engager à la légère dans une guerre. S’engager à la légère dans une guerre, c’est risquer de perdre nos richesses. [2]
Lorsque des guerriers ennemis se joignent à la bataille, celui qui a pitié triomphe.
42:* Selon l’étiquette chinoise, c’est au maître de maison de faire des avances, et son invité fait de même. Ainsi, « hôte » désigne ici celui qui prend l’initiative et lance l’attaque ; « invité », celui qui agit sur la défensive. Ce passage peut être simplement figuratif, illustrant la conduite de ceux qui pratiquent le Tao. ↩︎
42:† C’est-à-dire, l’humanité ou la douceur, mentionnée ci-dessus comme une ou « trois choses précieuses ». ↩︎