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XXIII-XXIV. FRIN PAIGHAMBAR ZARTUST ET SAW YAST.
« Dieu a enseigné le Zendávasta à Zartusht — une œuvre sublime… Dieu dit à Zartusht : « Va et lis ce livre devant Sháh Gushtásp, afin qu’il puisse entrer dans la foi… garde tous mes conseils et répète-les mot à mot à Sháh Gushtásp [^1359]. »
Zartusht, obéissant à Dieu, se rendit à la cour de Gushtásp : « Il s’avança et invoqua une bénédiction sur le Shâh [^1360]. » Puis il lui lut le Zandávasta et dit : « Apprends ses statuts et marche-y. Si tu désires ses lois, ta demeure sera le paradis céleste. Mais si tu t’éloignes de ses commandements, tu feras tomber ta tête couronnée dans la poussière. Ton Dieu sera mécontent de toi et bouleversera ta prospérité. À la fin, tu descendras en enfer, si tu n’écoutes pas le conseil du Tout-Puissant [^1361]. »
Ces lignes du Zartusht-Namah résument les deux Yast suivants. Le premier, intitulé « La bénédiction du prophète Zartûst », contient les paroles de bénédiction prononcées par Zarathustra lors de sa comparution devant le roi. Ces paroles semblent avoir suivi une bénédiction similaire prononcée par Gâmâspa [^1362], premier ministre de Vîstâspa [^1363].
Le Yast XXIV contient les exhortations du prophète au roi à suivre et à observer scrupuleusement la Loi de Mazda. Il est le pendant du XIXème Fargard du Vendîdâd, car Zarathustra joue ici le même rôle envers Vîstâspa qu’Ahura envers Zarathustra. Il s’agit donc d’un résumé de la Loi, des devoirs qu’elle impose et des récompenses qu’elle promet. Ceci explique l’étrange déconnexion qui y apparaît, ce qui en fait un crux interpretum, car, outre l’état très corrompu du texte, la principale difficulté de ce Yast provient du fait que de nombreux passages sont des citations incomplètes du Vendîdâd, ou des allusions à des déclarations qui y figurent [^1364], qui, lorsqu’elles sont fournies, aident beaucoup à soulager ce Yast de son état apparent d’incohérence totale.
Pour cette traduction, j’ai pu me servir d’une traduction en pahlavi, dont M. West m’a aimablement prêté un exemplaire. Cette traduction est apparemment récente et souvent manifestement erronée ; pourtant, elle m’a été très utile dans plusieurs passages, outre le fait qu’elle donne un texte zend généralement plus correct et mieux divisé que celui de l’édition de Westergaard [^1365].
Yast XXIII n’était à l’origine pas un Yast indépendant, n’étant rien de plus que le début du Yast XXIV, détaché de lui, avec quelques légères altérations et inversions.
1. « Je suis un homme pieux, qui prononce des paroles de bénédiction. »
— « Tu m’apparais plein de gloire. »
Et Zarathustra parla au roi Vîstâspa, disant : « Je te bénis, ô homme ! Ô seigneur du pays ! en te donnant une bonne vie, une vie exaltée, une longue vie. Que tes hommes vivent longtemps ! Que tes femmes vivent longtemps ! Que des fils te naissent de ton propre corps !
2. « Puisses-tu avoir un fils comme Gâmâspa, et qu’il te bénisse comme (Gâmâspa bénit) Vîstâspa (le seigneur) du pays [^1366] !
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« Puisses-tu être très bienfaisant, comme Mazda !
« Puisses-tu être un tueur de démons, comme Thraêtaona [^1367] !
« Puisses-tu être fort, comme Gâmâspa [^1368] !
« Puisses-tu être bien armé, comme Takhma-Urupa [^1369] !
3. « Que tu sois glorieux, comme Yima Khshaêta, le bon berger ! »
« Puisses-tu être instruit avec mille sens, comme Azi Dahâka, de la mauvaise loi [^1370] !
« Puisses-tu être terrible et très fort, comme Keresâspa [^1371] !
« Puisses-tu être un sage chef d’assemblées, comme Urvâkhshaya [^1372] !
« Puisses-tu être beau de corps et sans défaut, comme Syâvarshâna [^1373] !
4. « Puisses-tu être riche en bétail, comme un Âthwyanide [^1374] !
« Puisses-tu être riche en chevaux, comme Pourus-aspa [^1375] !
« Puisses-tu être saint, comme Zarathustra Spitama !
« Puisses-tu atteindre le Rangha, dont les rives s’étendent au loin, comme l’était Vafra Navâza [^1376] !
« Puisses-tu être aimé des dieux et vénéré des hommes [^1377] ! [ p. 327 ] 5. « Que dix fils naissent de toi [^1378] ! Dans trois d’entre eux, puisses-tu être un Âthravan ! Dans trois d’entre eux, puisses-tu être un guerrier ! Dans trois d’entre eux, puisses-tu être un laboureur [^1379] ! Et puisse l’un d’eux être comme toi, ô Vîstâspa !
6. « Puisses-tu être un cheval rapide, comme le Soleil [^1380] !
« Puisses-tu être resplendissante, comme la lune !
« Que tu sois brûlant comme le feu !
« Puisses-tu avoir des rayons perçants, comme Mithra !
« Puisses-tu être grand et victorieux, comme le dévot Sraosha [^1381] !
7. « Puisses-tu suivre une loi de vérité, comme Rashnu [^1382] !
« Puisses-tu être le vainqueur de tes ennemis, comme Verethraghna [^1383], créé par Ahura !
« Puisses-tu avoir la plénitude du bien-être, comme Râma Hvâstra [^1384] !
« Puisses-tu être libéré de la maladie et de la mort, comme le roi Husravah [^1385] !
8. « Alors la bénédiction va à la demeure lumineuse, heureuse et bienheureuse des Saints [^1386].
«Que tout t’arrive selon ma bénédiction!
« [^1387] Embrassons et propageons les bonnes pensées, les bonnes paroles et les bonnes actions qui ont été faites et qui se feront ici et ailleurs, afin que nous soyons au nombre des bons.
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'Yathâ ahû vairyô: La volonté du Seigneur est la loi de la sainteté . . . .
'Ashem Vohû : La sainteté est le meilleur de tous les biens . . . .
« Donnez à cet homme la splendeur et la gloire, . . . . donnez-lui la demeure lumineuse, heureuse et bienheureuse des saints. »