Thrita fut le premier à repousser la mort et la maladie, car Ahura Mazda lui avait fait descendre du ciel dix mille plantes médicinales qui poussaient autour de l’arbre de la vie éternelle, le Hôm blanc ou Gaokerena.
Ce Thrita n’est mentionné qu’une seule fois dans l’Avesta, en Yasna IX, 7, où il semble avoir été l’un des premiers prêtres de Haoma. Ceci explique ses compétences médicales ; Haoma étant source de vie et de santé, ses premiers prêtres devaient être les premiers guérisseurs.
Thrita était à l’origine identique à Thraêtaona [^1118]. D’une part, nous voyons que dans le Rig-Véda, le grand exploit de Thraêtaona est attribué à Trita aussi bien qu’à Traitâna, et Trita Âptya, « le fils des eaux », était aussi bien le prêtre céleste qui déverse Haoma en pluie que le héros céleste qui tue le serpent lors des tempêtes. D’autre part, nous voyons que Thraêtaona remplissait les mêmes fonctions que Thrita : selon Hamza, il était l’inventeur de la médecine [^1119] ; les Tavids [^1120] contre la maladie portent son nom, et nous trouvons dans l’Avesta elle-même le Fravashi de Thraêtaona invoqué « contre les démangeaisons, la fièvre chaude, les humeurs, la fièvre froide [^1121], vâvareshi, contre les fléaux créés par le serpent [^1122] ». Nous voyons dans ce passage que la maladie était comprise comme provenant du serpent ; autrement dit, qu’elle était considérée comme une sorte d’empoisonnement [^1123], et c’est la raison pour laquelle le [ p. 220 ] tueur du serpent était invoqué pour agir contre lui. Ainsi, Thrita-Thraêtaona avait un double droit au titre de premier des guérisseurs, à la fois comme prêtre de Haoma et comme vainqueur du serpent [^1124].
1. Zarathoustra demanda à Ahura Mazda : « Ahura Mazda, Esprit très bienfaisant, Créateur du monde matériel, toi le Saint ! Qui est celui qui, le premier des hommes sains [^1125], sages, heureux, riches, glorieux, forts d’autrefois [^1126], a repoussé la maladie à la maladie, repoussé la mort à la mort [^1127], et a le premier détourné la pointe du poignard et le feu de la fièvre des corps des mortels. »
2 (11). Ahura Mazda répondit : « C’est Thrita qui, le premier des hommes sains, sages, heureux, riches, glorieux, forts d’autrefois, repoussa la maladie à la maladie, repoussa la mort à la mort, et détourna le premier la pointe du poignard et le feu de la fièvre des corps des mortels.
3 (12). « Il demanda une source de remèdes [^1128] ; il l’obtint de Khshathra-Vairya [^1129], pour résister à la maladie et pour résister à la mort, pour résister à la douleur et à la fièvre, pour résister à la maladie [1], à la pourriture et à l’infection qu’Angra Mainyu avait créée contre les corps des mortels [2]. »
4 (15). « Et moi, Ahura Mazda, j’ai fait descendre les plantes médicinales qui, par centaines, par milliers, par myriades, poussent tout autour de l’unique Gaokerena [3].
5 (18). « Nous invoquons toute cette (santé) par nos sorts de bénédiction, par nos prières, par nos louanges, sur les corps des mortels [4].
7 (19) [5]. « À toi, ô Maladie, je dis au revoir ! À toi, ô Mort, je dis au revoir ! À toi, ô Douleur, je dis au revoir ! À toi, ô Fièvre, je dis au revoir ! À toi, ô Maladie, je dis au revoir [6] ! [ p. 222 ] 8 (21). « Par leur puissance, pouvons-nous abattre la Drogue ! Par leur puissance, pouvons-nous abattre la Drogue ! Puissent-ils nous donner force et puissance, ô Ahura [7] !
9 [8] (23). « Je chasse la maladie, je chasse la mort, je chasse la douleur et la fièvre [9], je chasse la maladie, la pourriture et l’infection qu’Angra Mainyu a créées par sa sorcellerie contre les corps des mortels.
10 (25). « Je chasse toutes sortes de maladies et de morts, tous les Yâtus et Pairikas [10], et tous les méchants Gainis [11].
11 (26). « Que le très désiré Airyaman [12] vienne ici, pour que les hommes et les femmes de Zarathoustra se réjouissent, pour que les fidèles se réjouissent ; avec la récompense désirable qui est gagnée au moyen de la loi, et avec cette faveur pour la sainteté qui est accordée par Ahura !
12 (29). « Que le très désiré Airyaman frappe [ p. 223 ] toutes sortes de maladies et de morts, tous les Yâtus et Pairikas, et tous les méchants Gainis. »
[13. Yathâ ahû vairyô : — la volonté du Seigneur est la loi de sainteté ; les richesses de Vohu-manô seront données à celui qui travaille dans ce monde pour Mazda, et exerce selon la volonté d’Ahura le pouvoir qu’il lui a donné pour soulager les pauvres.
Kem nâ mazdâ : — Qui as-tu placé pour me protéger, ô Mazda ! tandis que la haine du démon m’accapare ? Qui d’autre que ton Atar et ton Vohu-manô, par l’œuvre desquels le monde sacré perdure ? Révèle-moi les règles de ta loi !
Ke verethrem gâ: — qui est celui qui frappera le démon afin de maintenir tes ordonnances ? Enseigne-moi clairement tes règles pour ce monde et pour l’autre, afin que Sraosha puisse venir avec Vohu-manô et aider qui tu veux.
Protège-nous de notre haineux, ô Mazda et Ârmaiti Spenta ! Peurs, ô démoniaque Drg ! Peurs, ô engeance du démon ! Peurs, ô monde du démon ! Peurs, ô Drg ! Peurs dans les régions du nord, pour ne plus jamais livrer à la mort le monde vivant du saint esprit !] [13]
219:1 Voir Introd. IV, 14. ↩︎
219:2 Ed. Gottwaldt, p. 23; cf. Mirkhond, Premiers rois de Perse, Shea, p. 152. ↩︎
219:3 Formules d’exorcisme. ↩︎
219:4 Cf. Farg. VII, 58. ↩︎
219:5 Yasht XIII, 131. ↩︎
219:6 Cette théorie, que la science moderne ne rejetterait pas complètement, explique le grand rôle que joue le serpent dans le culte d’Asclépios ; comme la maladie vient de lui, de lui aussi doit ou peut venir la guérison. ↩︎
220:1 Il semble que dans les Védas aussi, Trita ait été un dieu guérisseur (Rig-veda VIII, 47, 13 seq.) ↩︎
220:2 Qu’aucune arme ne pouvait blesser, comme Isfendiâr (Comm.) ↩︎
220:3 Ou mieux, Paradhâta (ou Pêshdâd), « les rois d’autrefois », qui devint le nom de la première dynastie iranienne. ↩︎
220:4 ‘C’est-à-dire, qui tenait la maladie enchaînée, qui tenait la mort enchaînée’ (Comm.) ↩︎
220:5 Douteux. ↩︎
220:6 Comme Khshathra-Vairya préside aux métaux, c’est un couteau qu’il reçut, « dont la pointe et la base étaient serties d’or ». Il fut donc le premier à guérir avec le couteau (cf. Farg. VII, 44) ; et il apparaît d’après le § 4 qu’il fut aussi le premier à guérir avec des herbes. Quant à la guérison par la parole sainte, voir Farg. XXII. ↩︎
220:7 Douteux. ↩︎