« Joseph et Aséneth »
De «Joseph et Asenath», EW Brooks (1918)
Joseph et Aseneth est un récit qui date entre 200 avant notre ère et 200 de notre ère. Il concerne le patriarche hébreu Joseph et son mariage avec Asenath, élargissant les mentions fugaces de leur relation dans le livre de la Genèse. Le texte a été largement traduit, notamment en amharique, arabe, arménien, allemand moderne, latin, moyen anglais, vieux français, roumain, serbe et syriaque.
Chr. Burchard écrit : « JosAsen semble être originaire de la diaspora juive d’Égypte, au plus tard en c. 100 après JC et peut-être dès le premier siècle avant JC. Un milieu sectaire a été suggéré : les Esséniens, les Thérapeutes, ou une forme inconnue de judaïsme façonné sous l’image d’une religion hellénistique à mystères. Mais le livre présente le judaïsme, et non une forme particulière, distincte des autres. Selon certains érudits, il a été écrit pour promouvoir la mission juive parmi les non-juifs, ou les juifs, ou les deux. Cependant, le judaïsme tel que décrit dans JosAsen n’est pas axé sur une mission. D’ailleurs, le livre ne prend jamais la peine d’expliquer la vie juive. Le sabbat, la circoncision, l’interdiction du porc, les normes de pureté lévitique, voire la nécessité d’observer la Loi, fondamentale pour toute forme de judaïsme, ne sont pas évoqués. Il est donc plus sûr de supposer que JosAsen était destiné à être lu par les Juifs comme un rappel de la vitalité surnaturelle et de la haute moralité qui étaient les leurs. Il ne faut cependant pas oublier que la diaspora égyptienne comprenait sans aucun doute de nombreux prosélytes et attirait des sympathisants « craignant Dieu », comme nous le savons, par exemple, grâce au livre des Actes. (En dehors de l’Ancien Testament, p. 94)
James Charlesworth écrit : « Que Joseph et Asenath soient une œuvre chrétienne du Ve siècle, basée sur un écrit juif, est une conclusion datée (P. Batiffol, Le Livre de la Prière d’Asénath [Studia Patristica 1-2] Paris : Leroux, 1889-1890). Qu’il s’agisse d’une composition juive du début, peut-être de la fin du premier siècle après JC, est une perspective contemporaine (cf. C. Burchard, Untersuchungen zu Joseph und Aseneth [WUNT 8] Tübingen : Mohr, 1965 ; voir en particulier pp. 148- 51 ; Philonenko, n° 1003 ; A.-M. Denis, n° 24, pp. 40-48). La plupart des chercheurs soutiennent aujourd’hui que la langue originale est le grec (Burchard, Untersuch., pp. 91-99 ; Philonenko, n° 1003, pp. 27-32). Les parallèles avec les manuscrits de la mer Morte ont évoqué la possibilité d’une influence des Esséniens, ou plus probablement des Thérapeutes ; certains chercheurs affirment une relation (P. Riessler, n° 62, p. 1303 ; KG Kuhn dans The Scrolls and the New Testament, éd. K. Stendhal. New York : Harper, 1957 ; pp. 75f. ; M. Delcor, ‘Un roman d’amour d’origine thérapeute : le livre de Joseph et Asénath,’ BLE 63 [1962] 3-27); d’autres le nient (Philonenko, n° 1003, p. 105 ; Burchard, Untersuch., pp. 107-12). (Le Pseudépigraphe et la Recherche Moderne, p. 137)