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Il est à peine nécessaire de préciser que le Yasna est la liturgie principale des Zarathoustriens, où confession, invocation, prière, exhortation et louange sont combinées comme dans les autres liturgies. Comme d’autres compositions du même genre, il est constitué de fragments plus ou moins adaptés les uns aux autres, d’époques et de modes de composition différents. Les Gâthas sont chantés au milieu, et dans le Vendîdâd Sâdah, le Visparad y est intercalé, pour la plupart, à la fin des chapitres.
Nous n’avons aucune raison de supposer que le Yasna existait sous sa forme actuelle aux premiers temps du zarathustrisme, mais nous n’avons pas non plus de raison de douter que sa structure actuelle soit, à notre avis, très ancienne. Le mot Yasna signifie culte, y compris sacrifice. Des extraits introductifs figurent dans plusieurs manuscrits, et sont maintenant imprimés par Geldner. On les trouve dans Y. I, 23 ; Y. III, 25 ; Y. XI, 17, 18 ; Y. XXII, 23-27 ; Y. XXVII, 13, 14 ; Ny. I, 2.
1. J’annonce [^877] et je (complèterai) (mon Yasna) à Ahura Mazda, le Créateur, le radieux et glorieux, le plus grand et le meilleur, le plus beau (?) (à nos conceptions), le plus ferme, le plus sage, et celui de tous dont le corps [^878] est le plus parfait, qui [ p. 196 ] atteint Ses fins le plus infailliblement, en raison de Son Ordre Juste, à Celui qui dispose correctement nos esprits [1], qui envoie au loin Sa grâce créatrice de joie ; qui nous a faits, et nous a façonnés, et qui nous a nourris et protégés [2], qui est l’Esprit le plus généreux [3] !
2. J’annonce et je compléterai (mon Yasna) au Bon Esprit, à la Droiture la Meilleure, à la Souveraineté qui est désirable, à la Piété la Généreuse, et aux deux, le Bien-être Universel et l’Immortalité, au corps du Veau, à l’Âme du Veau, et au Feu d’Ahura Mazda, celui qui, plus que [4] (tous) les Immortels Généreux, a fait le plus d’efforts (pour notre secours) !
3. Et j’annonce et j’achèverai (mon Yasna) aux Asnya, les seigneurs du jour de l’ordre rituel, à Hâvani le saint, le seigneur [5] de l’ordre rituel ; et je célèbre, et j’achèverai (mon Yasna) à Sâvanghi et à Vîsya, le(s) saint(s) seigneur(s) de l’ordre rituel. Et j’annonce et j’achèverai (mon Yasna) à Mithra des vastes pâturages, aux mille épis et aux myriades d’yeux, le Yazad du nom [6] prononcé, et à Râman Hvâstra. [ p. 197 ] 4. J’annonce et (complèterai) (mon Yasna) à Rapithwina, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Frâdatfshu, et à Zantuma, le(s) saint(s) seigneur(s) de l’ordre rituel ; et je célèbre et complète (mon Yasna) à la Droiture [7] la Meilleure, et au Feu d’Ahura Mazda [7:1].
5. J’annonce et complète (mon Yasna) à Uzayêirina, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Frâdat-vîra et à Dahvyuma [8], le(s) saint(s) seigneur(s) de l’ordre rituel, et à ce sublime Ahura Napâtapãm (le fils des eaux), et aux eaux qu’Ahura Mazda [^887] a faites.
6. J’annonce et complète (mon Yasna) à Aiwisrûthrima (et) Aibigaya [9], le(s) saint(s) seigneur(s) de l’ordre rituel, et à Zarathustrôtema, et à celui qui possède et qui donne cette prospérité dans la vie qui favorise tout. Et je célèbre et complète (mon Yasna) aux Fravashis des saints, et à celles des femmes qui ont beaucoup de fils [10], et à une vie familiale prospère qui se poursuit sans revers tout au long de l’année, et à cette Puissance bien formée et majestueuse [11], qui frappe victorieusement, faite par Ahura, et à cette Ascendance Victorieuse (qu’elle assure).
7. J’annonce et j’accomplis (mon Yasna) à Ushahina, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Beregya (et) Nmânya, le(s) saint(s) seigneur(s) de l’ordre rituel, et à Sraosha (qui est l’Obéissance) le béni, doté d’une récompense bénie (comme une chose [ p. 198 ] accomplie [12]), qui frappe avec victoire et fait progresser les colonies, et à Rashnu [13], le plus juste, et à Arstât [14], qui fait progresser les colonies et les fait croître.
8. Et j’annonce et j’accomplis (mon Yasna) au Mâhya, les fêtes mensuelles, seigneurs de l’ordre rituel, à la nouvelle et à la dernière [15] lune, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à la pleine lune qui disperse la nuit.
9. Et j’annonce et complète (mon Yasna) aux Yâirya, fêtes annuelles, les saints seigneurs de l’ordre rituel. Je célèbre et complète (mon Yasna) à Maidyô-zaremya [16], le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Maidyô-shema, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Paitishahya, et à Ayâthrima l’avançant, et le dépensier de la force des mâles [17], le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Maidhyâirya, le saint seigneur de l’ordre rituel, et à Hamaspathmaêdhaya, le saint seigneur de l’ordre rituel ; oui, je célèbre et complète mon Yasna aux saisons, seigneurs de l’ordre rituel.
10. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à tous ceux qui sont les trente-trois [18] seigneurs de l’ordre rituel, qui, venant le plus près, sont autour de Hâvani, et qui (comme dans leurs fêtes) furent [ p. 199 ] inculqués par Ahura Mazda, et promulgués par Zarathustra, comme les seigneurs d’Asha Vahista, qui est la Justice la Meilleure.
11. Et j’annonce et complète (mon Yasna) aux deux, à Ahura [19] et à Mithra, le sublime, l’éternel et le saint, et à toutes les étoiles qui sont les créatures de Spenta Mainyu, et à l’étoile Tistrya, la resplendissante et glorieuse, et à la Lune qui contient la semence du Veau, et au Soleil resplendissant, celui des rapides coursiers, l’œil [20] d’Ahura Mazda, et à Mithra le chef de province. Et je célèbre et complète mon Yasna à Ahura Mazda (une fois de plus, et comme à celui qui gouverne le mois [21]), le radieux, le glorieux, et aux Fravashis [22] des saints.
12. Et j’annonce et complète mon Yasna à toi, le Feu, ô Ahura fils de Mazda ! avec tous les feux, et à toutes les bonnes eaux, même à toutes les eaux créées par Mazda, et à toutes les plantes que Mazda a créées.
13. Et j’annonce et complète (mon Yasna) au Généreux Mãthra, le saint et l’efficace, la révélation donnée contre les Daêvas [23] ; la révélation zarathustrienne [ p. 200 ], et à la longue descente [24] de la bonne Foi Mazdayasnienne.
14. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à la montagne Ushi-darena [25], faite par Mazda, avec son éclat sacré, et à toutes les montagnes glorieuses de sainteté [26], avec leur abondante Gloire faite par Mazda, et à cette Gloire majestueuse faite par Mazda, la Gloire inconsumée [27] que Mazda a faite. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à Ashi le bien, la bénédiction (de la récompense), et à Kisti, la bonne Connaissance religieuse, à la bonne Erethe (Rectitude [28]?), et au bon Rasãstât (zèle persistant [29]?), et à la Gloire et au Bienfait qui sont faits par Mazda.
15. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à la pieuse et bonne Bénédiction de l’homme religieux [30], le saint, et à la malédiction de la sagesse, le rapide et redoutable Yazad de puissance (pour flétrir).
16. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à ces lieux et à ces terres, et à ces pâturages, et à ces demeures avec leurs sources d’eau(?) [31], et [ p. 201 ] aux eaux, à la terre et aux plantes, et à cette terre et à ce ciel, et au vent sacré, et aux étoiles, à la lune et au soleil, et aux étoiles éternelles sans commencement [32], et auto-disposantes [33], et à toutes les créatures saintes de Spenta-Mainyu, mâles et femelles, les régulateurs de l’ordre rituel.
17. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à ce seigneur élevé qui est la Justice rituelle [34] (elle-même), et aux seigneurs des jours dans leur durée, et des jours pendant la lumière du jour, aux lunes, aux années et aux saisons qui sont les seigneurs de l’ordre rituel au temps de Hâvani [35].
18. Et j’annonce et complète (mon Yasna) aux Fravashis des saints, les redoutables, qui accablent (le mal), à ceux des saints de l’ancienne tradition, à ceux des plus proches parents, et aux Fravashi de (ma) propre [36] âme !
19. Et j’annonce et complète (mon Yasna) à tous les seigneurs de l’ordre rituel, et à tous les Yazads, les bienfaisants, qui disposent (de tous) correctement, à ceux à la fois célestes et terrestres, qui sont (dignes) de notre sacrifice et de notre hommage à cause d’Asha Vahista, (de l’Ordre rituel qui est ‘le meilleur’).
20. Ô (toi) Hâvani, saint seigneur de l’ordre rituel, et Sâvanghi, Rapithwina, et Uzayêirina, et Aiwisrûthrima, (et) Aibigaya, (toi qui aides [ p. 202 ] la vie !) si je t’ai offensé, et toi, ô Ushahina, saint seigneur de l’ordre rituel !
21. Si je t’ai offensé [37], que ce soit par pensée, par parole ou par acte, par acte volontaire ou involontaire, je compense sincèrement ce manque par des louanges à ton égard. Si j’ai causé une diminution [38] de ce qui est ton Yasna et ton hommage, je te l’annonce (et je te le célèbre [39]) (d’autant plus) !
22. Oui, vous tous, seigneurs, les plus grands, saints seigneurs de l’ordre rituel, si je vous ai offensés par pensée, par parole ou par acte, que ce soit volontairement ou sans intention de faire une erreur [40], je vous en loue (maintenant d’autant plus) davantage. Je vous annonce (d’autant plus) si j’ai causé une diminution de ce qui est votre Yasna et votre louange.
23. Je me confesserais moi-même comme un adorateur de Mazda, de l’ordre de Zarathustra, un ennemi des Daêvas, dévoué à la tradition du Seigneur, pour Hâvani, le saint seigneur de l’ordre rituel, pour (son) sacrifice, hommage, propitiation et louange, pour Sâvanghi, et pour Vîsya, le saint seigneur de l’ordre rituel, pour (son) sacrifice, hommage, propitiation et louange, et pour le sacrifice, l’hommage, la propitiation et la louange des seigneurs des jours dans leur durée, et des jours pendant la lumière du jour pour [ p. 203 ] celles des fêtes mensuelles, et pour celles des fêtes annuelles, et pour celles des saisons !
195:1 Ou, « J’invite » ; mais le mot semble égal à âvaêdhayêma ; comparer le védique vid + ni. Comp. également nî tê vaêdhayêmi et nî vô vaêdhayêmi dans Y. I, 21, 22. Les Pahlavi privilégient « j’invite ». ↩︎
195:2 Non pas qu’Ahura ait été conçu comme ayant un corps propre. Les étoiles sont ailleurs poétiquement décrites comme son corps, comme d’autres divinités sont dites tanu-mãthra, ayant le Mãthra pour corps ; c’est-à-dire incarnées dans le Mãthra. ↩︎
196:1 ‘Disposer correctement quant à l’esprit.’ ↩︎
196:2 Pahlavi parvard. ↩︎
196:3 Ailleurs, le Spenta Mainyu est mentionné comme étant sa possession. ↩︎
196:4 Le Feu semble presque être considéré comme l’un des Amesha Spenta. ↩︎
196:5 Seigneurs du rituel parce qu’ils régnaient en tant que chef au moment de leur mention, et dans un sens mince considérés comme des génies protégeant toutes les saisons et tous les temps rituels de leur classe. Vîsya préside aux Vîs ; Sâvanghi, au bétail. ↩︎ ↩︎
196:6 Avoir un Yast spécial. ↩︎
197:1 Constamment associés dans l’Avesta ultérieur. ↩︎
197:2 hv = h avant y. ↩︎
197:3 Par opposition à ceux qui pourraient appartenir à Angra Mainyu. ↩︎
197:4 Ou, « qui favorise la vie ». ↩︎
197:5 ‘Des hommes et des troupeaux ?’ ↩︎
197:6 ‘Bien développé.’ ↩︎
198:1 Je devrais dire que le suffixe a cette force ici comme étant en étroite connexion avec ashyô. ↩︎
198:2 Génie de la rectitude. ↩︎
198:3 La rectitude sous une autre forme. ↩︎
198:4 Littéralement, « à la lune intérieure », montrant peu de lumière. ↩︎
198:5 Voir l’Âfrînagân. ↩︎
198:6 La saison du rut. ↩︎
198:7 Haug fut le premier à attirer l’attention sur la coïncidence frappante avec l’Indien. Dans l’Aitareya et le Satapatha Brâhmanas, dans l’Atharvaveda et dans le Râmâyana, les dieux sont portés au nombre de trente-trois. Leurs noms diffèrent cependant quelque peu. (Voir Essays, éd. West, 2e édition, p. 276 ; voir aussi Rv. 240, 9 ; 250, 2.) ↩︎
199:1 L’étoile Jupiter a été appelée Ormuzd par les Perses et les Arméniens, et cela peut être voulu ici, car les étoiles sont mentionnées ci-après, mais qui ne serait pas frappé par la ressemblance avec le Mitra-Varuna du Rig-veda ? Il est possible que les deux idées étaient présentes à l’esprit du compositeur. ↩︎
199:2 Rappelez-vous Kakshur Mitrasya Varunasya Agneh. ↩︎
199:3 Le premier jour du mois est appelé Ahura Mazda. ↩︎
199:4 Le premier mois est appelé Fravashi. Ceux-ci sont placés pour le jour particulier de célébration. ↩︎
199:5 C’était le Vendîdâd, le nom étant une contraction de vîdaêvâ-dâta. On n’oubliera pas que le Vendîdâd, bien que reconstitué plus tard, contient d’anciens mythes aryens antérieurs à la page 200 de Zarathustra, bien que dans sa forme actuelle, beaucoup plus tardive, Zarathustra y soit un demi-dieu, et que son nom soit impliqué dans le mythe. ↩︎
200:1 « La longue tradition » ; ainsi Spiegel. ↩︎
200:2 De cette montagne, les rois iraniens seraient plus tard descendus ; d’où la mention de la « gloire ». ↩︎
200:3 Observez l’impossibilité du sens de « confort » ou du simple « bien-être » ici. ↩︎
200:4 Ou peut-être « l’incapable », l’agrift(?) Pahlavi ; Ner. agrihîtâm ; hvar, manger, signifiait peut-être « saisir » à l’origine. ↩︎
200:5 Erethe (riti?) semble sans inflexion. ↩︎
200:6 L’état d’activité (?). ↩︎
200:7 Devrions-nous dire ici « du saint défunt » ? ↩︎
200:8 Le Pahlavi avec son afkhvâr pointe ici peut-être vers un meilleur texte. Rappelons awzhdâtemka, awzhdaunghô, awrem. ↩︎
201:1 Signifiant « sans début de leur course », et donc « fixé » (?). ↩︎
201:2 Autodéterminés, non satellites, ayant en eux-mêmes les lois de leur propre mouvement. ↩︎
201:3 L’Ordre divin par éminence, exprimé dans le rituel et la foi. ↩︎
201:4 Non pas « au chef de Hâvani », mais peut-être « dans la seigneurie », le moment où il est particulièrement l’objet du culte. Ainsi, chaque objet de culte devient à son tour un « seigneur ou chef » de « l’ordre rituel ». ↩︎
201:5 L’âme du célébrant ou de son client est visée. ↩︎
202:1 Comparez Rv. VII, 86, 3-6. ↩︎