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Note de l’éditeur – novembre 2022 | Journal — Novembre 2022 — Table des matières | Ma relation à Dieu – ma Mère et mon Père |
À la fin des années 1980, alors que j’étais engagée dans un programme d’études supérieures en psychologie transpersonnelle, j’ai suivi un cours de Spiritualité de la Création avec Matthew Fox, ancien prêtre dominicain, théologien et auteur de 37 livres, dont Creation Spirituality : Liberating Gifts for The People of the Earth.[1] C’était ma première incursion importante dans l’idée que Dieu a une fonction créatrice omniprésente, maternelle et donnant la vie.
À l’époque, du point de vue du magistère de l’église catholique romaine, le point de vue de Fox était proche de l’hérésie. Il fut expulsé du sacerdoce dominicain mais plus tard, en 1994, il fut reçu en tant que prêtre dans l’Église épiscopale par l’évêque William Swing.
Néanmoins, le concept de la spiritualité de la création fut planté dans mon esprit comme quelque chose qui mérite d’être médité. La spiritualité de la création postule que Dieu est en toutes choses (panenthéisme), que la divinité imprègne toutes choses, et que toutes choses portent le plan énergétique de la divinité. Cela ne veut pas dire que Dieu est toutes choses, ce qui est une affirmation panthéiste, bien qu’il soit vrai de dire que sans Dieu ou une cause première, rien n’existerait.
Il y a une résonance de cet attribut de l’omniprésence de Dieu dans la révélation d’Urantia où nous lisons que « l’Esprit Infini pénètre tout l’espace et habite le cercle d’éternité » [LU 34:3.2]. Il en va de même pour les Filles Créatrices de l’Esprit Mère Infini au niveau de l’univers local. Considérez la déclaration selon laquelle « la Divine Ministre de Salvington est partout dans Nébadon » [LU 45:1.8].
Lorsque la Fille Créatrice commence l’acte impressionnant de la création conjointe avec le Fils Créateur, nous apprenons que, de la vaste source d’énergie de son être, « découlent les courants établis et les circuits ordonnés de puissance spirituelle et d’influence spirituelle destinés à imprégner tous les mondes et les êtres de cet univers local » [LU 34:1.2]. De ce passage, et d’autres références à travers la révélation d’Urantia, nous pouvons glaner l’image d’une omniprésence spirituelle enveloppante qui imprègne tout l’espace, tous les mondes architecturaux et évolutifs, et tous les êtres de l’univers de l’Esprit-Mère avec divers courants d’énergie spirituelle mentale et des canaux discrets de sa présence personnelle qui lui fournissent les moyens de se connecter et de communiquer avec tous les habitants de son univers.
Ces pouvoirs et attributs manifestes nous aident à mieux comprendre la nature de cette grande Fille Créatrice de l’Esprit Infini et sa fonction omniprésente de Mère Divine de toutes ses créatures, la source de la vie, du mental et de la puissance spirituelle dans l’univers. Elle est totalement différente, dans sa nature omniprésente et dans de nombreuses autres fonctions, du Fils Créateur, le Père de notre univers local et le Fils unique et originel du Père Universel et du Fils Mère éternel.
Le Fils Créateur est un être divin qui, contrairement à la Fille Créatrice – son éternelle partenaire co-créatrice et co-dirigeante – est totalement illimité par les contraintes du temps dans le grand univers, mais qui ne peut être que dans un seul endroit distinct à la fois, contrairement à la Mère Divine qui est partout dans les limites de son univers local.
Combien la Mère divine est négligée et sous-estimée dans la plupart des religions du monde, à l’exception de l’hindouisme qui vénère la Grande Déesse Mère Devi, celle qui incarne tous les aspects de la féminité et de la maternité. Devi est aussi puissante que les dieux masculins de la trinité hindoue, Vishnu et Shiva. Si elle est douce, aimante et nourricière dans sa fonction maternelle, Devi est aussi parfois féroce dans l’exercice de son impressionnant pouvoir cosmique de création et de destruction des mondes.
Alors que j’avais déjà été confrontée à l’Esprit Mère de l’Univers dans Le Livre d’Urantia, j’avais tendance à passer sous silence sa présence omniprésente dans l’espace et le mental et ses pouvoirs créatifs impressionnants, comme l’ont peut-être fait beaucoup d’autres lecteurs du Livre d’Urantia. En fait, il me semble que le concept de Dieu Père éclipse le concept de Dieu Mère dans Le Livre d’Urantia à un point tel qu’il oblitère presque l’aspect maternel de Dieu, un peu comme la lueur brumeuse de la lune perdue dans la lumière brillante du soleil.
Ayant grandi dans la culture patriarcale occidentale du judéo-christianisme, l’image anthropomorphique de Dieu qui m’avait été présentée était entièrement masculine en termes d’un Dieu Père de l’Ancien Testament et du Fils de Dieu du Nouveau Testament. Pourquoi ne me suis-je pas posé plus tôt la question de la mère manquante dans la famille divine de la Trinité du Paradis ? La culture religieuse est-elle si envahissante que, comme un poisson dans l’eau qui ne remet pas en question l’eau qui l’entoure, nous ne remarquons ni ne remettons en question l’absence de la fonction maternelle dans la représentation symbolique de la Trinité ?
Le mème ci-dessus a circulé sur Internet. Qu’est-ce qui ne va pas avec cette image ?
La première chose qui me vient à l’esprit est que l’Esprit Infini est une Personne. Nous avons besoin d’un meilleur symbole, plus révélateur de la vérité, de l’Esprit Infini et de l’Esprit Mère Créateur pour le nouveau millénaire et au-delà, car il y a un rejet croissant de l’ancienne symbologie chrétienne. Un symbole d’oiseau n’est tout simplement pas adéquat, principalement parce qu’il manque de personnalité – d’omniprésence spirituelle personnelle.
L’Esprit Infini est tout autant un complément du Fils Éternel que le Fils est un complément du Père Universel. Le Fils Éternel est une personnalisation spiritualisée du Père ; l’Esprit Infini est une spiritualisation personnalisée du Fils Éternel et du Père Universel. [LU 9:2.2 gras ajouté]
Ceux qui étudient la divinité dans la révélation d’Urantia savent que le Père Universel n’est pas seul dans l’infini et n’a jamais agi seul dans les cycles d’éternité, malgré la vérité absolue qu’il est la Source Première et le Centre de tout ce qui est. Les deux autres Absolus sont toujours existentiellement et éternellement co-présents – le Fils Mère éternel et l’Esprit infini, l’Acteur conjoint de la Trinité. C’est la relation familiale originelle du Paradis. Les Trois Personnes, dans l’unité indivise de la Trinité du Paradis, semblent être nécessaires pour la création, la diversité, la variabilité et le maintien du grand univers dans l’Âge actuel du Suprême.
Alors que la raison réclame une unité monothéiste de la réalité cosmique, l’expérience finie exige le postulat d’une pluralité d’Absolus et de leur coordination en relations cosmiques. Sans existences coordonnées, la diversité des relations absolues n’a aucune chance d’apparaitre, et les différentiels, variables, modificateurs, amortisseurs, qualificateurs ou réducteurs n’ont aucune occasion d’opérer. [LU 104:3.4]
Où est donc l’aspect maternel de Dieu dans les cultures religieuses de notre monde évolutionnaire, en particulier dans les traditions judéo-chrétiennes et islamiques ?
Que s’est-il passé pour arrêter le développement du vrai concept de Trinité dans le monde occidental – la réalité d’un Dieu-à-Trois-Personnes-en-Une qui démontre une Famille Divine de Père, Mère et Enfant qui sont égaux et unis les uns aux autres ?
Il y a de nombreuses descriptions des Trois Personnes de la Trinité du Paradis et de leur relation familiale dans la révélation d’Urantia :
En ce qui concerne l’identité, la nature et les autres attributs de personnalité, le Fils Éternel est le plein égal, le parfait complément, l’éternelle contrepartie du Père Universel. Au même sens que Dieu est le Père Universel, le Fils est la Mère Universelle. Et l’ensemble de nous tous, humbles ou élevés, constitue leur famille universelle. [LU 6:8.1]
Le premier acte de l’Esprit Infini est d’inspecter et de reconnaitre ses divins parents, le Père-Père et le Fils-Mère. Lui, l’Esprit, les identifie tous deux sans réserve. Il est pleinement instruit de leurs personnalités séparées et de leurs attributs infinis, aussi bien que de leur nature conjuguée et de leur fonction unifiée. [LU 8:1.2]
L’Esprit Infini est une personnalité complète et parfaite, le divin égal et le coordonné du Père Universel et du Fils Éternel. [LU 8:6.2]
Le Fils et l’Esprit président maintenant l’univers, comme un père et une mère veillent sur leur famille de fils et de filles, et pourvoient à leurs besoins. [LU 33:3.7]
Pour en revenir à l’idée de notre Mère Divine manquante, quelles pourraient être les retombées au niveau sociologique de notre pensée spirituelle appauvrie sur le Dieu Père et Dieu Mère, fonctions de la Trinité existentielle, leur modèle de famille divine, ainsi que nos Parents Divins de l’Univers Local, sur le développement de la culture religieuse et de la civilisation dans notre monde évolutionnaire ? Et quel pourrait être l’impact ultérieur de cette vision déficiente et déséquilibrée de la Déité sur les rôles et la valeur relative des hommes et des femmes dans la société et sur leur statut inégal dans de nombreuses cultures mondiales ?
Ce sont des questions, je pense, que nous devrions soulever en tant qu’étudiants de la révélation d’Urantia, dont l’un des buts principaux est l’amélioration des religions évolutionnaires, de la pensée spirituelle et de la civilisation planétaire. Bien que nous ne puissions pas aborder ces questions de manière adéquate dans le cadre de cet article, je pense qu’il nous appartient, en tant que penseurs religieux – hommes et femmes – d’aborder cette intersection vitale de la révélation et de l’évolution et d’apporter des concepts divins supérieurs à l’éveil spirituel de l’humanité.
L’étude de la religion humaine est l’examen des strates sociales fossilifères des âges passés. Les mœurs des dieux anthropomorphes reflètent fidèlement la morale des hommes qui furent les premiers à concevoir ces déités. Les anciennes religions et la mythologie décrivent fidèlement les croyances et traditions de peuples perdus depuis longtemps dans l’obscurité. Ces anciennes pratiques cultuelles persistent à côté de coutumes économiques et d’évolutions sociales nouvelles et, bien entendu, elles apparaissent grossièrement illogiques. Les reliquats du culte offrent une bonne image des religions raciales du passé. Rappelez-vous toujours que les cultes ne sont pas formés pour découvrir la vérité, mais plutôt pour promulguer des crédos. [ LU 92:3.1]
Les hommes modernes ont en eux-mêmes une conscience suffisante de la religion, mais leurs coutumes d’adoration sont rendues confuses et sont discréditées par leur métamorphose sociale accélérée et leur développement scientifique sans précédent. Les hommes et les femmes qui pensent veulent que la religion soit définie à nouveau, et cette exigence obligera la religion à se réévaluer. [LU 92:7.13, gras ajouté]
L’homme moderne est confronté à la tâche de faire en une seule génération plus de rajustements dans les valeurs humaines qu’il n’en a été fait en deux-mille ans. Et tout cela influence l’attitude sociale envers la religion, car la religion est une manière de vivre aussi bien qu’une technique de pensée. [LU 92:7.14]
Cet article est une tentative de soulever des questions sur la relation entre des concepts et des symboles théologiques confus et dépassés et le développement de la culture et de la civilisation religieuses. C’est aussi un effort pour introduire des concepts spirituels plus élevés et promouvoir la fertilisation croisée des idées et des valeurs dans les discussions entre les penseurs des domaines de la religion de révélation, de la philosophie, de la psychologie sociale et de l’anthropologie socioculturelle, y compris l’anthropologie de la religion.
Les concepts et valeurs religieux sont indissociables de la culture sociale. Ils ont façonné le développement de la société et de la culture depuis les tous premiers humains. La façon dont nous pensons à Dieu, au sens de l’existence, à ce qui se trouve au-delà de la mort et à la valeur que nous attribuons aux personnes et à toute vie, influence profondément et absolument l’évolution de nos coutumes, mœurs, tabous et lois – les normes sociales qui régissent nos croyances, notre comportement et nos interactions avec les autres.
Le progrès de la civilisation mondiale vers la lumière et la vie dépend grandement des significations et valeurs spirituelles supérieures de la religion révélée, la révélation d’Urantia étant le dernier cadre divin de ce type pour aider nos cultures mondiales à évoluer spirituellement, socialement et intellectuellement.
Pour revenir à mon cours sur la spiritualité de la création, Matthew Fox a énoncé une idée qui s’est gravée dans mon esprit et qui n’a cessé de stimuler ma réflexion depuis. Il a dit : « Si je voulais créer un monde qui serait condamné à l’extinction, je créerais un monde avec seulement un Dieu Père et pas de Dieu Mère ».
Bien que le concept de la Sainte Trinité ait été gravé dans mon âme dès mon enfance, j’ignorais le caractère maternel de Dieu. Soudain, j’ai vu la religion catholique romaine dans laquelle j’avais été élevée sous un jour entièrement nouveau. Il lui manquait le Dieu-Mère et ce vide était si flagrant – et révélait un besoin d’une Mère-Dieu si grand – que des milliards de catholiques au cours des siècles avaient pratiquement déifié Marie, la mère humaine de Jésus, pour combler cet espace manquant.
Mais Marie n’était, après tout, qu’un être humain, et non une Personne de la Trinité du Paradis. Pourtant, au cours des deux derniers millénaires, d’innombrables millions de personnes lui ont témoigné la révérence, l’amour et la quasi-adoration qui sont habituellement réservés à Dieu le Père au Paradis. Pourquoi ?
Une réponse à cette question peut être l’existence d’un besoin profond et ancien dans la psyché humaine – enraciné à la fois par les révélations d’époque précédentes de la Trinité du Paradis à l’humanité et par l’esprit auxiliaire de l’adoration et du Saint-Esprit qui ont été à l’œuvre pendant un million d’années dans notre évolution humaine progressive – d’une représentation féminine de Dieu en tant que Mère pour équilibrer et compléter un Dieu Père tout-puissant.
En témoignent les nombreuses personnifications féminines de la Déité que l’on retrouve dans les religions animistes et les artefacts des sociétés anciennes ainsi que dans les grandes religions d’Asie. Parmi les déesses les plus continues figurent Gaia, Isis, Hécate, Rhéa, Thiên Y A Na, Devi, Parvati, Durga, Kali, Saraswati, Lakshmi, Tara et Kwan Yin.
En fait, nous avons une Mère-Dieu méconnue qui est tout à fait personnelle et présente mentalement dans nos corps par l’intermédiaire de ses Esprits Mentaux Adjuvats et de son Esprit Saint. Elle est en nous et tout autour de nous dans sa présence omniprésente. Notre être est imprégné de l’esprit et de l’énergie vitale de la Mère. Et elle s’occupe de nous par l’intermédiaire de ses innombrables esprits filles, nos gardiens séraphiques.
En fait, comme les poissons qui ne sont pas conscients de l’eau parce qu’ils sont si complètement dedans qu’ils ne la reconnaissent pas ou ne la remettent pas en question, de même, nous existons sans être conscients de l’esprit et des champs d’énergie omniprésents de l’Esprit Mère Créateur. Mais avec l’éducation, les techniques et les encouragements appropriés pour améliorer notre perception spirituelle, nous pourrions bien être en mesure de développer la capacité de devenir conscients des influences spirituelles trines en nous et autour de nous, y compris la présence spirituelle personnalisée du Saint-Esprit, et de nous y accorder.
Encore une fois, Le Livre d’Urantia nous fournit des détails significatifs sur la présence spirituelle omniprésente de l’Esprit Infini, sur les Filles Créatrices de l’Esprit Infini et sur notre contact avec sa présence personnalisée. Ne nous dit-on pas que la qualité fondamentale de la personnalité est sa capacité à toujours reconnaître et entrer en contact avec d’autres personnalités ?
Dans ses prérogatives personnelles, un Esprit Créatif est…présente d’une manière égale et diffuse dans tout son univers. Elle est donc tout aussi littéralement et personnellement présente sur un monde que sur tous les autres. [LU 34:3.3, gras ajouté]
Cette présence personnalisée de l’Esprit Infini, l’Esprit-Mère Créatif de l’univers local, est connue dans Satania sous le nom de Divine Ministre. À toutes fins pratiques et pour tous les desseins spirituels, cette manifestation de la Déité est un être divin, une personne spirituelle. [LU 34:1.4, gras ajouté]
Il y a de nombreux passages dans Le Livre d’Urantia qui nous informent des façons dont nous sommes connectés à Dieu, y compris la ligne directe de l’Esprit Mère vers les êtres personnels à travers son Esprit Saint, comme dans le passage suivant :
Nous connaissons la présence de l’esprit universel du Fils Éternel — nous pouvons infailliblement la reconnaitre. Quant à la présence de l’Esprit Infini, la Troisième Personne de la Déité, même l’homme mortel peut la connaitre, car les créatures matérielles peuvent effectivement faire l’expérience de l’effet bienfaisant de cette influence divine qui fonctionne comme effusion du Saint-Esprit de l’univers local sur les races de l’humanité. Dans une certaine mesure, les humains peuvent aussi devenir conscients de l’Ajusteur, la présence impersonnelle du Père Universel. Ces esprits divins qui travaillent à l’élévation des hommes et à leur spiritualisation agissent tous à l’unisson et en parfaite coopération. Ils ne font qu’un dans l’exécution spirituelle des plans pour élever les mortels et leur faire atteindre la perfection. [LU 9:2.5, gras ajouté]
En cherchant dans Le Livre d’Urantia, au fil des ans, des indices sur notre Mère Divine disparue, j’ai trouvé au moins une partie de la réponse à sa disparition (ou à sa submersion, selon le cas) dans le fascicule 104, « La croissance du concept de la Trinité ». Même les étudiants de longue date du Livre d’Urantia peuvent avoir négligé le fait que la révélation de la Trinité du Paradis – le Père Universel, le Fils Mère Éternel et l’Esprit Infini – fut faite par l’état-major du Prince au peuple d’Urantia il y a un demi-million d’années. Elle a malheureusement disparu dans les ténèbres qui ont envahi notre monde après la rébellion planétaire il y a environ 200.000 an [LU 104:1.1].
Le concept de la trinité fut ensuite ravivé et enseigné par Adam et Ève, il y a environ 38 000 ans, dans le premier et le second jardins [LU 104:1.2]. Cependant, avec le défaut de la mission adamique et le passage de nombreux millénaires, le concept d’un Dieu Trois-en-Un s’était estompé au moment où Machiventa Melchizédek apparut sur la scène mondiale, il y a environ 4.000 ans, bien qu’il n’ait pas été complètement effacé grâce aux enseignements de la prêtrise séthite [LU 104:1.5].
La mission première de Machiventa Melchizédek était d’empêcher l’extinction de la vérité révélée sur Dieu, y compris le concept de la Trinité, et de faire revivre le concept d’un Dieu unique au-dessus de tous les dieux, préparant ainsi les esprits de l’humanité à une plus grande réceptivité à la mission imminente d’effusion humaine du Fils Créateur sur notre monde. Machiventa accomplit cet objectif suprême en développant une école de missionnaires qui allèrent jusqu’aux extrémités de la terre avec leur message d’El Elyon, le Très Haut, et le concept de la Trinité pour ceux qui pouvaient le recevoir.
Il est fascinant de constater que les missionnaires de Salem trouvèrent une bien plus grande réceptivité au concept de la Trinité dans les esprits culturels des peuples de l’Inde et de la Chine qu’en Occident.
Grâce aux activités des missionnaires de Salem, les enseignements de Melchizedek sur la Trinité se sont progressivement répandus dans une grande partie de l’Eurasie et de l’Afrique du Nord.
Chez les Hindous, le concept trinitaire s’enracina sous la forme de l’Être, de l’Intelligence et de la Joie. (Une conception indienne ultérieure était Brahma, Shiva et Vishnu.) Alors que les premières représentations de la Trinité furent apportées en Inde par les prêtres séthites, les idées ultérieures de la Trinité furent importées par les missionnaires de Salem et développées par les intellects indigènes de l’Inde par une combinaison de ces doctrines avec les conceptions de la triade évolutionnaire.
La foi bouddhiste a développé deux doctrines de nature trinitaire : la première était l’Enseignant ou Maître, la Loi et la Fraternité ; c’était la présentation faite par Gautama Siddhartha. L’idée plus tardive, qui s’est développée parmi la branche nord des disciples de Bouddha, englobait le Seigneur Suprême, le Saint-Esprit et le Sauveur Incarné. [LU 104:1.4-6]
Alors que le concept trinitaire s’est enraciné dans l’hindouisme et le bouddhisme, il n’a pas réussi à s’imposer chez les Hébreux et les peuples du Proche-Orient qui s’accrochaient avec ténacité et zèle à un Dieu Père monothéiste au détriment du concept trinitaire de Dieu. L’auteur du document 104 affirme également que les disciples de Mahomet ont eu plus tard la même difficulté intellectuelle que les Hébreux à tolérer un Dieu trinitaire, car ils ne pouvaient pas le concilier avec le monothéisme, la doctrine d’un seul Dieu. Eux aussi ont eu du mal à séparer le concept de trinitarisme de celui de polythéisme [LU 104:1.9].
Mais Machiventa trouva très difficile d’enseigner aux Bédouins de Palestine des notions sur le Père Universel, le Fils Éternel et l’Esprit Infini. La plupart de ses disciples crurent que la Trinité se composait des trois Très Hauts de Norlatiadek … [LU 104:1.3]
Les Hébreux connaissaient la Trinité grâce aux traditions kénites de l’époque de Melchizédek, mais leur zèle monothéiste pour le Dieu unique, Yahvé, éclipsa tellement tous ces enseignements qu’au moment de l’apparition de Jésus, la doctrine des Elohim avait été pratiquement éradiquée de la théologie juive.
Les adeptes de la foi islamique ne réussirent pas non plus à saisir l’idée de la Trinité. Il est toujours difficile pour un monothéisme naissant de tolérer le trinitarisme lorsqu’il est confronté au polythéisme. (…) Les grands monothéistes, les Hébreux et les Mahométans, ont eu du mal à faire la distinction entre l’adoration de trois dieux, le polythéisme, et le trinitarisme, l’adoration d’une seule Déité existant dans une manifestation trine de divinité et de personnalité. [LU 104:1.8-9, gras ajouté]
Jésus ne fit pas beaucoup mieux avec ses disciples lorsqu’il tenta d’élever et d’élargir leur pensée sur Dieu au-delà du concept racial de Yahvé, l’idée avancée du Seigneur Dieu d’Israël.
Jésus enseigna la vérité à ses apôtres au sujet des personnes de la Trinité du Paradis, mais ils crurent qu’il parlait figurativement et symboliquement. Ayant été élevés dans le monothéisme hébreu, ils trouvèrent difficile d’admettre la moindre croyance qui parût en conflit avec leur concept dominant de Yahweh. Les premiers chrétiens héritèrent des préjugés hébreux contre le concept de la Trinité. [LU 104:1.10]
Jésus rappela à ses disciples le sens pluriel d’Elohim, l’ancien nom de Dieu chez les Hébreux, qui fut ensuite supplanté par le concept monothéiste singulier de Yahvé :
Élohim. Depuis l’époque d’Adam, l’enseignement de la Trinité du Paradis a subsisté. Rappelez-vous que les Écritures commencent par affirmer qu’« Au commencement, les Dieux créèrent les cieux et la terre. » Cela dénote qu’au moment où ce passage fut rédigé, le concept trinitaire de trois Dieux en un avait trouvé place dans la religion de nos ancêtres. [LU 142:3.6]
Ainsi, pour de nombreuses raisons liées à la linguistique culturelle et à la mentalité religieuse des Hébreux et d’autres tribus sémitiques anciennes, le concept de la Trinité n’a pas gagné en popularité au Proche-Orient. Au lieu de cela, il a cédé la place à un Dieu monothéiste, paternaliste et durable qui a évincé la fonction maternelle de Dieu et le concept de la Trinité du Paradis en tant que Famille Divine de Divinités Personnelles.
Je voudrais avancer l’idée qu’un concept primaire de Dieu que les esprits religieux de notre génération et du futur doivent décoder et absorber dans nos systèmes de croyances en évolution et dans notre civilisation planétaire progressive est : le trinitarisme et le monothéisme ne sont pas contradictoires ou incompatibles.
Le Dieu unique de tous embrassé dans le monothéisme est en réalité et a toujours été Trois Personnes en un Dieu ! La Trinité des Trois Personnes Existentielles de l’éternité – les Trois Sources et Centres d’absolument tout ce qui existe dans l’univers des univers – a été révélée à de nombreuses reprises dans le passé, mais a été mal comprise, souvent rejetée et perdue à maintes reprises au cours de l’évolution humaine.
L’adhésion au trinitarisme permet aux gens de réaliser et d’utiliser la connaissance que chacune des trois déités du Paradis a des fonctions uniques et diverses qui nous nourrissent, nous enseignent, nous guident et nous aident à grandir dans la ressemblance à Dieu alors qu’elles nous attirent vers elles au Paradis par le circuit de la personnalité du Père, la gravité de l’esprit du Fils, la gravité de l’Esprit et l’activité stupéfiante de Dieu le Septuple dans les univers évolutifs de l’espace et du temps.
En combinaison et en association, la Trinité du Paradis présente aux esprits évolutionnaires une approche équilibrée des qualités et attributs de Dieu qui sont principalement l’AMOUR et la LOI. D’une certaine manière, ces aspects de la nature de Dieu représentent un mélange équilibré de qualités maternelles et paternelles dans le tissu même de la vie dans le grand univers.
Cependant, si une ou deux des Personnes de la Trinité sont diminuées ou retirées de la compréhension culturelle religieuse de Dieu, je pense que les gens souffrent de la perte relationnelle, dans une certaine mesure, de ces caractéristiques et traits associés de Dieu dans leur culture collective et leur système de croyance personnel.
Je pense qu’il est juste de suggérer qu’un tel déséquilibre dans notre compréhension de Dieu affecte négativement le développement culturel et le progrès de la civilisation vers la lumière et la vie dans la mesure où le fonctionnement intégré correct de l’Amour et de la Loi dans la société n’est pas atteint. Nous pouvons souffrir d’une emphase excessive sur la Loi aux dépens de l’Amour et devenir des esclaves de l’autorité. À l’inverse, une insistance excessive sur l’amour au détriment de la loi peut conduire à un manque de discipline et de contrôle de soi.
Ce déséquilibre se manifeste dans de nombreux groupements sociaux et cultures religieuses, comme nous le constatons actuellement dans les graves troubles civils en Iran et les guerres culturelles en Amérique. En contraste avec les mondes évolutionnaires imparfaits du superunivers, le juste équilibre de l’Amour et de la Loi se manifeste parfaitement dans l’harmonie exquise du Paradis-Havona.
En reconnaissant le concept de la Trinité, l’esprit de l’homme peut espérer saisir quelque chose de l’interrelation entre l’amour et la loi dans les créations spatio-temporelles. Par la foi spirituelle, l’homme acquiert un aperçu de l’amour de Dieu, mais découvre rapidement que cette foi spirituelle n’a aucune influence sur les lois ordonnées de l’univers matériel. [LU 104:2.3]
Il est intéressant de noter que les premiers chrétiens avaient un concept de la Trinité, bien qu’il soit confus en ce qui concerne la nature et la fonction de chacune des trois Personnes de la Déité. Dans l’étude de l’histoire doctrinale de la Trinité dans la religion chrétienne, on constate qu’il y a longtemps eu débat et confusion au sujet de la divinité, en particulier de la troisième personne de la Trinité.
En fait, le christianisme oriental et occidental reste divisé à ce jour, entre autres questions théologiques, sur la question de savoir si oui ou non la troisième personne de la Trinité – le Saint-Esprit – procède du Père et du Fils, ou seulement du Père. Ce différend a finalement conduit au Grand Schisme entre le catholicisme et l’Église orthodoxe en 1054, les catholiques soutenant la thèse de l’origine de l’Esprit dans le Père et le Fils.
Diverses sectes chrétiennes ne sont pas d’accord sur la divinité et sur le fait que le Saint-Esprit soit ou non une personne ou simplement une énergie ou une force vitale de Dieu. Les Témoins de Jéhovah, par exemple, ne croient pas à la Trinité. Ils croient que Dieu est tout-puissant, que Jésus est un Dieu puissant et que le Saint-Esprit est la force active de Dieu.
D’autres sectes chrétiennes interprètent le Saint-Esprit comme ce que la révélation d’Urantia appelle l’Esprit de Vérité. Aucune ne comprend le Saint-Esprit comme la Fille Créatrice de l’Esprit Infini, la présence personnelle de l’Esprit Mère de l’Univers qui est le dispensateur de la vie et du mental dans son univers évolutionnaire. Aucun ne le connaît actuellement comme le co-créateur éternel et le co-gérant avec notre Fils Créateur Michael de l’univers local dans lequel nous vivons.
Considérez ce que Le Livre d’Urantia nous dit sur les premiers concepts chrétiens de la Trinité :
La première trinité du christianisme fut proclamée à Antioche et consistait en Dieu, sa Paro le et sa Sagesse. Paul connaissait la trinité paradisiaque du Père, du Fils et de l’Esprit, mais il prêcha rarement à son sujet et n’en fit mention que dans quelques-unes de ses lettres aux églises nouvellement formées. Même alors, comme ses compagnons apôtres, Paul confondait Jésus, le Fils Créateur de l’univers local, avec la Deuxième Personne de la Déité, le Fils Éternel du Paradis.
Le concept chrétien de la Trinité, qui commença à être reconnu vers la fin du premier siècle après Jésus-Christ, comprenait le Père Universel, le Fils Créateur de Nébadon, et la Divine Ministre de Salvington – Esprit Mère de l’univers local et compagne créatrice du Fils Créateur.
Depuis l’époque de Jésus, l’identité factuelle de la Trinité du Paradis n’a jamais été connue sur Urantia (sauf par quelques individus à qui elle a été spécialement révélée) jusqu’à sa présentation dans ces révélations. [LU 104:1.11-13]
À partir de ces passages, nous pouvons voir que notre monde a un long chemin à parcourir intellectuellement et spirituellement pour reconnaître, accepter et embrasser le mystère de Trois-Personnes-en-Un-Dieu. Peut-être pouvons-nous aussi discerner que le concept profondément ancré d’un Dieu unique, monothéiste et paternaliste, séparé d’une compréhension correcte des deux autres divinités de la Trinité du Paradis, est un obstacle au progrès de notre civilisation planétaire spirituelle.
À l’époque moderne, des dizaines de millions de personnes rejettent le christianisme (et non Jésus en soi) pour de bonnes raisons, en raison de ses symboles dépassés et de son refus de suivre l’évolution de la culture. Un segment de plus en plus important du monde occidental, en particulier, réfute le concept d’un Dieu de l’Ancien Testament qui est toujours ancré dans notre culture comme une figure paternelle sévère, jugeant, autoritaire et punissant. C’est cette image symbolique que Jésus a fait de son mieux pour remplacer par son enseignement d’un Père aimant et indulgent dans les cieux et de la famille divine de Dieu.
Le prix que nous payons pour le concept désuet et sévèrement limitatif du monothéisme, je pense, est la perte de la plénitude des significations et des valeurs qui sont disponibles dans la Trinité. Le monothéisme doit céder tôt ou tard à la réalisation et à l’appréciation plus complète des dons, des pouvoirs et des influences bienfaisants des trois personnes de la Trinité – le Père universel, le Fils Mère Éternel et l’Acteur conjoint (l’Esprit infini) dans une mesure égale – et de leurs Fils Créateurs et Filles Créatrices qui partent dans les superunivers de l’espace et du temps pour former leurs propres familles divines.
Il existe une relation indéniable entre, d’une part, notre réalisation et notre adhésion individuelles et collectives à la Famille originelle du Paradis, ainsi qu’aux Parents Divins de notre univers local, et, d’autre part, les significations et valeurs culturelles et spirituelles que nous accordons aux hommes, aux femmes, aux enfants et aux familles dans notre civilisation mondiale.
Nous pouvons voir les signes d’une agitation, d’un nouvel éveil, dans la conscience spirituelle collective de l’humanité aux 20e et 21e siècles, pour élargir le concept de Dieu d’un seul Père seul dans le vide, à une Trinité de Déités qui sont totalement aimantes, qui donnent la personnalité, qui donnent la vie, qui donnent la loi, qui donnent l’esprit, et qui nous servent continuellement, dans un effort incessant pour nous aider à grandir et à devenir comme elles.
Leurs natures personnelles illimitées, individuelles et indivises sont l’essence et la source de l’AMOUR et de tout ce qui est bon, vrai et beau. Ils ont tout créé dans l’amour et par la loi. Ces deux réalités de l’amour et de la loi, des caractères, des fonctions et des traits de caractère maternels et paternels, par lesquels toutes les choses et tous les êtres sont faits, doivent toujours rechercher l’équilibre dans les mondes évolutifs de l’espace et du temps jusqu’à ce qu’ils reflètent l’équilibre et l’harmonie exquis de Havona-Paradis.
Note de l’éditeur – novembre 2022 | Journal — Novembre 2022 — Table des matières | Ma relation à Dieu – ma Mère et mon Père |
‘Spiritualité de la Création : des dons libérateurs pour les peuples de la Terre.’ ↩︎