[ p. 41 ]
[^214]
Ce Yast est en grande partie consacré à la louange de la prière d’Airyaman, décrite comme chassant toutes les maladies et tous les fléaux apportés au monde par Angra Mainyu ; et lorsque l’auteur passe de la glorification d’Airyaman à celle d’Asha-Vahista, prononcée par Angra Mainyu lui-même (§§ 13 et suivants), il le fait parler d’Asha-Vahista de la même manière, et lui attribue les mêmes pouvoirs qu’il a lui-même attribués à Airyaman. Cela est dû au fait qu’Airyaman est invoqué en même temps qu’Asha-Vahista dans la deuxième formule de la Sîrôzah [^215].
Les pouvoirs attribués à Asha-Vahista trouvent leur origine dans la double nature de cet Amesha-Spenta, qui, étant, dans son caractère abstrait, l’incarnation de l’élément le plus élevé du mazdéisme, l’Ordre Divin et la Sainteté [^216], et dans son caractère concret, le génie qui préside au plus puissant des éléments physiques, le Feu [^217], est l’un des adversaires les plus puissants et les plus redoutés d’Angra Mainyu [^218]. D’autre part, Airyaman est le génie auquel Ahura Mazda s’adressa pour guérir les neuf, quatre-vingt-dix, neuf cent neuf mille maladies créées par Angra Mainyu [^219].
Ce Yast est récité tous les jours au Gâhs Hâvan, Rapithwin et Aiwisrûthrem (Anquetil).
0. Qu’Ahura Mazda se réjouisse ! . . . .
Ashem Vohû : La sainteté est le meilleur de tous les biens . . . .
Je me confesse comme un adorateur de Mazda, un disciple de Zarathustra, quelqu’un qui hait les Daêvas et obéit aux lois d’Ahura ; pour le sacrifice, la prière, la propitiation et la glorification à [Hâvani], le saint et maître de la sainteté [^220] . . . .
[ p. 42 ]
À Asha-Vahisa, la plus belle ; au très désiré Airyaman, créé par Mazda, et au bon Saoka, aux yeux d’amour, créé par Mazda et saint [^221] ;
Soyez propitiatoires, avec sacrifice, prière, propitiation et glorification.
Yathâ ahû vairyô : La volonté du Seigneur est la loi de la sainteté [^222]. . . .
1. Ahura Mazda parla à Spitama Zarathustra, en disant : « Afin que tu puisses accroître Asha-Vahista, ô Spitama Zarathustra ! par des hymnes de louange, par l’accomplissement de l’office, par des invocations, des paroles saintes, des sacrifices, des bénédictions et de l’adoration — pour demeurer une fois dans l’espace lumineux et brillant, dans les belles demeures [^223] — pour le sacrifice et l’invocation de nous, les Amesha-Spentas [^224] » . . . .
2. Zarathustra dit : « Dis-moi les mots justes, tels qu’ils sont, ô Ahura Mazda ! afin que j’augmente l’Asha-Vahista, avec des hymnes de louange, [ p. 43 ] avec l’accomplissement de l’office, avec des invocations, des paroles saintes, des sacrifices, des bénédictions et de l’adoration, — pour demeurer une fois dans l’espace lumineux et brillant, dans les belles demeures, — pour le sacrifice et l’invocation de toi, l’Amesha-Spentas.
3 [^225]. '. . . . Je proclame Asha-Vahista : si je proclame Asha-Vahista, alors facile est le chemin vers la demeure des autres Amesha-Spentas [^226], qu’Ahura Mazda garde avec de Bonnes Pensées, qu’Ahura Mazda garde avec de Bonnes Paroles, qu’Ahura Mazda garde avec de Bonnes Actions [1] ;
4. '(Facile est le chemin vers le Garô-nmâna d’Ahura Mazda) : le Garô-nmâna est pour les âmes saintes, et aucun des méchants ne peut entrer dans le Garô-nmâna et ses voies lumineuses, larges et saintes ; (aucun d’eux ne peut aller) vers Ahura Mazda.
5. « La prière d’Airyaman [2] anéantit la force de toutes les créatures d’Angra Mainyu, des Yâtus et des Pairikas [3]. C’est le plus grand des sorts, le meilleur des sorts, le meilleur de tous les sorts ; le plus beau des sorts, le plus beau de tous les sorts ; le plus effrayant parmi les sorts, le plus effrayant de tous les sorts ; le plus ferme parmi les sorts, le plus ferme de tous les sorts ; le plus victorieux parmi les sorts, le plus victorieux de tous les sorts ; le plus guérisseur parmi les sorts, le meilleur des sorts. »
6. « On peut guérir par la sainteté, on peut guérir par la loi, on peut guérir par le couteau, on peut guérir par les herbes, on peut guérir par la sainte parole : parmi tous les remèdes, celui-ci est celui qui guérit par la sainte parole ; c’est celui-là qui chassera le mieux la maladie du corps du fidèle : car celui-là est le meilleur remède de tous les remèdes [4].
7. « La maladie s’est enfuie [devant elle], la mort s’est enfuie ; le Daêva s’est enfui, l’œuvre contraire du Daêva [5] s’est enfuie ; l’Ashemaogha impie [6] s’est enfui, l’oppresseur des hommes s’est enfui.
8. « La couvée du Serpent s’est enfuie ; la couvée du Loup s’est enfuie ; la couvée du Bipède [7] s’est enfuie. L’Orgueil s’est enfui ; le Mépris s’est enfui ; la Fièvre Brûlante s’est enfuie ; la Calomnie s’est enfuie ; la Discorde s’est enfuie ; le Mauvais Œil s’est enfui. »
9. « Les paroles les plus mensongères du mensonge se sont enfuies ; le Gahi [8], adonné au Yâtu, s’est enfui ; le [ p. 45 ] Gahi, qui fait pin [9], s’est enfui ; le vent qui souffle du Nord [10] s’est enfui ; le vent qui souffle du Nord a disparu.
10. « C’est lui qui me frappe, moi, la race du Serpent, et qui pourrait frapper ces Daêvas par milliers de milliers, par dizaines de milliers de dizaines de milliers ; il frappe la maladie, il frappe la mort, il frappe les Daêvas, il frappe la contre-œuvre des Daêvas, il frappe l’impie Ashemaogha, il frappe l’oppresseur des hommes.
11. Il frappe la couvée du Serpent ; il frappe la couvée du Loup ; il frappe la couvée du Bipède. Il frappe l’Orgueil ; il frappe le Mépris ; il frappe la Fièvre Ardente ; il frappe la Calomnie ; il frappe la Discorde ; il frappe le Mauvais Œil.
12. Il frappe les paroles les plus mensongères du mensonge ; il frappe le Gahi, adonné au Yâtu ; il frappe le Gahi, qui fait dépérir. Il frappe le vent qui souffle du Nord ; le vent qui souffle du Nord s’est évanoui.
13. « C’est lui qui me frappe, cette engeance des Bipèdes, et qui pourrait frapper ces Daêvas, par milliers, par dizaines de milliers. » Angra Mainyu, qui est toute mort, le pire menteur de tous les Daêvas, s’élança devant lui.
14. 'Il s’écria, Angra Mainyu : « Malheur à moi ! Voici le dieu Asha-Vahista, qui frappera la plus maladive de toutes les maladies, qui affligera la plus maladive de toutes les maladies ;
[ p. 46 ]
« Il frappera de la plus mortelle de toutes les morts, il frappera de la plus mortelle de toutes les morts ;
« Il frappera le plus diabolique de tous les démons, il affligera le plus diabolique de tous les démons ;
« Il frappera la plus contre-façon de toutes les contre-façons, il affligera la plus contre-façon de toutes les contre-façons ;
« Il frappera l’Ashemaogha impie, il affligera l’Ashemaogha impie ;
« Il frappera le plus oppresseur des oppresseurs des hommes, il frappera le plus oppresseur des oppresseurs des hommes.
15. ’ Il frappera le plus tortueux de la race du Serpent, il affligera le plus tortueux de la race du Serpent ;
« Il frappera le plus loup de la race du Loup, il affligera le plus loup de la race du Loup ;
« Il frappera la pire race de bipèdes, il frappera la pire race de bipèdes ;
« Il frappera l’orgueil, il affligera l’orgueil ;
« Il frappera le Mépris, il affligera le Mépris ;
« Il frappera la plus brûlante des fièvres, il frappera la plus brûlante des fièvres ;
« Il frappera la plus calomnie des calomnies, il frappera la plus calomnie des calomnies ;
« Il frappera la plus discordante des discordes, il affligera la plus discordante des discordes ;
« Il frappera le pire du mauvais œil, il affligera le pire du mauvais œil.
16. ’ Il frappera les paroles les plus mensongères, les paroles les plus mensongères, il les frappera de la main de l’épée.
[ p. 47 ]
« Il frappera le Gahi, adonné au Yâtu, il affligera le Gahi, adonné au Yâtu ;
« Il frappera le Gaïa qui fait un pin, il affligera le Gaïa qui fait un pin ;
« Il frappera le vent qui souffle du nord, il affligera le vent qui souffle du nord. »
17 [11]. « La Drogue périra, la Drogue périra ; la Drogue se précipitera, la Drogue disparaîtra. Tu périras dans les régions du Nord, pour ne plus jamais abandonner à la mort le monde vivant du Saint-Esprit [12]. »
18. « Pour son éclat et sa gloire, je lui offrirai un sacrifice digne d’être entendu [13], à savoir, à Asha-Vahista, la plus belle, l’Amesha-Spenta. À Asha-Vahista, la plus belle, l’Amesha-Spenta, nous offrons les libations, le Haoma et la viande [14], le baresma [15], la sagesse de la langue [16], les sorts sacrés [17], la parole, les actes [18], les libations et les paroles bien dites.
'Yênhê hâtãm : Tous ces êtres dont Ahura Mazda connaît la bonté [19] . . . .
19. 'Yathâ ahû vairyô: La volonté du Seigneur est la loi de la sainteté . . . .
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« Je bénis le sacrifice et la prière et la force et la vigueur d’Asha-Vahisa, la plus belle ; du très désiré Airyaman, créé par Mazda ; et du bon Saoka, aux yeux d’amour, créé par Mazda et saint [20].
'Ashem Vohû : La sainteté est le meilleur de tous les biens [21] . . . .
« Donnez à cet homme [22] la luminosité et la gloire, donnez-lui la santé du corps ; . . . . donnez-lui la demeure lumineuse, heureuse et bienheureuse des saints. »
« Nous sacrifions à Asha-Vahisa, la plus belle, à l’Amesha-Spena ;
Nous sacrifions à l’Airyaman tant désiré ;
Nous sacrifions à l’instrument fabriqué par Mazda ;
Nous sacrifions au bon Saoka, avec des yeux d’amour, faits par Mazda et saints.
41:1 Ard-î-behist est la forme parsi d’Asha vahista, ard étant dérivé d’arta, la forme persane correspondant au Zend asha. ↩︎
41:2 Voir Sîrôzah I, 3, et ci-dessous la formule introductive. ↩︎
41:3 Voir Vend. Introd. IV, 30. ↩︎
41:4 Ibid. 33. ↩︎
41:5 Voir Yt. XVII, 18. ↩︎
41:6 Fargard XXII et Introd. ↩︎
41:7 Comme ci-dessus, Yt. I, 0. ↩︎
42:1 Siroza I, 3. ↩︎
42:2 Plusieurs manuscrits ajoutent ici l’invocation complète de la grande Sîrôzah : ↩︎
42:3 Le Garô-nmânem ou Paradis ; voir Yasna XVI, 7 [XVII, 42], Phl. tr. ↩︎
42:4 La proposition principale semble manquer, à moins que Zarathoustra ne soit censé interrompre Ahura. On pourrait aussi comprendre la phrase dans un sens optatif : « Puisses-tu augmenter… » ↩︎
43:1 Ici encore, il semble qu’un paragraphe ait été perdu : « Ahura Mazda répondit : Proclamez Asha-Vahista ; si vous proclamez Asha-Vahista . . . — Alors Zarathustra répondit : Je proclame Asha-Vahista . . . » ↩︎
43:2 Le Garôthmân. ↩︎
43:3 Allusion aux trois Paradis de Humat, Hûkht, Hvarst, par lesquels passent les âmes des bienheureux jusqu’à Garôthmân (Yt. XXII, 15). ↩︎
43:4 La prière connue sous le nom d’Airyama-ishyô ; voir Vendîdâd XXI, 11-12. ↩︎
43:5 Voir Vend. Introd. IV, 20-21. ↩︎
44:1 Cf. Vendîdâd VII, 44 (118). Qu’Airyaman ait utilisé la Parole sacrée (des sorts) pour guérir les maladies ressort de Vend. XXII, 6 seq. ↩︎
44:2 Paityâra : chaque œuvre d’Ahura fut contrée et gâchée par une contre-œuvre d’Angra Mainyu. Cf. Bundahis I, 23 seq. ; III, 23 seq. ; Vend. I ; voir Ormazd et Ahriman, §§ 195 seq. ↩︎
44:3 Voir Yt. I, 10 et note 4. ↩︎
44:4 Les créatures ahrimaniennes appartenant à l’humanité, les Mairyas et les Ashemaoghas (Yt. I, 10). ↩︎
44:5 La courtisane ; cf. Vend. XXI, 27 (35), et Introd. IV, 25. ↩︎
45:1 Le Zend est Kahvaredhaini, dont un synonyme, Kahvaredha, Yasna LXI, 2 [LX, 7], est traduit par altérateur de Gloire, ce qui signifie très probablement : celui qui fait « dépérir, culminer et dépérir » (cf. Vend. XVIII, 62-64). ↩︎