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Yima était connu dans le Shah Nameh [^84] sous le nom de Jamshid. L’orgueil fut la cause de sa chute. Dieu lui accorda ses faveurs et, selon le Vendidad, il devint un roi puissant et prospère. Enthousiasmé par son succès, il renia Dieu et, selon les mots de Firdosi, s’exprima ainsi :
« Voici en moi le monarque du monde !
Par moi toute la nature parle, par moi le tonnerre est lancé.
Pour moi, les démons répandent toute leur magie.
Son âme était si vaine qu’il ne savait pas ce qu’il disait.
« Ce monde est à moi, je ne connais pas d’autre Dieu,
De moi seul peut découler toute excellence.
Cet acte d’hérésie fit s’effondrer son empire et, aussi puissant qu’il fût, il fut fait prisonnier par le méchant Zohak et scié en deux entre des planches.
Selon Firdosi, Zohak était le fils d’un prince arabe. Très jeune, il avait vendu son âme au Diable. Il commença son règne infâme en assassinant son père. Lors de sa conquête de Jamshid, le Diable lui avait conféré deux serpents, un sur chaque épaule, qu’il devait nourrir de cerveaux humains. Cette malédiction du Diable provoqua de terribles ravages sur le sol de l’Iran antique. Selon la vieille légende perse, Zohak fut enchaîné [ p. 104 ] dans une grotte du mont Demavend par Feridoon, qui conquit et monta sur le trône d’Iran. Zohak est destiné à y rester, en proie à l’angoisse, jusqu’au jour du jugement. Nuit et jour, il lèche ses chaînes de fer afin d’en amincir le métal et de briser ses liens. Un coq, placé là par l’Ange Gardien, émet ses notes de clairon au lever du jour, et les chaînes de Zohak, affaiblies par des heures de léchage, reprennent aussitôt leur taille initiale avec un fracas métallique. Ainsi, une fois de plus, le travail de Zohak doit recommencer. Il se poursuivra jusqu’au dernier appel de la trompette. C’est le châtiment de celui qui, dans sa folie précoce, a vendu son âme au Malin.
Gāo était forgeron sous le règne de Zohak. Son fils fut capturé par les serviteurs de Zohak et devait nourrir les serpents avec sa cervelle. Gāo, dans sa terrible angoisse de sauver son enfant d’une mort aussi horrible et atroce, arracha son tablier de cuir et, l’agitant bien haut, poussa un cri de libération contre son tyran. La troupe de soldats rassemblée autour de lui sous les ordres de Feridoon, conquérant de Zohak et libérateur de l’Iran, adopta son tablier comme étendard royal, transmis de génération en génération par les souverains de l’Iran antique, orné de pierres précieuses et porté au premier rang de nombreuses batailles historiques sous le nom de « Gaviani Zoondo ». Il flottait fièrement, partageant toute la gloire de l’Empire perse et la vénération de ses vaillants guerriers.
Imprimé et relié par Hasell, Watson et Viney, Londres et Aylesbury.