Le chapitre se divise naturellement en sections 1 à 5 et 6 à 11. Le verset 12 appartient au chapitre L. L’une des luttes de la cause sainte semble avoir tourné contre le parti d’Asha. Je dis « l’une des luttes », car du récit d’un revers que nous avons ici, et de celui d’un succès que nous retrouvons au chapitre XLV, 1, et encore des revers des chapitres XLVI, 1, 2, etc., nous concluons naturellement que « la cause » a connu de nombreuses vicissitudes, dans lesquelles la dernière Gâtha nous laisse encore. On ne peut jamais décider si Y. XLV, 1 rapporte une victoire postérieure au revers que nous avons devant nous, se référant à une bataille évoquée dans Y. XLIV, 14, 15, et peut-être aussi anticipée dans Y. XXXI ; l’ordre des affirmations dans la séquence de nos manuscrits actuels. n’a que peu ou rien à voir avec l’ordre possible des événements.
Et ainsi le poète implore une fois de plus la Bienveillance divine d’être sa gardienne ; ou peut-être a-t-il voulu désigner un chef particulier qui représentait le Bon Esprit, tandis qu’en même temps il balayait de sa considération toute la foule et la compagnie qui adhéraient au Démon du Mensonge, par son interdit. 4. Il les déclare étroitement liés aux adorateurs des Daêva, ou bien il place leur culte des Daêvas à la place du point culminant comme leur [ p. 161 ] offense la plus grave, sans manquer de souligner ce qui devrait toujours lui concilier la sympathie ; c’est-à-dire que ceux qui ont amené les Daêvas et se sont opposés à Asha étaient les dévots de la Rapine (aêshmem vareden) ; car la rapine meurtrière semble avoir été, en dehors d’Asha, le péché universel. 5. Mais celui qui défendait le saint Daêna était pour le peuple comme nourriture et boisson, sage et fidèle, comme un citoyen établi, et formé aux habitudes du saint État.
6. Il prie donc une fois de plus pour un discernement juste quant à la manière dont il peut propager la Foi. 7. Et il appelle le citoyen sage à écouter, implorant Dieu lui-même de lui prêter l’oreille et de lui dire quel peut être le prince, le pair ou le villageois fidèle, qui peut prendre l’initiative (voir sare) de transmettre (voir srâvayaêmâ) cette sainte Daêna, avec ses frasasti, aux masses qui l’attendent. 8. Mais il pose la question comme s’il voulait seulement souligner le fait qu’il désigne un chef et un ami vénéré. Frashaostra est l’homme. Il est celui qui est apte à entendre, apte à proclamer la vérité (frasrûidyâi erethwô). Et il prie pour que tous deux (comparer Y. XXVIII, 9) puissent être durablement en vue dans ce royaume saint qui devait contrecarrer la politique dépravée dont le chef avait pour le moment pris le dessus (versets 1, 2). 9. Mais l’affaire est à ce point incertaine et indécise, qu’il crie à l’aide une fois de plus au citoyen idéal lui-même, craignant qu’il puisse encore être amené à partager le pouvoir avec l’hérétique, et déclare toujours que les âmes des hommes ne peuvent atteindre la récompense de la priorité que par le biais du saint système d’Ahura, et sous les dirigeants de son choix.
10. Il confie donc le résultat à Ahura, et avec lui à ses dépendants, vivants et morts. Et ses pensées, tournées vers le ciel (11), se tournent aussi, comme par antithèse (la note clé du Daêna), vers le châtiment futur. Ceux qui pourraient hésiter, à moitié enclins à adhérer au parti adverse (verset 9), sont avertis par des paroles au sens particulier. Ceux qui choisissent le souverain maléfique, un dussasti, comme dans Y. XXXII, 9, ou comme les sastars de Y. XLVI, 1, n’accompagneront pas les saints au Kinvat (Y. XLVI, 10), et ne seront pas accueillis par leur conscience sous des images agréables, ni plus tard par les âmes des saints qui les ont précédés, mais les morts méchants les accueilleront dans la demeure du Mensonge, avec de la nourriture empoisonnée et des paroles méprisantes. Et ce sera une vengeance auto-infligée.
[ p. 162 ]
Traduction.
1. Benva [^719] m’a toujours combattu ; (oui, depuis qu’il est apparu pour la première fois pour me menacer, et hélas à son avantage dans le combat) Il est le plus puissant (en force brutale), et (par sa prédominance) écraserait ma force alors que je cherche à reconquérir les mécontents (de mon armée) par le zèle [1] juste, ô Mazda ! Viens donc avec des dons de bien (vengeur [2]) pour (répondre à) mon chagrin [3]. Par (ton Esprit Bon inspirant) obtiens (pour moi [4]) cette mort (de Benva) [5] !
2. (Oui, il est en effet le plus grand [6]), car ce [ p. 163 ] juge maléfique de Bendva me fait hésiter et réfléchir (dans ma démarche sérieuse de propagation et de réforme), trompeur comme il est, (éloigné) de l’Ordre Juste, et recevant [7] de lui (non pas le bonheur) mais bien des blessures. La piété généreuse et parfaite, il ne l’a ni maintenue ni renforcée pour cette [8] terre, ni posé de questions avec Ton Bon Esprit [9] (pour lui apporter la lumière), ô Seigneur !
3. Mais (tout n’est pas encore perdu !) ; pour ce choix religieux [10] (notre sainte croyance, pour laquelle notre dernière bataille perdue [11] a été livrée), ô Mazda ! Ton Ordre béni (notre aide protectrice) a déjà été établi pour nous sauver et nous bénir. (Mais) pour (ce) Juge maléfique, le Démon-du-Mensonge, (est établi) pour infliger (pour lui) ses blessures [12]. C’est pourquoi je prie (davantage) pour la direction protectrice de Ton Bon Esprit (au sein de notre peuple et de nos commandants). Et tous les alliés des méchants, j’abjure [^732].
4. Ceux qui, avec de mauvaises intentions et une volonté malveillante, chériront et aideront la Colère de Rapine, et avec son Râma [13], et (non par faveur silencieuse, mais) avec leurs propres langues, dont la volonté et le souhait [14] (ne courent) pas vers le bien mais vers le mal. Ceux-là établissent et soutiennent les Daêvas (en leur pouvoir, et non celui du Seigneur). C’est [15] la Foi et la Perspicacité des méchants (agir ainsi. Leur foi est pervertie).
5. Mais lui, ô Mazda ! est notre abondance et notre richesse [16], celui qui (osera encore affronter ces ennemis incrédules) et préservera la Foi (contre cette Colère envieuse [17]), avec la puissance de l’Esprit Bienveillant. Car tout homme de piété est un citoyen sage [18] conformément au Saint Ordre, et il en est de même pour tous ceux qui sont (en vérité) dans Ton Royaume, ô Seigneur !
6. Et maintenant, je Te supplie, ô Mazda, et la Justice (dans Ton Mãthra) parle [19] (de me dire) ce qui se trouve dans l’intention de Ta volonté, afin que (ayant discerné Ta Perspicacité comme l’illuminé doit toujours le faire), je puisse aussi bien discerner correctement comment nous pouvons annoncer ces (vérités), et ce pur Daêna (avec elles) qui est la Foi de Celui qui est Toi-même [20], ô Seigneur.
8. (Et je ne demande pas en vain, car un tel être s’est trouvé pour nous, et est à portée de main.) À Frashaostra, tu as donné ce pouvoir gardien très favorable, la tête [24] du Saint Ordre (pour nous), ô [ p. 166 ] Ahura ! C’est pourquoi je voudrais te prier (de lui confirmer ce don gracieux), et pour moi-même également, je voudrais maintenant rechercher également cette tête protectrice qui est dans ton Royaume ; oui, très bénis et primordiaux [25] puissions-nous tous deux y être à jamais.
9. Oui, que le cultivateur zélé et économe, ainsi formé pour apporter aide et bénédictions [26], prête attention et écoute quand je l’appelle, (ô Mazda !) Que le véridique (le laboureur, celui qui entend et dit Ta parole [27]), ne soit pas celui qui assume [28] cette protection de chef avec les méchants. Que les natures croyantes (seules) se joignent à cette meilleure récompense. Et ainsi, dans le cours du saint Ordre, sont de fait ainsi unis ces deux, Gâmâspa et le « héros » [29].
10. (Et puisque ces champions participent ainsi à cette récompense), alors je placerai également sous Ta protection (Ton) Bon Esprit [30] (chez les vivants) et les esprits (des morts. Oui, je confie nos très) humbles louanges (que nous T’offrons), par lesquelles (Ton) Âramaiti (qui est notre Piété, existe), et de même un zèle sacrificiel. Et nous voudrions faire cela pour promouvoir Ta grande Puissance Souveraine (parmi Ton peuple), et avec une force [31] (?) éternelle.
11. (Mais quant aux réprouvés infidèles) ; les âmes (des mauvais morts) rencontreront ces hommes mauvais qui servent leurs dirigeants mauvais, qui parlent avec des mots mauvais et nourrissent de mauvaises consciences, ces âmes (en Enfer) viendront avec de la mauvaise nourriture [32] (pour les accueillir), et dans la demeure du Mensonge leur demeure [33] sera vraiment [34] !
[^732] : 163:6 Le Pahlavi mûn rêshînêd pavan Drûg.
162:1 Si ce mot ne signifie pas simplement « un groupe », on pourrait soupçonner une parenté avec bãnayen. Les Pahlavi utilisent ici expressément et librement badtûm, et vîmarîh dans le verset suivant, avec un mot similaire dans Y. XXX, 6. Cet ennemi a peut-être été grossièrement surnommé « le souillé », ou même « le malade » ; les occurrences analogues ne manquent pas. ↩︎
162:2 Je ne peux accepter de traduire ashâ par « réellement » lorsqu’il est appliqué dans un sens mauvais. Le mot sacré peut signifier « réellement » lorsqu’il est appliqué aux justes, mais alors, dans ce cas, la réalité indiquée comporte un élément de sainteté, et celui-ci n’est pas de moindre importance. Je ne sais pas non plus que riténa soit appliqué dans un sens mauvais dans le Rig-veda. L’utilisation d’Asha, comme celle de Vohu Manah et Khshathra, etc., est évidente dans le Gâtha ; les six mots sacrés étaient, comme le thème d’une symphonie, introduits à la moindre occasion, avec toutes les nuances de sens, depuis celles des noms propres jusqu’à celles des adverbes. Avec une légère modification du texte en un nom., nous pourrions rendre : « Celui qui cherche à plaire aux esprits malfaisants, ô Toi A. ! » ↩︎
162:3 Comp. Y. XXXIII, 2, ↩︎
162:4 Je ne peux pas accepter qu’arapâ doive être lu rapâ pour une syllabe dans le mètre. Le vers comporte ici plus de onze syllabes, comme c’est souvent le cas dans le Trishtup védique. De plus, les écrits anciens antérieurs au traducteur pahlavi se lisaient également arapâ, et le sens l’exige. ↩︎
162:5 Ou, « puis-je obtenir ». ↩︎
162:6 Voir Y. LIII, 9. ↩︎
162:7 Voir le premier verset. ↩︎
163:1 J’accepterais volontiers un subjonctif intensif au second singulier, au sens causatif, mais un troisième singulier précède et un troisième singulier suit. Je ne peux donc pas reconnaître ici un subjonctif au sens précatif ou impératif. Je pense que le mot est un nominatif, car sa position dans le verset correspond bien à cette forme. Il pourrait signifier « nous infligeant bien des blessures ». ↩︎
163:2 Peut-être « pour nous dans (ce) pays ». ↩︎
163:3 Comp. Y. XLIV, 13. ↩︎
163:4 Comp. Y. XXX, 2. ↩︎
163:5 Voir mazistô dans le premier verset. ↩︎
163:7 Le traducteur Pahlavi a donné comme première traduction ici : Andarg harvîsp-gûnŏ darvandânŏ min hamkhâkîh andarg yemalelûnam ; [aîgh, je suis un ami du levatman valmansân gavîdâk yehevûnam]. ↩︎
163:8 Le Pahlavi a arêshkŏ = envie. ↩︎
164:1 Les Pahlavi nous ont donné notre première hypothèse quant au sens général de vãs ; il le traduit par kâmak. ↩︎
164:2 Ou, « par ce qui est la foi du mal ». ↩︎
164:3 Le traducteur Pahlavi nous a donné notre première indication générale ici comme ailleurs ; il a shîrînîh et karpîh. En lisant « Mazdau », nous avons « Mazda (est notre source d’) abondance et de rafraîchissement. » ↩︎
164:4 Voir le quatrième verset. ↩︎
164:5 Le Pahlavi a cependant khûp shinâsakîh. Je diffère avec hésitation ; peut-être les points de vue peuvent-ils être harmonisés. ↩︎
164:6 Comparez Y. XXIX, 3, où Asha répond. Je ne peux pas bien accepter mrûitê comme un infinitif. Geldner a vivement souligné que fraêshyâ a tendance à s’unir à un infinitif, mais il en va de même pour d’autres formes de ish et vas. De plus, l’infinitif ne tombe pas aussi naturellement à la fin de la phrase en gâtique ou en védique. (Voir ci-dessus, note sur Y. XXXIV, 1.) Si l’on insiste sur un infinitif (depuis si longtemps), donnons au moins au mot une forme plus habituelle, en utilisant le traducteur pahlavi, comme dans l’un de ses offices les plus précieux, comme preuve indirecte, lorsque sa traduction est erronée comme rendu. Il a : Frâzŏ avŏ zak î Lekûm farmâyêm, Aûharmazd, va Ashavahistŏk râî yemalelûnam. Il avait « mrûvê » devant lui, qui pourrait être un infinitif. ↩︎
165:1 Je pense que khshmâvatô équivaut simplement à « toi-même » ici, comme souvent (donc mavant = moi) ; sinon « de votre disciple », ce qui serait faible. Le professeur Jolly a, VS, p. 97, « afin que nous puissions proclamer la foi qui est la vôtre, ô Ahura. » ↩︎
165:2 Voir le neuvième verset. ↩︎
165:3 Ahura est abordé ailleurs en lien étroit avec les êtres humains ; ici, le sujet humain est à moitié perdu dans Vohûman et Asha. Je ne pense guère qu’il soit judicieux de modifier le texte sans MSS. Un verset perdu aurait pu résoudre toute difficulté. ↩︎
165:4 D’autres disent « la bonne doctrine », ou encore « la bonne réputation » ; mais quant à ce dernier, frasasti est si constamment associé dans l’Avesta ultérieur à yasna, vahma, etc., que je ne me sens pas libre de m’écarter de ce sens. Le Pahlavi a aussi vâfrîgânîh, tout à fait en harmonie avec cette connexion. ↩︎
165:5 Ce verset est clairement une réponse aux questions contenues dans le verset 7. C’est une demi-réponse, même si nous traduisons dau (dâo) au subjonctif. Comme la question du verset 7 concerne certainement un chef quelconque, je ne vois pas comment nous pourrions éviter de traduire sarem de manière analogue. Nous avons besoin de quelqu’un qui donne refuge plutôt que de quelqu’un qui le reçoit. Comparez la traduction pahlavi, et aussi la traduction persane, sar. La traduction pahlavi p. 166 fournit ses preuves sans interruption pour ce sens, un fait largement négligé. ↩︎
166:1 Je pense que la connexion prouve assez bien ce sens ; et elle a également le puissant soutien de la traduction pahlavi : Hamâi vad avŏ vîspŏ farmânpatŏ hômanânî [aîgh, Frashostar [ ] vad tanû î pasînŏ hamâî salîtâîh yehabûn]. ↩︎
166:2 Il ne faut pas oublier que su est la racine de Saoshyant. ↩︎
166:3 Comp. Y. XXXI, 15. ↩︎
166:4 Ou « donne » ; comparez peresâ avat yâ mainis ye dregvâitê khshathrem hunâitî. Professeur Jolly, VS, p. 36 : « Celui qui dit la bonne chose ne doit pas laisser le pouvoir au menteur. » ↩︎
166:5 Yâhî reste un singulier, alors qu’on devrait s’attendre à un duel ; (peut-il en être ainsi, la forme étant modifiée, comme si souvent par les récitants ultérieurs, pour s’adapter au mètre ?) Car Gâmâspâ et yukhtâ comme duels se comparent à utayûitî tevîsht. Yâhî fait probablement référence à Vîstâspa (Y. XLVI, 14). Était-ce une épithète spéciale pour les rois ? Les derniers rois perses occupaient des places importantes au combat. Si les duels ne sont pas admis, ma traduction serait : « les âmes sont unies à la récompense par (l’influence et l’exemple du) vaillant Gâmâspa. » Peut-être faut-il lire Gâmâspô. ↩︎
167:1 C’est probablement le fondement de l’identification ultérieure de Vohû Manah et du disciple fidèle. ↩︎
167:2 Ici, tout est conjectural. Les Pahlavi rapportent un adjectif issu d’une forme humaine (ou d’un participe). Ceux qui pensent au trône (pour s’en emparer) le font avec une puissance mourante. Des conjectures plus folles ont été émises ; mais les traducteurs Pahlavi ont rarement deviné volontairement. Ils ont pris les résultats brisés de leurs prédécesseurs et les ont légèrement retravaillés ; d’où leur grande valeur et l’insignifiance de leurs erreurs. Ils ont utilisé l’intelligence qu’ils possédaient pour retransmettre ce qu’ils avaient entendu et lu. Vazdanghâ ne peut pas être pris dans un sens négatif, comme il est utilisé dans un sens positif ailleurs. Le lien entre mãzâ et râ circule depuis longtemps ; mãzâ avêmî râ (?). Lorsqu’on pense aux âmes des défunts, peut-être que le sens est « immortel » ; comparer avemîra (pour la forme) avec les avimithris Zend. ↩︎
167:3 Voir Yast XXII par Darmesteter, tel que complété. ↩︎
167:4 Ainsi les Pahlavi ; sinon « leurs corps reposeront ainsi ». ↩︎