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Le mot yast, en zend yêsti, signifie proprement « l’acte d’adoration », l’accomplissement du yasna ; et il est souvent utilisé dans la tradition parsie comme synonyme de yasna. Mais il a aussi été particulièrement appliqué à un certain nombre d’écrits dans lesquels les différents Izeds sont loués et magnifiés. Ces écrits sont généralement d’un caractère poétique et épique plus élevé que le reste de l’Avesta, et constituent des témoignages précieux de la mythologie ancienne et des légendes historiques de l’Iran.
Les Parsis croient qu’autrefois chaque Amshaspand et chaque Ized possédaient leur Yast particulier, mais nous ne possédons aujourd’hui que vingt Yasts et des fragments d’un autre [1]. Les écrits connus sous le nom de fragments de Yast, l’Âfrîn Zartust et le Vîstâsp Yast (imprimés sous les numéros Yasts XXI, XXII, XXIII, XXIV dans l’édition de Westergaard), ne sont pas de véritables Yasts et n’ont aucun caractère liturgique ; ils ne sont consacrés à la louange d’aucun Ized.
L’ordre dans lequel les Yasts ont été classés par les Parsis suit exactement l’ordre de la Sîrôzah, qui est la véritable introduction aux Yasts.
Sîrôzah signifie « trente jours » : c’est le nom d’une prière composée de trente invocations adressées aux différents Izeds qui président les trente jours du mois.
Il existe deux Sîrôzah, mais la seule différence entre eux est que les formules du premier sont plus courtes [2], et il y a aussi, occasionnellement, une différence dans les épithètes, qui sont plus complètes dans le second.
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En Inde, la Sîrôzah est récitée en l’honneur des morts, le trentième jour après le décès, le trentième jour du sixième mois, le trentième jour du douzième mois, puis chaque année le trentième jour à partir du jour anniversaire (Anquetil, Zend-Avesta, II, 315).
La correspondance entre les formules de la Sîrôzah et des Yasts est la suivante :
— | — |
1. Ormazd. | Ormazd Yast (I, 1-23). |
2. Bahman. | Bahman Yast (I, 24-33). |
3. Ardibehest. | Ardibehest Yast (III). |
4. Shahrêvar. | |
5. Sapendârmad. | |
6. Khordâd. | Khordâd Yast (IV). |
7. Murdâd. | |
8. Dai pa Âdar. | |
9. Âdar. | |
10. Âbân. | Âbân Yâst (V). |
11. Khorshed. | Khorshêd Yast (VI). |
12. Mah. | Mâh Yast (VII). |
13. Tir. | Tîr Yast (VIII). |
14. Gôs. | Gôs Yast (IX). |
15. Dai pa Mihir. | |
16. Mihir. | Mihir Yast (X . |
17. Srôsh. | Srôsh Yast (XI). |
18. Rashn. | Rashn Yast (XII). |
19. Farvardîn. | Farvardîn Yast (XIII). |
20. Bahram. | Bahrâm Yast (XIV). |
21. Bélier. | Râm Yast (XV). |
22. Mauvais. | |
23. Dai pa Dîn. | |
24. Vacarme. | Dîn Yast (XVI). |
25. Ard. | Ashi Yast (XVII). |
26. C’est tâd. | Âstâd Yast (XVIII). |
27. Asmân. | |
28. Zemyâd. | Zemyâd Yast (XIX). |
29. Mahraspand. | |
30. Anêrân. |
Français Les Yasts qui ont été perdus sont donc ceux de Khshathra-vairya, Spenta-Ârmaiti, Ameretât, Âtar, Vâta, Asman, Mãthra-Spenta et Anaghra raokau. Le deuxième Yast, ou Yast des sept Amshaspands, ne semble pas avoir été un Yast indépendant : il était commun aux sept Yasts consacrés aux différents [ p. 3 ] Amshaspands, et, par conséquent, il est récité les sept premiers jours du mois. On pourrait supposer qu’il faisait à l’origine partie de l’Ormazd Yast, car les Amesha-Spentas sont invoqués en compagnie d’Ahura Mazda (Sîrôzah 1, 8, 15, 23). Il se peut, en effet, qu’il y ait eu plusieurs Yast pour une seule et même formule de la Sîrôzah, car dans toutes ces formules, plus d’un Ized est invoqué : cela s’appliquerait non seulement au Yast des sept Amshaspands, mais aussi au Vanant Yast (Yast XX), qui, dans ce cas, devrait suivre le Tîr Yast (voir Sîrôzah 13).
Cependant, tous les Yast ne sont pas consacrés à l’Ized dont ils portent le nom : ainsi, le Yast d’Ardibehest est principalement consacré à Airyaman ; le Râm-Yast et le Zemyâd-Yast sont consacrés à Vayu et au Hvarenô : mais Airyaman, Vayu et le Hvarenô sont invoqués dans les mêmes formules Sîrôzah qu’Ardibehest, Râm et Zemyâd, et un Yast est nommé à partir du nom d’ouverture de la formule Sîrôzah correspondante.
L’ordre systématique si apparent dans la Sîrôzah imprègne dans une large mesure le reste de la liturgie : l’énumération des Izeds dans Yasna XVII, 12-4a (XVI, 3-6) suit exactement l’ordre de la Sîrôzah, sauf qu’elle ne donne que le premier nom de chaque formule ; et la question peut être posée de savoir si ce passage de la Yasna est tiré de la Sîrôzah, ou si la Sîrôzah est développée à partir de la Yasna.
L’idée même de la Sîrôzah, c’est-à-dire l’attribution de chacun des trente jours du mois à certains dieux, semble avoir été empruntée aux Sémites : les tablettes retrouvées dans la bibliothèque d’Assurbanipal contiennent une Sîrôzah assyrienne, c’est-à-dire une liste complète des dieux assyriens qui président aux trente jours du mois 1.
1:1 Le Bahman Yast (voir Yt. I, §§ 24 et suivants). ↩︎
1:2 Dans la grande Sîrôzah, les noms des dieux invoqués sont introduits par le mot yazamaidê, « à qui nous sacrifions » ; dans la petite Sîrôzah, il n’y a pas de mot d’introduction, le mot khshnaothra, « propitiation », étant sous-entendu, comme on peut le voir dans les formules d’introduction des différents Yasts. ↩︎