« Testament de Job »
Extrait de « Apocrypha anecdota 2. Textes et études », M.R. James (1897)
Raymond F. Surburg écrit : « Dans ce livre, Sitidos, l’épouse de Job, joue un rôle plus important que dans le livre biblique de Job. Elle défend son mari, bien qu’il soit réduit à une misérable pauvreté et à une quasi-famine. Elle vit pour voir son mari justifié par Dieu mais meurt avant que sa santé et ses richesses ne soient rétablies. Sitidos quitte cette vie dans le confort et la paix après avoir vu ses enfants au paradis. Les trois amis et Elihu se voient attribuer des rôles importants dans le livre. En raison de leurs tentatives de réprimander Job, Dieu les menace de mort, mais ils sont pardonnés grâce à l’intercession de Job en leur faveur. Après la mort de la première épouse de Job, Job épouse Dinah (le nom également donné dans le Targum), qui devient mère de trois filles qui sont inspirées et chantent des hymnes. Nahor, le frère de Job, continue le récit en racontant comment, au bout de trois jours, il vit l’esprit de Job être emporté par des chars brillants. Le livre se termine avec Nahor, les sept fils de Job et d’autres chantant un bref chant funèbre. (Introduction à la période intertestamentaire, pp. 136-137)
Martin McNamara écrit : « Cette œuvre se trouve dans quatre manuscrits grecs, dans un manuscrit copte fragmentaire du Ve siècle et dans une version slave, qui est reconstituée à partir de trois manuscrits. La langue originale et le lieu de composition sont incertains. Il aurait pu être composé soit en Palestine, soit en Égypte. Certains attribuent la composition originale au premier siècle avant JC, d’autres au premier siècle après JC » (Intertestamental Literature, pp. 103-104)
Russell P. Spittler écrit (Outside the Old Testament, pp. 232-233) :
Le jugement des érudits est partagé quant à savoir si l’apocryphe était d’origine juive ou chrétienne. Dans l’état actuel des choses, le TJob ne montre pas beaucoup d’édition chrétienne évidente. Pourtant, sa distance par rapport aux préoccupations juives orthodoxes est claire. Une ligne d’évaluation a fait remonter l’origine du travail aux Juifs sectaires, tels que les Esséniens, la secte de Qumrân au sein de la communauté de la Mer Morte, ou la secte juive égyptienne connue sous le nom de Therapeutae décrite par Philon dans Vit Cont.
Les femmes, qui figurent largement dans le TJob, avaient peu de place à Qumran ; mais ils jouirent d’un rôle beaucoup plus important parmi les Thérapeutes en Égypte. La composition d’hymnes, mentionnée dans le TJob, a été décrite comme une activité de cette communauté par Philon. Une fascination parmi eux pour le nombre 50 peut expliquer les « 50 boulangeries » de Job (TJob 10 : 7), qui n’ont aucune source septante.
Ces considérations et d’autres suggèrent une origine du TJob chez les Thérapeutes vers le premier siècle après JC, bien que le siècle précédent ou celui qui suit soient également possibles. Le document aurait pu exhorter à l’endurance comme réponse à une persécution imminente – légère ou grave. Il s’agissait sans aucun doute d’une polémique contre l’idolâtrie et aurait très bien pu servir à des fins de propagande missionnaire.
Il a été suggéré que les Montanistes, un groupe chrétien pneumatique-prophétique du deuxième siècle, pourraient être responsables de la dernière section du document (TJob 46-53), où l’éloge de l’endurance patiente cède la place aux filles de Job parlant le langage des anges et des chérubins. Dans leur lutte contre les montanistes, les chrétiens orthodoxes exigeaient un précédent biblique pour les prophètes qui parlaient en extase (Eusebius, Ecclesiastical History V.17.1-3). Bien que la preuve ne soit pas possible, il est une possibilité séduisante de penser que le TJob dans sa forme actuelle a été fourni par les montanistes comme un précédent pseudo-canonique truqué pour légitimer leur propre prophétie extatique et largement féminine.
Quoi qu’il en soit, le TJob est une œuvre essentiellement juive composée en grec, proche des temps de Jésus et de Paul, de Philon et de Josèphe.
James Charlesworth écrit : « Certains érudits datent l’ouvrage du premier siècle avant JC (CC Torrey, Apoc. Lit., p. 145 ; RH Pfeiffer, IB 1 [1952] 425) ; M. Delcor (n° 971) pense que 17 : 12-18 est une allusion claire à l’invasion parthe en Palestine vers 40 avant JC. Philonenko (n° 980), conclut cependant que ce pseudépigraphon vient du premier siècle après JC, peut-être les Thérapeutes en Egypte. HC Kee (n° 976) date également la composition du premier siècle après JC, mais soutient qu’elle est clairement liée au mysticisme de la Merkabah. (Le Pseudépigraphe et la Recherche Moderne, p. 135)