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Croissance Personnelle - Arrivée Mondes Maisons | Le Lien Urantien — Numéro 46 — Printemps 2009 — Table des matières | Guten Tag Urantia ! |
EGO est un substantif tiré du pronom personnel latin « ego » qui signifie « moi ». Il désigne généralement la représentation et la conscience que l’on a de soi-même. Il est tantôt considéré comme le fondement de la personnalité (en psychologie), tantôt considéré comme une entrave à notre développement personnel (en spiritualité).
L’ego humain comporte trois composants : l’ego physique ou animal (ego des désirs terrestres, le besoin de posséder), l’ego mental ou sens du moi séparé, opposé aux autres, et l’ego spirituel de celui qui a conscience de son appartenance divine. Il est difficile à déceler car nous nous le cachons à nous-mêmes. L’ego dominateur est le côté sombre de l’entité « SOI » et la mauvaise utilisation de sa propre intention. L’ego est un état de l’âme et il diffère d’une personne à une autre. On parle d’alter ego pour faire référence à cette entité qui compose l’autre, mais qui est semblable au moi.
D’un point de vue bouddhiste, l’ego est une construction mentale ne correspondant pas à une réalité tangible. Où peut-il être situé ? Ni dans les bras, ni dans les jambes. On se rend compte qu’il n’est pas dans le corps, mais seulement dans l’esprit. L’ego est une représentation fausse qu’un individu se fait de lui-même. Certains parlent de « fausse personnalité » où se sont agglutinés souvenirs et expériences mais, elle diffère de la personnalité originelle et cette illusion prive les gens qui sont prisonnier de leur ego d’une vraie liberté et les enchaîne à des schémas de souffrance (égocentrisme, orgueil, vanité).
Dans ces conceptions, une personne qui s’est libérée de son ego (dominateur) est en bonne voie pour réaliser son éveil spirituel et même si l’extinction totale de l’ego est une ambition voisine de l’utopie, il n’en reste pas moins vrai que tout apaisement est bienvenu. Tout individu, homme ou femme, qui a atteint une certaine maîtrise de son ego et forcément quelqu’un de gentil et de doux, un être humble et empli de compassion, (hum, hum, humour), et ce n’est qu’à partir de ce stade qu’il pourra déployer une ouverture de son intelligence et de sa conscience vers ce fabuleux destin éternel réservé aux hommes et aux femmes, (bien sûr).
L’idée-idéal de faire du bien aux autres l’impulsion à refuser quelque chose à l’ego au profit de son prochain est d’abord très circonscrite. Jésus élargit la notion du prochain jusqu’à embrasser l’ensemble de l’humanité, allant jusqu’à dire que nous devrions aimer nos ennemis. LU 103:5.2
La voie consiste entre autres à se libérer de cette vision qui nous place au centre de tout.
L’homme tend à identifier son moi, son ego, avec son impulsion à se servir lui-même. Par contraste, il tend à identifier la volonté d’être altruiste avec une influence extérieure à lui avec Dieu. En vérité, ce jugement est juste, car tous ces désirs altruistes ont effectivement leur origine dans la gouverne de l’Ajusteur de Pensée intérieur, et cet Ajusteur est un fragment de Dieu. LU 103:2.10
Le plus grand frein dans l’évolution de l’homme, dans notre évolution, c’est l’ego, les blessures et les vexations que subit notre personnalité. Certains ne peuvent pardonner ces blessures, ces vexations, car elles font naître en eux un profond sentiment de ressentiment, et cela est à éviter absolument. Quoi que puisse nous faire notre frère, juste ou injuste, essayons de ne jamais nourrir de ressentiment envers lui. Le frère est l’artisan qui nous fait évoluer, il est celui qui nous permet de voir ce qu’il faut transformer en nous. Lorsque nous arriverons à ne plus être blessé par toutes les paroles que nous pourrons entendre sur nous, contre nous, lorsque nous arriverons à avoir de la compassion pour ceux qui nous blessent, à ne pas nous laisser déstabiliser, nous serons infiniment heureux car nous aurons franchi un grand pas sur le sentier de notre évolution. Ce qui nous freine essentiellement, c’est notre susceptibilité humaine, c’est notre ego.
Lorsque nous aurons compris que tous les différents qui existent sur ce monde ne sont essentiellement que des blessures de l’ego, d’amour propre, de vexations, nous comprendrons qu’il est essentiel de travailler sur nous-mêmes pour atteindre la paix.
Si nous ne sommes pas capables de voir les expériences que notre Ajusteur met sur notre route afin que notre avancement puisse se faire beaucoup plus rapidement, il nous en mettra tellement que nous serons obligés de les dépasser et il fera en sorte que nous soyons confrontés à des situations plus ou moins difficiles. Pour expérimenter la vie, il faut des instruments. Nousmêmes faisons des expérimentations de toutes sortes. Notre personnalité humaine a été dotée d’un fragment divin qui nous aide à expérimenter et à travers ces expériences se construit notre âme. Le Père nous a donné à tous des ustensiles pour expérimenter la vie.
Mais alors, pourquoi l’ego existe-t-il ? L’ego, est en fait le côté actif de la personnalité, celui qui entre en réaction par rapport à un désir, à un vouloir, celui aussi qui permet d’avancer. C’est un moteur. C’est un outil nécessaire. Sans ego, il est très difficile, voire impossible, de fonctionner. Notre personnalité à besoin de s’appuyer sur ce moteur puissant. Pourtant, le plus grand frein à notre évolution, c’est l’ego dominateur. Il est très actif. Il est essentiel de travailler l’ego, de travailler les peurs, de travailler une nouvelle conscience de nous-mêmes, de nous connaître. L’adepte qui chemine sur ce chemin de lumière doit cultiver l’humilité. L’humilité est une arme redoutable contre l’ego dominateur. L’ego dominateur peut transformer l’amour en sa faveur, mais il n’a aucune prise sur l’humilité.
L’envie est une caractéristique humaine bien enracinée. L’humilité primitive n’était donc pas un avilissement de l’ego, mais plutôt une tentative pour déjouer et tromper les esprits envieux. LU 87:5.6
Judas échoua car il avait un mental orgueilleux et vengeur résultant de l’importance exagérée qu’il attribuait à sa personne. LU 139:12.11
Il faut prendre garde à l’ego car, la modestie devant les hommes est louable ; mais l’hypocrisie d’une humilité consciente de soi et cherchant à attirer l’attention est infantile et indigne des fils éclairés du royaume. LU 149:6.10
L’ego en occident prend son origine chez Descartes. Je est éminemment plus central que moi. Et c’est bien ce centre qui est retrouvé par Descartes, mais Je est ultimement dépourvu de qualités, ces qualités qui appartiennent à moi. La spiritualité tend surtout à mettre en avant l’importance d’un travail sur l’ego. Mais que veut dire travailler sur l’ego ? Pourquoi devrions-nous travailler sur l’ego? Je ne suis pas l’ego sur lequel je travaille, et pourtant, moi reste aussi mon territoire intime. L’ego est inséparable de la pensée, plus exactement, de la pensée se courbant sur ellemême pour s’affirmer comme une entité à part : « moi ! » Moi, moi,…et les autres. L’ego n’est rien de plus qu’une pensée. C’est seulement dans l’absence d’une image de soi que la liberté d’être peut-être réellement goûtée. Il est un élément important au plan émotionnel, aussi bien qu’intellectuel, l’éveil de l’esprit dépend de l’abandon de l’ego mais l’attachement à l’ego dominateur est une erreur. Le travail sur soi commence par cette découverte. C’est une découverte, parce que dans l’attitude naturelle, il se produit une identification à l’ego qui n’est comme telle jamais perçue. Elle est aussi rapide que la pensée, de sorte que, nous avons l’habitude d’endosser l’ego, sans même nous en rendre compte. Il faut une grande attention et une grande promptitude de l’intelligence pour en prendre conscience.
Dans le sommeil profond, quand la pensée disparaît, il n’y a plus d’ego. Cette absence de l’ego coïncide avec la paix du visage de celui qui dort, libéré de ce fardeau du moi. Dans l’état de rêve ; l’ego n’est qu’à demi manifesté, il n’a pas l’appui du corps qu’il possède dans l’état de veille. Il est aux prises avec ses propres contenus subconscients. Ce n’est que dans l’état de veille que l’ego se donne carrière, quand le moi est en lutte contre le monde extérieur et qu’il défend bec et ongle son identité. Nous pouvons aussi observer qu’il se produit parfois des moments dans notre vie dans lesquels il y a comme une suspension du sens de l’ego. Le ravissement musical dans la beauté par exemple en fait partie. Comme le contact direct avec la nature. L’ego surgit tout particulièrement dans les réactions émotionnelles. Il se nourrit des frustrations et il est exacerbé par la volonté.
Vivant sous l’emprise de l’ego, nous ne le remarquons pas. Moi veut dire : ce qui est mien. D’abord ma pensée à moi et tout ce qui est à moi. L’ego est possessif, car il est le siège de l’appartenance. L’ego se prend toujours la tête, car il est une pensée compulsive qui ne cesse de se penser elle-même. La vie sous l’emprise de l’ego est une prise de tête constante. Nous devons nous servir de l’ego pour le dépasser. C’est le bon côté de l’ego dont nous devons nous servir et non pas de l’ego dominateur. Chacun a un ego et cela est nécessaire. L’ego est puissant. Quand il vient devant les yeux du mental, il recouvre tout. Il est si puissant et si subtil qu’il peut tromper l’intellect le plus aiguisé. Si nous sommes troublés, soyons certain que l’ego est intervenu.
Nous passons notre temps à dorloter notre petit moi contre les blessures de son amour-propre ! Nous sommes obsédés par l’idée qu’il faut que moi je me situe par rapport aux autres. Nous vivons avec un sens de l’identité personnelle, dont nous cherchons constamment l’affirmation, qui est une appréhension de notre moi. Ce n’est pas difficile puisque ce moi se met constamment en avant. Il le fait dans la parole par l’opinion : « Moi je pense que… » « Moi je crois que l’on devrait… » « Moi je possède… » etc.
A chaque objet de mon monde est relié un fil qui constitue mon attachement à cet objet. Moi c’est donc aussi : ma maison, mes livres, ma femme et mon chien ! C’est aussi mes convictions, mes croyances, mes aspirations, mes regrets, mes souvenirs, en bref, tout ce que je considère comme étant à moi, ce qui m’est personnel, comme contribuant étroitement au sens très aigu que je puis avoir de mon identité particulière. C’est ce qui fait que le moi, est aussi le siège de l’amour propre. Ce qui est blessé c’est l’amour-propre du moi à qui le temps ou les circonstances ôtent un lien. Celui qui est vexé par une remarque, qui tombe du piédestal sur lequel il s’était mis, c’est encore le moi.
Le moi se donne une image de soi valorisante de lui-même et désire être reconnu dans cette image. Le moi est injuste en soi, en ce qu’il se fait le centre de tout ; il est incommode aux autres, en ce qu’il veut les asservir.
Le besoin presque désespéré du moi de se voir reconnu devant les autres pour avoir une importance est d’une faiblesse pathétique mais, il y a aussi du pathétique dans l’inverse de la suffisance orgueilleuse, le sentiment ou la volonté d’impuissance qui fait que le moi se sent si petit que l’esprit se déjuge, se renie et se racornit sur lui-même.
La haine de soi dirigée vers l’ego est aussi destructrice que la suffisance délirante de l’amourpropre. Comme l’ego, nous sommes en tant que moi complètement différents d’un autre. Nous sommes un défilé de personnages dans le temps, depuis l’enfant, l’adolescent à l’adulte. Le changement fait que le moi ne peut pas rester constant, ne peut rester le même. Le temps fait que le moi est toujours différent de ce qu’il a été. Le moi d’hier n’est plus le moi d’aujourd’hui. C’est curieux. Comment puis-je rester le même si je change tout le temps ? Ce qui reste constant dans le changement, je pense que c’est le moi, il est la diversité du changement intérieur. J’ai conscience que je suis et non pas de ce que je suis, cela implique que la conscience possède en elle une unité qui n’est pas empirique (qui s’appuie uniquement sur l’expérience et non sur une théorie), mais transcendantale.
Tout ce que l’on peut en inférer, c’est que le je suis est conscience. Je suis conscience, c’est là ma véritable identité et peut-être la connaissance la plus haute que je puis avoir. Le moi veut persévérer dans l’être dans un processus constant d’acquisition, dans l’ordre de l’avoir ; plus de pouvoir, plus de richesse, plus d’affection, plus de renommée : en résumé au fond, plus de reconnaissance à l’égard des autres moi. C’est aussi ce qui fait que le moi, est aussi le siège de l’amour-propre.
Or, l’amour-propre participe d’une caractéristique de l’ego dominateur qui consiste à tout ramener à lui-même. Pascal dans un texte célèbre des Pensées l’a vu avec beaucoup de pertinence. « La nature de l’amour-propre et de ce moi humain et de n’aimer que soi et de ne considérer que soi ».
Le moi est la conscience individuelle attentive à ses intérêts et partiale en sa faveur. L’ego est comme une boule de neige qui roule sur le flan d’une montagne. Plus elle roule, plus elle accumule de la neige, plus le temps passe, plus l’ego accumule de l’expérience, plus ce passé pèse sur le présent. Le passé du moi fait corps avec son présent.
Cicéron considère l’amour de soi comme un exemple et un modèle pour l’amitié, qu’il définit comme un commerce avec un autre soi-même (alter idem). Il n’y a pas de honte à avoir un ego : il ne s’agit pas d’une maladie incurable. Essayer de fuir l’ego parce que nous le considérons comme négatif ne ferait que le durcir. Accepter de lui faire face est le moyen de le reconnaître et de créer la possibilité d’en briser le mécanisme. Il est très important de comprendre les mécanismes de l’ego.
Ainsi nous apprendrons comment nous comporter sur le chemin spirituel…La spiritualité n’est pas une sorte de voyage fantastique dans lequel on se jetterait aveuglement. C’est le fait de comprendre de manière concrète ce qu’est la réalité qui fait que le voyage spirituel peut commencer. La spiritualité commence ou finit l’ego dominateur.
L’une des particularités caractéristiques de l’assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l’esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d’affirmation de soi ou d’exaltation de l’ego… LU 102:2.3
Une aube nouvelle se lève quand un être humain comprend l’importance du travail sur soi et c’est dans cette lumière que naît le chercheur de vérité. C’est lui qui se sentira attiré par les livres traitant de spiritualité, par exemple le Livre d’Urantia… La condition de chercheur de vérité est périlleuse. Elle est une conversion de l’existence dans une quête orientée par la question fondamentale : « Qui suis-je ?». Nous entrons là sur l’ego spirituel qui est une énergie sublimée de l’ego. Cet ego qui agit de manière désintéressée a la secrète intention de voir reconnaître sa propre valeur désintéressée sous le jugement d’autrui! L’altruisme est le dernier masque. La culture éthique donne des moyens de déguiser dans l’altruisme le désir de reconnaissance dont l’ego à besoin pour perdurer de manière inchangée. En vérité, l’amour authentique n’attend pas de reconnaissance et l’aide véritable ne s’attend pas à être payée d’éloge et de remerciements.
Ce qui est une manière subtile de renforcer l’ego. Le terrain est donc délicat et il importe au plus haut point de ne pas relâcher sa lucidité. Dans toute initiative consciente se pose la question : « dans quel état d’esprit est-ce que je fais cela?».
Si c’est la compassion qui l’emporte, il n’y aura pas de réponse, pas d’attente et le seul fait de donner de soi, sans motif, sera présent. Et nous repartirons sur la pointe des pieds sans attendre de remerciements. Seule l’action libre, spontanée, sans motif, est par avance dégagée de l’emprise de l’ego. S’il y a un pourquoi insistant et un sens fort de l’identité attaché à l’acte, il y a fort à parier que l’ego dominateur est encore de la partie, auquel cas, encore et encore, il doit être repéré et mis en lumière.
Aristote disait : « L’ami et un autre soi (heteros autos), et l’amitié qu’on lui porte n’a d’autre référence que celle qu’on porte à soi-même ». Mais le rejet total de l’ego peut aussi nous conduire à la haine de soi et la haine de soi conduit à la haine d’autrui et n’a rien de spirituel. C’est l’amour du Soi qui conduit à l’amour d’autrui.
Quoi que nous puissions dire sur l’ego, n’oublions pas que : « Se connaître soi-même, c’est s’oublier. S’oublier soi-même, c’est s’ouvrir à toutes choses »; « L’ego de l’homme et de la femme sont égaux » ; « L’ego est un je d’enfant »; « L’amour est vide d’ego et l’ego est vide d’amour et qu’aimer les autres est la vraie parade de l’ego donc la vraie force ».
Voir aussi dans le LU : LU 91:3.5 + LU 91:2.2 + LU 48:6.37 + LU 48:4.15
Je ne veux plus parler de MOI ni D’EGO. C’est bête, je n’avais rien d’autre à dire, et depuis longtemps. Je me tairai donc.
« Dominus sit in corde tuo et in labiis ».Que le Seigneur soit dans ton cœur et sur tes lèvres.
Max Masotti
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