[ p. 1 ]
Les cinq Gâthas de Zarathoustra et de ses disciples immédiats sont placés ici avant les autres parties du Yasna en raison de leur plus haute antiquité. Aucun autre Yasna n’a existé à côté d’eux pendant des années, voire des siècles.
Les circonstances les plus remarquables qui leur sont liées ont déjà été évoquées dans l’introduction.
S’il est nécessaire d’en rappeler quelques-uns ici, le plus important serait qu’ils sont sans aucun doute l’œuvre d’un petit groupe d’hommes influents, souvent nommés par leur nom ; que Zarathoustra, partout ailleurs presque ou presque un demi-dieu, est ici un homme en lutte et souffrant. C’est un prophète, ou un instructeur divinement désigné, mais profondément humain et réel, dans la mesure où ses situations deviennent apparentes.
Deuxièmement, leur ton historique mérite d’être souligné. Leurs doctrines et exhortations concernent un mouvement religieux réel, contemporain de leur composition ; et ce mouvement était exceptionnellement pur et très sincère. Leur ton est donc partout sérieux. Presque tous les mythes sont abandonnés, et de même, et c’est peut-être leur particularité la plus frappante, même les anciens dieux aryens, qui réapparaissent dans les Yasna, Vendîdâd et Yasts ultérieurs, sont, sauf un, totalement absents.
Le mouvement, dans son caractère réformateur, semble les avoir rejetés, non pas peut-être avec une intention définie, mais parce que l’esprit des fervents enthousiastes les excluait comme ayant un intérêt inférieur, compte tenu des résultats immédiatement devant eux.
Quant à la prétention à une place importante parmi les curiosités de la morale antique, le lecteur peut se fier librement à l’impression qu’il a devant lui une anthologie probablement composée avec un désir aussi fervent de servir les natures spirituelles et morales de ceux à qui elle s’adressait que toutes celles que le monde a connues jusqu’à présent. Il peut même provisoirement accepter l’opinion selon laquelle on ne trouve nulle part ailleurs de telles traces d’un sérieux religieux intelligent comme à l’époque des Gâthas ou avant eux, sauf dans les écritures sémitiques.
Quant à leur profondeur spéculative, chaque fois que la spéculation théosophique est formulée, la preuve de leur compréhension et de leur subjectivité devient positive. Si l’ampleur des documents produit nécessairement une certaine impression sur l’esprit du chercheur, il ne faut pas oublier que les Gâthas étaient vraisemblablement bien plus volumineux que les fragments qui nous restent aujourd’hui. L’historien peut argumenter à partir de ce qui a survécu et de ce qui a existé autrefois, et la conclusion inévitable est imposante.
Pour plus de détails, voir l’introduction et les résumés en tête de chaque Gâtha et chapitre.
Ce Gâtha, composé de sept chapitres du Yasna (XXVIII-XXXIV), tire son nom de la similitude de sa métrique avec celle de la formule Ahuna-vairya, également présente avant lui dans le Yasna. Il est composé d’un matériau homogène, mais comme son matériau est également homogène à celui des autres Gâthas, il doit probablement son existence en tant que groupe de sections à sa forme métrique. Ses vers devaient compter seize syllabes, et ils sont regroupés en strophes de trois. L’ensemble est très ancien et probablement presque entièrement original de Zarathustra lui-même, bien que certaines parties semblent avoir été mises dans la bouche de ses proches collaborateurs et disciples. La question de savoir s’il existait dans l’entourage immédiat du sage des personnes capables de composer de tels hymnes sans aide extérieure est bien sûr sujette à caution ; mais il semble certain que certains aient pu composer une matière poétique sous sa direction ou son inspiration.
Une analyse et un résumé général précèdent chaque chapitre, plus pratique que de les regrouper tous ensemble. Il est rappelé au lecteur que le rythme de l’original, autant qu’on puisse raisonnablement le supposer, est quelque peu imité dans certaines traductions.