Ce chapitre, qui a donné toute sa mesure à l’ironie de beaucoup, est un document précieux aux yeux du mythologue, car il y trouve, sinon l’origine et l’explication, du moins le plus ancien témoignage de superstitions mondiales. Non seulement à Bombay, mais partout dans le monde, on trouve des gens qui croient que cheveux et ongles sont des armes entre les mains du malin. Les Estoniens, sur les rives de la Baltique, prennent grand soin de ne pas laisser tomber leurs rognures d’ongles par terre, de peur que le diable ne les ramasse pour en faire une visière à sa casquette, ce qui lui donnera tout pouvoir de nuire aux hommes, à moins qu’ils ne soient marqués du signe de croix [^960]. Les Gauchos des pampas chiliennes craignent de jeter leurs cheveux au vent, mais les déposent dans des trous creusés dans un mur [^961]. A Liège, on conseille aux bonnes gens de ne pas jeter leurs cheveux, ni de les laisser dans les dents du peigne, de peur qu’une sorcière ne s’en empare et ne leur jette un sort [^962].
1. Zarathustra demanda à Ahura Mazda : « Ô Ahura Mazda, Esprit bienfaisant, Créateur du monde matériel, toi le Saint ! Quel est l’acte le plus mortel par lequel un homme accroît le plus la force maléfique des Daêvas, comme il le ferait en leur offrant un sacrifice ? »
2 (3). Ahura Mazda répondit : « C’est lorsqu’un homme ici-bas, se peignant les cheveux, les rasant ou se coupant les ongles, les laisse tomber [^963] dans un trou ou dans une fissure [^964]. [ p. 187 ] 3 (6). « Alors, faute d’observer les rites licites, des Daêvas sont produits dans la terre ; faute d’observer les rites licites, ces Khrafstras sont produits dans la terre que les hommes appellent poux, et qui mangent le blé dans le champ de blé et les vêtements dans l’armoire.
4 (10). « C’est pourquoi, ô Zarathoustra ! chaque fois qu’ici-bas tu te peigneras les cheveux, que tu les raseras ou que tu te couperas les ongles, tu les éloigneras de dix pas des fidèles, de vingt pas du feu, de trente pas de l’eau, de cinquante pas des gerbes consacrées.
5 (13). « Alors tu creuseras un trou, un disti [^965] profond si la terre est dure, un vîtasti profond si elle est molle ; tu y prendras les cheveux et tu diras à haute voix ces paroles qui frappent le démon : « De lui, par sa piété, Mazda a fait pousser les plantes [^966] ».
6 (17). « Ensuite, tu dessineras trois sillons avec un couteau de métal autour du trou, ou six sillons ou neuf, et tu chanteras l’Ahuna-Vairya trois fois, ou six, ou neuf.
7 (19). « Pour les clous, tu creuseras un trou, hors de la maison, aussi profond que la phalange supérieure du petit doigt ; tu y enfonceras les clous et tu diras à haute voix ces paroles qui frappent le diable : « Les paroles que l’on entend de la part des pieux dans la sainteté et la bonne pensée [^967] ».
8 (24). « Alors tu dessineras trois sillons avec un couteau de métal autour du trou, ou six sillons ou neuf, et tu chanteras l’Ahuna-Vairya trois fois, ou six, ou neuf.
9 (26). Et puis : « Regarde ici, ô oiseau Ashô-zusta [^968] ! Voici les clous pour toi : regarde les clous ici ! Puissent-ils être pour toi autant de lances, de couteaux, d’arcs, de flèches ailées de faucon et de pierres de fronde contre les Mâzainya Daêvas [^969] ! »
10 (29). « Si ces clous n’ont pas été consacrés (à l’oiseau), ils seront dans les mains du Mâzainya Daêva autant de lances, de couteaux, d’arcs, de flèches ailées de faucon et de pierres de fronde (contre les Mâzainya Daêvas) [^970]. [ p. 189 ] 11 (30). « Tous ces pécheurs, incarnations du Druga, sont des méprisants de la loi : tous les méprisants de la loi sont des rebelles contre le Seigneur : tous les rebelles contre le Seigneur sont des hommes impies ; et tout homme impie en paiera le prix de sa vie [^971]. »