Le Haoma-yast a des prétentions à l’antiquité (en raison de son sujet, mais pas de son dialecte), juste après le Srôs-yast. H(a)oma = Soma, en tant que divinité, a prospéré non seulement avant les Gâthas, mais avant les Riks du Veda, dans les âges aryens avant que l’Iranien et l’Indien ne deviennent deux peuples.
On a noté ailleurs la circonstance étonnante qu’un hymne, qui est une reproduction d’un original aryen, devrait, malgré ses caractéristiques antérieures, être nécessairement assigné à [ p. 231 ] une date bien postérieure à celle des Gâthas dans lesquels le culte de H(a)oma n’est pas mentionné.
Probablement en raison des animosités amères qui régnaient entre leurs voisins du sud et eux-mêmes, et de l’usage du Soma par les Indiens comme stimulant avant les batailles, les Iraniens de la période gâtique étaient devenus tièdes dans leur propre culte du H(a)oma. Mais qu’il ait refait surface, comme nous le voyons dans ce Yaṭ … Le Yast est, bien sûr, constitué de fragments, que je me suis efforcé de séparer par des lignes. Dans la traduction, j’ai donné une interprétation rythmique, nécessairement assez libre. Il était difficile d’apporter suffisamment de vivacité au morceau, tout en utilisant une littéralité inutilement maladroite. Cette liberté, comme ailleurs, consiste souvent à ajouter des mots pour souligner le sens ou contourner le rythme. (Les expressions pour des mots Zend identiques ont été, ici comme ailleurs, volontairement variées.)
1. À l’heure de Hâvani [^951]. H(a)oma vint à Zarathustra, alors qu’il servait le Feu (sacré), et sanctifiait (sa flamme), tandis qu’il chantait à haute voix les Gâthas.
Et Zarathoustra lui demanda : Qui es-tu, ô homme ! Qui es-tu de tout le monde incarné le plus beau dans ton propre corps [^952] de ceux que j’ai vus, (toi) glorieux [immortel] ?
2. Là-dessus, H(a)oma répondit [^953], le saint qui chasse la mort au loin : Je suis, ô Zarathustra [ p. 232 ] H(a)oma, le saint qui chasse la mort au loin ; prie-moi, ô Spitâma, prépare-moi à la saveur. Loue-moi dans (Tes) louanges comme les autres louanges [Saoshyants].
3. Alors Zarathoustra parla : À H(a)oma soit la louange [^954]. Quel homme, OH(a)oma ! t’a le premier préparé au monde corporel ? Quelle bénédiction lui fut offerte ? Quel gain en tira-t-il ?
4. Alors H(a)oma me répondit, lui le saint, et chassant la mort au loin : Vîvanghvant [^955] fut le premier des hommes à me préparer au monde incarné. Cette bénédiction lui fut offerte ; il acquit ce gain, qu’il lui naquit un fils, Yima, appelé le brillant (celui des nombreux troupeaux, le plus glorieux de ceux qui furent nés, l’homme semblable au soleil [^956]), qu’il fit de son autorité à la fois les troupeaux et les hommes à l’abri de la mort, les plantes et les eaux à l’abri de la sécheresse, et que les hommes purent manger une nourriture impérissable.
5. Sous le règne de Yima, rapide comme l’éclair, il n’y avait ni froid ni chaleur, ni âge ni mort, ni envie [1] d’origine démoniaque. Tels des enfants de quinze ans [2], ils marchaient tous deux, fils et père, par leur stature et leur forme, aussi longtemps que Yima, fils de Vîvanghvant, régna, lui parmi les nombreux troupeaux !
6. Quel était le second homme, OH(a)oma ! qui t’a préparé au monde corporel ? Quelle sainteté lui fut offerte ? Quel gain en tira-t-il ?
7. Là-dessus, H(a)oma, le saint, répondit : Âthwya [3] fut le second à me préparer au monde corporel. Cette bénédiction lui fut accordée, ce bienfait qu’il acquit, qu’un fils lui naquit, Thraêtaona [4], de la tribu héroïque,
8. Qui a frappé le dragon Dahâka [5], à trois mâchoires et à trois têtes, à six yeux, doté de mille pouvoirs et d’une force redoutable, un démon menteur des [^962] Daêvas, mauvais pour nos colonies et méchant, que l’esprit maléfique Angra Mainyu a fait comme le plus puissant Drug(k) [contre le monde corporel], et pour le meurtre de (nos) colonies, et pour tuer les (maisons) d’Asha !
9. Qui était le troisième homme, OH(a)oma ! qui t’a préparé pour le monde corporel ? Quelle bénédiction lui a-t-il donnée ? Quel gain a-t-il acquis ?
10. Là-dessus, H(a)oma, le saint, répondit, et chassant la mort : Thrita [6], [^964]], fut le troisième homme qui me prépara au monde corporel. Cette bénédiction lui fut accordée, ce bienfait qu’il acquit, qu’il naquit deux fils, Urvâkhshaya et Keresâspa, l’un juge confirmant l’ordre, l’autre un jeune homme de grande ascendance, aux cheveux bouclés [7], portant des gourdins.
11. Celui qui frappa le dragon cornu avalant hommes et chevaux, venimeux et de couleur verte, sur lequel, épais comme des pouces, un poison verdâtre coulait, sur le dos duquel Keresâspa cuisait autrefois sa viande dans un chaudron de fer au repas de midi ; et le mortel, brûlé, se redressa [8], et s’élança, projetant l’eau bouillante. Keresâspa, effrayé et viril, s’enfuit tête baissée [9].
12. Quel est le quatrième homme qui t’a préparé, [ p. 235 ] OH(a)oma ! pour le monde corporel ? Quelle bénédiction lui a-t-il été donnée ? Quel gain a-t-il acquis ?
13. Là-dessus, H(a)oma, le saint, celui qui chasse la mort, répondit : Pourushaspa [10] fut le quatrième homme qui me prépara au monde corporel. Cette bénédiction lui fut accordée, ce gain il l’acquit, que toi, ô Zarathustra ! tu lui fus né, toi le juste, dans la maison de Pourushaspa, l’ennemi du D(a)êva, l’ami du savoir de Mazda, (14) célèbre dans Airyêna Vaêgah ; et toi, ô Zarathustra, j’ai récité le premier l’Ahuna-vairya [11], en le psalmodiant quatre fois, et en séparant les versets, [(Pâzand) à chaque fois d’une voix de plus en plus forte].
15. Et tu as fait disparaître dans le sol, ô Zarathustra ! tous les dieux-démons qui autrefois volaient sur cette terre sous forme humaine (et avec puissance. C’est ce que tu as fait), toi qui as été le plus fort, le plus inébranlable, le plus actif, le plus rapide et (dans chaque acte) le plus victorieux dans le monde des deux esprits [^972].
16. Zarathustra parla alors : Louange à H(a)oma. H(a)oma est bon, et bien doté, exact et juste dans sa nature, et bon intrinsèquement, et guérisseur, beau de forme, bon en action, et très efficace dans son action [12], de couleur dorée, avec des pousses courbées. De même qu’il est le meilleur à boire, ainsi (par son stimulus sacré) il est le plus nutritif [13] pour l’âme.
17. Je fais appel à toi, ô jaune ! pour [ p. 236 ] l’inspiration [^975]. Je fais appel à toi pour la force ; je fais appel à toi pour la victoire ; je fais appel à toi pour la santé et la guérison (quand la guérison est mon besoin) ; je fais appel à toi pour le progrès et la prospérité accrue, et la vigueur de tout le corps, et pour la compréhension [14], de chaque sorte d’ornement, et pour cela, afin que je puisse avoir libre cours parmi nos colonies, ayant le pouvoir où je veux, vainquant la malice colérique et un vainqueur du mensonge.
18. Oui, je fais valoir mes droits sur toi afin de pouvoir submerger la haine furieuse des haineux, des D(a)êvas et des mortels, des sorciers et des sirènes [15], des tyrans [16] et des Kavis, des Karpans, bipèdes meurtriers, des destructeurs de sainteté, des bipèdes profanes apostats, des loups monstres à quatre pattes, de l’armée envahissante, au front large, qui avec des stratagèmes [17] avance.
19. Je t’implore cette première bénédiction, Ô(a)oma, toi qui chasses la mort ! Je t’implore pour (le ciel), la meilleure vie des saints, la radieuse, la toute glorieuse [^980].
Cette seconde bénédiction, je t’en prie, OH(a)oma, toi qui chasses la mort au loin ! la santé de ce corps (avant que cette vie bénie ne soit atteinte).
Cette troisième bénédiction, je t’en supplie, OH(a)oma, toi qui chasses la mort au loin ! la longue vitalité de la vie. [ p. 237 ] 20. Cette quatrième bénédiction, je t’en supplie, OH(a)oma, toi qui chasses la mort au loin ! afin que je puisse me tenir debout sur cette terre avec des désirs satisfaits [18] et puissants, recevant satisfaction, surmontant les assauts de la haine et conquérant le mensonge.
Cette cinquième bénédiction, OH(a)oma, je t’en supplie, toi qui chasses la mort au loin ! Que je puisse rester victorieux sur terre, conquérant dans les batailles [^982], surmontant les assauts de la haine et conquérant le mensonge.
21. Je te demande cette sixième bénédiction, Ô(a)oma, toi qui chasses la mort ! Que nous soyons avertis du voleur, avertis du meurtrier, que nous voyions d’abord le porteur de matraque, que nous apercevions le loup en premier. Que personne, quel qu’il soit, ne nous voie en premier. Dans nos luttes, puissions-nous être les premiers alertés !
22. H(a)oma accorde aux coureurs [19] qui courent une course avec brio, vitesse et agilité (chez leurs chevaux). H(a)oma accorde aux femmes qui accouchent une progéniture brillante et une lignée vertueuse.
H(a)oma accorde à ceux (combien !) qui ont longtemps cherché des livres, plus de connaissances et plus de sagesse.
23. H(a)oma accorde à ces jeunes filles de longue date, qui restent à la maison sans être mariées, de bons maris, et dès qu’on le leur demande, il H(a)oma, le bien-pensant.
24. H(a)oma abaissa Keresâni [^984], le détrôna de son trône, car il était devenu si friand du pouvoir, qu’il dit traîtreusement : Aucun prêtre derrière [^985] (et observant) ne parcourra les terres pour moi, en tant que conseiller pour les faire prospérer, il priverait tout progrès, il écraserait la croissance de tous !
25. Salut à toi, OH(a)oma, qui possèdes le pouvoir que tu veux, et par ta force innée ! Salut à toi, tu es versé dans de nombreux dictons, et dans des paroles vraies et saintes. Salut à toi, car tu ne poses pas de questions rusées, mais tu questions directement.
26. Mazda t’a apporté la ceinture étoilée [20], l’esprit fait, l’ancien, la foi mazdéyasnienne.
Ainsi, avec cela, tu es ceint sur les sommets des montagnes, pour la propagation des préceptes et des titres [^987] du Mãthra (et pour aider l’enseignant du Mãthra),
27. OH(a)oma, toi, seigneur de maison, et toi, seigneur de clan, toi, seigneur de tribu, et chef du pays, et toi, enseignant érudit et couronné de succès, je te parle de force agressive, de ce qui frappe avec victoire, et pour le salut de mon corps, et pour de multiples délices !
28. Éloigne de nous le tourment et la malice des odieux. Détourne les desseins de l’ennemi furieux !
Quel que soit l’homme violent et méchant dans cette maison, quel que soit l’homme dans ce village, ou cette tribu, ou cette province, éloigne de ses pieds la rapidité ; jette un voile d’obscurité sur son esprit ; fais de son intellect (sur-le-champ) une épave !
29. Que l’homme qui nous fait du mal, esprit ou corps, n’ait pas la force d’avancer sur ses deux jambes, ou de tenir avec ses deux mains, ou de voir avec ses deux yeux, ni la terre (sous ses pieds), ni le troupeau devant sa face.
30. Au Dragon vert et craintif [^988], éveillé, et crachant son poison, pour le saint juste qui périt, jaune H(a)oma, lance ta masse [21] !
Sur le porteur de matraque (meurtrier), commettant des actes inouïs [22], assoiffé de sang, (ivre) de fureur, jaune H(a)oma, lance ta masse !
31. Contre le méchant tyran humain, lançant des armes à la tête, pour le saint juste qui périt, jaune H(a)oma, lance ta masse !
Contre le perturbateur de la justice, le destructeur de vie impie, pensées et paroles de notre [23] religion bien libératrices, mais qui n’atteignent jamais en actions, pour le saint juste qui périt, H(a)oma jaune, lance ta masse !
32. Contre le corps de la prostituée, avec ses esprits magiques bouleversés de plaisirs (enivrants) [24], aux convoitises que sa personne offre, dont [25] l’esprit comme une vapeur vacille comme il vole au vent, pour le saint juste qui périt, jaune H(a)oma, lance ta masse !
[^962] : 232 : 3 Comparez svar-d_rí_sas pávamânâs.
[^965] : 233 : 1 Comp. Tritá âptiá.
[^972] : 234 : 1 Comp. Kapardínam.
[^975] : 234 :† Ou, âkhêzîdanŏ.
[^980] : 235 : 5 Comp. pathmeng gavôi.
[^982] : 236 : 2 Pahl. farzânakih.
[^984] : 236 : 4 Pahl. sâstârânŏ.
[^985] : 236 : 5 Pahl. pavan frîftârîh; Ner. pratâranatayâ.
[^987] : 237 : 1 Pahl. min hvâstâr.
[^988] : 237 : 2 Pahl. vânîdâr pavan kûshânŏ.
[^994] : 239 : 1 Pahl. sakhmakan; Ner. bhayamkare.
231:1 Le matin de six à dix heures. ↩︎
231:2 Ou, « belle de vie » ↩︎
231:3 « Moi », omis pour interrompre le rythme, semble être simplement dramatique ; ou indiquait-il qu’il y avait un Haoma Gâtha zarathoutrien originel dont celui-ci est une extension ? ↩︎
232:1 Ne pourrait-on pas placer ici tout le seizième verset ? ↩︎
232:2 Le cinquième de Gaya Maretan l’Adam iranien, mais son homologue, l’Indien Vivasvat, apparaît non seulement comme le père de Yama, mais de Manu, et même des dieux (en tant que mortels promus ?). ↩︎
232:4 Ainsi les Pahlavi. ↩︎
233:2 Comp. l’Indien Traitaná relié à Tritá. ↩︎
233:3 Rappelons que Tritá frappa les Ahi avant Indra, Indra semblant seulement reproduire la victoire plus originelle mentionnée dans l’Avesta. Concernant Azhi Dahâka, voir Zendstudien de Windischmann, s. 136. ↩︎
233:4 Gratuit. ↩︎
233:6 Avons-nous ici les Sémites ? Ils ont certainement pénétré en conquérants loin en Médie, et il semble inconsidéré de nier qu’ils y aient laissé des traces. La glose est peut-être très ancienne. ↩︎
233:* Et à celui des autres dieux. ↩︎
234:2 J’abandonne à contrecœur l’admirable comparaison de hvîs avec le svid indien (Geldner), également expliqué comme un inchoatif (Barth.), mais le sens qui en résulte est loin d’être naturel, ni ici ni dans Vend. III, 32 (Sp. 305). Que le dragon se mette à suer (!) sous le feu allumé dans son dos et qui le fait bondir, semble difficile. Le processus n’était pas aussi délibéré. Il fut brûlé, sursauta, puis bondit. De même, dans Vend. III, 32, lorsque l’orge est produite, les démons ne « suent » guère (de misère mentale). L’idée est trop avancée pour le document. Le « sifflement » de Burnouf et Haug était bien meilleur aux deux endroits. Mais je préfère l’allusion au lâlâ vazlûnd pahlavi. Dans Vend. III, 32 (Sp. 305), khîst-hômand. Ner. taptaska sa nrisamsah kukshubhe [dvipâdo* babhûva]. Que hvîsatka = hîsatka (?) ait quelque chose à voir avec hiz ou khiz = Pahlavi âkhîzîdanŏ [26], NP 'hizîdan, est une question. Je suis la tradition sans aide étymologique ; peut-être pourrions-nous aussi bien écrire le mot comme la forme la plus connue, par conjecture. ↩︎
234:3 Le traducteur Pahlavi tente d’expliquer l’épithète « viril » appliquée à Keresâspa alors qu’il fuyait encore effrayé ; il dit : Hômand mardmînisnîh hanâ yehevûnd, aîghas libbemman pavan gâsdâst ; Ner. asya paurushamânasatvam* idam babhûva yad asau kaitanyam sthâne dadhau, « sa virilité était telle qu’il gardait son sang-froid en cette occasion. » Voir la même histoire traitée quelque peu différemment dans les Yasts de Darmesteter (p. 295, note 2). ↩︎
235:1 Fils de Pâîtirasp ou Spêtârasp ; Bundahis XXXII, 1, 2, &c. ↩︎
235:2 L’Ahuna-vairya est dans le dialecte gâtique et dans le mètre ahunavaiti ; il a peut-être été composé par Z. Il a nommé le Gâtha. ↩︎
235:3 Comp. Y. XXX, 6? ↩︎
235:4 Gratuit. ↩︎
236:1 Ou bien, madhem est-il lié à medhâ´ ainsi qu’à mazdâ (fém.) ? ↩︎
236:3 Ce ne sont pas vraiment des « sorcières » ; ce sont des êtres féminins extérieurement attirants, mais mauvais. ↩︎
236:6 Vîspô-hvâthrem ne signifie pas ici « confortable ». Hvan est la racine ; comp. hveng = soleil. ↩︎
237:3 Arvantô = aurvantô; donc le Pahl. arvand. ↩︎
237:4 Comp. le védique Krisâ´nu, archer et demi-dieu qui gardait le Soma. Ner. semble remarquer que le nom rappelle celui des chrétiens. ↩︎
238:1 Ainsi les Pahlavi, avant les autres, lisent apãs; comp. frãs. ↩︎
238:2 La suggestion perspicace de Haug, pourvanîm = paurva = les Pléiades + nî = conduisant le P., semble douteuse et réfutée par Yast XXIV, 29, où Darmesteter rend un mot probablement apparenté par « les nombreux ». Je rendrais ici « les premiers ». ↩︎
238:3 La « saisie », le résumé d’entre eux. ↩︎
233:5 Dans le Rig-veda, âptyá ne semble être qu’une épithète ajoutée au nom Tritá, [^965] ; et les deux serpents de l’Avesta sont suspects. Deux noms semblent être devenus deux personnes, ou l’Avesta est-elle la représentation la plus correcte ? ↩︎